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Économie Publié le jeudi 14 mai 2009 | Notre Voie

Philippe Attey, DG de la Société des transports abidjanais (SOTRA) : “La Sotra aujourd’hui c’est 850 bus dont 650 neufs”

La Sotra est, depuis un certain temps, la cible de certains quotidiens de la place. A tort ou à raison, son directeur général, M. Philippe Attey et certains de ses collaborateurs sont accusés de gestion gabégique, dictatoriale, ethnocentrique, hasardeuse…

Notre Voie a tendu le micro au directeur général de la Sotra qui a accepté d'aborder tous les sujets sans faux-fuyants. Exclusif !


Notre Voie : Monsieur le directeur général, depuis un moment, on lit dans la presse nationale que vous combattez les syndicalistes et que vous faites des licenciements abusifs. Qu'en est-il exactement ?

Philippe Attey : Merci de me donner l'opportunité de clarifier un certain nombre de choses. C'est vrai, depuis l'année dernière, un certain nombre de cadres, de collaborateurs ont cherché effectivement à ternir ma réputation en racontant de telles inexactitudes. En réalité, vous pouvez venir le voir, le ministre du travail l'a fait contacter à travers une enquête. Il a envoyé une équipe d'inspecteur qui a conclu que la liberté syndicale est actuellement garantie à la Sotra.
La preuve, nous sommes montés un moment donné jusqu'à 10 syndicats. Je ne sais, pas dans quelle entreprise en Côte d'Ivoire, il y a déjà eu 10 syndicats. Et ce sont les syndicats eux- mêmes, sachant que certaines centrales syndicales entretenaient jusqu'à 3 ou 4, syndicats à l'intérieur de la maison, qui ont compris que c'était mieux de s'aligner sous la bannière des 3 centrales connues qui sont la FESACI, Dignité et l’UGTCI. Depuis qu’ils ont compris cela, ils ont compris ce que je leur ai dit, c'est-à- dire que la division faisait leur faiblesse et qu'il valait mieux, pour être forts, d'avoir moins de 10 syndicats. Nous avons ici une pratique tout à fait établie, qu'on appelle le dialogue trimestre. le directeur général que je suis, reçoit sans assistance et sans collaborateur, y compris le DRH, en séance de dialogue directs, calqués sur le dialogues direct de Ouaga, les 150 membres du bureau exécutif et des délégués titulaires et suppléants. Ces échanges sont filmés et gravés sur DVD et sont disponibles pour vous et pour toute personne qui le demanderait.

Nous avons, par ailleurs, un dialogue au quotidien dans les structures décentralisées où on a mis en place des cahiers de doléances que nous regardons tous les jours pour voir comment ça fonctionne, avec obligation de réunions mensuelles du directeur régional avec ses collaborateurs dont les procès-verbaux me sont transmis pour voir comment fonctionne le dialogue. Nous avons une médiatrice sociale qui est à l'écoute de toutes les sources de conflits qu'il peut y avoir. Et cette médiation sociale est tenue par des responsables très ouverts qui dialoguent beaucoup. Nous avons mis en place un observatoire social des conflits. C’est un organe paritaire où justement est dévoilé tout ce qui peut être susceptible d'emmener des conflits. Avec les syndicalistes, nous n'avons pas de problème. Le problème avec certains d'entre eux, c'est qu'ils ne font pas de syndicalisme. Ils font plutôt ce qu'on appelle de la guérilla urbaine. Des agents, sous prétexte qu'ils sont protégés ou même qui ne sont pas syndicalistes, se lèvent et vont créer des perturbations sans aucun préavis. Ils se rendent dans des gares pour empêcher les bus de sortir. On a eu des cas où c'est la gendarmerie qui est intervenue pour les ramener à l'ordre.


N.V. : On vous accuse, par ailleurs, d'avoir licencié des cadres très compétents...

P.A. : En ce qui concerne les cadres, un certain nombre a pris des habitudes qui sont contraires aux intérêts de la Sotra. Aujourd'hui, nous avons mis en place des instruments modernes de gestion, à travers les nouvelles technologies, à travers le système qualité qui est aujourd'hui prisé au niveau de l'administration, avec le référentiel Iso 9001. Avec ce processus, tout ce qui est dysfonctionnement, tout ce qui est écart de gestion apparaît. Cela a fait ressortir des manquements graves qui ont abouti à des pertes importantes pour la Sotra et ces cadres eux-mêmes en ont tiré la conclusion, soit en démissionnant soit en demandant leur départ à la retraite anticipée. Et, par souci de traiter ces dossiers dignement, nous n'avons pas exposé cela sur la place publique. Mais, si cela devait être nécessaire, on le ferait. Sinon, en aucun cas, on ne peut licencier quelqu'un parce qu'il a fait des observations sur notre gestion. C'est de la pure calomnie. Je tiens à votre disposition tous les dossiers et je mets quiconque au défi de m'apporter des éléments contraires.


