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Société Publié le mardi 19 mai 2009 | Le Patriote

Akossi Bendjo (maire du Plateau et coordonnateur de l’opération Abidjan ville propre): "Le problème des ordures, on le connaît"

Le Patriote : M. le Maire, quel bilan faites-vous de l’opération « Abidjan ville propre » qui prendra fin dans un mois et demi ?
Akossi Bendjo : Sur les 500 000 tonnes d’ordures estimées, nous avons enlevé la moitié, soit 250 000 tonnes. La Banque mondiale, après avoir fait le tour des différents sites, a apprécié le travail accompli. Puisque c’est elle qui nous a financé, il était important qu’elle vienne voir si l’argent est utilisé à bon escient. Nous avons également une mobilisation exceptionnelle des maires et des populations autour de ce projet. En effet, il y avait deux conditions pour que cette opération connaisse un succès. D’abord la garantie du financement. Cela a été fait grâce à la Banque mondiale. Ensuite, l’implication des maires. Ces deux conditions ont donc permis le succès de l’opération. Maintenant, nous irons plus loin en poursuivant l’opération qui s’étend jusqu’à la mi-juin, pour parfaire cette opération ville propre. Il reste maintenant à discuter avec le gouvernement pour ce qui concerne le contrat d’enlèvement des ordures tous les jours. Ce contrat a expiré le 22 avril dernier et nous avons des propositions à faire au gouvernement, afin que nous puissions réfléchir ensemble sur les changements à apporter pour le règlement définitif du problème des ordures ménagères.

LP : Quelle sera la teneur de ces propositions ?
A B : Nous allons tenir bientôt une réunion avec le Premier ministre où nous allons échanger. Parce qu’avant de commencer l’opération ville propre, nous avons fait des réunions de concertation avec le ministère de l’Intérieur et celui de la Ville et de la Salubrité. Nous avons convenu que chacun ne pouvait pas faire cette opération dans son coin. Nous avons donc harmonisé nos points de vue de façon à travailler ensemble. C’est pour cela qu’un comité de suivi a été mis en place. Ce comité doit non seulement suivre l’opération ville propre, mais en tirer des enseignements et faire des propositions de solutions plus tard. A ce niveau, le comité n’a pas bien fonctionné. Nous allons donc reprendre les réunions pour harmoniser tout cela et faire des propositions au gouvernement à la fois sur le plan institutionnel, financement et celui de la gestion. Je ne peux donc pas présenter ici les propositions.

LP : Il se murmurait que la Banque mondiale n’avait pas encore débloqué les 6 milliards de FCFA nécessaires à l’opération. Quand est-il exactement ?
AB : L’argent a été décaissé. Les entreprises de ramassage ont même reçu des avances pour le démarrage. L’opération se passe correctement. Il n’y a pas de problème de financement.

L P : Quel est exactement le rôle des mairies dans cette opération?
A B : C’est vrai que depuis octobre 2007, il y a un certain nombre de compétences dans la gestion des ordures qui sont revenus au ministère de la Ville et la Salubrité. Mais les maires sont responsables, quelque soit le texte qu’on applique. Moi, quand j’arrive au Plateau, je suis responsable de la propreté. Donc à ce titre, quelque soit le cadre institutionnel, je m’engage. Les maires ont donc dit que l’opération ville propre ne peut se faire sans leur implication. Nous avons demandé la mise en place d’un comité local qui est composé de trois cellules : la cellule opérationnelle qui se charge d’enlever les ordures, la cellule technique de contrôle et de suivi et la cellule de sensibilisation. Toutes ces cellules sont sous la responsabilité du maire et c’est lui qui désigne les membres de chaque cellule. Le maire est donc chargé de suivre l’opération dans sa commune et c’est lui qui donne son accord ou non, pour payer l’opérateur. Les maires ont donc eu la responsabilité opérationnelle de l’opération ville propre et nous estimons que c’est notre rôle. Dans l’avenir, il faudrait que les maires soient responsables de tout ce qui concerne la gestion des ordures dans leur commune. Car se sont eux qui sont en contact avec la population.

