Doulaye Coulibaly, directeur des examens et concours, explique les grandes
innovations du Bts, session 2009.
Les dates des examens du Bts sont-elles connues?
Elles sont connues. Les examens débutent le 13 juillet prochain avec les épreuves écrites générales et professionnelles des Bts industriels (ndlr : voir tableau)
Combien de candidats sont inscrits pour la session 2009?
Nous avons enregistré 35 912 candidats.
On parle de plus en plus du retour de la note éliminatoire. Quelles sont les raisons qui ont milité en faveur de cette décision?
Pour l’examen qui nous concerne, le brevet de technicien supérieur, vous avez deux types de matières qui entrent dans l’évaluation du candidat. Ce sont des matières dites transversales d’une part et des matières appelées professionnelles d’autre part.
Les matières transversales sont celles de culture générale; c’est soit la culture humaine, le droit ou les mathématiques.
Les matières professionnelles sont en quelque sorte le socle de la formation d’un étudiant dans le domaine précis qu’il a choisi. Par exemple, pour quelqu’un qui veut avoir le bts option secrétariat bureautique, il y a des matières transversales qui sont le français au techniques d’expression écrite, l’anglais, le droit, l’économie, voire les mathématiques. Puis, nous avons les matières professionnelles qui sont la dactylographie, sténographie, etc. Et, c’est surtout pour ces derniers que l’on demande depuis toujours, que le candidat ait un minimum de points pour que l’on puisse jauger ne serait-ce que son niveau dans ce qu’il a appris au cours de ses deux ou trois années de formation. Il faut donc qu’il ait une certaine moyenne, en dessous de laquelle le candidat ne peut être jugé apte à avoir ce diplôme-là.
Quelle est cette note éliminatoire?
Dans ce domaine, nous appliquons les anciens textes, parce qu’en fait, la note éliminatoire n’est pas une innovation. Mais plutôt une réintroduction. Il est très important de faire cette précision. Jusque dans les années 1990, dans les textes qui régissaient le Bts (il n’ y avait que le bts comptabilité et le bts secrétariat), cette note équivalait à 7. En d’autres termes si vous avez 7, vous êtes encore dans les normes ; mais en dessous de 7, vous êtes un candidat éliminé d’office même si vous avez 10 de moyenne. Ce qui faisait qu’un accent était mis sur cette formation-là. Cette note a disparu en 1992.
Cette disparition a-t-elle eu des conséquences?
Les conséquences, c’est qu’aujourd’hui, nous avons des diplômés bts qui, quelle que soit la filière choisie, ont été déclarés aptes à ce diplôme l parce qu’ils ont eu de très bonnes notes dans les matières tranversales, et de mauvaises notes dans celles dites professionnelles qui sont pourtant les matières de base. Mais comme toutes les notes sont capitalisées, il suffit qu’ils aient eu 10 pour être admissibles. Car le jury, qui est autonome, en voyant les statistiques, peut même descendre en dessous de 10. Alors qu’ils n’ont pas obtenu la moyenne dans la matière qui constitue le pilier de leur formation, ils sont déclarés admissibles.
Y avait- il des raisons objectives de supprimer la note éliminatoire?
Non, il n’y en avait aucune. Et croyez-moi, sa suppression a beaucoup contribué à la baisse du niveau du concours. Mais il faut dire que cette situation est née du fait que le concours a trop souvent changé de tutelle au gré des remaniements, qui renvoient à chaque fois aux calendes grecques, les réformes à entreprendre.
En termes de bilan comparatif, quelle a été l’année la plus mauvaise?
C’est l’année 2008.
Et l’année des 2000 fraudeurs?
Oui hélas! Mais heureusement, le dispositif est en train d’être revu, puisqu’ on est en train de rédiger un manuel de procédures.
N’en existait-il pas?
Il n’en existait pas, effectivement. Mais je voudrais revenir aux problèmes qu’il y a eu l’année passée. Pour le directeur des examens que je suis, les mesures qui pouvaient être prises sur le plan administratif, ont été prises et appliquées.
Quelles sont ces mesures?
Nous avons procédé à des mutations, des limogeages de certains agents, etc.
Il n’ y a pas eu de poursuites?
