Réveil tardif ou opérations de charme? Toujours est-il qu'après la disparition de quatre gardes-côtes au large de Fresco, les ministres Douati et Mabri sont, semble-t-il, sortis de leur torpeur pour calmer les vagues dans les eaux territoriales dont les ressources sont gravement menacées par les navires pirates et les mauvaises pratiques de pêche.
Un capharnaüm. A l'image des grosses vagues qui font tanguer les navires en mer. C'est du moins ce à quoi on assiste dans les eaux territoriales ivoiriennes après la mystérieuse disparition de quatre gardes-côtes le 11 mars au large de Fresco, alors qu'ils étaient allés arraisonner des navires pirates. A bord de ces bâtiments se trouvaient des opérateurs chinois, soupçonnés de pratique illicite de pêche sur les côtes nationales. En effet, trois jours après ce drame qui a endeuillé la police maritime, le ministre des Transports, s'est rendu le premier à San Pedro pour, dit-on, apporter la compassion du gouvernement et annoncer « l'ouverture d'une enquête pour punir les coupables ».
Le 11 avril, c'est le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques qui est arrivé tambour battant dans la cité portuaire pour venir constater l'arraisonnement de deux bateaux pirates étrangers pratiquant la pêche illicite : Tottee, battant pavillon nigérian avec un équipage coréen et Maach 2, battant pavillon ghanéen avec un équipage chinois.
Le danger est là
Pourquoi ce réveil tardif ? Douati et Mabri sont-ils devenus des médecins après la mort ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps, quand on sait que depuis quelques années déjà les armateurs (à la pêche fraîche) et les gardes-côtes ne cessent d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur le danger que constitue l'invasion des eaux territoriales par des bâtiments pirates. Des opérateurs qui ne respectent aucunement la réglementation en vigueur en matière de pratique de pêche. Toute chose mettant gravement en danger la faune aquatique. Avec pour conséquence une baisse quasi-régulière des captures. A telle enseigne que les chiffres de la production nationale ne sont guère reluisants. De 81.523 tonnes en 2000, la production nationale (tous types de pêche confondus) a chuté drastiquement à 55.261 en 2004 pour une valeur de 21 milliards Fcfa et à 43.531 tonnes en 2005 pour une valeur 19 milliards Fcfa. Soit de 21% en quantité et 19,5% en valeur. Dans cette grisaille et à l'absence de statistiques actuelles, la pêche industrielle prise seule, continue sa plongée avec une capture totale de 16.735 en 2006 contre 34.681 en 2000, soit une régression de 48,25%. Lourdement armés, ces navires pirates constituent une grave menace pour la sûreté nationale. Dans leur mémorandum de 2008, les armateurs locaux sont revenus à la charge pour stigmatiser l'indolence de la tutelle devant la recrudescence de ces pratiques illégales de pêche, notamment le chalut-bœuf pélagique (chalut tracé par 2 bateaux) et qui détruit les grands fonds marins à travers un pillage systématique. Bien qu'interdite par la règlementation nationale. Cette technique, selon les opérateurs, est toujours pratiquée par certains armements. Cette situation a soulevé l'année dernière le courroux des marins-pêcheurs qui ont même demandé la démission du ministre Douati. Dans la mesure où «le bateau pirate Tottee, battant pavillon nigérian arraisonné à cette époque par les armateurs, n'a pas été frappé d'une décision de non appareillage. Il naviguait à vue sans être inquiété.» Les autorités sont restées muettes sur la question. Par ailleurs, «8 autres navires longs de 40 mètres, appartenant à la société chinoise Daping Fishing » sont en permanence en activité dans les eaux ivoiriennes sans licences. Les responsables de ces navires ont disparu depuis leur assignation en justice. Pour les marins, d'autres armements ayant une licence, se rendent également coupables des mauvaises pratiques de pêche en mer. «On a délivré des licences à des bateaux sans qu'on ne les contrôle avant leur départ en mer. Or la vérification des mailles des filets est déterminante dans la pêche. Ces bateaux chinois qui vont en mer, utilisent tous les moyens légaux et illégaux pour la pêche. Toute chose qui met en danger la reproduction des animaux puisque ces Asiatiques vont opérer dans les zones interdites », a pesté Kouassi Yao Barthélémy, leader du syndiact des marins-pêcheurs de Côte d'Ivoire dans son interview accordée à votre quotidien le 18 mars. Au moment où les ressources halieutiques sont menacées de disparition, rendant complexe l'activité des armateurs, c'est en ce moment qu'ils doivent faire face aux charges multiples dans leur secteur.
