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Politique Publié le mercredi 22 avril 2009 | Le Temps

Dr Alphonse Douaty (ministre de la Production animale et des ressources halieutique): “Personne ne peut empêcher le chef de l`Etat d`aller où il veut”

Dans cet entretien, le ministre Alphonse Douaty passe au scanner, les activités de son département. De la refonte des projets de son ministère, au phénomène des bateaux pirates, en passant par le conflit éleveurs-agriculteurs. Le fils de la région des 18 montagnes se prononce sur la visite du chef de l`Etat, charge et s`adresse aux Com-zones. Interview.

Monsieur le ministre, il est de plus en plus question des activités du ministère de la Production animale et des Ressources halieutiques, avec le phénomène des bateaux pirates. Quel est l`état actuel des choses ?
Je pense que quand des informateurs professionnels que vous êtes, venez à nous, cela nous donne l`occasion d`expliquer, de façon posée, les actions que nous menons dans le cadre des missions qui nous sont confiées. Vous avez parlé des bateaux pirates, c`est vrai. Aujourd`hui, c`est une grande préoccupation pour la Côte d`Ivoire. De quoi s`agit-il ?
Vous savez que notre eau maritime recèle un certain nombre de richesses dont celles en poissons, communément appelé les richesses halieutiques, c`est-à-dire les poissons et tout ce qui est alimentation qui provient de l`eau. D`aucuns disent que la Côte d`Ivoire, ayant un plateau continental faible, n`a pas beaucoup de poissons. Mais malgré cette faiblesse, nous constatons que beaucoup de bateaux étrangers, non autorisés, viennent dans nos eaux. Ensuite, nous constatons depuis 2001 jusqu`à aujourd`hui, une chute des débarquements à partir de nos zones de pêche. Ce qui signifie que la production même de nos zones de pêche est en train de faiblir…

Pour quelles raisons ?
L`une des raisons, c`est que des personnes non autorisées qui ne respectent pas les règles, viennent dans nos eaux, pour s`adonner à la pêche. Ils emportent à un endroit que nous ne connaissons pas, leurs récoltes. Mais, comme ces personnes ne respectent ni les règles, ni les zones de repos, ni les zones dans lesquelles un certain type de pêche est interdit, cela contribue à l`affaiblissement de nos ressources halieutiques. En dehors de ces étrangers, on a aussi nos compatriotes régulièrement inscrits dans nos registres. Et à qui nous donnons des autorisations de pêche. Mais sur l`eau, ils ne respectent pas les distances réglementaires. Par exemple, un bateau n`a pas le droit de pêcher en dessous de 15 Km. Or, c`est ce que nous constatons. Le faisant, ils détruisent les zones de reproduction, de repos, les zones de peuplement. Tout cela participe à baisser nos potentiels halieutiques. Et à ce jour, nous constatons que la chute de reproduction va de 14% à près de 40%, selon les espèces.

