Le président du PDCI, Henri Konan Bédié joue les messies à l’Est du pays où il est en tournée. Il fait le procès du président Gbagbo et de la refondation. Sur le chemin qui l’a conduit d’Adzopé à Bettié, il se présente comme le bon gouvernant faiseur d’avenir. Et pourtant.
“Les refondateurs ont une peur bleue des élections libres, transparentes, crédibles et ouvertes à tous. Le FPI s’est engagé à faire à la démocratie, sa plus grave entorse en refusant aux Ivoiriens leur droit de se donner dans le temps prescrit par la Constitution les gouvernants de leur choix”. C’est l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié qui s’exprimait ainsi à Amélékia où il a animé un meeting la semaine dernière. Lors de son escale à Adzopé, Bédié a déclaré qu’avec “le FPI, l’Ivoirien n’a plus d’avenir.”
Il est revenu à son vieux slogan « le progrès pour tous et le bonheur pour chacun. » A Bettié, le maire Wadja Essay a souhaité le retour de Bédié à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire : “Avec vous à nouveau à la tête de ce pays, la Côte d’Ivoire connaîtra son deuxième miracle au plan éco-nomique.” Et le député Boa Edjampan de renchérir : “Donnons une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire avec Bédié.” Bédié lui-même revient à la charge : “Je veux faire revenir la paix, la liberté, la prospérité. Il faut se méfier du langage des prédateurs repus qui ont fait du mensonge, leur stratégie de gouvernement. Depuis le coup d’Etat stupide qui a favorisé l’avènement des refondateurs, un coup d’œil suffit pour nous rendre compte de l’étendue des dégâts opérés par la désastreuse gouvernance du FPI”, a attaqué Bédié.
Le président du PDCI en campagne ne pouvait pas passer sous silence, l’initiative PPTE dont la Côte d’Ivoire vient d’atteindre le point de décision.
Suivons-le : “Les refondateurs feignent d’oublier qu’en mars 1998, sous mon gouvernement, la Côte d’Ivoire avait été admise à l’initiative de la remise de la dette en faveur des pays très endettés et qu’elle aurait bénéficié de la remise de sa dette en mars 2001, si des aventuriers n’avaient perpétré contre le PDCI le coup d’Etat que l’on sait. Pavoiser alors qu’on obtient le point de décision du PPTE après 10 ans de pouvoir est simplement une danse de sorcier.”
Et pourtant
Sur ce chapitre du PPTE, de la dette et de la bonne gouvernance dont se réclame le candidat du PDCI, voici ce que Bédié a confié à Jeune Afrique Economie numéro 270 du 31 août au 13 septembre 1998: “Hier, le service de la dette représentait environ 51% des recettes budgétaires de l’Etat. C’est-à-dire un poids considérable qui paralysait d’avance tous nos projets. Sur le marché des capitaux, aux yeux des banques privées, nous étions considérés comme insolvables. Il fallait donc sortir de l’impasse, restructurer cette dette et renouer avec l’ensemble de la communauté financière. C’est ce que les longues négociations avec le Club de Paris et le Club de Londres ont finalement permis grâce à l’éligibilité de la Côte d’Ivoire au programme privilégié dit de l’initiative. Ce programme va permettre l’effacement de 830 milliards de FCFA et 4,6 milliards de dollars de la dette commerciale”.
Dans ces lignes, Bédié reconnaît qu’en son temps, la Côte d’Ivoire était tellement dans les difficultés économiques et financières qu’il ne jurait que par l’initiative PPTE qui était en réalité, sa raison de vivre. Cette confession du candidat du PDCI exprime bien que le PDCI a bien asphyxié le pays par un lourd endettement qui était évaluée à 8.500 milliards de FCFA. Cette dette qui a été la source d’enrichissement des barons du PDCI représentait 158% du PIB ou 360% de la valeur totale des exportations. Bédié qui estime que le coup d’Etat l’a empêché de bénéficier des retombées du PPTE qui devaient être effectives, cache la réalité parce que le programme signé en mars 1998 avec les institutions de Bretton Woods, dans le cadre de la facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR) lequel programme qui devait faire bénéficier à la Côte d’Ivoire 1.200 milliards de FCFA, s’est vu compromettre bien avant le coup d’Etat. Car, un audit des programmes à l’ajustement structurel produit par le Cabinet 2AC (Associés Audit et Conseil) en mai 1999 a épinglé le gouvernement de Bédié pour utilisation frauduleuse de 18 milliards de FCFA de l’Union Européenne entre 1995 et 1997. L’aide mémoire très critique faisait état d’une série de malversations dans lesquelles étaient impliqués et le ministre de la Santé Maurice Kacou Guikahué et deux autres membres du gouvernement. Des sources crédibles soutiennent que l’épouse de Bédié n’est pas étrangère à cette malversation qui a permis à son ONG SERVIR de fonctionner. A partir de ce scandale, la Commission de Bruxelles a suspendu ses financements et déclaré la Côte d’Ivoire inéligible à une nouvelle allocation.