N.V. : Il est aussi question, d'un système GPS que vous avez mis en place et qui a coûté 4 milliards CFA.

P.A. : Le coût du système d'aide à l'exportation est de 2, 4 milliards FCFA. Ce système est assisté par GPS qui lui-même est gratuit. ce sont tous les équipements qui permettent les connexions-radios et cela concerne l'équipement global de 750 autobus d'exploitation en ligne, 150 véhicules de surveillance. Ce que nous avons réaménagé d'ailleurs. Aujourd'hui, c'est 800 véhicules d'exploitation et 100 véhicules de surveillance.

Tous les véhicules de service des chefs de service et des sous-directeurs sont contrôlés afin que les gens ne les utilisent pas à des fins personnelles. Et le système rayonne sur 700km. Donc, si quelqu'un sort d'Abidjan sans autorisation, on le suivra. Tout cela limite la liberté de fraude et a coûté 2,4 milliards FCA. et on n'a pas fini de mettre en place le processus. Nous prévoyons son lancement pour le 1er octobre. Nous attendonts de cela 30% de réduction des charges. A Moscou, ils m’ont dit qu'ils ont eu 40% de réduction des charges. Nous avons fait notre planning sur la base d'une réduction de charges de 10% et d'une augmentation de recettes de 5%, puisque les véhicules seront sur les lignes qu'il faut poiur prendre les passagers. Globalement, c'est un impact de 15% qu'on attend et qui va nous permettre d'amortir l'investissement sur 2 ans. C'est pour cela que ces investissements ont été acceptés par les banques. Ce n'est pas un caprice de Phillipe Attey .


N.V.: Vous êtes aussi pris à parti sur la gestion de l'assurance-maladie.

P.A. : La Sotra n'avait pas de couverture maladie pour ses petits employés. Seuls les cadres et les techniciens supérieurs qui étaient les mieux payés et qui ne représentaient que 5% de l'effectif avaient droit à la couverture maladie. Vous connaissez l'idée du président de la République sur la couverture maladie pour tout le monde. Nous avons essayé d'anticiper. Dès décembre 2000, j'ai réuni notre premier comité d'entreprise qui est un organe paritaire direction générale-syndicats pour parler de la vie de l'entreprise et prendre des décisions concernant la vie de l'entreprise. L'une de nos premières préoccupations, c'était la couverture santé pour le personnel. Une consultation a été lancée auprès des compagnies d'assurance, mais c'était hors de prix. Il fallait payer entre 2 et 3 milliards FCFA de primes ; il y avait des frais de gestion de 30% ou alors voir des entités privées qui sont sur le marché et les mettre en compétition. A l'époque, on a eu une société qui a été mieux-disant. Aujourd'hui, on présente cette structure comme étant celle de mon gendre, l'époux de ma fille. C'est une caricature grossière. D'abord, le docteur N'Go Innocent a épousé ma nièce. Ensuite, il a participé à l'appel d'offres parce qu'il fait déjà le même travail pour d'autres sociétés comme la SODEFOR. et il est également conseil-médical même à la présidence de la République. Il a compéti comme tout le monde, et, de cette compétition, il n'est jamais ressorti que les fonds de la Sotra devraient confiés à qui que ce soit. Les honoraires perçus qui sont de 30% chez certaines compagnies d'assurances peuvent baisser jusqu'à 10% chez certains coursiers et conseils mais il faut leur transférer les fonds. Dans le cas de la société que nous avons retenue, le taux est de 5,5%. C'est pour cela qu'ils ont remporté la consultation. Nous ne savons pas faire les prestations de cette société en interne. Nous avons un comité paritaire de suivi de la gestion du fonds qui est logé dans un compte ouvert à la BHCI. Les signataires sont les mandataires sociaux de la Sotra. Aucun fonds n'est géré à l'extérieur. Les comptes sont faits chaque année et approuvés par le comité de suivi et ils sont intégrés dans la comptabilité de la Sotra. Les comptes existent, les statistiques existent. Ce contrôle empêche les collisions. chaque adhérent a une carte qu'il présente dans tous les centres agréés. cette carte sert en même temps de carte de santé. Les assureurs nous donnaient 3 années de vie au maximum. Nous sommes à la 9ème année nous tenons encore et nous équilibrons nos charges et nos dépenses. Les charges de santé, y compris la rémunération des médecins-conseils, sont autour de 1,1 milliard FCFA par an. Nous serions dans une compagnie d'assurance que nous aurions payé entre 2 et 3 milliards FCFA par an de primes et elles ne nous auraient pas aidés à lutter contre la fraude parce que, selon elles, le faire entache leur réputation commerciale.