Le laxisme du ministère
Hormis les dépenses liées au carburant, au loyer en hausse de 74% au port d'Abidjan, les opérateurs doivent honorer plusieurs taxes : la redevance d'escale 3.084.453 par an, le rôle d'équipage payé à la direction maritime à 75.000 Fcfa au lieu 30.000, la taxe de dérogation, la redevance d'exploitation, la redevance de 248 Fcfa sur le poisson. Ces nombreux prélèvements servent à quoi, se demandent les opérateurs ? De 60 navires en 1980, le nombre d'armements a chuté aujourd'hui à moins d'une quarantaine. Les armateurs qui attendent de l'Etat une subvention de 400 millions de Fcfa pour la reprise de leurs activités, sont convaincus que si la filière vit de telles difficultés, c'est bien à cause du laxisme du ministère de la Production animale. D'ailleurs les services de Douati ont laissé la latitude à des opérateurs chinois de construire en bordure de la lagune à proximité de la base de la marine nationale à Vridi, des bateaux de pêche en vue d'exploiter les eaux territoriales. Etonnant tout ceci. Quand on sait que ces équipages se sont toujours illustrés par la pratique illicite en mer. Les opérateurs locaux ont souhaité à cet effet, un renforcement du dispositif d'octroi de la licence avec une représentation au sein du comité chargé d'étudier les demandes. L'on s'interroge encore sur les véritables motivations du ministre qui a annoncé justement à San Pedro la création d'un organisme de surveillance des pêches calqué sur le modèle de certains pays plus avancés en la matière tels que le Maroc, la Mauritanie ou le Sénégal. Surtout que ce projet qui va sûrement nécessiter des moyens additionnels à l'Etat. Cet organisme, propose-t-il, sera constitué sous forme d'un Etablissement public national (Epn). Qu'est-ce que cette structure va apporter de nouveau, dans la mesure où l'arrêté n°045/MIPARH/ du 05 octobre 2007 portant création et organisation du programme d'appui à la gestion durable des ressources halieutiques existe déjà ? Au niveau des dispositions générales, cet arrêté en son article 3, composante 2 (alinéa 3), prévoit un «appui à la surveillance et au contrôle des navires de pêche par l'acquisition de moyens adaptés de surveillance et de contrôle, la création de postes de surveillance, la formation du personnel de surveillance,… ». Ce programme aura-t-il montré ses limites? Si la gestion durable des ressources halieutiques est indéniablement l'affaire de Douati, il n'en demeure pas moins qu'une police maritime existe déjà pour la surveillance des eaux territoriales et le contrôle des navires.
Elle n'a besoin que d'équipements et de meilleures conditions de travail pour être plus efficace en mer afin d'éviter le drame de Fresco.
Même si elle n'est pas sous tutelle du ministère de la Production animale, elle pourrait bénéficier de son soutien dans le cadre d'une action conjuguée contre les navires pirates. Tout cela fait désordre selon les responsables des gardes-côtes. Pour les policiers marins, cette idée du ministre est une aberration. «Il y a un personnel déjà formé par l'Etat de Côte d'Ivoire. Nous sommes aujourd'hui 1.000 agents qui n'ont besoin que de moyens pour travailler notamment des moyens navigants, des portatifs, etc. L'anarchie que nous constatons est l'une des conséquences des autorisations farfelues octroyées à des armements ne respectant aucune norme», dénoncent vivement les gardes-côtes. Pour eux, le ministère des Transports qui est justement leur tutelle, n'a pas également respecté ses promesses en vue d'améliorer leurs conditions de travail. «Au cours de notre dernière grève de l'année, nous avons exigé l'adoption du nouveau code maritime. Le ministre nous a donné l'assurance, mais au jour d'aujourd'hui, rien ne change », s'offusquent les policiers marins. En effet, le code en vigueur est dépassé et date de 1961.
Quelles réformes ?
