Les nouveaux dirigeants de l'Organisation centrale des producteurs-exportateurs d'ananas et bananes ont décidé de tourner la page N'Gouan Mathias pour relancer leurs différentes filières. Selon le secrétaire général Serge Alain Aka Anghui, la nouvelle équipe va restructurer la structure.
•Des conflits sont nés à l'Ocab après la révocation par le conseil d'administration de N'Gouan Mathias de la présidence de cette structure. Quelle est la situation actuellement?
L'Organisation centrale des producteurs-exportateurs d'ananas et bananes (Ocab) a eu des soucis. On est un certain nombre d'administrateurs qui ont émis des griefs à l'encontre de l'ancien président N'Gouan Aka Mathias. Nous lui avons adressé un courrier en date du 18 mars 2009 dans lequel nous lui avons demandé de convoquer une semaine plus tard un conseil d'administration en vue de procéder à une restructuration de notre structure qui était confrontée à d'énormes difficultés. M. Gouan a refusé. Et comme le stipule nos statuts, la majorité des administrateurs sont habiletés à convoquer un conseil d'administration. C'est ce que nous avons fait le 2 avril. Donc lors de ce conseil d'administration, nous avons procédé à la restructuration du bureau de l'Ocab dans lequel ne figure plus N'Gouan Mathias et il a été remplacé par M. Gnui Michel. Depuis cette date, M. N'Gouan s'est répandu dans la presse en disant que notre conseil d'administration est illégal et qu'il demeurait à son poste. Il nous a même assignés en référé pour demander que le tribunal de première instance suspende notre décision qui le révoque. Le tribunal s'est déclaré incompétent. Eu égard à cela et malgré les communiqués que nous avons fait publier par voie de presse pour indiquer que M. N'Gouan Mathias n'est plus président et que par conséquent il n'était plus habileté à engager l'Ocab, ce dernier a organisé une assemblée générale que nous avons contestée. Il a insisté et l'a tenue dans les bureaux de son conseil. Au cours de cette assemblée générale, il a décidé de refaire le conseil d'administration et de révoquer tous les administrateurs qui l'ont fait partir. Nous disons que cette assemblée générale est nulle et de nul effet. Dans la mesure où elle est entachée de beaucoup d'irrégularités. Nos statuts sont clairs, c'est le conseil d'administration qui arrête les comptes de l'Ocab et c'est lui qui soumet le rapport à l'assemblée générale.
•Pourtant M. Gouan soutient que seule l'assemblée générale est habilitée à démettre le président…
Nous avons procédé à sa révocation conformément à nos textes. J'en veux pour preuve les libellés des articles 10, 13 et 14 de nos statuts. Contrairement à ce que dit M. Gouan, l'assemblée générale n'est pas habilitée à le démettre. Puisque l'AG procède à l'élection des administrateurs et ces derniers à leur tour, nomment un bureau avec à sa tête un président. Donc le président détient son pouvoir à partir du conseil d'administration. M. Gouan veut s'appuyer sur des structures qui ne sont pas membres statutaires de l'Ocab mais qui sont en réalité des structures utilisatrices pour tenter un passage en force. Ces structures ne peuvent pas lui conférer la majorité au niveau du conseil d'administration. S'il continue à engager l'Ocab dans ses affaires, nous allons le traduire en justice.
•Mais qu'est-ce que vous lui reprochez réellement ?
C'est comme dans toute association, il y a une crise de confiance profonde à l'Ocab. Nous reprochons à M. Gouan de ne plus avoir le temps matériel pour s'occuper de l'Ocab, de traiter les dossiers. C'est vrai qu'il avait de multiples fonctions et qu'il a eu à partir l'Ocab. Mais tout ceci faisait qu'il n'avait plus de temps à consacrer à la structure. Les textes prévoient une réunion du conseil d'administration tous les mois. Aujourd'hui ,nous passons plus de six mois sans un seul conseil. En plus, M. Gouan avait une attitude un peu partisane vis-à-vis de certains membres. En dépit des grosses difficultés qui minent la filière ananas, il avait l'air de ne pas s'en rendre compte, tellement il était coupé des réalités des producteurs. Il ne faisait rien pour trouver des solutions à ces problèmes. Depuis 16 ans, il a été à la tête de l'Ocab. Pour nous, il fallait donc essayer autre chose du fait de l'immobilisme que nous avons constaté dans la conduite des affaires de l'Ocab. Il y avait une gestion opaque dans la mesure où l'ancien président ne rendait aucun compte au conseil d'administration d'où il tirait sa légitimité.