N.V. : Mais si tout est si bien géré, pourquoi donc des récriminations ?

P.A. : J'aimerais que vous veniez dans la maison pour écouter les agents véritables. Ce sont ceux qui sont dehors qui mènent cette campagne d'intoxication. Mais ils ne vous disent pas pourquoi ils ont été renvoyés ou pourquoi ils ont démissionné. Le ministre de l'emploi et de la fonction publique nous a demandé s'il peut emmener des inspecteurs. On lui a dit qu'il n'y a pas de problème. Ces derniers sont venus, ils ont interrogé les syndicats pour voir si on les martyrisait. Je n'y vois aucun intérêt.

Bien au contraire, l'une de mes positions que je transmets au DRH, c'est de ne jamais chercher à avoir sous contrôle un syndicat, de ne jamais chercher à susciter la création d'un syndicat. Mon éthique me l'interdit. Il faut laisser les gens s'exprimer et vous juger à nos œuvres.

ce n'est pas parce que nous avons brandi le bâton que nous avons obtenu la trêve sociale. C'est plutôt parce que nous avons contribué à l'éducation des syndicalistes en prenant en charge les séminaires organisés par leurs centrales.

Et j'ai même dit à l'une des centrales que, apparemment, les syndicats n'étaient pas bien formés et que nous étions prêts à financer la formation qu'elle leur donnerait. Vous pouvez aller dans tous les dépôts voir les cahiers de doléances. lorsque nous avons mis en place ce fonds d'auto-assurance maladie, c'était pour améliorer les conditions sanitaires et médicales de nos travailleurs. Dans ce dispositif, on a mis en place un corps médical plus étoffé. De 4 médecins quand j'arrivais, nous sommes passés aujourd'hui à 12 avec des spécialistes. Nous avions ouvert 6 centres médicaux. Mais nous avons préféré faire 4 centres qui recentrent les familles à Abobo, à Yopougon, à Vridi et à Koumassi. Le taux de mortalité était élevé : 2 morts par semaine, parce que, justement, on ne soignait pas notre personnel. Il n'y avait aucune politique de prise en charge ni de prévention vih/sida, parce qu'on avait peur d'en parler. C'est ainsi que nous avons mis en place les comités de lutte contre le sida. Nous avons pris en charge des familles.

Aujourd'hui, nous avons au maximum 2 agents qui décèdent dans le mois. Parce qu'on est quand même nombreux, nous sommes autour de 4.000. Nous avons des centres médicaux où il y a des dotations de 1 à 2 millions FCFA de médicaments pour les premières prises en charge avec des salles d'observation.

Nous avons fait un certain nombre de choses qui sont visibles. Mieux, nous venons de nous lancer dans les logements sociaux. Nous avons posé la première pierre il y a un peu plus d'un mois d'un programme de 950 logements pour les cadres moyens.

On prévoit un autre programme de 400 villas. Le terrain a été déjà acheté ; il est en train d'être déblayé. Les 950 logements se situent sur la route de N'Dotré, après la MACA, et les 400 logements sont à Abobo-Baoulé. Toute cette politique nous a aidés et nous la maîtrisons. Il n'y a pas de fonds gérés à l'extérieur de la Sotra.


N.V. : Vous avez parlé de la santé et de l'assurance. Mais, de manière générale, qu'est-ce que vous faites au plan social ?

P.A. : Quand j'ai pris fonction, il y avait deux assistantes sociales européennes pour 4500 agents. Elles étaient débordées. Elles sont parties à la retraite et nous les avons remplacées par 6 assistantes sociales. Dans chaque direction régionale (D.R), il y a une assistante sociale.
Nous avons mis en place, dans chaque D.R., des chargés de personnel et de communication. Il y a également des bureaux de l'observatoire des conflits. Nous avons créé la mutuelle générale des employés de la Sotra. Et, là encore, j'ai dû braver plusieurs grêves pour arriver à cette solution. Figurez-vous que le syndicat le plus bouillant, quand il en a compris la nécessité, c'est son secrétaire général qui est devenu le premier président. J'ai vu dans un journal que c'est mon cousin que j'ai embauché pour en être le président. Il s'appelle Camara, moi je suis Attey. On n'a pas de lien de famille. Nous avons mis en place les cantines subventionnées. C'est-à-dire au prix où les gens payaient des repas à l'extérieur pour acheter des maladies comme le choléra, la fièvre typhoïde, avec 300 FCFA, ils ont un repas complet. ça aussi, ça a agi sur les centres de santé et d'hospitalisation. C'est subventionné à hauteur de 300 millions FCFA. Nous sommes en train de préparer le processus de certification santé, sécurité et environnement au travail.