Que fait donc le ministère pour freiner ce phénomène, à défaut de l`endiguer totalement ?
Depuis notre avènement à la tête de ce département, nous avons mis au centre de nos préoccupations, le problème de pêche. Nous avons souvent intervenu dans la presse pour dénoncer cela. Mais comme vous savez, la Côte d`Ivoire traversait une crise. Et dans cette crise, l`Etat avait mis les efforts sur la sécurisation de la partie terrestre du territoire. La partie maritime était quelque peu mise en seconde priorité. Mais depuis notre arrivée, nous avons entrepris un certain nombre d`actions importantes. Au titre de ces actions, nous allons nous situer sur deux périodes : la période 2006 à 2009. Sur cette période, nous avons intégré les navires ivoiriens au système international satellitaire de surveillance des eaux. Nous les dotons d`un appareil qu`on appelle Vms et à partir de nos écrans de télévisons, nous connaissons les positions des navires sur les eaux. Ça permet déjà, de lutter contre la mauvaise pratique de pêche. Parce que nous les interpellons pour leur dire : "toi tu es à cet endroit, il faut changer de position, sinon on te bloque dès que tu arrives sur le quai". Mais ces mêmes navires qui se savent surveillés aident à dénoncer les navires qui sont en position illicite. C`est la nature humaine. Dès lors que tu es en règle, tu dénonces les autres qui ne le sont pas.
Ensuite, nous avons entrepris ce que nous avons appelé la surveillance passive. Nous avons embarqué nos agents sur des bateaux qui ont sillonné la mer territoriale ivoirienne. A partir de là, ils ont conclu que 52% des bateaux qui sont sur nos eaux ne sont pas munis d`autorisation. C`est vrai qu`avec cette opération, ils n`étaient pas en train de traquer les bateaux. Mais c`est un élément pour montrer aux yeux du gouvernement, du Président de la République et de la communauté internationale, les faits techniques et scientifiques qui démontrent que 52% des bateaux qui sont sur nos eaux ne sont pas des bateaux corrects. Cela permet une bonne plaidoirie.
Nous avons eu à interdire un certain nombre de pratiques de pêche. Il y a un système de pêche qui était pratiqué par les armateurs, notamment les chinois, qu`on appelle les chaluts bœuf.
Nous les avons interdits formellement. Nous avons retiré des licences à près de 10 navires. Nous avons même organisé des missions pilotes d`arraisonnement dont deux bateaux, arraisonnés sur la période de 2006-2008. Avec tout cela, nous avons demandé au Premier ministre de prendre un arrêté créant un Comité consultatif des pêches. Au sein duquel, siègent les acteurs et les organisations qui interviennent, d`une manière où d`une autre, dans le système de la pêche. La direction de la Production animale, les affaires maritimes et portuaires, la marine nationale, le ministère de l`Environnement et celui de l`Economie et des Finances, plus les professionnels, les armateurs, les syndicats, les marins pêcheurs…, tous font partis du Comité consultatif. Dans les mesures que nous avons prises, nous avons créé un programme dénommé, Programme durable des ressources halieutiques (Pgdrh).

Avec quels financements pour son fonctionnement effectif ?
Il est financé conjointement par la Côte d`Ivoire et l`Union européenne, liés par un accord de partenariat de pêche. Cela autorise les bateaux européens à pêcher en Côte d`Ivoire et l`Ue à verser à la Côte d`Ivoire, une contrepartie financière.
Nous avons décidé que ces fonds soient utilisés pour permettre au programme rationnel de gestion des ressources halieutiques de fonctionner. Nous avons donc demandé que cet argent soit déposé dans la caisse du trésor. De sorte qu`il soit géré par un agent comptable public, nommé par le ministère de l`Economie et des Finance et que sa gestion se réalise selon l`orthodoxie financière. C`est-à-dire que nous sommes les ordonnateurs et le payeur est celui nommé par le ministère de l`Economie et des Finances. Lequel assure le paiement, après contrôle du conseil financier. Cela est devenu une ressource pour ce programme qui fonctionne normalement. A partir de ces éléments, nous nous sommes dit que le plus important maintenant, c`est de surveiller nos eaux…

Sur ce point précis, est-ce qu`on peu affirmer que vous avez les équipements qu`il faut pour votre mission ?
Non, on n`a jamais l`équipement en entier. En octobre 2008, le gouvernement, après notre plaidoyer, nous a autorisés à lancer une vaste campagne de surveillance de nos eaux. Le financement provient du programme de gestions durables des ressources halieutiques, à travers la contribution de l`Union européenne. Cette opération, nous l`avons montée avec l`administration des pêches, les affaires maritimes et portuaires et la marine nationale.

Comment l`opération est-elle montée, Monsieur le ministre ?
Il y a un système de reconnaissance des sites qui se fait par un navire avec lequel, nous avons une convention. Puis, lorsque le repérage est bien fait, nous nous adressons à notre marine nationale. Qui va et qui mène des opérations d`arraisonnement…

