En présence du ministre de la Communication, la 16e Journéemondiale de la liberté de la presse a été célébrée hier.
Qui pourrait d’ailleurs mieux revendiquer le rôle de gardiens de la liberté de la presse que les journalistes eux-mêmes ? Mais cela ne se limite pas à énoncer: liberté, liberté, mais consiste aussi à veiller à la qualité éditoriale, au respect de l’éthique et des normes professionnelles connues de tous. Les risques d’un retour en arrière, en matière de liberté, ne sont pas nuls, tant que certaines incongruités éditoriales donneront des raisons d’abord à l’opinion et ensuite à quelque législateur furieux que trop de liberté a été octroyée…». Ces mots du ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, parus dans notre édition de lundi, ont, à quelque nuance près, été répétés hier. Son discours du jour a pris la forme d’un avertissement, voire d’une interpellation des journalistes. Pour lui, en effet, si un processus législatif (suppression des peines privatives de liberté pour délit de presse par voie de presse, les nouveaux textes de loi portant régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle, fonds d’aide à la presse, etc.) a permis d’être à ce niveau, il ne faudrait pas que les journalistes soient eux-mêmes les fossoyeurs de cette liberté conquise : «La presse ne devrait donc rien négliger pour garder l’élégance éthique qui est sa meilleure alliée». Se félicitant de cette rencontre du jour, et souhaitant que cette plate-forme continue de vivre au-delà de ce mois de mai, il dira, à l’endroit des journalistes: «Nous avons beaucoup d’effort à faire dans ce domaine». Mieux, «il faut que chaque acteur joue son rôle».
Sous donc le thème «La possibilité pour les médias de favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et la réconciliation», organisations sectorielle et nationale, instances de régulation et d’autorégulation, organisation internationale, hommes et femmes de médias, réunis autour de lui ont célébré, hier, dans un vaste chorus, la seizième édition, en hommage mondial à la liberté de la presse. «En le faisant, dira Zio Moussa, président du comité d’organisation, ils vouent un culte d’adoration à toutes les libertés, à la LIBERTE majuscule. Et cette liberté-là, elle est idée, elle est pensée. Mais on ne célèbre pas une pure idée, une pure pensée, une simple expression, un concept, fussent-ils les plus beaux. La liberté de la presse, fruit d’une longue conquête faite de sueur et de sang, est avant tout et surtout une réalité qui se vit. Se pratique. Se mesure». A l’aune des actes posés par les uns et les autres. Et surtout par ceux qui font avancer l’histoire de cette liberté. L’hommage qu’il rend au ministre de la Communication, de son vivant, qui n’annule guère l’immense travail entrepris par ses devanciers (les ministres Amadou Thiam (Paix à son âme), Auguste Séverin Miremont et Danièle Boni Claverie) va dans ce sens. Que «les vivants méritent aussi que des autels soient élevés à leurs compétences, à leur grandeur, à tout ce qu’ils font et qu’ils font bien, et de façon remarquable». S’inscrivant dans cette ligne, il ajoutera: «M. le ministre…, en très peu de temps, vous avez fait beaucoup pour les journalistes et leur métier. Votre disponibilité et votre sollicitude constantes, mais toujours frappées à leurs quatre coins d’une grande discrétion, forcent et forgent notre reconnaissance… Vous avez pris la daba, vous avez fructifié les acquis et tracé de nouveaux et grands sillons… Avec vous, le point d’achèvement sera accompli, pour les journalistes et leur métier».
Campant la signification de cette rencontre, en ce mois de mai, la Journée de la liberté de la presse, Zio balisera ainsi le terrain : «Une telle rencontre n’est pas une simple occasion de récriminations, un lieu banal de festivités qui ritualisent la routine. Par les réflexions qu’elle exige, les actions et les remises en question auxquelles elle engage la corporation, une Journée de la liberté de la presse, au-delà de ce qu’elle porte de conventionnel et de convenu, indique en profondeur les véritables lieux et enjeux d’échanges stratégiques, de mise en perspective du métier, des conditions de son exercice». Aussi, en appellera-t-il à la conscience des consœurs et confrères à faire de cette Journée «une plate-forme d’accueil humain réciproque, d’enrichissement, d’inter-fécondation d’intelligences, d’hommes et de femmes en procès de partage des acquis de la liberté».
Guillaume Gbato, au nom du Syndicat des agents de la presse privée (SynappCi), invitera les journalistes à plus de solidarité, afin de triompher de toutes les précarités: juridique, économique, sociale.