N.V. : Vous avez, semble-t-il, délaissé le sport ?

P.A.. : C'est un débat interne que j'ai tranché. Je ne suis pas aligné sur les positions officielles du gouvernement. La Sotra, société sociale, n'a pas les moyens de sponsoriser une équipe en championnat national en Ligue 1. Nous nous étions éloignés de tous les stades, y compris la compétition inter-entreprises. Mais nous sommes revenus depuis 2 ans à la compétition inter-entreprises et, en 2008, nous avons été champions.


N.V. : Comment se passent les recrutements à la Sotra ? Cette question, parce qu'on vous accuse de ne recruter que les ressortissants de votre région.

P.A. : Les recrutements à la SOTRA se font soit par voie de concours externes soit par voie de concours internes. Là, on a un poste à pourvoir. Donc on a lancé un concours interne. Quand nous lançons généralement un concours externe, ça concerne des postes techniques pointus qu'on n'a pas en interne. Par exemple, je recherche un auditeur informatique ou un spécialiste des télécommunications réseau pour le nouveau système qu'on veut mettre en place. Je ne les ai pas sans la maison. Au niveau SOTRA, industrie, nous y avons mis les compétences internes. La structure de la Sotra depuis 50 ans est une structure de maintenance.Ce sont des ingénieurs maintenanciers que j'envoie à la Sotra-Industrie. Depuis que les Ivoiriens de la diaspora ont vu qu'on fabrique des bus, on a reçu beaucoup de demandes d'Ivoiriens qui ont fait arts et métiers et qui sont dans des industries comme Peugeot. J'en ai rencontrés. Nous avons un cahier des charges que nous devons respecter, et c'est l'IPNET, l'AGEPE ou l'AGEFOP qui nous aident à faire ces sélections. De temps en temps, nous pouvons rendre service et je le dis en toute franchise. Si j'ai besoin d'un poste de manœuvre, je n'ai pas besoin de concours et je peux rendre service. Mais je voudrais préciser que ce n'est pas parce que vous avez réussi à un concours externe à l'entrée que vous êtes recruté d'office. Il y en a qui sont éliminés à la formation.


N.V. : Avez-vous procédé à des départs volontaires pendant les périodes difficiles ou envisagez-vous de le faire ?

P.A.. : Dans le cas de la Sotra, la réduction d'effectif, n'est pas recommandée. Parce que je ne veux pas perdre la compétence. Ensuite, on avait diagnostiqué 1800 départs. Les droits à payer peuvent acheter des autobus pour les maintenir. Troisièmement, nous étions en situation de crise sociale et il ne fallait pas grossir encore la misère des Ivoiriens. J'ai donc gardé 4500 personnes pour 350 autobus. Je pense avoir contribué à sauver des familles. Toujours dans notre bilan au plan social, on a mis en place un plan de carrière. Vous pouvez faire des enquêtes libres chez les anciens retraités de la Sotra et les nouveaux retraités. Les anciens gagnent le tiers de ce que les nouveaux ont. Et ça, ce nest pas parce que la CNPS est devenue plus gentille, mais parce que, par exemple, un exploitant mécanicien entre à la SOTRA en 5ème catégorie et finit sa carrière au minimum en maîtrise 2.

Concernant le salaire, je ne vous autorise même pas à écrire le salaire minimum qu'on paie ici pour ne pas créer de problèmes. Le machiniste qui commence à la Sotra, quand il finit sa formation de 8 mois pendant laquelle gagne 80.000 FCFA de bourse, il gagne 174.000 FCFA de salaire brut dès qu'on signe son contrat pour le titulariser.


N.V. : Peut-on connaître le bilan chiffré succint de votre gestion depuis 2000 ?

P.A. : Au niveau des résultats, on avait des fonds propres négatifs de 12,5 milliards FCFA, des pertes cumulées de 33,700 milliards FCFA en 2000. Aujourd'hui, nous avons des fonds propres positifs de 5 milliards FCFA qui nous permet de lever un emprunt obligatoire qu'aucune société d'Etat n'a pu lever en dehors de la SIR. Nous n'avons pas connu de perte en 2005, 2006 et 2007. En 2008, on a connu des pertes du fait des fraudes dont j'ai parlé, mais également à cause de la flambée du prix du carburant.