Bon! Ça a été fait, mais cette sanction ne relevant pas de mon pouvoir, j’ai été appelé comme témoin puisque c’est dans la structure que je dirige que les évènements se sont passés. Le ministre a engagé des poursuites et c’est lui qui peut en parler.
Avec la réintroduction de la note éliminatoire, va-t-on observer d’autres changements pour la session 2009?
Le changement le plus visible d’abord, ce sera l’autonomie des centres d’examen. Jusqu’à la session dernière, on a pu retenir que la concentration de certaines activités du Bts sur un même site pouvait occasionner des tricheries que personne ne pouvait maîtriser.
Quelles sont ces activités?
Ces activités consistaient sur le même site à saisir toutes les notes dues et à anonymer toutes les copies. Nous avions une autre activité qui consistait à réceptionner toutes les copies, que nous répartissons dans les centres d’examen et ramenons sur le site, avant de les envoyer à la saisie, etc.
La saisie des notes se faisait-elle également sur le même site?
Oui, cela se faisait sur le même site. Ce qui fait qu’il y avait d’énormes difficultés de gestion, sans compter que c’est beaucoup de monde qui tourne autour de ces activités. Pour 35 000 candidats par exemple, vous imaginez le mouvement de personnes sur ce site. Et vous savez que certaines personnes arrivent toujours à trouver des failles dans le dispositif mis en place. C’est pour cela que nous avons décidé de tout changer cette année.
Désormais, on n’aura que des centres éclatés, autonomes les uns des autres…
Oui, ce sont des centres éclatés et gérés de façon autonome depuis les épreuves écrites jusqu’à la proclamation des résultats. Il y aura ainsi moins de mouvements.
Pensez-vous que ça va être plus efficace, plus crédible?
Oui, parce que dans cette interview, je ne vous dirai pas tout. Il y a des aspects que nous gardons secrets pour les sécuriser davantage.
On entend aussi dire que cette année, les épreuves pratiques auront lieu après l’admissibilité…
Dans la préparation du bts, les filières du secteur industriel, c’est-à-dire l’électronique, la maintenance du système de production, l’électrotechnique, la chimie, etc. ont des épreuves, dites pratiques. Pour lesquelles nous voulons désormais vraiment respecter le contenu du terme pratique. Ainsi, ces épreuves doivent mettre les candidats dans des situations où ils ont affaire à un moyen de production, comme s’ils étaient en entreprise. Or, jusque-là, on n’arrivait pas à le faire totalement. Nous avons également constaté que les établissements consacraient peu d’intérêt à certaines disciplines. Par exemple, la bureautique qui occupe aujourd’hui une place primordiale dans l’environnement professionnel de la secrétaire. Bien souvent, les établissements ne sont pas adéquatement équipés en matériel informatique, les horaires alloués à l’apprentissage ne sont pas respectés, etc. En définitive, ces épreuves se dérouleront en même temps que les soutenances de rapport de stage et elles ne concernent que les candidats admissibles.
Revenons au manuel de procédure, comment se présente-t-il?
Il sera un manuel interne, comme son nom l’indique, de procédure. Par exemple, dans un centre donné, il contribue à clarifier la responsabilité de chacune des personnes impliquées dans le processus. De sorte qu’elle est constamment rappelée à l’ordre sur sa responsabilité dans telle ou telle autre articulation. C’est en quelque sorte un carnet de bord.
Combien de Bts sont répertoriés aujourd’hui?
Nous sommes à 62 Bts. Alors, vous imaginez la masse de travail à accomplir. Je pense d’ailleurs qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de regrouper certains Bts. Par exemple si vous prenez la filière de chimie, elle comprend 6 à 7 bts à elle seule.
Nous sommes un peu perplexe devant cette pléthore de Bts. Comment des filières ont-elles
pu se créer sans que le directeur des examens et concours y soit impliqué?
La direction des examens et concours se trouve à la fin du maillon, à l’évaluation finale. Or avant d’arriver a elle, il a d’abord fallu que l’on délivre des autorisations.
Pour l’évaluation de cette pléthore de candidats, il faut du monde. Avez-vous suffisamment
de personnes pour accomplir cette tâche?
