Dans le décryptage du message à la Nation du Président de la République Laurent Gbagbo, son Conseiller spécial chargé de la Défense et des équipements militaires, Bertin Kadet, lit la nécessité pour les Ivoiriens de se mobiliser pour soutenir en équipements, les 8000 hommes déployés (Fds et Fafn) sur toute l`étendue du territoire afin d`assurer le rétablissement de l`autorité de l`Etat.
Monsieur le ministre, le Président de la République vient de faire une importante adresse à la Nation. Mais il n`est pas évident que chacun de nous ait saisi toute sa portée. Etant son Conseiller spécial chargé des questions militaires, quel commentaire en faites-vous ?
Le Président a fait un discours à la Nation sous la forme d`une interview. Il y a des points essentiels dans ce message qu`il faut que nous relayions pour que les Ivoiriens puissent mieux appréhender leur portée. Le Président a parlé des élections qui devront se tenir en 2009 et il a défini une certaine période. Cela est important. Mais il a surtout parlé de la sécurisation du pays. Ce point du message du chef de l`Etat me semble extrêmement important. C`est essentiel, parce que, c`est la sécurité qui conditionne tout le reste. Si le pays est totalement sécurisé, il est évident que les élections auront lieu sans problème. Nous sommes à la phase de la préparation technique des élections, c`est-à-dire l`identification et l`enrôlement. Mais le Président a dit sur la sécurisation que 8000 hommes, dont 4000 des Fds et 4000 des Fafn, vont être déployés sur l`ensemble du territoire national.
Quelle leçon peut-on tirer de cette expédition mixte ?
Ce qu`on peut retenir sur ce point, c`est que pour une fois, les deux Forces, Fds et Fafn, sont d`accord pour définir ce quota. Les Ivoiriens ne le perçoivent pas tous, mais c`est très important. Parce que dans ce processus de sortie de crise, chaque fois qu`on arrive à la question du désarmement, c`est-à-dire, chaque fois qu`on parle des problèmes sécuritaires, les choses ont toujours coincé. Aujourd`hui, où les deux parties sont d`accord pour dégager 8000 hommes, pour ensemble sécuriser la Côte d`Ivoire, les Ivoiriens doivent savoir que c`est un pas de géant.
Le Président a même précisé que l`état-major était en train de procéder à l`affectation nominale des éléments, cela donne à réfléchir. Non ?
Absolument ! Ce mouvement signifie que l`état-major est en train de définir les unités pour les affecter dans telle ville, dans telle localité, dans telle partie du territoire. Mais ça veut dire également que ces agents qui vont être déployés, y vont comment ? Ils y vont au moyen de véhicules, ils y vont munis d`équipements divers : moyens de communication, munitions, armements, habillements, nourriture, etc.
Ce sont donc de grands moyens qui vont être dégagés ?
C`est sur ce point que les Ivoiriens doivent se sentir interpellés. L`Etat va faire ce qu`il a toujours fait, c`est-à-dire dégager les moyens pour soutenir la décision du chef de l`Etat pour que ces unités aillent à leurs lieux de travail. Mais nous les Ivoiriens, nous devons donner corps au message du Président de la République, nous devons l`accompagner.
En quoi faisant ?
Je prends l`exemple du sport. Lorsqu`on dit que les Ivoiriens sont qualifiés pour la coupe du monde, que font les habitants du pays ? Ils mettent des comités de soutien en place. Cela ne signifie pas qu`il n`existe pas un ministère des Sports pour dégager les moyens et accompagner l`équipe nationale. Mais les Ivoiriens (citoyens, opérateurs économiques, etc.) qui aiment le football et qui tiennent à l`honneur de la Côte d`Ivoire, parce que l`enjeu, c`est l`honneur de notre pays, ces Ivoiriens-là s`organisent pour mettre en place un comité national de soutien des Eléphants, ils dégagent des moyens et accompagnent leur équipe, les Eléphants. Pourquoi cela ne peut-il pas se faire, au moment où nous parlons de la sécurité nationale, de la réunification de la Côte d`Ivoire ?
Est-ce une contribution nationale à la sortie de crise ?
