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Politique Publié le mardi 19 mai 2009 | Le Patriote

Guillaume Soro, après le CPC: "La concertation permet de faire tomber les murs de méfiance"

Mesdames et messieurs les journalistes, j’ai décidé de tenir ce point de presse à la suite de la réunion du CPC, pour donner des éléments de réponse sur la conduite du processus de sortie de crise. Je crois qu’à plusieurs reprises, ici même à Ouaga, j’ai été l’objet de sollicitation des journalistes qui voulaient mieux comprendre la suite du processus. Notre position et notre approche ont toujours été de travailler, d’avoir les résultas, un bilan et ensuite, prendre la parole. Si aujourd’hui, je me permets ce point de presse, c’est parce que je considère que mon pays, la Côte d’Ivoire a fait beaucoup de progrès dans le sens de la sortie de crise. Aujourd’hui, nous avons une date, le 29 novembre 2009, pour aller aux élections et ainsi franchir, un cap important pour la normalisation dans notre pays, franchir une étape importante, pour le retour définitif de la paix dans notre pays. Je pense que ce tournant est tout aussi important pour que nous puissions le dire. Alors, on pourrait me rétorquer, M. Le Premier ministre, il y a déjà eu une date qui est le 30 novembre de l’année dernière. Et comme par coïncidence, à un jour prêt, une autre date est donnée. A mon avis, la date du 29 novembre 2009 est une date réaliste. Nous sommes à plus de 6 millions de personnes enrôlées. Ce qui n’était pas le cas le 30 novembre 2008 où nous n’avions même pas 10% de citoyens enrôlés. Aujourd’hui, sur les questions militaires, des progrès notables ont été réalisés. Nous avons un plan de sécurisation des élections, le redéploiement des Forces de défense et de sécurité notamment logées au Centre de commandement intégré (CCI), a commencé à être redéployé. Sur la question de reconstitution des registres d’Etat civil, là aussi c’est un processus qui arrive à achèvement le 20 de ce mois. Donc, on peut considérer qu’il y a eu de grands progrès dans le sens de la sortie de crise et dans l’optique de tenir les élections démocratiques et transparentes. A ce stade, je voudrais lancer un appel aux membres des medias, le CPC nous a recommandé d’ailleurs de faire un travail particulier à l’endroit des médias pour accompagner la Cote d’Ivoire dans le sens de l’accalmie, pour créer un nouvel environnement politique propice à l’organisation d’élections démocratiques et transparentes dans notre pays. C‘est l’occasion aussi de lancer un appel aux acteurs politiques, aux Ivoiriennes, aux Ivoiriens pour, dans un élan de solidarité, d’adhésion aussi, faire en sorte pour que les prochaines élections soient apaisées. Je ne vais pas finir sans dire un mot sur la question économique. Quand le 4 mars 2007, nous avons signé l’Accord politique de Ouaga et que nous avons été nommé Premier ministre le 29 mars 2007, la Côte d’Ivoire avait des délais importants sur le plan économique. Il nous restait exactement deux ans pour atteindre le point de décision de l’Initiative PPTE. Je peux vous dire que cela n’a pas été une tâche aisée. C’était loin d’être de la sinécure. Ce n’était pas la première fois que la Côte d’Ivoire essayait d’obtenir le point de décision. Ceci nous a amenés, contraints par les délais, à prendre parfois des mesures impopulaires mais fortes, quelquefois fermes pour assainir le cadre macro-économique. Mais surtout, pour avoir une gestion rigoureuse des finances publiques. Un certain nombre de mesures ont été préconisées par le FMI et la Banque mondiale. Ce que nous avons dû, dans la rigidité, appliquer. Ceci a eu pour corollaire de créer, de nombreuses tensions de trésorerie, de créer une situation économique difficile dans notre pays. Mais, je peux aujourd’hui dire, qu’avec le point de décision, que nous avons eu le 31 mars 2009, combiner avec la FRPC (Facilitation pour la réduction de la pauvreté), la Cote d’Ivoire a eu, à mon avis, un point historique qui devra compter dans les annales de la gestion économique et financière dans notre pays. Tout ceci nous permet aujourd’hui, avec beaucoup de réalisme, de penser que nous sommes en droit d’être aidés et de faire partager à nos compatriotes, notre foi en des élections démocratiques, transparentes, libres et ouvertes.