Pour 35 000 candidats par exemple, nous avons recours forcément à des supplétifs pour pallier l’insuffisance d’enseignants. Fort heureusement, le Bts est un concours qui se déroule en deux phases pour les deux grands secteurs, le tertiaire d’une part, et l’industriel d’autre part. Il faut le dire, les supplétifs sont très souvent plus nombreux que les enseignants titulaires. Leur nombre oscille autour de 300 voire 400, pour 200 titulaires, dans chaque épreuve. Organiser le Bts aujourd’hui sans ces supplétifs est impossible. Cependant, ils ne sont utilisés que pour surveiller le bon déroulement des épreuves. Ils ne sont pas impliqués dans les corrections et autres activités. Ils sont immédiatement payés, après cinq jours de prestation.
Comment sont-ils rémunérés?
Ils sont payés sur les recettes des droits d’inscription des candidats, par le biais des établissements. Et c’est là l’une des difficultés, car certains établissements ne reversent pas automatiquement les droits d’inscription des candidats. Si bien qu’à quelques jours de l’examen, on est très souvent confronté aux parents qui viennent demander au directeur des examens et concours d’être clément à l’égard de leurs enfants. Et là vous vous voyez dans l’obligation de faire parler votre cœur. Or les conditions prévoient que les écoles paient avant que leurs candidats accèdent aux centres d’examen. Toute cette situation est l’une des causes des arriérés de paiement à l’endroit des examinateurs. Surtout qu’en plus du côté de l’Etat, les moyens ne viennent pas automatiquement non plus. En attendant que les moyens se mettent en place, nous accumulons les dettes vis-à-vis des fournisseurs qui nous accompagnent chaque année en mettant à notre disposition le matériel.
Qu’avez-vous prévu de faire contre les établissements qui ne reversent pas les droits d’inscription des élèves?
Désormais, il est admis que les écoles qui ne reverseront pas les droits d’inscription de leurs candidats, verront ces derniers refusés.
En définitive, combien coûte l’organisation du bts?
Il faut quelque 700 à 750 millions de FCFA pour organiser le bts, chaque année. L’Etat donne, une enveloppe de 400 millions. C’est dire qu’il faut trouver le complément ailleurs. Les droits d’inscription à l’examen font partie de ce complément.
Parlons de l’orientation dans les grandes écoles et des prises en charge.
Les ayants droit des prises en charge sont les bacheliers de l’année. 2008-2009. Ce sont ceux que nous orientons dans les grandes écoles que nous prenons en charge. Les frais d’écolage sont pris en charge par l’Etat. Qui paye la scolarité aux établissements privés. Mais depuis les années 2000, le budget alloué à ces ayants droit a commencé à s’amenuiser, même si en termes de chiffre, il a augmenté. Mais à la dernière session du baccalauréat, il y a eu 39 120 bacheliers, tous aspirant à être casés, d’abord dans les universités. Or tout le monde connaît la situation des Universités. Certes les trois universités ont les capacités d’accueil les plus fortes l’Inphb de Yamoussoukro et absorbent donc le plus grand nombre d’étudiants. Mais une fois qu’elles ont fait leur plein, il ne reste plus que le privé pour accueillir le reste des bacheliers. Parce qu’il s’agit de trouver un point de chute à chacun. Cela était plus aisé jusqu’en 1999. On arrivait à faire ces simulations et on savait par rapport au budget qu’on avait et la disponibilité dans les universités, qu’on était en mesure de prendre en charge tel nombre de bacheliers. A cette époque, il restait toujours un reliquat qui servait à prendre en charge les cas sociaux. Mais depuis quelques années, on a assisté à des abus. Les prétendus cas sociaux sont devenus pléthoriques. Et cela a causé un problème de trésorerie et d’arriérés dus aux établissements. De sorte que malgré l’effort que l’Etat fait, il est inondé par les arriérés qu’il doit aux établissements.
Combien leur devez-vous?
C`est la Daaf qui peut vous donner des précisions. Mais je sais que nous avons 17 milliards 500 millions… C’est le budget de l’année passée, qui a été reconduit pour les frais des écoles privées. Mais il a été précisé, depuis le 23 janvier dernier, dans un communiqué que le ministre a publié que dorénavant, on ne pourra plus satisfaire les cas sociaux à cause des arriérés que l’Etat doit aux écoles privées. On est obligé de mettre fin à cette pratique. Et dans ce communiqué, il est dit que seuls les bacheliers orientés par l’Etat et régulièrement inscrits dans les filières de Bts bénéficient de la prise en charge des frais de scolarité de leur formation pendant trois ans au maximum. Ainsi, toute demande de prise en charge émanant d’étudiants autre que celle susmentionnée est irrecevable. Mais pour parvenir à cela, la direction des examens a dû faire des simulations pour montrer que si cette pratique ne cesse pas, on va aller d’arriérés en arriérés indéfiniment.