Dans son adresse, Patrice Pohé de la Conférence nationale des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (CndpCi) demandera, entre autres, «le démarrage effectif et concret» du Fonds d’aide à la presse. Il en a été ainsi aussi de la communication de Kah Zion, président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GepCi). Pour lui, les «patrons de presse vivent dans un espace non sécurisé»; «les journalsites vivent un véritable calvaire». Comment donc les sécuriser? Il suffit, dira-t-il, que chacun fasse son travail. Notamment que l’Etat joue le sien, à travers le fonds d’aide à la presse. Or, à l’en croire, «aucune bonne nouvelle ne nous parvient». Ce qui «compromet» l’application de la convention collective qu’appellent de tous les vœux les journalsites. Il urge que l’on organise donc des états généraux de la presse en Côte d’Ivoire. Afin que la presse puisse être prise en compte dans ce cadre.
Intervenant à son tour, la présidente du Réseau des femmes journalistes de Côte d’Ivoire, Agnès Kraidy, indiquera que le Réseau s’est toujours engagé, dès le départ, à conjuguer le dialogue, la compréhension mutuelle et la réconciliation aux présents de ses rendez-vous éditoriaux. En ont témoigné toutes ses parutions: «Poser un tel acte, insistera-t-elle, c’est passer du message à l’action. C’est agir et non se contenter de parler». Au titre des organisations sectorielle et nationale, Le réseau des professionnels de la presse en ligne (RepprelCI), par la voix de Barthélémy Kouamé, indiquera la voie du dialogue «sans arrêt» entretenu par le Réseau. D’où la Charte de l’édition en ligne.
Criwa Zéli, nouveau président de l’Union des journalsites de Côte d’Ivoire (UnjCI), après avoir rendu un hommage aux pères fondateurs de l’Union, dénoncera les dérives de la presse. Il invitera d’ailleurs les journalistes à plus de mesure. Il faut qu’ils «travaillent, informent, juste». Cela passe aussi, insistera-t-il, par la liberté économique. Aussi, demandera-t-il au ministre de la Communication, de faire en sorte que «le budget pour le fonds d’aide à la presse soit disponible»; qu’il «s’implique dans l’application de la Convention collective». Car, «le 30 juin (date butoir), n’est pas loin».
Représentant M. Timité Bassory, président par intérim du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca), Franck Anderson Kouassi, dira l’attachement du Conseil à la liberté de la presse et au respect des règles d’éthique et de déontologie qui régissent la corporation. Tout le sens de l’intervention de Eugène Dié Kacou, président du Conseil national de la presse (Cnp), qui a valeur de conseil: «Si tu donnes des conseils à ton chien, parle aussi à l’os». Pour être plus explicite: «La presse a certes des droits, mais aussi des devoirs».
Pour lui, si la loi, avec ce qu’elle défend de faire, certains s’en contrefichent, pourquoi s’étonnent-ils donc du retour du bâton ? Loin de lui, l’idée de museler la presse. Au contraire… Le document de 125 pages ( Rapport d’activités du Cnp 2008) qu’il a remis au ministre de la Communication, dont une grande partie est consacrée aux atteintes graves à la liberté de la presse, sont une traduction de son combat contre les abonnés aux dérives, à l’irrespect de la loi.
Le président de l’Union internationale de la presse francophone (Upf), Alfred Dan Moussa, après avoir dressé le tableau sombre de la presse depuis le 1er janvier 2009, remerciera la Côte d’Ivoire, avec à sa tête le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et les autres pays, d’avoir légiféré sur l’abrogation de la peine privative pour délits de presse. Il remerciera encore le Président Gbagbo pour avoir financé les Assises de Yamoussoukro de l’Upf, et le dernier séjour de la délégation ivoirienne aux dernières assises qui ont eu lieu au Canada.
A la cérémonie de clôture, le ministre est revenu, entre autres, sur la question de la dépénalisation des délits de presse, telle qu’indiquée dans la loi, qui prête à interprétations. Pour lui, «il n’y aura pas 1000 interprétations de cette loi». Il invitera les uns et les autres à beaucoup de retenues. Aux hommes de loi, qui ont une autre lecture de cette loi sur la presse, il dira: «Nous avons un travail en commun à faire». Dont le thème pourrait être: Médias-Justice-Police.