Trois administrations pour une seule mission. N`y en a-t-il pas de trop ?
Chacune d`elles a un rôle précis. Nos administrations des pêches sont celles qui savent exactement quelles sont les zones où on doit pêcher où pas. C`est elles qui ont la cartographie. C`est encore elles qui peuvent savoir si une licence est pour telle, ou telle zone.
Les affaires maritimes et portuaires sont les agents habilités à faire les procès verbaux. Notamment, les procédures telles que reconnues par les règlements nationaux et internationaux. Et puis, il y a la marine nationale qui est l`armée. Au-delà de 15 Km, c`est pratiquement des opérations militaires qui s`opèrent. On ne peut y aller avec des engins de faible capacité. La marine nationale va avec des agents de l`administration de pêche, des agents des affaires maritimes et portuaires à bord. C`est avec tous ces hommes-là que l`arraisonnement a lieu.
Nous avons engagé l`opération seulement depuis le 3 avril 2009. En une semaine, nous avons arraisonné six (6) bateaux dont deux (2) bateaux étrangers (ghanéen et nigérian) et quatre (4) bateaux ivoiriens. Les bateaux ivoiriens pratiquent une pêche qui n`est pas conforme à la réglementation. Quant aux bateaux étrangers, ils sont véritablement des bateaux pirates, qui sont venus piller nos eaux. Nous les avons donc arrêtés.

Pourquoi c`est seulement ce mois-ci que cette action a débuté ?
Cette action a démarré depuis le 3 avril 2009. Parce que les procédures internationales sont assez longues. Et il faut s`assurer que tous les engagements ont été bien respectés et que les financements se font selon l`orthodoxie financière.

Quelles sont donc les sanctions qui attendent ces bateaux pirates ?
En matière de pêche illicite, il existe une réglementation nationale et internationale. La première démarche : lorsque vous les prenez, il faut engager la conciliation avec eux. Ou bien ils acceptent de dédommager l`Etat et de lui remettre les produits de mer. Mais s`ils n`acceptent pas, après le procès verbal des affaires maritimes ou de la direction des pêches, on utilise la voie judiciaire.
Mais il y a deux cas pour les bateaux arraisonnés aujourd`hui. Dès qu`ils ont été arraisonnés, on s`est rendu compte qu`un d`entre eux est impliqué dans la disparition des fonctionnaires des agents de la police maritime. Son cas rentre dans le cadre des enquêtes en cours. Nous n`allons donc pas engager la procédure de conciliation avec eux, pour le moment. Pour le moment, on laisse l`enquête se poursuivre par rapport à la disparition des agents de la police maritime. Quand cela va aboutir, nous allons engager la procédure de conciliation.

En attendant que ces enquêtes aboutissent, avez-vous des observations à faire à propos des agents maritimes tués (paix à leurs âmes) ?
A partir du moment où les enquêtes continuent, le gouvernement attend leur aboutissement. Et là où vous dites paix à leurs âmes, nous, nous disons qu`en matière judiciaire, on ne peut pas dire autre chose qu`ils sont portés disparus. Maintenant, c`est une situation malheureuse, qui n`est pas liée à l`opération que nous étions en train de mener. L`opération nous a permis de mettre la main sur un bateau incriminé dans cette affaire, mais ce n`était pas l`objectif. Néanmoins, comme il y a une enquête en cours, si cela peut concourir à l`établissement de la vérité, c`est tant mieux. Un Policier qui est à un barrage de contrôle de papiers, ne s`attend particulièrement pas à un malfrat. C`est pendant le contrôle, qu`il se rend compte que celui-là est recherché par la police. C`est un peu ce qui s`est passé. La patrouille de surveillance est tombée sur eux. Et c`est au contrôle des papiers qu`ils se sont rendu compte qu`ils n`avaient pas de licence. Et par la suite, ils se sont rendu compte qu`ils étaient incriminés dans la disparition de ces agents de la police maritime.

L`un des secteurs qui est sous votre tutelle est la zone franche halieutique. Mais on ne connaît pas assez ce secteur…
C`est le Comité d`Administration des entreprises franches de transformation des produits halieutiques. De quoi il s`agit ? La Côte d`Ivoire a une industrie de conserverie de thons. Aujourd`hui, nous avons trois grosses entreprises, plus une petite Pme. Et il est arrivé des moments où, la Côte d`Ivoire a exporté jusqu`à 100 mille tonnes de produits transformés. Ce qui équivalait à près de 500 milliards de Fcfa, dans les chiffres d`affaires. Aujourd`hui, malgré la crise, nous sommes à 40 mille tonnes et nous en sommes à peu près à 100 milliards de Fcfa de recette d`exportation. Ces entreprises occupent à peu près 10% des exportations ivoiriennes. Elles emploient surtout beaucoup de personnes. Un emploi direct qui va jusqu`à 10 mille personnes. Et ce pour quoi on doit féliciter ces entreprises, c`est le nombre de femmes. 70% des employés sont des femmes.

