Réconciliation : Wê et Dan célèbrent la paix et l’unité

Les peuples de l’ouest de la Côte d’Ivoire veulent cicatriser les blessures laissées par la crise qui a secoué le pays.

Les populations et les cadres de l’ancien Cercle de Man résidant à Abidjan se sont retrouvés le 1er mai 2009 à la Caistab au Plateau, au cours d’une soirée dénommée «Nuit de retrouvailles.» Cette rencontre avait pour objectif principal, non seulement de faire tomber le mur de méfiance réciproque apparu entre les deux peuples depuis le déclenchement de la crise socio-politique ivoirienne de septembre 2002, mais aussi et surtout de rechercher ensemble les stratégies pour la reconstruction de cette vaste zone qui a payé le plus lourd tribut à cette guerre. «Aveuglés par la terreur et la fureur des tueries venant de toutes parts, les Wê et Dan s’étant mépris sur la véritable identité de l’assaillant, se sont accusés mutuellement d’être la cause du malheur des uns et des autres. Dès lors, les sentiments d’animosité se sont créés et la méfiance installée entre les deux peuples qui ne faisaient qu’un dans leur coexistence séculaire et traditionnelle. L’inévitable conséquence d’une telle situation est la destruction totale des infrastructures socio-économiques et culturelles dont le sinistre est d’une ampleur effroyable», a déclaré M. Tiabas Houlaï Bernard, président du comité de pilotage de la Nuit des retrouvailles pour justifier le sens de cette cérémonie. Face à cette situation, il était opportun d’organiser cette rencontre entre les fils et filles des 10 départements (Man, Guiglo, Duékoué, Bangolo, Toulepleu, Danané, Biankouma, Kouibly, Blolequin, Zouan-Hounien) dans l’espoir de vaincre et d’évacuer les séquelles et la méfiance engendrées par la récente histoire. Elle devrait permettre de retrouver la joie perdue de vivre ensemble. Pour parvenir à une vraie réconciliation, toutes les interventions ont invité les populations au devoir de surmonter les émotions et les ressentiments au nom de la fraternité qui a toujours guidé les actions communes et surtout à se pardonner. «C’est pour renouer avec ce passé, ô combien nostalgique, que nous sommes conviés à cette soirée, pour nous inviter à oublier à jamais tout ce qui peut nous opposer et nous diviser», a plaidé le président du comité d’organisation, M. Emile Gondo Tro.



Par ailleurs, il a invité les populations à se garder de prendre pour prétexte les divergences d’opinions et les découpages administratifs des régions pour attiser la haine et cultiver l’adversité des uns vis-à-vis des autres. L’intérêt de cette grande région devra supplanter les considérations personnelles, claniques et partisanes tout en exigeant une unité d’action.



Dans la perspective de la reconstruction post-crise, les organisateurs ont lancé un appel pathétique aussi bien à tous les ressortissants du grand Ouest qu’à l’Etat tout en sollicitant l’appui des partenaires extérieurs au développement. Ainsi, il est créé l’Organisation pour le développement et l’action humanitaire des régions de l’ouest montagneux (Odahrom) en octobre 2005. Selon son Pca, M. Christian Brouho, cette Ong vise, entre autres objectifs, à promouvoir l’union, la fraternité et la solidarité, entre Dan et Wê. Prestations d’artistes du terroir, danses traditionnelles, projection de film de la cérémonie de purification à Guiglo, vente de livres ont été aussi les temps forts de cette soirée. Qui a été rehaussée par la présence du ministre de la Fonction publique et de l’emploi, Hubert Oulaye, des ex-ministres d’Etat Emile Constant Bombet, Emile Kéi Boguinard et Angèle Gnonsoa.



Kouamé Alfred