Comme Henri Konan Bédié cache la vérité, cette dette de plus de 8.500 milliards de FCFA et les 18 milliards de l’UE ont bel et bien été remboursés par le régime de Laurent Gbagbo.
A propos des élections, il est malsain de la part de Bédié de dire que Laurent Gbagbo refuse l’organisation des élections comme la Constitution le prévoit tous les 5ans. Le candidat du PDCI oublie, ou il feint d’oublier que la même Constitution qui a fait de lui chef de l’Etat à la mort d’Houphouët, ne permet pas la tenue des élections quand le pays est occupé par des bandes d’individus armés par Bédié et son allié Ouattara. Si Bédié veut vraiment aller vite aux élections, il doit demander aux rebelles de déposer les armes. Sinon comment crier sa rage contre le coup d’Etat de 99 que Bédié trouve stupide et fermer les yeux sur la rébellion qui retarde la tenue des élections. Il y a de quoi rire quand Bédié exige des élections ouvertes à tous, crédibles et transparentes. Quelle était la qualité des élections qu’il a organisées en 1995 ? Etaient-elles ouvertes à tous quand il n’avait que Francis Wodié comme adversaire ?
Et pourquoi Bédié veut-il encore être candidat aux élections alors que la Constitution à laquelle il se réfère pour réclamer des élections, ne l’y autorise pas avec ses 75 ans bien sonnés le 5 mai prochain. C’est cela aussi la rigueur dans le respect des textes qui régissent la République.
Quant à la violation des droits de l’homme que Bédié impute au FPI et au président Gbagbo, nous l’invitons à regarder droit dans les yeux de ses alliés du RHDP, en l’occurrence Henriette Dagri Diabaté, Alassane Ouattara, Amadou Gon et tous les autres membres de la Direction du RDR pour demander leur avis sur la question.
Benjamin Koré: benjaminkore@yahoo.fr
“Les refondateurs ont une peur bleue des élections libres, transparentes, crédibles et ouvertes à tous. Le FPI s’est engagé à faire à la démocratie, sa plus grave entorse en refusant aux Ivoiriens leur droit de se donner dans le temps prescrit par la Constitution les gouvernants de leur choix”. C’est l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié qui s’exprimait ainsi à Amélékia où il a animé un meeting la semaine dernière. Lors de son escale à Adzopé, Bédié a déclaré qu’avec “le FPI, l’Ivoirien n’a plus d’avenir.”
Il est revenu à son vieux slogan « le progrès pour tous et le bonheur pour chacun. » A Bettié, le maire Wadja Essay a souhaité le retour de Bédié à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire : “Avec vous à nouveau à la tête de ce pays, la Côte d’Ivoire connaîtra son deuxième miracle au plan éco-nomique.” Et le député Boa Edjampan de renchérir : “Donnons une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire avec Bédié.” Bédié lui-même revient à la charge : “Je veux faire revenir la paix, la liberté, la prospérité. Il faut se méfier du langage des prédateurs repus qui ont fait du mensonge, leur stratégie de gouvernement. Depuis le coup d’Etat stupide qui a favorisé l’avènement des refondateurs, un coup d’œil suffit pour nous rendre compte de l’étendue des dégâts opérés par la désastreuse gouvernance du FPI”, a attaqué Bédié.
Le président du PDCI en campagne ne pouvait pas passer sous silence, l’initiative PPTE dont la Côte d’Ivoire vient d’atteindre le point de décision.
Suivons-le : “Les refondateurs feignent d’oublier qu’en mars 1998, sous mon gouvernement, la Côte d’Ivoire avait été admise à l’initiative de la remise de la dette en faveur des pays très endettés et qu’elle aurait bénéficié de la remise de sa dette en mars 2001, si des aventuriers n’avaient perpétré contre le PDCI le coup d’Etat que l’on sait. Pavoiser alors qu’on obtient le point de décision du PPTE après 10 ans de pouvoir est simplement une danse de sorcier.”