Sont-elles bien rémunérées ?
Elles sont payées au Smig ou un peu plus. Mais en allant à la maison, elles emportent un, deux ou trois sachets de poissons. Ce n`est pas rien. Ce sont donc des entreprises qui ont une orientation assez sociale par le nombre d`emplois. Et surtout par la sensibilité du personnel féminin qui est employé. Cela a donc amené le gouvernement à solliciter le législateur qui a fait une loi, pour exonérer ces entreprises de tout droit et taxes. Ce qui a aussi l`avantage de maintenir leurs compétitivités. Car, la plupart de nos produits sont exportés sur le marché européen. Et sur le marché, nous sommes en concurrence avec les produits asiatiques. Qui produisent dans des conditions sociales qui ne sont pas les nôtres. Si bien que si on ne prend pas un certain nombre de mesures fiscales, ces entreprises asiatiques risquent de nous rafler tout le marché. Et nos entreprises se retrouveraient en difficulté. Ce qui pourrait avoir des répercutions sociales. Ce qui a amené le législateur donc à prendre cette loi. Et le Président de la République a immédiatement pris un décret pour mettre en place le système.

Qui est-ce qui gère ce système ?
C`est-à-dire, il y a toute une autorité qui gère cette facilité fiscale. Elle est nantie d`un secrétariat exécutif, avec un comité d`administration qui regroupe et les professionnels et l`administration (celles qui s`occupent des produits halieutiques, de transformation ainsi que de la commercialisation). Il s`agit donc d`un système que nous avons mis en place il y a, à peine, un an et demi et qui est appelé à faire la promotion de notre mécanisme d`exonération au niveau extérieur. Pour attirer encore davantage d`investissements dans le domaine et faire en sorte que nous puissions rattraper nos 100 mille tonnes de conserve de thons, comme cela l`était par le passé. Voilà donc le système.
C`est vrai que toutes les difficultés ne sont pas encore aplanies. Mais je dois avouer que notre administration, l`administration de l`économie et des finances sont très positives pour amener nos entreprises à bénéficier pleinement des avantages.

Quels sont ces avantages ?
Cela concerne l`exonération des impôts, des frais de douane et d`un certain nombre de rabattement dont elles vont bénéficier à 50% dans les consommations d`eau, d`électricité, de téléphone et de produits pétroliers. En ce qui concerne les abattements, le ministre des Finances a clairement écrit aux entreprises, pour dire que cela est un engagement de l`Etat de Côte d`Ivoire. Et les négociations sont en cours avec la direction et la participation du ministère de l`Economie et des Finances, pour la mise en pratique des rabattements de 50%.
Nous pensons que d`ici fin avril 2009, les mesures pratiques seront prises. Pour administrer tout le système, le Président de la République a mis en place, par décret, le Secrétariat exécutif qui lui aussi est en train de s`organiser. Son siège sera prêt bientôt. Cela est très important. Parce que dans le cadre des accords de l`Ape, nos entreprises de transformation de produits halieutiques interviennent forcément. C`est pourquoi d`ailleurs, dans les accords de l`Ape, le ministère de la production animale était un des participants les plus actifs. Parce qu`il y a cet aspect de la transformation des produits halieutiques.