•Quelles sont les conséquences de ces dysfonctionnements sur les différentes filières que regroupe l'Ocab?
Cette situation a aggravé les problèmes dans les différentes filières. Au niveau de l'ananas, on est confronté au problème crucial de la commercialisation. L'Ocab au cours des années passées, s'est beaucoup impliquée dans le domaine de l'exportation. Il y a 10 ans de cela, on avait des réunions chaque jour pour suivre régulièrement les évènements dans la filière ananas. Depuis 5 ans maintenant cela n'existe plus. Aujourd'hui les entreprises sont livrées à elles-mêmes. Nous sommes devenus du coup des concurrents d'une même structure sur le même marché. Parce que les problèmes globaux n'étaient plus traités au sein de l'Ocab. En tant que petits planteurs d'ananas, nous avons d'énormes difficultés. On représentait plus de 60% des exportations d'ananas de Côte d'Ivoire. Aujourd'hui ce taux n'atteint pas 20%. Le revenu du planteur a été divisé par 20 en cinq ans. Si on ne fait rien de façon consensuelle, on ira vers la catastrophe. Le prix de l'ananas n'a pas beaucoup évolué mais à côté, les coûts des intrants ont connu une hausse. C'est vrai que le carburant est en baisse mais les prix des engrais, de la logistique, du fret ne cessent de flamber. Pendant ce temps le prix de l'ananas est resté intact. La production a chuté à de plus 60%. De 150.000 tonnes par le passé, nous sommes maintenant à 55.000 tonnes à peine. Ce sont des pertes énormes. Les planteurs ont perdu espoir.
•Cette situation n'est-elle pas liée à la baisse de la qualité ?
Non bien au contraire parce qu'aujourd'hui on n'a pas arrêté de faire des efforts qualitatifs en terme de production et de conditionnement. On exportait l'ananas en vrac maintenant ce n'est plus le cas. On s'est inscrit dans la démarche qualité pour la certification. L'ananas de Côte d'Ivoire est le meilleur en terme de qualité. Notre problème c'est la mise sur le marché.
•L'Amérique Latine est devenue un concurrent sérieux avec la variété MD2…
C'est juste. La Côte d'Ivoire produit le Cayen lisse contrairement à la variété MD2 produite en Amérique Latine. Cette variété a comme particularité d'avoir une durée de vie plus longue, donc elle résiste longtemps. Mais au niveau gustatif, l'ananas ivoirien est de meilleure qualité. Mais nous sommes en train de travailler beaucoup sur la mise en forme de notre ananas qui sera beaucoup plus rapide par rapport à ce qu'on fait actuellement. Cela peut prolonger sa durée de vie. Aujourd'hui avec l'appui de l'Union européenne, il est question de créer des chambres froides sur les quais.
•Au vu de ces difficultés qu'est-ce que la nouvelle équipe entend proposer exactement aux planteurs ?
Nous voulons redonner confiance aux planteurs parce nombre d'entre eux sont démotivés. On aura un conseil d'administration aujourd'hui même pour définir nos objectifs à court, moyen et long termes. Il y a la question de la transformation, c'est-à-dire l'industrie agro-alimentaire. Donc il faut réfléchir à tout cela pour proposer un véritable projet aux producteurs. Mais il faut trouver des financements pour la relance de la filière parce que les rendements ont chuté drastiquement. Du fait des mesures prises par le marché européen, l'ananas par exemple doit respecter certaines normes notamment les limites maximales de résidus (Lmr). C'est-à-dire l'ananas ne doit pas contenir un certain taux de résidu qui est de 2 pour 1000. Ils veulent redescendre mais pour le moment c'est le niveau à respecter. Au niveau des maladies comme la présence de champignon, le taux est de 0%. Malgré ces normes assez rigoureuses, on arrive à exporter. Nous pensons que l'Etat doit nous accompagner dans nos différentes stratégies parce que les pays concurrents subventionnent souvent les intrants pour alléger les difficultés de leurs producteurs.