Alors, on a fait des recommandations et il a donc été décidé de l’arrêt définitif de l’octroi d’autres prises en charges sociales à compter du 23 janvier 2009. Il est donc question désormais de la suspension ferme de l’attribution de ces prises en charge sociales jusqu’à l’apurement total des arriérés dus par l’Etat aux établissements supérieurs. C’est cette mesure qui a été arrêtée. Maintenant, il s’agit de trouver comment à épurer ces arriérés.
Avez-vous établi un échéancier avec les fondateurs?
J’ai demandé à la Daaf d’établir un échéancier pour que nous puissions voir comment et en combien d’années les mesures que nous avons prises vont porter leurs fruits, en vue de l’ apurement pur et simple de cette dette. Cela signifie que même en plus d’arrêter la prise en charge des cas sociaux, il faut procéder à un contrôle systématique des effectifs, parce que bien souvent des bacheliers sont orientés et ne viennent pas s’inscrire . Désormais, nous allons vérifier tout cela sur le terrain. On le faisait ; mais avec ces décisions, nous serons plus fermes. Certaines personnes bénéficient de prise en charge, mais dédaignent au dernier moment de s’inscrire dans le temps ou elles changent d’école. Puis au contrôle, vous vous rendez compte qu’un établissement donné qui devrait recevoir 100 ou 200 élèves, se retrouve avec 500, 600 étudiants, qu’il a pu «débaucher» ailleurs, parce que cette pratique aussi existe malheureusement. Et vous vous retrouvez devant le fait accompli. Nous allons également combattre cette pratique, et tout étudiant que nous trouverons dans un établissement où il n’a pas initialement été orienté ne sera pas accepté et pris en charge.
Interview réalisée par Josette Barry
innovations du Bts, session 2009.
Les dates des examens du Bts sont-elles connues?
Elles sont connues. Les examens débutent le 13 juillet prochain avec les épreuves écrites générales et professionnelles des Bts industriels (ndlr : voir tableau)
Combien de candidats sont inscrits pour la session 2009?
Nous avons enregistré 35 912 candidats.
On parle de plus en plus du retour de la note éliminatoire. Quelles sont les raisons qui ont milité en faveur de cette décision?
Pour l’examen qui nous concerne, le brevet de technicien supérieur, vous avez deux types de matières qui entrent dans l’évaluation du candidat. Ce sont des matières dites transversales d’une part et des matières appelées professionnelles d’autre part.
Les matières transversales sont celles de culture générale; c’est soit la culture humaine, le droit ou les mathématiques.
Les matières professionnelles sont en quelque sorte le socle de la formation d’un étudiant dans le domaine précis qu’il a choisi. Par exemple, pour quelqu’un qui veut avoir le bts option secrétariat bureautique, il y a des matières transversales qui sont le français au techniques d’expression écrite, l’anglais, le droit, l’économie, voire les mathématiques. Puis, nous avons les matières professionnelles qui sont la dactylographie, sténographie, etc. Et, c’est surtout pour ces derniers que l’on demande depuis toujours, que le candidat ait un minimum de points pour que l’on puisse jauger ne serait-ce que son niveau dans ce qu’il a appris au cours de ses deux ou trois années de formation. Il faut donc qu’il ait une certaine moyenne, en dessous de laquelle le candidat ne peut être jugé apte à avoir ce diplôme-là.
Quelle est cette note éliminatoire?
Dans ce domaine, nous appliquons les anciens textes, parce qu’en fait, la note éliminatoire n’est pas une innovation. Mais plutôt une réintroduction. Il est très important de faire cette précision. Jusque dans les années 1990, dans les textes qui régissaient le Bts (il n’ y avait que le bts comptabilité et le bts secrétariat), cette note équivalait à 7. En d’autres termes si vous avez 7, vous êtes encore dans les normes ; mais en dessous de 7, vous êtes un candidat éliminé d’office même si vous avez 10 de moyenne. Ce qui faisait qu’un accent était mis sur cette formation-là. Cette note a disparu en 1992.