Vos activités ministérielles, c`est aussi l`élevage…
Depuis que nous sommes arrivés, nous avons constaté que près de 70% de nos élevages sont détruits. Parce que la plupart de nos bétails se trouvait dans les zones appelées Cno. A titre d`exemple, le ranch de la Marahoué en 2002, avait 12 000 têtes. Aujourd`hui, nous en sommes à 4000. Faites le calcul et vous verrez que forcément, un nombre important de pourcentage à été détruit. Et c`est un grand recul. Il y a le ranch de Sipilou, à l`Ouest où il y avait 4000 têtes qui ont disparu. Le centre ovin de Béoumi, qui avait une espèce de moutons à diffuser dans le milieu rural avait à peu près 5000 produits disparu. Il y avait une source de production laitière à Ouangolo, qui avait plus de 1000 têtes de vaches laitières dans des fermes a aussi disparu. Donc, en matière de production animale, la crise a fait disparaître au moins 70% de nos bétails.
Aujourd`hui, nous avons essayé de reconstituer certains de nos programmes. Il y a des centres que nous avons fait déplacer des zones vers des zones de production telle que Toumodi, où la population a adhéré à la culture de l`élevage. Dans la partie sud du pays, c`est vraiment à Toumodi que les gens s`adonnent à un élevage rationnel. Quand l`Etat leur prête des moyens d`élevage, ils remboursent. Nous avons donc entrepris des démarches auprès des bailleurs de fonds pour reconstituer certaines installations : par exemple le Centre d`alevinage de 15 milliards de Fcfa à Man qui a été construit par la Banque africaine de développement (Bad), à coût de milliards est complètement détruit. Il faut refaire le Centre, non pas avec 15 milliards, mais il faut que le Centre soit reconstruit pour que ceux qui veulent faire la pisciculture, puissent avoir des alevins pour la pisciculture.

Monsieur le ministre, du fait de la crise, la cohabitation difficile entre éleveurs et agriculteurs, a resurgi. Quelles solutions pour faire renaître la cohésion entre eux ?
Un vieux ressortissant du nord disait craindre qu`après la crise, commencent les conflits entre agriculteurs et éleveurs. J`ai reçu des instructions du Président de la République pour que très bientôt, d`ici 10 jours (nous étions au lundi 13 avril 2009 : ndlr), j`entreprends une tournée dans toutes les zones qui sont concernées par ce conflit. Pour discuter avec le corps préfectoral, avec les élus, avec les professionnels (éleveurs agriculteurs). Pour voir comment on peut aborder ce problème, pour ne pas que la prophétie du vieux se réalise, après la crise.
Nous voulons donc prendre des mesures d`anticipations. Cela veut dire que notre élevage est à refaire.

Comment comptez-vous faire pour y arriver ?
Nous n`utiliserons peut-être pas les mêmes méthodes que nos aînés qui dans les années 1960, ont sillonné toute la sous-région pour faire venir du bétail en Côte d`Ivoire. Il existe aujourd`hui, l`insémination artificielle, comme méthode de croisement que nous allons utiliser. En ce qui concerne les programmes, le ministère de l`Economie et des finances nous donnera les moyens pour le réaliser. Comme le projet Bad et autres. Et pour mieux arranger les choses, nous organisons bientôt, une refonte des projets. Il y en a qui ont 15 ou 20 ans. Il y a des projets que moi-même je dirigeais quand j`étais cadre de la production animale et qui sont encore là. Autant dire qu`ils sont devenus pratiquement désuets. Il n`y a plus de nouvelles idées. Nous allons remettre tout cela à plat et demander aux experts de nous faire de nouvelles propositions. Parce que nous avons besoin de booster la production animale. Afin que les Ivoiriens puissent bien se nourrir de viande ou de poisson. Mais aussi pour que cela soit de nouveaux réceptacles auxquels les jeunes peuvent s`adonner. Pour que les jeunes qui sortent de la crise, puissent avoir de bons réceptacles, en matière d`élevage etc. Et je dois vous dire : faire la pisciculture ou l`élevage pour reproduire du lait, cela fait plus moderne que la culture du cacao ou du café. Et cela attire beaucoup les jeunes.

Un commentaire sur l`actualité politique de notre pays?
La situation politique actuelle se caractérise par les avancées au niveau de l’accord politique de Ouagadougou. Le souhait qu`on peut émettre aujourd`hui, c`est que les aspects militaires s`accélèrent. Notamment, le désarmement, les positions des Com-zones puissent être réglés pour qu`on arrive à un désarmement total. Parce que ce qui reste à la Côte d`Ivoire aujourd`hui, c`est le désarmement et les élections. De sorte que le peuple choisisse.
Moi qui vous parle, vous connaissez ma position. Comme je ne crains pas pour mon candidat, même si cela devrait être le cas, étant démocrate, je dis qu`il faut qu`on aille aux élections. Sur la route pour aller aux élections, le désarmement est incontournable. Nous souhaitons donc que les tractations qui sont en cours aboutissent rapidement.