Interview réalisée par Cissé Cheick Ely
•Des conflits sont nés à l'Ocab après la révocation par le conseil d'administration de N'Gouan Mathias de la présidence de cette structure. Quelle est la situation actuellement?
L'Organisation centrale des producteurs-exportateurs d'ananas et bananes (Ocab) a eu des soucis. On est un certain nombre d'administrateurs qui ont émis des griefs à l'encontre de l'ancien président N'Gouan Aka Mathias. Nous lui avons adressé un courrier en date du 18 mars 2009 dans lequel nous lui avons demandé de convoquer une semaine plus tard un conseil d'administration en vue de procéder à une restructuration de notre structure qui était confrontée à d'énormes difficultés. M. Gouan a refusé. Et comme le stipule nos statuts, la majorité des administrateurs sont habiletés à convoquer un conseil d'administration. C'est ce que nous avons fait le 2 avril. Donc lors de ce conseil d'administration, nous avons procédé à la restructuration du bureau de l'Ocab dans lequel ne figure plus N'Gouan Mathias et il a été remplacé par M. Gnui Michel. Depuis cette date, M. N'Gouan s'est répandu dans la presse en disant que notre conseil d'administration est illégal et qu'il demeurait à son poste. Il nous a même assignés en référé pour demander que le tribunal de première instance suspende notre décision qui le révoque. Le tribunal s'est déclaré incompétent. Eu égard à cela et malgré les communiqués que nous avons fait publier par voie de presse pour indiquer que M. N'Gouan Mathias n'est plus président et que par conséquent il n'était plus habileté à engager l'Ocab, ce dernier a organisé une assemblée générale que nous avons contestée. Il a insisté et l'a tenue dans les bureaux de son conseil. Au cours de cette assemblée générale, il a décidé de refaire le conseil d'administration et de révoquer tous les administrateurs qui l'ont fait partir. Nous disons que cette assemblée générale est nulle et de nul effet. Dans la mesure où elle est entachée de beaucoup d'irrégularités. Nos statuts sont clairs, c'est le conseil d'administration qui arrête les comptes de l'Ocab et c'est lui qui soumet le rapport à l'assemblée générale.
•Pourtant M. Gouan soutient que seule l'assemblée générale est habilitée à démettre le président…
Nous avons procédé à sa révocation conformément à nos textes. J'en veux pour preuve les libellés des articles 10, 13 et 14 de nos statuts. Contrairement à ce que dit M. Gouan, l'assemblée générale n'est pas habilitée à le démettre. Puisque l'AG procède à l'élection des administrateurs et ces derniers à leur tour, nomment un bureau avec à sa tête un président. Donc le président détient son pouvoir à partir du conseil d'administration. M. Gouan veut s'appuyer sur des structures qui ne sont pas membres statutaires de l'Ocab mais qui sont en réalité des structures utilisatrices pour tenter un passage en force. Ces structures ne peuvent pas lui conférer la majorité au niveau du conseil d'administration. S'il continue à engager l'Ocab dans ses affaires, nous allons le traduire en justice.
•Mais qu'est-ce que vous lui reprochez réellement ?
C'est comme dans toute association, il y a une crise de confiance profonde à l'Ocab. Nous reprochons à M. Gouan de ne plus avoir le temps matériel pour s'occuper de l'Ocab, de traiter les dossiers. C'est vrai qu'il avait de multiples fonctions et qu'il a eu à partir l'Ocab. Mais tout ceci faisait qu'il n'avait plus de temps à consacrer à la structure. Les textes prévoient une réunion du conseil d'administration tous les mois. Aujourd'hui ,nous passons plus de six mois sans un seul conseil. En plus, M. Gouan avait une attitude un peu partisane vis-à-vis de certains membres. En dépit des grosses difficultés qui minent la filière ananas, il avait l'air de ne pas s'en rendre compte, tellement il était coupé des réalités des producteurs. Il ne faisait rien pour trouver des solutions à ces problèmes. Depuis 16 ans, il a été à la tête de l'Ocab. Pour nous, il fallait donc essayer autre chose du fait de l'immobilisme que nous avons constaté dans la conduite des affaires de l'Ocab. Il y avait une gestion opaque dans la mesure où l'ancien président ne rendait aucun compte au conseil d'administration d'où il tirait sa légitimité.