Cette disparition a-t-elle eu des conséquences?
Les conséquences, c’est qu’aujourd’hui, nous avons des diplômés bts qui, quelle que soit la filière choisie, ont été déclarés aptes à ce diplôme l parce qu’ils ont eu de très bonnes notes dans les matières tranversales, et de mauvaises notes dans celles dites professionnelles qui sont pourtant les matières de base. Mais comme toutes les notes sont capitalisées, il suffit qu’ils aient eu 10 pour être admissibles. Car le jury, qui est autonome, en voyant les statistiques, peut même descendre en dessous de 10. Alors qu’ils n’ont pas obtenu la moyenne dans la matière qui constitue le pilier de leur formation, ils sont déclarés admissibles.
Y avait- il des raisons objectives de supprimer la note éliminatoire?
Non, il n’y en avait aucune. Et croyez-moi, sa suppression a beaucoup contribué à la baisse du niveau du concours. Mais il faut dire que cette situation est née du fait que le concours a trop souvent changé de tutelle au gré des remaniements, qui renvoient à chaque fois aux calendes grecques, les réformes à entreprendre.
En termes de bilan comparatif, quelle a été l’année la plus mauvaise?
C’est l’année 2008.
Et l’année des 2000 fraudeurs?
Oui hélas! Mais heureusement, le dispositif est en train d’être revu, puisqu’ on est en train de rédiger un manuel de procédures.
N’en existait-il pas?
Il n’en existait pas, effectivement. Mais je voudrais revenir aux problèmes qu’il y a eu l’année passée. Pour le directeur des examens que je suis, les mesures qui pouvaient être prises sur le plan administratif, ont été prises et appliquées.
Quelles sont ces mesures?
Nous avons procédé à des mutations, des limogeages de certains agents, etc.
Il n’ y a pas eu de poursuites?
Bon! Ça a été fait, mais cette sanction ne relevant pas de mon pouvoir, j’ai été appelé comme témoin puisque c’est dans la structure que je dirige que les évènements se sont passés. Le ministre a engagé des poursuites et c’est lui qui peut en parler.
Avec la réintroduction de la note éliminatoire, va-t-on observer d’autres changements pour la session 2009?
Le changement le plus visible d’abord, ce sera l’autonomie des centres d’examen. Jusqu’à la session dernière, on a pu retenir que la concentration de certaines activités du Bts sur un même site pouvait occasionner des tricheries que personne ne pouvait maîtriser.
Quelles sont ces activités?
Ces activités consistaient sur le même site à saisir toutes les notes dues et à anonymer toutes les copies. Nous avions une autre activité qui consistait à réceptionner toutes les copies, que nous répartissons dans les centres d’examen et ramenons sur le site, avant de les envoyer à la saisie, etc.
La saisie des notes se faisait-elle également sur le même site?
Oui, cela se faisait sur le même site. Ce qui fait qu’il y avait d’énormes difficultés de gestion, sans compter que c’est beaucoup de monde qui tourne autour de ces activités. Pour 35 000 candidats par exemple, vous imaginez le mouvement de personnes sur ce site. Et vous savez que certaines personnes arrivent toujours à trouver des failles dans le dispositif mis en place. C’est pour cela que nous avons décidé de tout changer cette année.
Désormais, on n’aura que des centres éclatés, autonomes les uns des autres…
Oui, ce sont des centres éclatés et gérés de façon autonome depuis les épreuves écrites jusqu’à la proclamation des résultats. Il y aura ainsi moins de mouvements.
Pensez-vous que ça va être plus efficace, plus crédible?
Oui, parce que dans cette interview, je ne vous dirai pas tout. Il y a des aspects que nous gardons secrets pour les sécuriser davantage.