Oui. Et ça ne sera pas la première fois que les Ivoiriens vont agir ainsi. Rappelez-vous, en 2002, lorsque le pays a été attaqué, les Ivoiriens se sont mobilisés, les maires en tête. Je me rappelle encore, Akossi Bendjo et le Président Fologo ont lancé un appel à la solidarité nationale. Et les Ivoiriens, toutes tendances confondues, tous les opérateurs économiques, se sont manifestés, qui donnant des véhicules, qui donnant des moyens de communication, qui donnant de l`argent en espèces tout cela, pour soutenir les Forces de défense et de sécurité dans le but de défendre la Côte d`Ivoire. Et c`est grâce à cette solidarité que nous avons mis en place l`Opération Fahoundi qui a géré tous ces fonds qui ont permis d`acheter des véhicules, des armes et presque tous les équipements nécessaires pour soutenir notre armée et freiner la progression de l`ennemi. Aujourd`hui où les Ivoiriens et les opérateurs économiques se plaignent pour leur sécurité, c`est l`occasion ou jamais, de saisir la balle au bond, pour se mobiliser autour de nos forces armées. Surtout qu`il ne s`agit plus seulement des Fds, mais également des Fafn, qui, ensemble, vont se déployer sur toute l`étendue du territoire.
Peut-on dire que le pouvoir demande aujourd`hui, aux Ivoiriens un sursaut national pour soutenir nos Forces parce qu`ils ont l`opportunité de sortir de la crise ?
Le pouvoir ne le demande pas. C`est une question de bon sens. Sinon, le Premier ministre ne s`est pas mis à la télévision pour dire : " Ivoiriens, aidez-moi ". Ce n`est pas ça. Je dis, c`est une lecture qu`on peut faire du message du Président de la République. L`Etat va faire ce qu`il a à faire, ce qu`il a toujours fait, à savoir dégager les moyens pour soutenir les forces. Mais cette action de l`Etat aura encore plus de force, si elle est appuyée par l`ensemble des forces vives qui résident dans ce pays et qui veulent que ce pays sorte effectivement de la crise. Je pense que c`est le moment plus que jamais pour les Ivoiriens de toutes tendances confondues, les opérateurs économiques, chacun de s`adresser, au Chef d`état- major ou au ministre de la Défense ou à celui de l`Intérieur, pour ouvrir son cœur en donnant véhicules, moyens de communication, nourritures, vêtements, carburant, etc. C`est une question de bon sens, ce n`est pas l`Etat qui va demander cela. Il y a longtemps que nous sommes restés dans l`insécurité. Aujourd`hui, les Fafn et les Fds sont d`accord pour ensemble sécuriser le pays. Encourageons-les ; aidons-les. Moi, c`est ma lecture de ce message.
Mais peut-on envisager l`équipement des Forces armées aujourd`hui, dans un contexte d`embargo sur les armes pour notre pays?
Cette question est assez importante dans la mesure où, aujourd`hui, au moment où nous travaillons pour la sécurisation du pays avec l`ensemble de 8000 hommes, il est urgent que la question de l`équipement en armes de pointe des éléments soit évoquée. Nous sommes sous embargo et depuis, la Côte d`Ivoire ne peut pas acheter des armes pour assurer sa sécurité. C`est pourquoi, il convient que les autorités onusiennes prennent en compte notre volonté d`aller à la paix, donc de sécuriser notre pays en assurant la sécurité des personnes et des biens.
Qu`attendez-vous exactement de l`Onu ?
Qu`elle nous permette d`acheter des armes de pointe pour les donner à la police, parce qu`un policier sans arme dans une localité, devient comme un citoyen normal. Ce qui caractérise le policier ou le gendarme, c`est l`arme qu`il porte. S`il n`a pas d`arme, il ne peut dissuader aucun malfrat. C`est pourquoi, les autorités onusiennes doivent réexaminer leur position vis-à-vis de la Côte d`Ivoire et comprendre que nous avons besoin de sécuriser notre pays, non seulement pour les élections à venir, mais bien au-delà, pour les populations, les biens, les activités économiques, les opérateurs économiques et les intérêts de tous. Nous ne le demandons pas pour faire la guerre; la guerre est terminée. Nous avons besoin de ces équipements pour rendre plus efficaces nos policiers et nos gendarmes. C`est donc tout le monde qui est interpellé, y compris la communauté internationale engagée à nous accompagner dans le processus de sortie de crise.