N.V. : Combien vous a rapporté l’emprunt obligataire ?

P.A. : L'emprunt nous a remporté exactement 10,2 milliards FCFA et la BNI a complété. Au niveau de l'emprunt obligatoire, certains ont cru que c'était une manne qui était venue dans nos caisses et éventuellement un peu dans la poche du directeur général. L'Etat est souverain. Quand il émet un emprunt obligatoire, personne ne vient le contrôler, l'argent est mis sur les comptes du Trésor. C'est normal. Mais, en ce qui concerne une société à gestion privée, l'argent n'est pas mis à sa disposition l'argent est plutôt géré par les conseils financiers. Parce que ces derniers engagent leur responsabilité sur l'utilisation des fonds tel que ça été prévu et accepté par les garants et le conseil régional des marchés financiers et l'épargne publique. Ils ne prennent pas de risques. Lorsque vous avez des dépenses à faire, elles doivent obéir au plan d'investissement qui a été tracé. Quand vous achetez quelque chose, le fournisseur vous donne la facture. Après livraison, vous la transférez au conseil financier et c'est lui qui ordonne le paiement sur le compte ouvert à cet effet et qui marche sur la signature unique de la BNI Finances. Et c'est comme ça que nous avons fonctionné.


N.V. : Si l'emprunt a très bien marché, pourquoi n'en lancez-vous pas un autre immédiatement ?

P.A. : Pourquoi est-ce qu'on ne lance pas un autre immédiatement. Les règles du marché nous obligent à payer deux ou trois échéances, avant d'autoriser une telle opération. Nous n'en avons payé qu'une seule. Mais nous avons une séance de travail avec le Trésor et toutes les mesures sont prises pour que la Sotra puisse honorer à bonne date la deuxième échéance.


N.V. : Vos bus sont victimes de vandalisme très souvent. Pourquoi vous n'entreprenez rien pour les protéger ?

P.A. : La Sotra n'a pas une milice. C'est un détachement de la police nationale qui est mis à la disposition de la Sotra. Il y a 109 éléments qui travaillent 24h/24. Si vous subdivisez l'équipe par 3, vous voyez que celle qui tourne par quart n'est pas suffisante pour organiser cette protection. C'est à l'Etat qu'il revient, dans le cadre de son service d'ordre, de protéger les autobus. Nous, nous ne pouvons que faire la sensibilisation. Le problème, c'est que quand les Ivoiriens sont contents, ils cassent les bus. Quand ils sont fâchés, ils cassent les bus. En 2008, entre les marcheurs de la cherté de la vie et les grèves des gbaka et wôrô-wôrô, c'est 100 autobus qui ont été cassés, dont 60% à Abobo. Les mêmes qui cassent les autobus sont les mêmes qui viennent, plaindre de ce qu'il n'y en a pas assez. Il faut donc que l'Etat nous aide. Aucune assurance ne couvre les actes de vandalisme et les conflits sociaux.

En ce qui concerne les sites propres, c'est un élément important. Avec les congestions de la ville d'Abidjan, le nombre de bus n'est plus important. Parce qu’à partir de 1000 autobus, on sature, compte tenu des conditions de circulation actuelles. Les vraies solutions qui sont trouvées en Asie, en Amérique et même en Europe, c'est ce qu'on appelle les sites propres. A Paris, M. Delanoé a fait élargir les sites propres et Paris a 140 km de sites propres. Séoul, champion toutes catégories a 200 km de sites propres. A Abidjan, champion toutes catégories en Afrique, 7 km de sites propres. Et les 7 km sont contestés et parfois même par des officiels. Et pourtant, ça fait partir du dispositif de la fluidité de la circulation. En septembre 2002, le ministère des Infrastructures, en liaison avec la Sotra et le BNETD et un cabinet français, avait déjà avancé beaucoup de projets financés par l'AFD et la Banque mondiale pour passer de 7km à 40 km de sites propres pour faciliter la fluidité. Il faut savoir que la configuration d'Abidjan nécessite 100 km de sites propres qui ont été déjà identifiés par l'AFD et la Banque mondiale et le ministère des Infrastructures. Nous en avons même parlé avec la reprise des financements. Mais, les besoins d'Abidjan ont augmenté. Parce qu'entre 2002 et 2009, la population a doublé, et ce qui est nécessaire maintenant, c'est au moins 70 km de sites propres. Donc il ne faut pas se focaliser sur le nombre de bus. Ce sont plutôt les sites propres qui sont indispensables.


Interview réalisée par Franck Dally Coll : Koné Modeste
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