Le ministre d’Etat Bohoun Bouabré a expliqué, avant-hier mardi, aux membres du CNRD pourquoi les Ivoiriens doivent rester calmes dans l’étape de l’initiative PPTE atteinte par la Côte d’Ivoire qui, selon lui, n’est pas encore au stade des gains. Des efforts restant à faire.
“Nous attendons le point final du processus. A la fin, nous aurons une réduction de dette de 1500 milliards FCFA”, a indiqué, mardi, le ministre d’Etat Bohoun Bouabré, au siège du Congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD). S’exprimant devant plus de 200 personnes, dans le cadre d’une conférence publique sur l’initiative PPTE réservée aux dirigeants de cette structure, il a demandé aux Ivoiriens de ne pas se montrer euphoriques, car rien n’est encore joué et la Côte d’Ivoire doit continuer de faire les sacrifices nécessaires pour parvenir au point final du processus d’admission à l’initiative PPTE. Selon le ministre d’Etat, il ne sera pas question d’augmenter les salaires durant cette période. Et, pour son développement, le pays ne devra pas investir plus de 40 milliards FCFA cette année. Difficile à faire, puisque le pays s’est engagé déjà dans 11 grands travaux. Entre autres, les travaux de l’autoroute, le Grand Abidjan, le mémorial Houphouet- Boigny, la réfection de l’hôtel Ivoire, le troisième pont, l’hôtel des députés et le palais présidentiel de Yamoussoukro qui sont en cours et doivent être achevés. Faute de quoi, tous ces investissements seront perdus. Et cela se chiffre en centaines de milliards. Véritable casse-tête chinois. “On s’est engagé à limiter la masse salariale. On a diminué le droit unique de sortie (DUS) du café et du cacao. Ce qui fait qu’on renonce à environ 50 milliards par an. C’est dur, mais il faut se battre pour rester dans les engagements pris. Les mesures sont si difficiles, qu’il faut un gouvernement très fort pour les mettre en œuvre”.
Selon le ministre d’Etat, c’est la première fois que la Côte d’Ivoire arrive au point de décision. Tout a commencé en 1996, quand le FMI a estimé que le poids de la dette est un obstacle à l’essor des pays pauvres. C’est ainsi que l’initiative du Programme des pays pauvres très endettés (PPTE) a été prise. “On considère qu’un pays est très endetté lorsque le taux de l’encours de la dette par rapport au PIB est de 60% ou plus. Si, en plus, vous êtes pauvres, alors on dit que vous êtes un pays pauvre très endetté”, a expliqué le ministre.
Il a ensuite indiqué que ce taux était de 17,7% en 1973. Il est passé à 136% en 1996 avec Bédié. Ce taux est descendu à 74,8% en 2002, mais cet élan sera stoppé net par la guerre. La Côte d’Ivoire est entrée dans le cercle des pays pauvres très endettés en 1985, année où elle a connu le taux de 75%.
Pour bénéficier du programme d’allègement de la dette, il faut élaborer un document de stratégie de réduction de la pauvreté et le mettre en œuvre avec succès sur une période de six mois au moins ou même un an. La Côte d’Ivoire s’y est engagée en avril 1998. Mais elle n’a pas obtenu le point de décision. C’est qu’en novembre 1998, évaluant le programme, le FMI a estimé que la Côte d’Ivoire a fait des dérapages. Et le programme a été arrêté en novembre 1998. C’est au moment où le gouvernement cherchait à le reprendre que le coup d’Etat du “Père Noël” est intervenu.
A l’avènement du président Gbagbo à la tête du pays, il demande la reprise des liens avec les institutions internationales. Et un nouveau programme a été signé avec le FMI. En avril 2002, les négociations sont engagées avec le Club de Paris pour le rééchelonnement de la dette. Six mois après, en septembre, une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale vient évaluer le programme du gouvernement. “Le 17 septembre 2002, la mission a été reçue par le Premier ministre Affi N ’Guessan. Ils avaient dit qu’ils repartaient satisfaits et retournaient à New York pour mettre en œuvre le programme”, a avancé le ministre, regrettant que la guerre ait éclaté au plus mauvais moment.
En mars 2007, avec l’Accord politique de Ouaga, le président de la République a estimé que les conditions étaient réunies pour engager de nouveau les négociations avec le FMI et la Banque mondiale. A partir de juillet de la même année, un programme d’aide d’urgence post-conflit doit être exécuté en six mois. Cela prendra un an et demi. Mais il est tenu compte de la bonne performance réalisée par la Côte d’Ivoire en 2002.
Aujourd’hui, le pays est au point d’admission à l’initiative PPTE. Pour le reste, beaucoup d’autres choses restent à faire dont le maintien d’un solde budgétaire positif, la mise en place d’un mécanisme automatique de fixation des prix du carburant, etc.
En contre partie, la Côte d’Ivoire attend du FMI qu’il joue sa partition. “Nous attendons que le FMI exécute sa part d’engagement : un programme de financement sur trois ans, évalué à 265 milliards FCFA, décaissés chaque année en deux tranches. A la signature, 52 milliards sont versés”, a expliqué le ministre. Ce sont ces 52 milliards que la Côte d’Ivoire vient de recevoir. Le second versement n’interviendra que dans six mois, si l’évaluation est jugée positive. “Si on a failli, le programme va s’arrêter et on n’aura pas de remise de notre dette”, a prévenu le ministre. Avant d’expliquer que ce n’est pas le stock de la dette qui est réduit, mais seulement les arriérés de paiement. Or la Côte d’Ivoire doit aujourd’hui, 3424 milliards FCFA au Club de Paris. C’est sur ce montant qu’est appliqué le programme en cours.
