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Politique Publié le mercredi 22 avril 2009 | Nord-Sud

Tournée dans le Moyen-Comoé - Ce qui attend Bédié

Henri Konan Bédié, président du Pdci entame aujourd`hui une visite de 15 jours dans les régions du Moyen-Comoé et du Zanzan. Son parti est fortement implanté dans ces deux zones, mais des questions brûlantes l`attendent sur le terrain.

Le président du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci) entreprend à partir de ce matin une tournée à l`Est du pays. Pendant quinze jours, le sphinx de Daoukro animera 9 meetings et parcourra près de 2.000 kilomètres. Il s`activera à repositionner sa formation dans les régions du Moyen-Comoé et du Zanzan. On parle même de récupérer ``ses terres`` après le coup d`Etat du 24 décembre 1999. Si l`on peut affirmer que N`Zuéba n`aura pas à fournir beaucoup d`efforts pour remettre en selle le parti doyen, il faut reconnaître que des questions brûlantes, même dérangeantes l`attendent, aussi bien à Abengourou qu`à Bondoukou. Problèmes de royauté, guerre d`influence ou de position au sein du parti, choix des candidats aux élections locales, problèmes administratifs, bref l`ancien chef de l`Etat n`aura pas le sommeil tranquille durant son séjour.


La chefferie : la pomme de la discorde

L`Est de la Côte d`Ivoire, on le sait, est profondément attaché à ses valeurs traditionnelles et coutumières. Le Pr Maurice Guikahué, en homme avisé, a annoncé, à raison, la semaine dernière au cours de la conférence de presse des délégués départementaux que Bédié rendra visite aux têtes couronnées de la région. L`initiative est louable, elle est même politiquement capitale pour cette partie du pays qui a une profonde considération pour ses souverains. Mais, si l`on n’y prend garde, la visite de courtoisie annoncée chez le roi Adingra Kouassi Adjemane d`Amanvi à Bondoukou risque de secouer la maison Pdci dans le Zanzan. C`est un secret de polichinelle. Une crise de succession secoue, en effet, le royaume Abron depuis le décès de Nanan Koffi Yeboua. Aujourd`hui, cette guerre de succession s`est transposée sur le terrain politique. Chacun des trois prétendants au trône a plus ou moins un parrain qui le soutient dans ses mouvements. De fait, décider d`aller rendre visite à Adingra Adjemane, serait tourner le dos aux autres concurrents. Or le Zanzan, on le sait, est supposé être un bastion du Pdci. Aussi, est-il à craindre que cette visite à Sa Majesté ne fragilise l`ancien parti unique dans la région. Pour rappel, le député Tah Thomas, élu du Pdci, a planté le décor de ce qui pourrait entrainer le courroux de certains militants. C`était dans une interview accordée le 11 mars à Nord-Sud Quotidien « Le royaume Abron n`a pas de chef. Il n`y a pas de roi Abron actuellement. Il faut qu`on ait l`humilité, la force et le courage de reconnaître qu`il y a quelques vices de forme. Il faut reprendre les choses, travailler afin de trouver un vrai chef consensuel comme les anciens l`ont toujours fait. Pour l`heure, il y a trois prétendants. Mais il n`y a pas de roi (…) On ne s`autoproclame pas roi. Il y a des rituels. Il y a des cérémonies. Chez nous en pays Abron, on se doit de respecter ces cérémonies » avait martelé le parlementaire. Pour sa part, le vice-président du parti sexagénaire, Yaya Ouattara, a battu en brèche les propos du délégué d`Assuefry-Transua au cours de la conférence de presse de jeudi dernier. « Le problème de légitimité ne se posera pas. Le roi Adingra Adjemane d`Amanvi est celui qui est officiellement reconnu par l`administration. Qu`on l`aime ou qu`on ne l`aime pas, c`est lui qui a été choisi et c`est lui que l`administration connaît. Donc je ne vois pas en quoi le problème se posera » a tranché l`ancien ministre. Le délégué Kobenan Tah Thomas fera-t-il allégeance en s`alignant derrière cette position du vice-président Yaya Ouattara ?

Comment gérer les guerres de leadership ?