Akwaba Saint Clair (Le Nouveau Réveil) : M. Le Premier ministre, vous parlez avec beaucoup d’optimisme alors que le processus de sécurisation des élections est encore au stade embryonnaire et en bute à des difficultés et réticence sur le terrain. Il y a également le sempiternel problème financier qui continue de faire souffrir le processus de paix.

Guillaume Soro : Quand on est à mon poste, il vaut mieux être optimiste sinon, on n’est pas là. On est là pour apporter des solutions à des situations difficiles. C’est pourquoi, la signature d’un accord requiert beaucoup de bonne volonté des uns et des autres.
Vous avez parlé du redéploiement des Forces de sécurité. Je voudrais pour une fois et pour toute, vous dire qu’il n’ y a aucun problème qui concerne le redéploiement des Forces de sécurité. Moi-même, j’ai été chargé par le Président de la République de suivre au quotidien cette questions. Nous avons donné une cartographie du redéploiement des Forces de sécurité sur l’ensemble du territoire. De mémoire, je peux vous dire qu’il y aura 1300 hommes à Abidjan, 1000 hommes à Bouaké. Naturellement, tous les débuts sont quelquefois difficiles. Dans tous les débuts, il peut y avoir des hésitations, mais nous avons tenu toutes les réunions utiles et nécessaires pour faire en sorte que ce processus soit exécuté de la bonne manière. Je suis optimiste parce que j’ai vu le début des audiences foraines. Ce n’était pas évident. Il y avait des hésitations. On a quand même commencé. Cela a marché et a atteint une vitesse de croisière et donné les résultats qu’on connaît. C’est exactement la même chose que l’identification. On a connu des débuts de balbutiement, on a lancé l’opération qui a atteint une vitesse de croisière et cela se déroule aujourd’hui presque banalement. C’est exactement la même chose pour le redéploiement des forces mixtes du CCI. Le CCI m’indique que d’ici le 21 de ce mois, nous aurons achevé de déployer pour Bouaké et pour Abidjan, le chiffre que j’ai indiqué tout à l’heure. Donc, il n’y a pas de problèmes De toutes les façons, l’Accord cadre dit que nous avons le temps de le faire deux mois avant. Nous ne sommes pas encore forclos. Nous encourageons les Forces à travailler rapidement. Nous-mêmes, par rapport aux moyens financiers qu’ils ont réclamés, noua s avons sécurisé ces moyens. Nous avons déjà donné une partie et nous continuons au fur et à mesure, d’approvisionner pour que ce processus soit consolidé.
En ce qui concerne la question financière, aujourd’hui, il est évident que mai 2009 n’est pas mai 2008 et le gouvernement est en train de travailler dans le sens d’une bonne planification pour faire en sorte que le processus ne soit pas à court de financement. Le Directeur de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances est là. Nous avons discuté avec la CEI et les autres structures qui nous ont présenté des budgets et nous sommes en train de travailler là-dessus. Là encore, je suis optimiste.

Jérémie Sié Coulibaly (RTB) : Votre préoccupation, vous l’avez souligné, c’est comment faire pour que ces élections se déroulent dans un cadre apaisé. Quelles sont les conditions à remplir pour atteindre ces objectifs ?

G.S : Le président Compaoré, dans son mot de clôture disait qu’on se retrouverait le 1er décembre, c’est certainement une anecdote, mais cela démontre l’état d’esprit du CPC que nous avons tenu. Je pense qu’à chaque jour, suffit sa peine. Nous sommes actuellement en train de travailler pour faire en sorte que le consensus électoral soit mieux maîtrisé et consolidé. Et je pense que nous avons pris toutes les précautions pour en assurer la transparence à toutes les étapes. Et notre mode de fonctionnement, le consensus. Et sur chaque étape ou programme du processus, nous avons pris le soin de mettre au devant, la palabre africaine pour faire en sorte que les larges et longues concertations qui peuvent agacer certains, soient justement le ferment, le fondement qui permettrait, en dénouant les différentes difficultés, de mettre tous les Ivoiriens d’accord sur ce que devront être les élections certaines. Et je pense que, au fur et à mesure que nous approcherons de la date du 29 novembre 2009, s’ouvrira en Côte d’Ivoire, un dialogue permanent et citoyen pour que les Ivoiriens trouvent par eux-mêmes, les mécanismes pour créer un environnement de sécurité, de convivialité, qui permette d’aller aux élections. Je suis satisfait personnellement, quand on vient aux réunions du CPC de voir aussi bien M. Bédié, M. Ouattara et le Président de la République dans une bonne ambiance et dans une humeur de convivialité. Vous ne savez pas ce qui se passe dans nos huis clos et je suis témoin, mais je crois qu’il y a un motif d’espérer que le patriotisme et le sursaut national pour notre pays, permettent que ces élections se déroulent dans la sérénité.