•Quelles sont les conséquences de ces dysfonctionnements sur les différentes filières que regroupe l'Ocab?
Cette situation a aggravé les problèmes dans les différentes filières. Au niveau de l'ananas, on est confronté au problème crucial de la commercialisation. L'Ocab au cours des années passées, s'est beaucoup impliquée dans le domaine de l'exportation. Il y a 10 ans de cela, on avait des réunions chaque jour pour suivre régulièrement les évènements dans la filière ananas. Depuis 5 ans maintenant cela n'existe plus. Aujourd'hui les entreprises sont livrées à elles-mêmes. Nous sommes devenus du coup des concurrents d'une même structure sur le même marché. Parce que les problèmes globaux n'étaient plus traités au sein de l'Ocab. En tant que petits planteurs d'ananas, nous avons d'énormes difficultés. On représentait plus de 60% des exportations d'ananas de Côte d'Ivoire. Aujourd'hui ce taux n'atteint pas 20%. Le revenu du planteur a été divisé par 20 en cinq ans. Si on ne fait rien de façon consensuelle, on ira vers la catastrophe. Le prix de l'ananas n'a pas beaucoup évolué mais à côté, les coûts des intrants ont connu une hausse. C'est vrai que le carburant est en baisse mais les prix des engrais, de la logistique, du fret ne cessent de flamber. Pendant ce temps le prix de l'ananas est resté intact. La production a chuté à de plus 60%. De 150.000 tonnes par le passé, nous sommes maintenant à 55.000 tonnes à peine. Ce sont des pertes énormes. Les planteurs ont perdu espoir.
•Cette situation n'est-elle pas liée à la baisse de la qualité ?
Non bien au contraire parce qu'aujourd'hui on n'a pas arrêté de faire des efforts qualitatifs en terme de production et de conditionnement. On exportait l'ananas en vrac maintenant ce n'est plus le cas. On s'est inscrit dans la démarche qualité pour la certification. L'ananas de Côte d'Ivoire est le meilleur en terme de qualité. Notre problème c'est la mise sur le marché.
•L'Amérique Latine est devenue un concurrent sérieux avec la variété MD2…
C'est juste. La Côte d'Ivoire produit le Cayen lisse contrairement à la variété MD2 produite en Amérique Latine. Cette variété a comme particularité d'avoir une durée de vie plus longue, donc elle résiste longtemps. Mais au niveau gustatif, l'ananas ivoirien est de meilleure qualité. Mais nous sommes en train de travailler beaucoup sur la mise en forme de notre ananas qui sera beaucoup plus rapide par rapport à ce qu'on fait actuellement. Cela peut prolonger sa durée de vie. Aujourd'hui avec l'appui de l'Union européenne, il est question de créer des chambres froides sur les quais.
•Au vu de ces difficultés qu'est-ce que la nouvelle équipe entend proposer exactement aux planteurs ?
Nous voulons redonner confiance aux planteurs parce nombre d'entre eux sont démotivés. On aura un conseil d'administration aujourd'hui même pour définir nos objectifs à court, moyen et long termes. Il y a la question de la transformation, c'est-à-dire l'industrie agro-alimentaire. Donc il faut réfléchir à tout cela pour proposer un véritable projet aux producteurs. Mais il faut trouver des financements pour la relance de la filière parce que les rendements ont chuté drastiquement. Du fait des mesures prises par le marché européen, l'ananas par exemple doit respecter certaines normes notamment les limites maximales de résidus (Lmr). C'est-à-dire l'ananas ne doit pas contenir un certain taux de résidu qui est de 2 pour 1000. Ils veulent redescendre mais pour le moment c'est le niveau à respecter. Au niveau des maladies comme la présence de champignon, le taux est de 0%. Malgré ces normes assez rigoureuses, on arrive à exporter. Nous pensons que l'Etat doit nous accompagner dans nos différentes stratégies parce que les pays concurrents subventionnent souvent les intrants pour alléger les difficultés de leurs producteurs.
Interview réalisée par Cissé Cheick Ely