Interview réalisée par
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
Monsieur le ministre, le Président de la République vient de faire une importante adresse à la Nation. Mais il n`est pas évident que chacun de nous ait saisi toute sa portée. Etant son Conseiller spécial chargé des questions militaires, quel commentaire en faites-vous ?
Le Président a fait un discours à la Nation sous la forme d`une interview. Il y a des points essentiels dans ce message qu`il faut que nous relayions pour que les Ivoiriens puissent mieux appréhender leur portée. Le Président a parlé des élections qui devront se tenir en 2009 et il a défini une certaine période. Cela est important. Mais il a surtout parlé de la sécurisation du pays. Ce point du message du chef de l`Etat me semble extrêmement important. C`est essentiel, parce que, c`est la sécurité qui conditionne tout le reste. Si le pays est totalement sécurisé, il est évident que les élections auront lieu sans problème. Nous sommes à la phase de la préparation technique des élections, c`est-à-dire l`identification et l`enrôlement. Mais le Président a dit sur la sécurisation que 8000 hommes, dont 4000 des Fds et 4000 des Fafn, vont être déployés sur l`ensemble du territoire national.
Quelle leçon peut-on tirer de cette expédition mixte ?
Ce qu`on peut retenir sur ce point, c`est que pour une fois, les deux Forces, Fds et Fafn, sont d`accord pour définir ce quota. Les Ivoiriens ne le perçoivent pas tous, mais c`est très important. Parce que dans ce processus de sortie de crise, chaque fois qu`on arrive à la question du désarmement, c`est-à-dire, chaque fois qu`on parle des problèmes sécuritaires, les choses ont toujours coincé. Aujourd`hui, où les deux parties sont d`accord pour dégager 8000 hommes, pour ensemble sécuriser la Côte d`Ivoire, les Ivoiriens doivent savoir que c`est un pas de géant.
Le Président a même précisé que l`état-major était en train de procéder à l`affectation nominale des éléments, cela donne à réfléchir. Non ?
Absolument ! Ce mouvement signifie que l`état-major est en train de définir les unités pour les affecter dans telle ville, dans telle localité, dans telle partie du territoire. Mais ça veut dire également que ces agents qui vont être déployés, y vont comment ? Ils y vont au moyen de véhicules, ils y vont munis d`équipements divers : moyens de communication, munitions, armements, habillements, nourriture, etc.
Ce sont donc de grands moyens qui vont être dégagés ?
C`est sur ce point que les Ivoiriens doivent se sentir interpellés. L`Etat va faire ce qu`il a toujours fait, c`est-à-dire dégager les moyens pour soutenir la décision du chef de l`Etat pour que ces unités aillent à leurs lieux de travail. Mais nous les Ivoiriens, nous devons donner corps au message du Président de la République, nous devons l`accompagner.
En quoi faisant ?
Je prends l`exemple du sport. Lorsqu`on dit que les Ivoiriens sont qualifiés pour la coupe du monde, que font les habitants du pays ? Ils mettent des comités de soutien en place. Cela ne signifie pas qu`il n`existe pas un ministère des Sports pour dégager les moyens et accompagner l`équipe nationale. Mais les Ivoiriens (citoyens, opérateurs économiques, etc.) qui aiment le football et qui tiennent à l`honneur de la Côte d`Ivoire, parce que l`enjeu, c`est l`honneur de notre pays, ces Ivoiriens-là s`organisent pour mettre en place un comité national de soutien des Eléphants, ils dégagent des moyens et accompagnent leur équipe, les Eléphants. Pourquoi cela ne peut-il pas se faire, au moment où nous parlons de la sécurité nationale, de la réunification de la Côte d`Ivoire ?
Est-ce une contribution nationale à la sortie de crise ?