Marie-Laure Zakri (Radio Côte d’Ivoire) : Comment allez-vous faire pour faire revenir la confiance entre les différents acteurs?

G.S : Je pense que la concertation et la communication permettent de faire tomber les murs de méfiance. J’imagine que vous-mêmes, n’aviez jamais imaginé qu’un jour, le chef de l’Etat et moi-même, serions en mesure, non seulement de travailler ensemble, mais de travailler en bonne intelligence. L’histoire politique récente de notre pays a bien montré que pourvu qu’il y ait la volonté politique, il n’y a aucun problème pour mettre sur la même table, M. Bédié, M. Ouattara et M. Gbagbo. Parce qu’il y a seulement quelques années, M. Ouattara et M. Gbagbo étaient alliés. Il y a seulement quelques années, M. Bédié et M. Gbagbo étaient alliés. Aujourd’hui, M. Ouattara et M. Bédié sont alliés. Pourquoi tous les trois ne seraient pas alliés pour des élections démocratiques et transparentes dans notre pays. Donc, je n’ai pas de doute là-dessus. Je pense qu’on peut le réussir. Et l’objectif du Président Compaoré, c’est de faire en sorte que la classe politique, au delà des intérêts politiques, des intérêt de pouvoir, mettent en avant et en priorité, les intérêts de l’Etat et de la Nation. (…) Il y a 207 centres de collecte qui n’ont pas été ouverts. Est-ce que cela sera fait dans des délais raisonnables ? Dans le communiqué du CPC, nous avons dit qu’il fallait prendre le temps pour enrôler les citoyens, faire en sorte d’avoir le maximum de personnes enrôlées. Donc, nous avons donné une période de juin pour que les centres de collecte qui n’avaient pas été ouverts, le soient. Cela veut dire qu’en fin juin, nous arrêtons l’enrôlement. Bien entendu, dans le calcul de la CEI, il faut prioriser les centres de collectes qui n’avaient pas été visités. Ils nous ont même indiqué que l’enrôlement à l’étranger qui avait été quelque peu retardé, pour des raisons de moyens financiers, des moyens sont en train d’être mis à la disposition de la CEI. Les moyens pour l’intérieur du pays, les 205 centres, sont déjà en place. Cette semaine, le gouvernement a prévu de donner les moyens à la CEI pour l’ouverture et l’enrôlement à l’extérieur. La date du 29 novembre est pour moi une date réaliste. Je suis heureux que les membres du CPC, aient fait un certain consensus autour de cette date.

Alpha Barry (RFI) : Peut-on savoir en termes chiffrés, ce que l’Etat de Côte d’Ivoire doit aujourd’hui à Sagem pour l’identification et ce qui doit être engagé de façon globale?

G.S : Si j’étais sûr qu’en donnant ces détails, vous m’en donnerez les moyens, je pourrai rentrer là dedans. Mais enfin, pour répondre plus sérieusement, la CEI a besoin d’ici le 15 juillet, de 5 milliards. Le Directeur de cabinet du ministre des Finances est là, M. Ahoutou, nous lui avons demandé de prévoir ces fonds pour que le processus électoral ne s’en trouve pas grippé. Avec la Sagem, les discussions continuent. L’Etat de Côte d’Ivoire a déjà payé 49 milliards à Sagem. Sur un montant de 108 milliards qui devraient être payés. Il reste bien entendu 59 milliards. Sagem porte à notre connaissance, d’autres facturations, nous avons suggéré à Sagem, d’autres discussions en Côte d’Ivoire, dans les détails, pour nous mettre d’accord sur un échéancier de paiement. Donc voilà pour les chiffres que je peux vous donner. (….) Mesdames et messieurs les journalistes, une fois n’est pas coutume. Merci pour les questions qui ont été posées. J’espère que pour le prochain CPC, nous pourrons vous donner de bien meilleures informations.


Propos recueillis par
Yves M. Abiet
Envoyé spécial à Ouaga
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