On entend aussi dire que cette année, les épreuves pratiques auront lieu après l’admissibilité…
Dans la préparation du bts, les filières du secteur industriel, c’est-à-dire l’électronique, la maintenance du système de production, l’électrotechnique, la chimie, etc. ont des épreuves, dites pratiques. Pour lesquelles nous voulons désormais vraiment respecter le contenu du terme pratique. Ainsi, ces épreuves doivent mettre les candidats dans des situations où ils ont affaire à un moyen de production, comme s’ils étaient en entreprise. Or, jusque-là, on n’arrivait pas à le faire totalement. Nous avons également constaté que les établissements consacraient peu d’intérêt à certaines disciplines. Par exemple, la bureautique qui occupe aujourd’hui une place primordiale dans l’environnement professionnel de la secrétaire. Bien souvent, les établissements ne sont pas adéquatement équipés en matériel informatique, les horaires alloués à l’apprentissage ne sont pas respectés, etc. En définitive, ces épreuves se dérouleront en même temps que les soutenances de rapport de stage et elles ne concernent que les candidats admissibles.
Revenons au manuel de procédure, comment se présente-t-il?
Il sera un manuel interne, comme son nom l’indique, de procédure. Par exemple, dans un centre donné, il contribue à clarifier la responsabilité de chacune des personnes impliquées dans le processus. De sorte qu’elle est constamment rappelée à l’ordre sur sa responsabilité dans telle ou telle autre articulation. C’est en quelque sorte un carnet de bord.
Combien de Bts sont répertoriés aujourd’hui?
Nous sommes à 62 Bts. Alors, vous imaginez la masse de travail à accomplir. Je pense d’ailleurs qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de regrouper certains Bts. Par exemple si vous prenez la filière de chimie, elle comprend 6 à 7 bts à elle seule.
Nous sommes un peu perplexe devant cette pléthore de Bts. Comment des filières ont-elles
pu se créer sans que le directeur des examens et concours y soit impliqué?
La direction des examens et concours se trouve à la fin du maillon, à l’évaluation finale. Or avant d’arriver a elle, il a d’abord fallu que l’on délivre des autorisations.
Pour l’évaluation de cette pléthore de candidats, il faut du monde. Avez-vous suffisamment
de personnes pour accomplir cette tâche?
Pour 35 000 candidats par exemple, nous avons recours forcément à des supplétifs pour pallier l’insuffisance d’enseignants. Fort heureusement, le Bts est un concours qui se déroule en deux phases pour les deux grands secteurs, le tertiaire d’une part, et l’industriel d’autre part. Il faut le dire, les supplétifs sont très souvent plus nombreux que les enseignants titulaires. Leur nombre oscille autour de 300 voire 400, pour 200 titulaires, dans chaque épreuve. Organiser le Bts aujourd’hui sans ces supplétifs est impossible. Cependant, ils ne sont utilisés que pour surveiller le bon déroulement des épreuves. Ils ne sont pas impliqués dans les corrections et autres activités. Ils sont immédiatement payés, après cinq jours de prestation.
Comment sont-ils rémunérés?
Ils sont payés sur les recettes des droits d’inscription des candidats, par le biais des établissements. Et c’est là l’une des difficultés, car certains établissements ne reversent pas automatiquement les droits d’inscription des candidats. Si bien qu’à quelques jours de l’examen, on est très souvent confronté aux parents qui viennent demander au directeur des examens et concours d’être clément à l’égard de leurs enfants. Et là vous vous voyez dans l’obligation de faire parler votre cœur. Or les conditions prévoient que les écoles paient avant que leurs candidats accèdent aux centres d’examen. Toute cette situation est l’une des causes des arriérés de paiement à l’endroit des examinateurs. Surtout qu’en plus du côté de l’Etat, les moyens ne viennent pas automatiquement non plus. En attendant que les moyens se mettent en place, nous accumulons les dettes vis-à-vis des fournisseurs qui nous accompagnent chaque année en mettant à notre disposition le matériel.
Qu’avez-vous prévu de faire contre les établissements qui ne reversent pas les droits d’inscription des élèves?
Désormais, il est admis que les écoles qui ne reverseront pas les droits d’inscription de leurs candidats, verront ces derniers refusés.
En définitive, combien coûte l’organisation du bts?
Il faut quelque 700 à 750 millions de FCFA pour organiser le bts, chaque année. L’Etat donne, une enveloppe de 400 millions. C’est dire qu’il faut trouver le complément ailleurs. Les droits d’inscription à l’examen font partie de ce complément.
Parlons de l’orientation dans les grandes écoles et des prises en charge.