Michel Koffi
Option : À chacun son rôle
Quand on parle de la liberté de la presse, ils sont nombreux à penser que ce sujet ne concerne que les journalistes, oubliant ou feignant d’oublier qu’il concerne tout le monde. «D’autres types de menaces insidieuses, précisait d’ailleurs le ministre de la Communication, pèsent sur la liberté de la presse. Menaces de nature et d’intensités variables qui placent différents acteurs face à leur responsabilité. Ces acteurs sont l’Etat et les institutions, les professionnels eux-mêmes; les forces économiques, lancées dans une compétition exacerbée et n’hésitant pas à réclamer parfois des médias, de l’ostracisme contre leurs concurrents. Voire l’opinion et les lecteurs qui sont les ultimes instances de validation des choix éditoriaux. Or, tout en faisant mine de réprouver les dérives, surtout celle touchant à la vie privée, le lecteur s’en repaît bien souvent, pourvu que cela concerne d’autres personnes. C’est un signal d’adhésion ainsi adressé à l’éditeur impécunieux qui croit trouver la clé de la prospérité. Chacun de ses acteurs a donc une grande responsabilité».
Celle du journaliste, on l’a assez répété, est connue. Elle est inscrite dans les textes de loi portant régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle. Même si elle ne semble pas encore habitée certains esprits de la corporation, qui additionnent, à tous les rendez-vous éditoriaux, tous les impairs. Mais, il y a dans tout ce magma, un élément dont l’attitude, signalée plus haut, nous situe sur le chemin qui reste à parcourir pour mettre fin aux manquements de la presse: le public. Celui qui consomme le produit-presse.
Pour lui, pour un grand nombre, en effet, «il suffit que cela soit écrit pour que cela soit vrai». C’est ce qui fait dire d’ailleurs à Me Patrick N’Gouan, président de la Ligue ivoirienne des Droits de l’homme (Lidho), que si nous n’avons pas une presse différente de celle des pays dits développés ou développés, nous avons cependant des consommateurs très spéciaux, des instances de validation de la pensée, qui préfèrent lire des journaux douteux, aux qualités éditoriales qui défient tout bon sens.
Quand le marché ne censure pas les produits de mauvaise qualité, comment s’étonner donc que prospèrent les produits avariés de la presse?
par Michel Koffi
Qui pourrait d’ailleurs mieux revendiquer le rôle de gardiens de la liberté de la presse que les journalistes eux-mêmes ? Mais cela ne se limite pas à énoncer: liberté, liberté, mais consiste aussi à veiller à la qualité éditoriale, au respect de l’éthique et des normes professionnelles connues de tous. Les risques d’un retour en arrière, en matière de liberté, ne sont pas nuls, tant que certaines incongruités éditoriales donneront des raisons d’abord à l’opinion et ensuite à quelque législateur furieux que trop de liberté a été octroyée…». Ces mots du ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, parus dans notre édition de lundi, ont, à quelque nuance près, été répétés hier. Son discours du jour a pris la forme d’un avertissement, voire d’une interpellation des journalistes. Pour lui, en effet, si un processus législatif (suppression des peines privatives de liberté pour délit de presse par voie de presse, les nouveaux textes de loi portant régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle, fonds d’aide à la presse, etc.) a permis d’être à ce niveau, il ne faudrait pas que les journalistes soient eux-mêmes les fossoyeurs de cette liberté conquise : «La presse ne devrait donc rien négliger pour garder l’élégance éthique qui est sa meilleure alliée». Se félicitant de cette rencontre du jour, et souhaitant que cette plate-forme continue de vivre au-delà de ce mois de mai, il dira, à l’endroit des journalistes: «Nous avons beaucoup d’effort à faire dans ce domaine». Mieux, «il faut que chaque acteur joue son rôle».