Le secteur a évolué avec le Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (Isps en anglais). «Nous avons connu le cas des déchets toxiques avec le Probo Koala. Cela n'était pas prévu par le code 1961. Pour nous le nouveau texte devrait venir réaffirmer notre mission et nous donner plus de moyens pour travailler, mais hélas», regrettent-ils, précisant que chacun a tendance à se débrouiller de son côté. Il est clair qu'au plan institutionnel des réformes profondes doivent être envisagées pour sauver les eaux territoriales, les ressources halieutiques et surtout la vie des policiers marins cruellement sous-équipés contre les puissants et navires pirates. Des ancienne mastodontes de guerre transformées en navires de pêche. Le directeur des productions halieutiques et des pêches reconnait que le désordre sévit dans le secteur. «Il y a un peu de désordre. Mais il faut indiquer que les gardes-côtes n'ont pas pour vocation de surveiller la pêche mais d'assurer la sécurité maritime, le contrôle des permis, l'assurance des navires, etc. La surveillance de la pêche est de notre responsabilité. Et nous avons également une police maritime. Nous avons demandé au gouvernement de faire l'harmonisation», réagit. Anvra Jeanson Djobo, avant d'indiquer que des réformes institutionnelles sont nécessaires. Pour blanchir ses services, il a rappelé que l'opération de San Pedro a réussi parce que son ministère a fédéré les forces en présence. La marine nationale, explique le directeur des pêches, a apporté des équipements lourds à l'image de son patrouilleur «L'Intrépide », un Zodiac. La direction des affaires maritimes a mis également son expertise à la disposition du ministère de la Production animale. A l'en croire, l'Etat n'a pas les moyens d'acquérir de nouveaux patrouilleurs qui selon lui, coûtent 3 à 7 milliards de Fcfa l'un. Il essaie de mettre en état les anciens patrouilleurs qui sont obsolètes et datent de plus de trente ans. « Ce ne sont pas aux Chinois à qui on a octroyé des licences qui ont fait la pêche illicite. Mais ce sont des navires ghanéens, espagnols nigérians ayant à leur bord, des équipages chinois qui ont été pris à Fresco», se défend Dr Djobo. Pourtant le ministère à un moment donné, a arraisonné des bateaux chinois qui pratiquaient le chalut-bœuf. «On a arraisonné également des bateaux ivoiriens qui pêchaient en dessous des 2000 milles marins, qui ne respectaient pas eux-aussi la règlementation. Nous ne protégeons personne. Qu'est-ce qu'il faut faire quand des armements nationaux ne peuvent pas aller au-delà des 4000 marins pour pêcher parce que leurs navires sont vétustes. Sachant qu'il faut approvisionner le marché?», s'interroge le directeur. Avant de poursuivre : «Si des bateaux chinois qui sont en Côte d'Ivoire font des pratiques illicites, nous allons les arraisonner. Ils s'exposent au paiement des amendes qui partent de 100.000 à 50 millions de Fcfa, selon l'ancienne loi de 1986. Mais, avec la nouvelle loi qui est en cours d'élaboration, les amendes iront de 200 millions à 500 millions de Fcfa. Afin de décourager les pratiques illicites et les actes de piratage.»
Cissé Cheick Ely
Un capharnaüm. A l'image des grosses vagues qui font tanguer les navires en mer. C'est du moins ce à quoi on assiste dans les eaux territoriales ivoiriennes après la mystérieuse disparition de quatre gardes-côtes le 11 mars au large de Fresco, alors qu'ils étaient allés arraisonner des navires pirates. A bord de ces bâtiments se trouvaient des opérateurs chinois, soupçonnés de pratique illicite de pêche sur les côtes nationales. En effet, trois jours après ce drame qui a endeuillé la police maritime, le ministre des Transports, s'est rendu le premier à San Pedro pour, dit-on, apporter la compassion du gouvernement et annoncer « l'ouverture d'une enquête pour punir les coupables ».
Le 11 avril, c'est le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques qui est arrivé tambour battant dans la cité portuaire pour venir constater l'arraisonnement de deux bateaux pirates étrangers pratiquant la pêche illicite : Tottee, battant pavillon nigérian avec un équipage coréen et Maach 2, battant pavillon ghanéen avec un équipage chinois.