Les ayants droit des prises en charge sont les bacheliers de l’année. 2008-2009. Ce sont ceux que nous orientons dans les grandes écoles que nous prenons en charge. Les frais d’écolage sont pris en charge par l’Etat. Qui paye la scolarité aux établissements privés. Mais depuis les années 2000, le budget alloué à ces ayants droit a commencé à s’amenuiser, même si en termes de chiffre, il a augmenté. Mais à la dernière session du baccalauréat, il y a eu 39 120 bacheliers, tous aspirant à être casés, d’abord dans les universités. Or tout le monde connaît la situation des Universités. Certes les trois universités ont les capacités d’accueil les plus fortes l’Inphb de Yamoussoukro et absorbent donc le plus grand nombre d’étudiants. Mais une fois qu’elles ont fait leur plein, il ne reste plus que le privé pour accueillir le reste des bacheliers. Parce qu’il s’agit de trouver un point de chute à chacun. Cela était plus aisé jusqu’en 1999. On arrivait à faire ces simulations et on savait par rapport au budget qu’on avait et la disponibilité dans les universités, qu’on était en mesure de prendre en charge tel nombre de bacheliers. A cette époque, il restait toujours un reliquat qui servait à prendre en charge les cas sociaux. Mais depuis quelques années, on a assisté à des abus. Les prétendus cas sociaux sont devenus pléthoriques. Et cela a causé un problème de trésorerie et d’arriérés dus aux établissements. De sorte que malgré l’effort que l’Etat fait, il est inondé par les arriérés qu’il doit aux établissements.
Combien leur devez-vous?
C`est la Daaf qui peut vous donner des précisions. Mais je sais que nous avons 17 milliards 500 millions… C’est le budget de l’année passée, qui a été reconduit pour les frais des écoles privées. Mais il a été précisé, depuis le 23 janvier dernier, dans un communiqué que le ministre a publié que dorénavant, on ne pourra plus satisfaire les cas sociaux à cause des arriérés que l’Etat doit aux écoles privées. On est obligé de mettre fin à cette pratique. Et dans ce communiqué, il est dit que seuls les bacheliers orientés par l’Etat et régulièrement inscrits dans les filières de Bts bénéficient de la prise en charge des frais de scolarité de leur formation pendant trois ans au maximum. Ainsi, toute demande de prise en charge émanant d’étudiants autre que celle susmentionnée est irrecevable. Mais pour parvenir à cela, la direction des examens a dû faire des simulations pour montrer que si cette pratique ne cesse pas, on va aller d’arriérés en arriérés indéfiniment.
Alors, on a fait des recommandations et il a donc été décidé de l’arrêt définitif de l’octroi d’autres prises en charges sociales à compter du 23 janvier 2009. Il est donc question désormais de la suspension ferme de l’attribution de ces prises en charge sociales jusqu’à l’apurement total des arriérés dus par l’Etat aux établissements supérieurs. C’est cette mesure qui a été arrêtée. Maintenant, il s’agit de trouver comment à épurer ces arriérés.
Avez-vous établi un échéancier avec les fondateurs?
J’ai demandé à la Daaf d’établir un échéancier pour que nous puissions voir comment et en combien d’années les mesures que nous avons prises vont porter leurs fruits, en vue de l’ apurement pur et simple de cette dette. Cela signifie que même en plus d’arrêter la prise en charge des cas sociaux, il faut procéder à un contrôle systématique des effectifs, parce que bien souvent des bacheliers sont orientés et ne viennent pas s’inscrire . Désormais, nous allons vérifier tout cela sur le terrain. On le faisait ; mais avec ces décisions, nous serons plus fermes. Certaines personnes bénéficient de prise en charge, mais dédaignent au dernier moment de s’inscrire dans le temps ou elles changent d’école. Puis au contrôle, vous vous rendez compte qu’un établissement donné qui devrait recevoir 100 ou 200 élèves, se retrouve avec 500, 600 étudiants, qu’il a pu «débaucher» ailleurs, parce que cette pratique aussi existe malheureusement. Et vous vous retrouvez devant le fait accompli. Nous allons également combattre cette pratique, et tout étudiant que nous trouverons dans un établissement où il n’a pas initialement été orienté ne sera pas accepté et pris en charge.
Interview réalisée par Josette Barry