Sous donc le thème «La possibilité pour les médias de favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et la réconciliation», organisations sectorielle et nationale, instances de régulation et d’autorégulation, organisation internationale, hommes et femmes de médias, réunis autour de lui ont célébré, hier, dans un vaste chorus, la seizième édition, en hommage mondial à la liberté de la presse. «En le faisant, dira Zio Moussa, président du comité d’organisation, ils vouent un culte d’adoration à toutes les libertés, à la LIBERTE majuscule. Et cette liberté-là, elle est idée, elle est pensée. Mais on ne célèbre pas une pure idée, une pure pensée, une simple expression, un concept, fussent-ils les plus beaux. La liberté de la presse, fruit d’une longue conquête faite de sueur et de sang, est avant tout et surtout une réalité qui se vit. Se pratique. Se mesure». A l’aune des actes posés par les uns et les autres. Et surtout par ceux qui font avancer l’histoire de cette liberté. L’hommage qu’il rend au ministre de la Communication, de son vivant, qui n’annule guère l’immense travail entrepris par ses devanciers (les ministres Amadou Thiam (Paix à son âme), Auguste Séverin Miremont et Danièle Boni Claverie) va dans ce sens. Que «les vivants méritent aussi que des autels soient élevés à leurs compétences, à leur grandeur, à tout ce qu’ils font et qu’ils font bien, et de façon remarquable». S’inscrivant dans cette ligne, il ajoutera: «M. le ministre…, en très peu de temps, vous avez fait beaucoup pour les journalistes et leur métier. Votre disponibilité et votre sollicitude constantes, mais toujours frappées à leurs quatre coins d’une grande discrétion, forcent et forgent notre reconnaissance… Vous avez pris la daba, vous avez fructifié les acquis et tracé de nouveaux et grands sillons… Avec vous, le point d’achèvement sera accompli, pour les journalistes et leur métier».
Campant la signification de cette rencontre, en ce mois de mai, la Journée de la liberté de la presse, Zio balisera ainsi le terrain : «Une telle rencontre n’est pas une simple occasion de récriminations, un lieu banal de festivités qui ritualisent la routine. Par les réflexions qu’elle exige, les actions et les remises en question auxquelles elle engage la corporation, une Journée de la liberté de la presse, au-delà de ce qu’elle porte de conventionnel et de convenu, indique en profondeur les véritables lieux et enjeux d’échanges stratégiques, de mise en perspective du métier, des conditions de son exercice». Aussi, en appellera-t-il à la conscience des consœurs et confrères à faire de cette Journée «une plate-forme d’accueil humain réciproque, d’enrichissement, d’inter-fécondation d’intelligences, d’hommes et de femmes en procès de partage des acquis de la liberté».
Guillaume Gbato, au nom du Syndicat des agents de la presse privée (SynappCi), invitera les journalistes à plus de solidarité, afin de triompher de toutes les précarités: juridique, économique, sociale.
Dans son adresse, Patrice Pohé de la Conférence nationale des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (CndpCi) demandera, entre autres, «le démarrage effectif et concret» du Fonds d’aide à la presse. Il en a été ainsi aussi de la communication de Kah Zion, président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GepCi). Pour lui, les «patrons de presse vivent dans un espace non sécurisé»; «les journalsites vivent un véritable calvaire». Comment donc les sécuriser? Il suffit, dira-t-il, que chacun fasse son travail. Notamment que l’Etat joue le sien, à travers le fonds d’aide à la presse. Or, à l’en croire, «aucune bonne nouvelle ne nous parvient». Ce qui «compromet» l’application de la convention collective qu’appellent de tous les vœux les journalsites. Il urge que l’on organise donc des états généraux de la presse en Côte d’Ivoire. Afin que la presse puisse être prise en compte dans ce cadre.
Intervenant à son tour, la présidente du Réseau des femmes journalistes de Côte d’Ivoire, Agnès Kraidy, indiquera que le Réseau s’est toujours engagé, dès le départ, à conjuguer le dialogue, la compréhension mutuelle et la réconciliation aux présents de ses rendez-vous éditoriaux. En ont témoigné toutes ses parutions: «Poser un tel acte, insistera-t-elle, c’est passer du message à l’action. C’est agir et non se contenter de parler». Au titre des organisations sectorielle et nationale, Le réseau des professionnels de la presse en ligne (RepprelCI), par la voix de Barthélémy Kouamé, indiquera la voie du dialogue «sans arrêt» entretenu par le Réseau. D’où la Charte de l’édition en ligne.
Criwa Zéli, nouveau président de l’Union des journalsites de Côte d’Ivoire (UnjCI), après avoir rendu un hommage aux pères fondateurs de l’Union, dénoncera les dérives de la presse. Il invitera d’ailleurs les journalistes à plus de mesure. Il faut qu’ils «travaillent, informent, juste». Cela passe aussi, insistera-t-il, par la liberté économique. Aussi, demandera-t-il au ministre de la Communication, de faire en sorte que «le budget pour le fonds d’aide à la presse soit disponible»; qu’il «s’implique dans l’application de la Convention collective». Car, «le 30 juin (date butoir), n’est pas loin».