Et pourtant
Sur ce chapitre du PPTE, de la dette et de la bonne gouvernance dont se réclame le candidat du PDCI, voici ce que Bédié a confié à Jeune Afrique Economie numéro 270 du 31 août au 13 septembre 1998: “Hier, le service de la dette représentait environ 51% des recettes budgétaires de l’Etat. C’est-à-dire un poids considérable qui paralysait d’avance tous nos projets. Sur le marché des capitaux, aux yeux des banques privées, nous étions considérés comme insolvables. Il fallait donc sortir de l’impasse, restructurer cette dette et renouer avec l’ensemble de la communauté financière. C’est ce que les longues négociations avec le Club de Paris et le Club de Londres ont finalement permis grâce à l’éligibilité de la Côte d’Ivoire au programme privilégié dit de l’initiative. Ce programme va permettre l’effacement de 830 milliards de FCFA et 4,6 milliards de dollars de la dette commerciale”.
Dans ces lignes, Bédié reconnaît qu’en son temps, la Côte d’Ivoire était tellement dans les difficultés économiques et financières qu’il ne jurait que par l’initiative PPTE qui était en réalité, sa raison de vivre. Cette confession du candidat du PDCI exprime bien que le PDCI a bien asphyxié le pays par un lourd endettement qui était évaluée à 8.500 milliards de FCFA. Cette dette qui a été la source d’enrichissement des barons du PDCI représentait 158% du PIB ou 360% de la valeur totale des exportations. Bédié qui estime que le coup d’Etat l’a empêché de bénéficier des retombées du PPTE qui devaient être effectives, cache la réalité parce que le programme signé en mars 1998 avec les institutions de Bretton Woods, dans le cadre de la facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR) lequel programme qui devait faire bénéficier à la Côte d’Ivoire 1.200 milliards de FCFA, s’est vu compromettre bien avant le coup d’Etat. Car, un audit des programmes à l’ajustement structurel produit par le Cabinet 2AC (Associés Audit et Conseil) en mai 1999 a épinglé le gouvernement de Bédié pour utilisation frauduleuse de 18 milliards de FCFA de l’Union Européenne entre 1995 et 1997. L’aide mémoire très critique faisait état d’une série de malversations dans lesquelles étaient impliqués et le ministre de la Santé Maurice Kacou Guikahué et deux autres membres du gouvernement. Des sources crédibles soutiennent que l’épouse de Bédié n’est pas étrangère à cette malversation qui a permis à son ONG SERVIR de fonctionner. A partir de ce scandale, la Commission de Bruxelles a suspendu ses financements et déclaré la Côte d’Ivoire inéligible à une nouvelle allocation.
Comme Henri Konan Bédié cache la vérité, cette dette de plus de 8.500 milliards de FCFA et les 18 milliards de l’UE ont bel et bien été remboursés par le régime de Laurent Gbagbo.
A propos des élections, il est malsain de la part de Bédié de dire que Laurent Gbagbo refuse l’organisation des élections comme la Constitution le prévoit tous les 5ans. Le candidat du PDCI oublie, ou il feint d’oublier que la même Constitution qui a fait de lui chef de l’Etat à la mort d’Houphouët, ne permet pas la tenue des élections quand le pays est occupé par des bandes d’individus armés par Bédié et son allié Ouattara. Si Bédié veut vraiment aller vite aux élections, il doit demander aux rebelles de déposer les armes. Sinon comment crier sa rage contre le coup d’Etat de 99 que Bédié trouve stupide et fermer les yeux sur la rébellion qui retarde la tenue des élections. Il y a de quoi rire quand Bédié exige des élections ouvertes à tous, crédibles et transparentes. Quelle était la qualité des élections qu’il a organisées en 1995 ? Etaient-elles ouvertes à tous quand il n’avait que Francis Wodié comme adversaire ?
Et pourquoi Bédié veut-il encore être candidat aux élections alors que la Constitution à laquelle il se réfère pour réclamer des élections, ne l’y autorise pas avec ses 75 ans bien sonnés le 5 mai prochain. C’est cela aussi la rigueur dans le respect des textes qui régissent la République.
Quant à la violation des droits de l’homme que Bédié impute au FPI et au président Gbagbo, nous l’invitons à regarder droit dans les yeux de ses alliés du RHDP, en l’occurrence Henriette Dagri Diabaté, Alassane Ouattara, Amadou Gon et tous les autres membres de la Direction du RDR pour demander leur avis sur la question.
Benjamin Koré: benjaminkore@yahoo.fr