Le danger est là
Pourquoi ce réveil tardif ? Douati et Mabri sont-ils devenus des médecins après la mort ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps, quand on sait que depuis quelques années déjà les armateurs (à la pêche fraîche) et les gardes-côtes ne cessent d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur le danger que constitue l'invasion des eaux territoriales par des bâtiments pirates. Des opérateurs qui ne respectent aucunement la réglementation en vigueur en matière de pratique de pêche. Toute chose mettant gravement en danger la faune aquatique. Avec pour conséquence une baisse quasi-régulière des captures. A telle enseigne que les chiffres de la production nationale ne sont guère reluisants. De 81.523 tonnes en 2000, la production nationale (tous types de pêche confondus) a chuté drastiquement à 55.261 en 2004 pour une valeur de 21 milliards Fcfa et à 43.531 tonnes en 2005 pour une valeur 19 milliards Fcfa. Soit de 21% en quantité et 19,5% en valeur. Dans cette grisaille et à l'absence de statistiques actuelles, la pêche industrielle prise seule, continue sa plongée avec une capture totale de 16.735 en 2006 contre 34.681 en 2000, soit une régression de 48,25%. Lourdement armés, ces navires pirates constituent une grave menace pour la sûreté nationale. Dans leur mémorandum de 2008, les armateurs locaux sont revenus à la charge pour stigmatiser l'indolence de la tutelle devant la recrudescence de ces pratiques illégales de pêche, notamment le chalut-bœuf pélagique (chalut tracé par 2 bateaux) et qui détruit les grands fonds marins à travers un pillage systématique. Bien qu'interdite par la règlementation nationale. Cette technique, selon les opérateurs, est toujours pratiquée par certains armements. Cette situation a soulevé l'année dernière le courroux des marins-pêcheurs qui ont même demandé la démission du ministre Douati. Dans la mesure où «le bateau pirate Tottee, battant pavillon nigérian arraisonné à cette époque par les armateurs, n'a pas été frappé d'une décision de non appareillage. Il naviguait à vue sans être inquiété.» Les autorités sont restées muettes sur la question. Par ailleurs, «8 autres navires longs de 40 mètres, appartenant à la société chinoise Daping Fishing » sont en permanence en activité dans les eaux ivoiriennes sans licences. Les responsables de ces navires ont disparu depuis leur assignation en justice. Pour les marins, d'autres armements ayant une licence, se rendent également coupables des mauvaises pratiques de pêche en mer. «On a délivré des licences à des bateaux sans qu'on ne les contrôle avant leur départ en mer. Or la vérification des mailles des filets est déterminante dans la pêche. Ces bateaux chinois qui vont en mer, utilisent tous les moyens légaux et illégaux pour la pêche. Toute chose qui met en danger la reproduction des animaux puisque ces Asiatiques vont opérer dans les zones interdites », a pesté Kouassi Yao Barthélémy, leader du syndiact des marins-pêcheurs de Côte d'Ivoire dans son interview accordée à votre quotidien le 18 mars. Au moment où les ressources halieutiques sont menacées de disparition, rendant complexe l'activité des armateurs, c'est en ce moment qu'ils doivent faire face aux charges multiples dans leur secteur.
Le laxisme du ministère
Hormis les dépenses liées au carburant, au loyer en hausse de 74% au port d'Abidjan, les opérateurs doivent honorer plusieurs taxes : la redevance d'escale 3.084.453 par an, le rôle d'équipage payé à la direction maritime à 75.000 Fcfa au lieu 30.000, la taxe de dérogation, la redevance d'exploitation, la redevance de 248 Fcfa sur le poisson. Ces nombreux prélèvements servent à quoi, se demandent les opérateurs ? De 60 navires en 1980, le nombre d'armements a chuté aujourd'hui à moins d'une quarantaine. Les armateurs qui attendent de l'Etat une subvention de 400 millions de Fcfa pour la reprise de leurs activités, sont convaincus que si la filière vit de telles difficultés, c'est bien à cause du laxisme du ministère de la Production animale. D'ailleurs les services de Douati ont laissé la latitude à des opérateurs chinois de construire en bordure de la lagune à proximité de la base de la marine nationale à Vridi, des bateaux de pêche en vue d'exploiter les eaux territoriales. Etonnant tout ceci. Quand on sait que ces équipages se sont toujours illustrés par la pratique illicite en mer. Les opérateurs locaux ont souhaité à cet effet, un renforcement du dispositif d'octroi de la licence avec une représentation au sein du comité chargé d'étudier les demandes. L'on s'interroge encore sur les véritables motivations du ministre qui a annoncé justement à San Pedro la création d'un organisme de surveillance des pêches calqué sur le modèle de certains pays plus avancés en la matière tels que le Maroc, la Mauritanie ou le Sénégal. Surtout que ce projet qui va sûrement nécessiter des moyens additionnels à l'Etat. Cet organisme, propose-t-il, sera constitué sous forme d'un Etablissement public national (Epn). Qu'est-ce que cette structure va apporter de nouveau, dans la mesure où l'arrêté n°045/MIPARH/ du 05 octobre 2007 portant création et organisation du programme d'appui à la gestion durable des ressources halieutiques existe déjà ? Au niveau des dispositions générales, cet arrêté en son article 3, composante 2 (alinéa 3), prévoit un «appui à la surveillance et au contrôle des navires de pêche par l'acquisition de moyens adaptés de surveillance et de contrôle, la création de postes de surveillance, la formation du personnel de surveillance,… ». Ce programme aura-t-il montré ses limites? Si la gestion durable des ressources halieutiques est indéniablement l'affaire de Douati, il n'en demeure pas moins qu'une police maritime existe déjà pour la surveillance des eaux territoriales et le contrôle des navires.
Elle n'a besoin que d'équipements et de meilleures conditions de travail pour être plus efficace en mer afin d'éviter le drame de Fresco.
Même si elle n'est pas sous tutelle du ministère de la Production animale, elle pourrait bénéficier de son soutien dans le cadre d'une action conjuguée contre les navires pirates. Tout cela fait désordre selon les responsables des gardes-côtes. Pour les policiers marins, cette idée du ministre est une aberration. «Il y a un personnel déjà formé par l'Etat de Côte d'Ivoire. Nous sommes aujourd'hui 1.000 agents qui n'ont besoin que de moyens pour travailler notamment des moyens navigants, des portatifs, etc. L'anarchie que nous constatons est l'une des conséquences des autorisations farfelues octroyées à des armements ne respectant aucune norme», dénoncent vivement les gardes-côtes. Pour eux, le ministère des Transports qui est justement leur tutelle, n'a pas également respecté ses promesses en vue d'améliorer leurs conditions de travail. «Au cours de notre dernière grève de l'année, nous avons exigé l'adoption du nouveau code maritime. Le ministre nous a donné l'assurance, mais au jour d'aujourd'hui, rien ne change », s'offusquent les policiers marins. En effet, le code en vigueur est dépassé et date de 1961.
Quelles réformes ?
Le secteur a évolué avec le Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (Isps en anglais). «Nous avons connu le cas des déchets toxiques avec le Probo Koala. Cela n'était pas prévu par le code 1961. Pour nous le nouveau texte devrait venir réaffirmer notre mission et nous donner plus de moyens pour travailler, mais hélas», regrettent-ils, précisant que chacun a tendance à se débrouiller de son côté. Il est clair qu'au plan institutionnel des réformes profondes doivent être envisagées pour sauver les eaux territoriales, les ressources halieutiques et surtout la vie des policiers marins cruellement sous-équipés contre les puissants et navires pirates. Des ancienne mastodontes de guerre transformées en navires de pêche. Le directeur des productions halieutiques et des pêches reconnait que le désordre sévit dans le secteur. «Il y a un peu de désordre. Mais il faut indiquer que les gardes-côtes n'ont pas pour vocation de surveiller la pêche mais d'assurer la sécurité maritime, le contrôle des permis, l'assurance des navires, etc. La surveillance de la pêche est de notre responsabilité. Et nous avons également une police maritime. Nous avons demandé au gouvernement de faire l'harmonisation», réagit. Anvra Jeanson Djobo, avant d'indiquer que des réformes institutionnelles sont nécessaires. Pour blanchir ses services, il a rappelé que l'opération de San Pedro a réussi parce que son ministère a fédéré les forces en présence. La marine nationale, explique le directeur des pêches, a apporté des équipements lourds à l'image de son patrouilleur «L'Intrépide », un Zodiac. La direction des affaires maritimes a mis également son expertise à la disposition du ministère de la Production animale. A l'en croire, l'Etat n'a pas les moyens d'acquérir de nouveaux patrouilleurs qui selon lui, coûtent 3 à 7 milliards de Fcfa l'un. Il essaie de mettre en état les anciens patrouilleurs qui sont obsolètes et datent de plus de trente ans. « Ce ne sont pas aux Chinois à qui on a octroyé des licences qui ont fait la pêche illicite. Mais ce sont des navires ghanéens, espagnols nigérians ayant à leur bord, des équipages chinois qui ont été pris à Fresco», se défend Dr Djobo. Pourtant le ministère à un moment donné, a arraisonné des bateaux chinois qui pratiquaient le chalut-bœuf. «On a arraisonné également des bateaux ivoiriens qui pêchaient en dessous des 2000 milles marins, qui ne respectaient pas eux-aussi la règlementation. Nous ne protégeons personne. Qu'est-ce qu'il faut faire quand des armements nationaux ne peuvent pas aller au-delà des 4000 marins pour pêcher parce que leurs navires sont vétustes. Sachant qu'il faut approvisionner le marché?», s'interroge le directeur. Avant de poursuivre : «Si des bateaux chinois qui sont en Côte d'Ivoire font des pratiques illicites, nous allons les arraisonner. Ils s'exposent au paiement des amendes qui partent de 100.000 à 50 millions de Fcfa, selon l'ancienne loi de 1986. Mais, avec la nouvelle loi qui est en cours d'élaboration, les amendes iront de 200 millions à 500 millions de Fcfa. Afin de décourager les pratiques illicites et les actes de piratage.»
Cissé Cheick Ely