Représentant M. Timité Bassory, président par intérim du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca), Franck Anderson Kouassi, dira l’attachement du Conseil à la liberté de la presse et au respect des règles d’éthique et de déontologie qui régissent la corporation. Tout le sens de l’intervention de Eugène Dié Kacou, président du Conseil national de la presse (Cnp), qui a valeur de conseil: «Si tu donnes des conseils à ton chien, parle aussi à l’os». Pour être plus explicite: «La presse a certes des droits, mais aussi des devoirs».
Pour lui, si la loi, avec ce qu’elle défend de faire, certains s’en contrefichent, pourquoi s’étonnent-ils donc du retour du bâton ? Loin de lui, l’idée de museler la presse. Au contraire… Le document de 125 pages ( Rapport d’activités du Cnp 2008) qu’il a remis au ministre de la Communication, dont une grande partie est consacrée aux atteintes graves à la liberté de la presse, sont une traduction de son combat contre les abonnés aux dérives, à l’irrespect de la loi.
Le président de l’Union internationale de la presse francophone (Upf), Alfred Dan Moussa, après avoir dressé le tableau sombre de la presse depuis le 1er janvier 2009, remerciera la Côte d’Ivoire, avec à sa tête le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et les autres pays, d’avoir légiféré sur l’abrogation de la peine privative pour délits de presse. Il remerciera encore le Président Gbagbo pour avoir financé les Assises de Yamoussoukro de l’Upf, et le dernier séjour de la délégation ivoirienne aux dernières assises qui ont eu lieu au Canada.
A la cérémonie de clôture, le ministre est revenu, entre autres, sur la question de la dépénalisation des délits de presse, telle qu’indiquée dans la loi, qui prête à interprétations. Pour lui, «il n’y aura pas 1000 interprétations de cette loi». Il invitera les uns et les autres à beaucoup de retenues. Aux hommes de loi, qui ont une autre lecture de cette loi sur la presse, il dira: «Nous avons un travail en commun à faire». Dont le thème pourrait être: Médias-Justice-Police.
Michel Koffi
Option : À chacun son rôle
Quand on parle de la liberté de la presse, ils sont nombreux à penser que ce sujet ne concerne que les journalistes, oubliant ou feignant d’oublier qu’il concerne tout le monde. «D’autres types de menaces insidieuses, précisait d’ailleurs le ministre de la Communication, pèsent sur la liberté de la presse. Menaces de nature et d’intensités variables qui placent différents acteurs face à leur responsabilité. Ces acteurs sont l’Etat et les institutions, les professionnels eux-mêmes; les forces économiques, lancées dans une compétition exacerbée et n’hésitant pas à réclamer parfois des médias, de l’ostracisme contre leurs concurrents. Voire l’opinion et les lecteurs qui sont les ultimes instances de validation des choix éditoriaux. Or, tout en faisant mine de réprouver les dérives, surtout celle touchant à la vie privée, le lecteur s’en repaît bien souvent, pourvu que cela concerne d’autres personnes. C’est un signal d’adhésion ainsi adressé à l’éditeur impécunieux qui croit trouver la clé de la prospérité. Chacun de ses acteurs a donc une grande responsabilité».
Celle du journaliste, on l’a assez répété, est connue. Elle est inscrite dans les textes de loi portant régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle. Même si elle ne semble pas encore habitée certains esprits de la corporation, qui additionnent, à tous les rendez-vous éditoriaux, tous les impairs. Mais, il y a dans tout ce magma, un élément dont l’attitude, signalée plus haut, nous situe sur le chemin qui reste à parcourir pour mettre fin aux manquements de la presse: le public. Celui qui consomme le produit-presse.
Pour lui, pour un grand nombre, en effet, «il suffit que cela soit écrit pour que cela soit vrai». C’est ce qui fait dire d’ailleurs à Me Patrick N’Gouan, président de la Ligue ivoirienne des Droits de l’homme (Lidho), que si nous n’avons pas une presse différente de celle des pays dits développés ou développés, nous avons cependant des consommateurs très spéciaux, des instances de validation de la pensée, qui préfèrent lire des journaux douteux, aux qualités éditoriales qui défient tout bon sens.
Quand le marché ne censure pas les produits de mauvaise qualité, comment s’étonner donc que prospèrent les produits avariés de la presse?
par Michel Koffi