Monsieur le ministre, les Fn avancent que c`est le chef de l`Etat lui-même qui aurait proposé aux Com-zones les postes de préfets militaires. En savez-vous quelque chose, vous qui êtes l`un de ses plus proches collaborateurs ? Vous en avait-il parlé un jour ?
Une sortie de crise ne peut jamais se faire sans résistance.
Et tous ces arguments sont des formes de résistance, pour protéger un acquis qu`on a eu pendant la crise. C`est comme ça qu`il faut comprendre certaines réactions. En retour, il faut les convaincre que la reconvertion est profitable à tous. Et que l`Etat d`un certain nombre de moyens, d`infrastructures ou de réceptacles, pour que, s`ils ne sont plus Com-zones, ils puissent faire compétition dans des activités qui sont ouvertes à l`ensemble des Ivoiriens dont ils font partie.
Donc cette résistance ne doit pas nous empêcher de continuer l`effort de dissuasion et de persuasion. Pour que nos frères puissent déposer les armes, afin que les Com-zones disparaissent au profit de l`administration représentée par les préfets.
A partir de ce que les autres administrations vont être redéployées pour ne pas que le ministre de la Production animale ait besoin d`aller lui-même, dans toutes les zones pour parler de conflit agriculteurs- éleveurs. Une fois que ces zones sont libérées des Com-zones, il y a des mécanismes administratifs qu`on met en place, pour que ce genre de problème soit résolu sur place. Et c`est valable pour toutes les administrations. Dans ces conditions, je pense qu`à force de persuasion, nos frères comprendront qu`il faut qu`ils rejoignent les activités qui sont les leurs et laisser aux administrateurs celles qui sont aussi les leurs.

Qu`en est-il aujourd`hui, de la visite du chef de l`Etat dans la région des 18 Montagnes ?
L`Ouest est la zone qui a véritablement connu la guerre. C`est la zone qui a été vraiment défigurée. La visite du chef de l`Etat dans une telle zone, demande un minimum d`infrastructures adéquates. Détruit, ce minimum d`infrastructures en lui-même est déjà très coûteux. Même techniquement, cela met du temps pour le remettre en place. La résidence du Président de la République à Man est en train d`être refait. Cela dure bientôt un an. Parce que techniquement, il y a des choses qui ont été emportées et pour lesquelles, il faut vraiment mettre l`expertise pour les reconstruire. Ce qu`il faut donc retenir sur la visite du chef de l`Etat à l`Ouest, c`est plus un problème budgétaire, un problème technique qu`autre chose.
Maintenant, par rapport à ce qui est dit sur feu le Général Guéi, sur ce qu`il y aurait des oppositions entre les cadres, j`avoue qu`aucun citoyen n`a la capacité d`empêcher un chef d`Etat d`aller là où il veut.
Encore moins, cela ne fait pas partie de la culture des Dan. Empêcher qu`un chef vienne leur parler. Ils n`ont pas cette culture. Ceux qui le diraient, ils le diraient tout simplement pour un problème de fonds de commerce politique. Mais cela ne repose sur ni aucune réalité technique, ni aucune réalité administrative, encore moins sur aucune réalité culturelle. Tout au contraire, nos parents ont hâte que le chef de l`Etat vienne. Parce qu`ils ont consciencé comme nous autres, que la présence du Président de la République dans la Région, va permettre de trouver des réponses à des problèmes auxquels ils ont été confrontés depuis bientôt sept ans. Et il n`y a que le Président de la République, dépositaire des pouvoirs régaliens de l`Etat qui trouvera des solutions à leurs problèmes. Mais avant même qu`il n`arrive. Dans le cadre de la décentralisation, les communes, les sous-préfectures et les départements qui ont été déjà créés dans la région sont des indicateurs de ce que le chef de l`Etat, de par son arrivée, peut vraiment faire baisser considérablement l`état de pauvreté et de souffrance dans laquelle la population se trouve. Dès que les administrations seront prêtes, alors le Président viendra. Et nous souhaitons seulement que cela se fasse le plus tôt possible, parce que l`attente commence à être longue.


Par Frimo Koukou Djipro
koukoudf@yahoo.fr
Photos : Yanez Dessouza
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