Les problèmes de personnes sont aussi des bombes qui attendent N`Zuéba au cours de sa visite. Dans le Moyen-Comoé, précisément à Abengourou, il n`y a rien à signaler autour de la royauté. Mais des problèmes de personnes sont légion. Le président du conseil général, Boa Edjampa Thiémélé et le maire, Nicolas Kouassi Akon, sont dans une situation d`animosité avec l`ancien ministre Anney Kablan Norbert, originaire du village d`Adaou et membre du bureau politique du Pdci. Le maire, le président du conseil général et de nombreux militants n`ont pas pardonné la « trahison » de l`ancien ministre de l`Education nationale qui a délaissé la maison « verte » quand le pouvoir Bédié est tombé en 1999. Anney Kablan a en effet flirter avec le pouvoir Kaki du général Gueï. Pis, il a ensuite été candidat indépendant aux législatives avant de conduire la liste Fpi aux municipales dans la cité royale. Même s`il continue de se réclamer du Pdci et assiste à certaines réunions locales de ce parti, les relations entre les hommes forts de la base et leur « frère » Anney Kablan ne sont pas au beau fixe. Bédié lui pardonnera-t-il cette infidélité? Rien n`est moins sûr. Dans le département de Tanda, le courant ne passe pas trop entre le bouillant Adjoumani et son frère Tah Thomas, député Pdci d`Assuefry-Transua. L`ancien ministre des Ressources animales est un irréductible bédéiste alors que Tah Thomas fait partie de ceux qui ont voulu à un moment donné remettre en cause la souveraineté du prince Nambê à travers le courant de la rénovation dirigé alors par Noël Akossi Bendjo. Dans le programme de la tournée, Bédié n`ira pas dans la localité frontalière d`Assuefry et dans le controversé nouveau département de Transua. Ces deux localités sont pourtant parmi les plus grandes et les plus vieilles sous-préfectures du département de Tanda. Ces deux barons du Pdci, tous deux parlementaires et très influents dans la région semblent ne plus regarder dans la même direction. Dans la sous-préfecture de Tankessé, Adjoumani, le président du conseil général n`est pas vu d`un bon œil. Les populations l`accusent d`avoir tourné le dos à leur localité après son avènement à la tête du département de Tanda. Quel sort les populations de Tankessé qui ont massivement voté le général Gueï en 2000 réserveront-elles à Bédié qui effectuera une escale technique dans leur village ? Les tensions entre communautés villageoises nées des problèmes de découpages administratifs liés à l`octroi de sous-préfectures ont profondément affecté la cohésion entre certains villages. Bédié au moment où il était aux affaires avait lancé le processus de communalisation de la Côte d`Ivoire.

Des découpages politisés

A Agnibilekrou, le vieux parti est loin des incompréhensions et autres tensions liées aux problèmes de royauté. Mais les militants réclament leur président dans la nouvelle sous-préfecture de Tienkoikro pour faire reculer l`hégémonie du ministre Augustin Kouadio Komoé du Fpi, et du député Kouablan François, secrétaire général du Pit. En 1998, au cours de sa visite d`Etat dans l`Est, Bédié avait attribué des sous-préfectures qui aujourd`hui ont plus divisé que développé. Dans le département de Bondoukou, l`érection du village de Sapli en chef-lieu de sous-préfecture a par la suite entrainé des scissions profondes entre les villages de Sapli, Sepingo et Yezimala qui, depuis se regardent en chiens de faïence. Après des affrontements sanglants, les deux premières localités, distantes de moins d`un kilomètre ne se fréquentent pratiquement plus. Les habitants de Sepingo préfèrent parcourir plus 35 kilomètres pour se faire établir un acte administratif plutôt que de se rendre à Sapli, à 500 mètres. Yézimala, la troisième localité, a pour cette même affaire destitué son chef Henri Kouamé Kouman pour « haute trahison ». Comme on peut le voir, si cette tournée sera une occasion pour le sphinx de Daoukro de communier avec les militants, par contre beaucoup d`ingrédients peuvent s`inviter sur la piste pour gâcher la fête.

Kra Bernard (Stagiaire)
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