Oui. Et ça ne sera pas la première fois que les Ivoiriens vont agir ainsi. Rappelez-vous, en 2002, lorsque le pays a été attaqué, les Ivoiriens se sont mobilisés, les maires en tête. Je me rappelle encore, Akossi Bendjo et le Président Fologo ont lancé un appel à la solidarité nationale. Et les Ivoiriens, toutes tendances confondues, tous les opérateurs économiques, se sont manifestés, qui donnant des véhicules, qui donnant des moyens de communication, qui donnant de l`argent en espèces tout cela, pour soutenir les Forces de défense et de sécurité dans le but de défendre la Côte d`Ivoire. Et c`est grâce à cette solidarité que nous avons mis en place l`Opération Fahoundi qui a géré tous ces fonds qui ont permis d`acheter des véhicules, des armes et presque tous les équipements nécessaires pour soutenir notre armée et freiner la progression de l`ennemi. Aujourd`hui où les Ivoiriens et les opérateurs économiques se plaignent pour leur sécurité, c`est l`occasion ou jamais, de saisir la balle au bond, pour se mobiliser autour de nos forces armées. Surtout qu`il ne s`agit plus seulement des Fds, mais également des Fafn, qui, ensemble, vont se déployer sur toute l`étendue du territoire.
Peut-on dire que le pouvoir demande aujourd`hui, aux Ivoiriens un sursaut national pour soutenir nos Forces parce qu`ils ont l`opportunité de sortir de la crise ?
Le pouvoir ne le demande pas. C`est une question de bon sens. Sinon, le Premier ministre ne s`est pas mis à la télévision pour dire : " Ivoiriens, aidez-moi ". Ce n`est pas ça. Je dis, c`est une lecture qu`on peut faire du message du Président de la République. L`Etat va faire ce qu`il a à faire, ce qu`il a toujours fait, à savoir dégager les moyens pour soutenir les forces. Mais cette action de l`Etat aura encore plus de force, si elle est appuyée par l`ensemble des forces vives qui résident dans ce pays et qui veulent que ce pays sorte effectivement de la crise. Je pense que c`est le moment plus que jamais pour les Ivoiriens de toutes tendances confondues, les opérateurs économiques, chacun de s`adresser, au Chef d`état- major ou au ministre de la Défense ou à celui de l`Intérieur, pour ouvrir son cœur en donnant véhicules, moyens de communication, nourritures, vêtements, carburant, etc. C`est une question de bon sens, ce n`est pas l`Etat qui va demander cela. Il y a longtemps que nous sommes restés dans l`insécurité. Aujourd`hui, les Fafn et les Fds sont d`accord pour ensemble sécuriser le pays. Encourageons-les ; aidons-les. Moi, c`est ma lecture de ce message.
Mais peut-on envisager l`équipement des Forces armées aujourd`hui, dans un contexte d`embargo sur les armes pour notre pays?
Cette question est assez importante dans la mesure où, aujourd`hui, au moment où nous travaillons pour la sécurisation du pays avec l`ensemble de 8000 hommes, il est urgent que la question de l`équipement en armes de pointe des éléments soit évoquée. Nous sommes sous embargo et depuis, la Côte d`Ivoire ne peut pas acheter des armes pour assurer sa sécurité. C`est pourquoi, il convient que les autorités onusiennes prennent en compte notre volonté d`aller à la paix, donc de sécuriser notre pays en assurant la sécurité des personnes et des biens.
Qu`attendez-vous exactement de l`Onu ?
Qu`elle nous permette d`acheter des armes de pointe pour les donner à la police, parce qu`un policier sans arme dans une localité, devient comme un citoyen normal. Ce qui caractérise le policier ou le gendarme, c`est l`arme qu`il porte. S`il n`a pas d`arme, il ne peut dissuader aucun malfrat. C`est pourquoi, les autorités onusiennes doivent réexaminer leur position vis-à-vis de la Côte d`Ivoire et comprendre que nous avons besoin de sécuriser notre pays, non seulement pour les élections à venir, mais bien au-delà, pour les populations, les biens, les activités économiques, les opérateurs économiques et les intérêts de tous. Nous ne le demandons pas pour faire la guerre; la guerre est terminée. Nous avons besoin de ces équipements pour rendre plus efficaces nos policiers et nos gendarmes. C`est donc tout le monde qui est interpellé, y compris la communauté internationale engagée à nous accompagner dans le processus de sortie de crise.
Interview réalisée par
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr