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Économie Publié le dimanche 26 avril 2009 | Ministères

Conférence de presse des Ministres africains des Finances - impact de la crise financière internationale sur les pays africains

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Directeur Général du Fonds Monétaire International,
Monsieur le Président de la Banque Mondiale,
Distinguées personnalités ici présentes,

C’est pour moi un grand honneur de prendre la parole devant cette auguste assemblée, pour vous faire partager quelques idées sur la crise financière internationale et son impact sur le continent africain et singulièrement mon pays.

La crise financière qui a éclaté ici même aux Etats-Unis en septembre 2008, avec notamment la faillite retentissante d’une des prestigieuses banques d’affaires américaines, Lehman Brothers, des suites de la crise des prêts hypothécaires dits « subprime » s’est propagée à une grande vitesse à toutes les régions du monde, et n’épargnant dans celles-ci, aucun pays.

Aujourd’hui, la crise financière internationale ne constitue plus seulement une menace pour les pays en développement. Muée en crise économique, elle est devenue une réalité dont il faut absolument tenir compte dans la formulation des mesures de politique économique.

En général, au plan mondial, la crise a induit plusieurs effets :
• une dégradation des soldes budgétaires ;
• une dégradation des comptes courants ;
• une accentuation du chômage ;
• une restriction de la consommation des ménages ;
• un ralentissement prononcé de l’activité économique.

Selon les dernières estimations, la croissance mondiale s’est établie à 3,2% en 2008 contre 5,0% en 2007. Les perspectives de 2009 ne sont guère reluisantes. La croissance mondiale en 2009 est projetée entre -1,0% et -0,5%. Elle serait tirée vers le bas par les pays développés dont la croissance se situerait entre -3,5% et -3,0%, tandis celle des économies émergentes et en développement s’établirait entre 1,5% et 2,5%.

Principalement, trois canaux de transmission de la crise aux économies africaines, ont été identifiés. Il s’agit notamment de la restriction de la demande mondiale adressée à l’Afrique, de l’effondrement des cours des matières premières et de la raréfaction des flux financiers (aide publique au développement, investissements directs étrangers et transferts des migrants).
La mise en œuvre satisfaisante des programmes AUPC nous a permis le 27 mars dernier d’atteindre le point de décision de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en même temps que la conclusion avec le FMI d’un nouveau programme triennal soutenu par la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC). Tout en remerciant, au nom du gouvernement ivoirien, l’ensemble de nos partenaires financiers et tous les acteurs ayant permis d’aboutir au point de décision, je voudrais les inviter à continuer de soutenir la Côte d’Ivoire pour obtenir un allégement intérimaire significatif de dette, et atteindre rapidement le point d’achèvement de l’Initiative PPTE qui consacrera la réduction effective du poids de la dette.

En dépit de l’environnement international difficile, mon pays, la Côte d’Ivoire, a réalisé un taux de croissance de 2,3% en 2008, contre 1,8% en 2007. En 2009, une croissance initialement projetée à plus de 4% a été révisée à 3,7%.

Au niveau du secteur primaire, à l’exception du cacao, toutes les productions destinées à l’exportation subissent une forte baisse. Celle de noix de cajou s’affiche en retrait de 52,1% du fait du manque d’organisation de la filière et des bas prix qui n’encouragent pas les producteurs. Les productions d’ananas et de banane reculent respectivement de 21,7% et 2,5%, en raison de l’absence d’investissements dans la filière et du manque de compétitivité de ces produits par rapport aux produits latino-américains.

Si les tendances de baisse des prix se poursuivent, l’objectif de croissance de l’agriculture d’exportation pourrait être compromis. Ce qui impacterait négativement l’objectif de croissance de 4,8% du secteur primaire.

Au niveau du secteur secondaire, au terme des deux premiers mois de l’année 2009, les secteurs touchés par la crise sont notamment le bois, l’automobile mécanique et les BTP. Concernant en particulier l’industrie de transformation du bois, il convient de signaler que la production, en accroissement de 124,2%, est stockée faute de commande en provenance de l’extérieur, en liaison avec la crise du secteur de l’immobilier. Neuf (9) entreprises sur quatre-vingt huit (88) ont déposé le bilan, 3.600 employés sont en chômage technique et 3.200 employés ont été licenciés pour raison économique. Un atelier s’est tenu du 1er au 3 avril 2009 pour identifier les actions à mettre en œuvre pour atténuer l’impact négatif de la récession économique sur la filière bois.

Au total, des incertitudes pèsent sur la réalisation du taux de croissance révisé de 3,7%, en raison de l’ampleur de la crise.

L’inflation est passée, en moyenne annuelle, de 1,9% en 2007 à 6,3% en 2008 (largement au-dessus du seuil de l’UEMOA de maximum 3%), en liaison avec la hausse des prix des produits alimentaires et des cours du pétrole brut. Ce taux aurait été plus important sans les mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre la vie chère. En 2009, avec l’inversion des tendances observée au niveau de l’évolution des prix des produits alimentaires et du pétrole, une décrue de l’inflation est attendue. Sur le premier trimestre 2009, l’inflation s’est établie en moyenne à 5,5%.

Les échanges extérieurs sont en baisse de 22,4% par rapport au début de l’année. Les importations baissant plus vite que les exportations, il s’est dégagé sur les deux premiers mois, un excédent commercial qui est en accroissement de 60,5% par rapport au deux premiers mois de 2008.

Au niveau des finances publiques, les recettes et dons se sont repliés de 1% du fait de la faiblesse du recouvrement des recettes non fiscales et les dépenses ont baissé de 14% par le faible niveau d’exécution des subventions et transferts, ainsi que des dépenses de fonctionnement. Le solde budgétaire est ressorti excédentaire de 13,8 milliards contre un déficit de 28,3 milliards enregistré un an plus tôt.

Dans l’ensemble, bien que préliminaire, la présente évaluation donne des indications utiles sur la trajectoire de l’économie nationale. Elle fait apparaître des inquiétudes au niveau de la sphère réelle, en particulier au niveau de l’agriculture d’exportation dont les contre-performances pourraient induire une croissance moins forte, en raison de son poids relatif dans le PIB. Je crois que beaucoup de pays africains rejoignent la Côte d’Ivoire au niveau de ce diagnostic. Il aurait fallu anticiper, en prenant des mesures pour appuyer les secteurs sinistrés, comme notamment le secteur du bois en Côte d’Ivoire.


A ce propos, il convient de rappeler que dans la plupart des pays développés, les Gouvernements ont pris des mesures vigoureuses pour restaurer la confiance et faire redémarrer la demande. Il s’agit en réalité de solutions budgétaires que seuls peuvent s’offrir les pays riches. En effet, les Etats-Unis ont investi plus de 1.500 milliards de dollars dans les plans de sauvetage et l’Europe plus de 2.000 milliards d’euros.


Les pays qui n’ont pas de marge budgétaire ne peuvent suivre cette approche. C’est notamment le cas pour la plupart des pays africains.

C’est pour cette raison que les mesures adoptées le 2 avril dernier par le G20 apparaissent appropriées. Il s’agit notamment de :


1°) l’augmentation des ressources du FMI et de la Banque Mondiale, en particulier des ressources concessionnelles, pour aider les pays pauvres ;
2°) l’allègement des conditionnalités ;
3°) l’augmentation de l’accès aux ressources.


Les modalités d’accès à ces ressources et leur entrée en vigueur doivent être rapidement précisées par la Direction Générale du FMI et la Présidence de la Banque Mondiale. Il est donc urgent que les mesures prises par le G20 soient traduites, dans un bref délai, en actes concrets, afin de répondre aux besoins pressants des pays africains.

Merci de votre aimable attention.
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