Le camp présidentiel multiplie les sorties musclées depuis quelques jours. Des attaques verbales massives contre le Premier ministre et les Forces nouvelles (FN) que successivement, Sokouri Bohui, Affi N'Guessan, Désiré Tagro et Mamadou Koulibaly accusent de vouloir ruser avec le désarmement et la passations de charges (Com'zones/ préfets). Pour les partisans de Laurent Gbagbo, il faut désarmer les Forces nouvelles jusqu'au dernier soldat avant l'élection présidentielle. Car, affirment-ils, les ex-rebelles font peser l'insécurité sur le processus électoral. Au-delà du caractère licencieux de tels propos qui contredisent l'esprit de l'Accord de Ouaga en matière de désarmement, l'on s'interroge sur les postulats qui fondent le Fpi à croire que les zones CNO seront moins sûres, lors des élections, que celles du Sud. Faut-il rappeler qu'en zone ex-gouvernementale, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), les Forces nouvelles et la communauté internationale demandent, jusque-là en vain, le désarmement des miliciens ? Ces «jeunes coureurs» que le chef de l'Etat avait tenté de présenter comme inoffensifs ont fini par revendiquer, la possession d'armes de guerre et leur participation aux côtés des Forces de défense et de sécurité (Fds) aux combats. Le 11 juin 2006, les miliciens n'avaient pas hésité à attaquer l'institut Marie-Thérèse Houphouët-Boigny d'Adjamé. Ils avaient été délogés quelques mois plus tôt de ce lieu pour y être remplacés par les militaires du Premier bataillon du génie militaire de Bouaké des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci). Après des tirs nourris qui ont fait un mort, les « soldats » du Gpp (Groupement des patriotes pour la paix) seront finalement repoussés. Ces miliciens estimés officiellement à 55.000 hommes (selon Djimmy Wily, un de leurs chefs) sont généralement à la base des agressions d'hommes politiques dont les plus récentes sont celles de KKB (Koffi Konan Bertin, président des Jeunes du Pdci) à Guibéroua et de Mme Henriette Diabaté (secrétaire générale du Rdr) à Yopougon (Koweit) et à Afféry. A Abidjan, ils ont semé la terreur au sein des populations. Notamment celles de Yopougon (Niangon Sud à gauche), d'Adjamé (Centre d'écoute et d'insertion des jeunes), de Vridi (Ex-hôtel Akwaba) avant d’être déguerpis par l'armée. Là encore, le général Philippe Mangou a simplement demandé aux miliciens d'Abidjan de «rentrer à la maison». Sur le retrait de leurs armes, le chef d'état-major des Fds (Cema) n'a pas dit un mot. Si à Abidjan et Biabou, des opérations de déguerpissement plus spectaculaires que réelles ont eu lieu, à l'Ouest, les miliciens ont fait échouer le Cema et ses hommes menaçant même de contre-attaquer s'ils se sentaient brusqués. Dans ces zones comme à Abidjan, les «jeunes coureurs» demeurent donc, potentiellement et sérieusement dangereux pour le processus de paix. Prenant récemment pour prétexte qu'ils ne veulent plus du filet de sécurité prévu par l'Accord 4 de Ouaga, ils se sont retirés du processus de démantèlement et de désarmement initié par le Pnrrc (Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire). Pour eux, en récompense de leur combat pour la République, le gouvernement devrait les intégrer à la nouvelle armée ou leur trouver simplement des emplois. Plutôt que de tenter de répondre à ces revendications, le Fpi a choisi d'exhorter les miliciens à se tenir prêts pour de nouveaux «combats (!!?)». Au cours d'une tournée dans les « agoras » et « parlements », Affi N'Guessan a même proposé que son parti célèbre ces miliciens encore armés. Qui a parlé d'insécurité ?
Djama Stanislas
Djama Stanislas