Paul D. Tayoro
“Nous attendons le point final du processus. A la fin, nous aurons une réduction de dette de 1500 milliards FCFA”, a indiqué, mardi, le ministre d’Etat Bohoun Bouabré, au siège du Congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD). S’exprimant devant plus de 200 personnes, dans le cadre d’une conférence publique sur l’initiative PPTE réservée aux dirigeants de cette structure, il a demandé aux Ivoiriens de ne pas se montrer euphoriques, car rien n’est encore joué et la Côte d’Ivoire doit continuer de faire les sacrifices nécessaires pour parvenir au point final du processus d’admission à l’initiative PPTE. Selon le ministre d’Etat, il ne sera pas question d’augmenter les salaires durant cette période. Et, pour son développement, le pays ne devra pas investir plus de 40 milliards FCFA cette année. Difficile à faire, puisque le pays s’est engagé déjà dans 11 grands travaux. Entre autres, les travaux de l’autoroute, le Grand Abidjan, le mémorial Houphouet- Boigny, la réfection de l’hôtel Ivoire, le troisième pont, l’hôtel des députés et le palais présidentiel de Yamoussoukro qui sont en cours et doivent être achevés. Faute de quoi, tous ces investissements seront perdus. Et cela se chiffre en centaines de milliards. Véritable casse-tête chinois. “On s’est engagé à limiter la masse salariale. On a diminué le droit unique de sortie (DUS) du café et du cacao. Ce qui fait qu’on renonce à environ 50 milliards par an. C’est dur, mais il faut se battre pour rester dans les engagements pris. Les mesures sont si difficiles, qu’il faut un gouvernement très fort pour les mettre en œuvre”.
Selon le ministre d’Etat, c’est la première fois que la Côte d’Ivoire arrive au point de décision. Tout a commencé en 1996, quand le FMI a estimé que le poids de la dette est un obstacle à l’essor des pays pauvres. C’est ainsi que l’initiative du Programme des pays pauvres très endettés (PPTE) a été prise. “On considère qu’un pays est très endetté lorsque le taux de l’encours de la dette par rapport au PIB est de 60% ou plus. Si, en plus, vous êtes pauvres, alors on dit que vous êtes un pays pauvre très endetté”, a expliqué le ministre.
Il a ensuite indiqué que ce taux était de 17,7% en 1973. Il est passé à 136% en 1996 avec Bédié. Ce taux est descendu à 74,8% en 2002, mais cet élan sera stoppé net par la guerre. La Côte d’Ivoire est entrée dans le cercle des pays pauvres très endettés en 1985, année où elle a connu le taux de 75%.
Pour bénéficier du programme d’allègement de la dette, il faut élaborer un document de stratégie de réduction de la pauvreté et le mettre en œuvre avec succès sur une période de six mois au moins ou même un an. La Côte d’Ivoire s’y est engagée en avril 1998. Mais elle n’a pas obtenu le point de décision. C’est qu’en novembre 1998, évaluant le programme, le FMI a estimé que la Côte d’Ivoire a fait des dérapages. Et le programme a été arrêté en novembre 1998. C’est au moment où le gouvernement cherchait à le reprendre que le coup d’Etat du “Père Noël” est intervenu.
A l’avènement du président Gbagbo à la tête du pays, il demande la reprise des liens avec les institutions internationales. Et un nouveau programme a été signé avec le FMI. En avril 2002, les négociations sont engagées avec le Club de Paris pour le rééchelonnement de la dette. Six mois après, en septembre, une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale vient évaluer le programme du gouvernement. “Le 17 septembre 2002, la mission a été reçue par le Premier ministre Affi N ’Guessan. Ils avaient dit qu’ils repartaient satisfaits et retournaient à New York pour mettre en œuvre le programme”, a avancé le ministre, regrettant que la guerre ait éclaté au plus mauvais moment.
En mars 2007, avec l’Accord politique de Ouaga, le président de la République a estimé que les conditions étaient réunies pour engager de nouveau les négociations avec le FMI et la Banque mondiale. A partir de juillet de la même année, un programme d’aide d’urgence post-conflit doit être exécuté en six mois. Cela prendra un an et demi. Mais il est tenu compte de la bonne performance réalisée par la Côte d’Ivoire en 2002.
Aujourd’hui, le pays est au point d’admission à l’initiative PPTE. Pour le reste, beaucoup d’autres choses restent à faire dont le maintien d’un solde budgétaire positif, la mise en place d’un mécanisme automatique de fixation des prix du carburant, etc.
En contre partie, la Côte d’Ivoire attend du FMI qu’il joue sa partition. “Nous attendons que le FMI exécute sa part d’engagement : un programme de financement sur trois ans, évalué à 265 milliards FCFA, décaissés chaque année en deux tranches. A la signature, 52 milliards sont versés”, a expliqué le ministre. Ce sont ces 52 milliards que la Côte d’Ivoire vient de recevoir. Le second versement n’interviendra que dans six mois, si l’évaluation est jugée positive. “Si on a failli, le programme va s’arrêter et on n’aura pas de remise de notre dette”, a prévenu le ministre. Avant d’expliquer que ce n’est pas le stock de la dette qui est réduit, mais seulement les arriérés de paiement. Or la Côte d’Ivoire doit aujourd’hui, 3424 milliards FCFA au Club de Paris. C’est sur ce montant qu’est appliqué le programme en cours.
Paul D. Tayoro