LP : Avec la création du ministère de la Ville et de la Salubrité, les mairies avaient été écartées de la gestion des ordures. Aujourd’hui, avec l’opération ville propre, elles reviennent dans la gestion des ordures. Quel commentaire faites-vous ?
A B : Je pense qu’on a fait un décret sans concertation. Il y a eu beaucoup d’à priori. Les problèmes, on les connaît. On sait où ils se trouvent. Nous sommes tous des Ivoiriens, nous sommes un démembrement de l’Etat. Je pense qu’ensemble, nous devons trouver des solutions pour que le travail soit fait au niveau où il le faut. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de dire qui doit faire le travail et qui ne doit pas le faire. Mais de voir comment on s’organise ensemble pour faire correctement le travail. Les maires ont décidé que leur responsabilité est trop engagée pour qu’ils laissent quelqu’un faire le travail à leur place. Donc quelque soit le cadre institutionnel, les maires s’impliqueront et feront leur travail parce que c’est leur responsabilité. Maintenant si les textes s’adaptent pour prendre en compte la volonté des maires de s’impliquer, nous ne ferons que saluer cela.

LP : Vous revendiquez votre implication dans la gestion des ordures. Mais n’est-ce pas votre échec qui a nécessité l’intervention de la Banque mondiale ?
A B : Non, il n’y a pas eu d’échec de la part des maires. La Banque mondiale vient d’arriver. Mais c’est depuis 2007 qu’on nous a enlevé la responsabilité de gestion des ordures. Nous ne sommes donc pas responsables de ce qui se passe. Je l’ai dit, le problème des ordures, on le connaît. Et quand on veut régler un problème, il faut s’asseoir pour discuter, et savoir pourquoi ces problèmes ne sont pas réglés. Et trouver les bons acteurs et contrôleurs pour que chacun joue son rôle dans l’intérêt des populations pour lesquelles nous avons un mandat. Peu importe celui qui doit faire le travail. Il faut s’assurer que le travail est bien fait, au bon endroit et que les résultats sont assurés. Notre responsabilité, c’est d’assurer le bien-être de nos populations à travers un environnement sain. Et personne ne peut le faire à notre place. Maintenant, il faut qu’en accord avec nos tutelles, nous puissions trouver des solutions idoines pour pérenniser la gestion des ordures ménagères dans les années à venir.

LP : Pourquoi en est-on donc arrivé à cette insalubrité généralisée, si comme vous le dites, les maires faisaient leur travail correctement ?
A B : Fondamentalement, c’est le problème de financement. Il y a eu aussi la fermeture de la décharge d’Akouédo. Et c’est l’une des raisons qui a provoqué l’accumulation des ordures dans les rues d’Abidjan. Il a fallu négocier avec les villageois pour ouvrir Akouédo. Quand bien même cette décharge n’est plus adaptée. Donc que ce soit sur le plan technique, administratif ou celui du financement, il y a des choses qui ne sont d’actualité. Il faut absolument s’adapter. Et c’est ce que demandent les maires. Nous avons fait une étude, présentée et validée par l’ensemble des maires. Il faut donc passer à autre chose.

LP : Akouédo n’est plus adapté, que proposez-vous alors ?
AB : Je me souviens que quand nous sommes allés négocier avec les villageois pour la réouverture de la décharge, on avait pris l’engagement de fermer le site dans un délai bien précis. Et la solution alternative proposée était le centre d’enfouissement technique, en attendant de trouver mieux. Parce que le centre d’enfouissement technique en terme environnemental est mieux adapté qu’Akouédo. Cela dit, la résolution de façon pérenne du problème, passe par des études et la concertation pour mettre en place le dispositif et la création d’un cadre institutionnel afin de gérer l’ensemble du problème. Tout cela est connu, mais le problème est qu’on ne veut pas s’asseoir pour discuter. Chacun fait ses études et pense avoir raison. C’est pourquoi, le comité de suivi doit faire des propositions pour trouver des solutions définitives à ce problème. Une fois qu’on aura trouvé les solutions, il faudra que le financement soit garanti pour qu’on n’ait pas des opérateurs qui travaillent sans être payés. On ne peut pas obtenir des résultats d’une société qui n’est pas payée, c’est impossible.

Réalisée par Dao Maïmouna
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