Réactions des participants…

Le ministre de la Communication M. Ibrahim Sy Savané : "J'ai des inquiétudes sur le retour
éventuel du bâton…"

(…) Dans la solitude du 22ème étage, je sais à quel point il est très difficile d'élaborer des textes. C'est pourquoi, il n'y a pas trop de contradiction entre ce qui se dit au niveau des associations et ce qui se passe au ministère. Mais, sachez que le processus pour élaborer le moindre texte prend beaucoup de temps. (…) J'ai des inquiétudes fasse à un éventuel retour du bâton. C'est un processus qui nous a amenés où nous sommes. Mais n'imaginons pas que tout risque d'un retour en arrière soit exclu. Les médias aujourd'hui sont sous l'influence de forces économiques et de forces politiques. En ce qui concerne les forces économiques, cela ne se voit pas toujours, qu'il agisse des médias nationaux ou médias privées. Il y a une montée en charge des forces économiques qui ne permet toujours pas à ces journaux de s'épanouir. Il faut que nos médias publics soient ouverts. Cela est aussi en rapport avec la liberté. (…) Pour la force politique, nous sommes à ce jour à une phase où beaucoup de partis politiques ont de la méfiance envers les journaux (…)


Eugène Dié Kacou (président du CNP) : “Lorsque tu manges les doigts du singe, regarde aussi les tiens…”

(…) Si nous nous battons pour avoir une presse libre, si nous nous battons pour le respect de ceux qui tiennent un stylo, un micro, une caméra, un appareil photo, nous devons donc dire à la presse qu'elle a des droits auxquels l'on ne doit pas toucher mais qu'elle a aussi des devoirs. L'on dit dans le pays profond que "lorsque tu manges les doigts du singe, regarde aussi les tiens" parce qu'ils se ressemblent étrangement. L'on pouvait dire aussi ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. Sachez que les écrits et la parole sont comme des balles. Ils peuvent tuer (…).


Patrice Pohé (Président du CNDPCI) : "Nous attendons de voir le démarrage concret du Fonds d'aide et de développement à la presse "

(…) C'est notre journée. Nous, Directeurs de publication, sommes très souvent exposés et victimes des sauts d'humeurs, quand nos écrits ou ceux de nos journalistes dérangent. Les Directeurs de publication, maillons essentiels de la chaîne, sont ceux-là mêmes qui paient un lourd tribut pour la liberté de la presse. Aussi, face aux écrits des journalistes placés sous leurs responsabilités, les Directeurs de publication doivent-ils faire preuve d'un instinct infaillible pour distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas. Monsieur le Ministre, c'est une immense joie pour le CNDPCI de célébrer, à vos côtés, la Journée internationale de la liberté de la presse ; (…) nous attendons de voir le démarrage concret du Fonds d'aide et de développement de la presse, la mise en place des organes de régulation, je veux parler du CNP et du CNCA. Ceci pour mettre fin au folklore et au vide juridique et donner des pouvoirs réels à ces institutions chargées de réguler la presse et les médias conformément à la loi. Pour ce que vous avez fait et projetez de faire pour la promotion et le développement de la presse, soyez en remercié! (…)


Criwa Zéli (président de l'Unjci) : " Il n'y a pas de demi-journaliste "

La liberté de la presse en Côte d'Ivoire est une réalité à ce jour. Elle est une réalité parce que depuis l'avènement de la 2ème république, l'on ne peut plus mettre un journaliste en prison en Côte d'Ivoire et cela est clair dans la loi. Et je voudrais me réjouir de la présence du substitut du procureur M. Diakité, ici dans cette salle. Ce combat sera mené ensemble avec vous pour ne pas distinguer là où la loi ne distingue pas. C'est un principe fondamental du droit. Aussi, ne doit-on pas faire une démarcation entre un journaliste professionnel et un journaliste tout court. Il n'y a pas de demi-journaliste.

Propos recueillis par Foumséké Coulibaly