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Politique Publié le vendredi 22 mai 2009 | Le Nouveau Réveil

Lu dans “La lettre du continent” - Gabon : Le palais du bord de mer retient son souffle

Après le décès, le 14 mars, de son épouse "Edith Lucie", le Président Omar Bongo, en repos depuis le 6 mai en Espagne, n'est plus entouré que par ses très proches parents. Deux de ses enfants l'aînée Pascaline Bongo, directrice du cabinet présidentiel, et Ali Bongo, ministre de la Défense gèrent désormais l'agenda du chef de l'Etat, filtrent les visiteurs et conservent les bulletins de santé paternels. En permanence au palais, Fidèle Anjoua, le frère aîné du Président, et André Oyini, son neveu et ex-patron de la Garde présidentielle, assistés du "cousin" Thomas Souah (patron de la société de sécurité privée Sgs), veillent aux relations avec le village profond.
"Ali" à la défense, "Pascaline" aux finances. Porté à la vice-présidence du Parti démocratique gabonais (Pdg, parti au pouvoir) en 2008, Ali Bongo s'active sur tous les fronts (armée, gouvernement, confessions religieuses, etc.). S'étant (officiellement réconcilié avec sa sœur "Pascaline", Ali Bongo se présente comme le futur candidat de son parti à la présidentielle de 2012. Son image restant très mitigée au sein de la population, il compte sur l'armée pour assurer la succession. Il a ainsi favorisé l'accession de ses hommes à des postes sensibles : Jean-Claude Ela Ekogha, un Fang d'Oyem (Nord), qui rêve d'être son ministre de la Défense, est le chef d'Etat-major général de l'armée ; Abel Sougou a été promu à la tête de la gerdarmerie ; Jean Philippe Ntumpa Lebani, ancien attaché militaire à l'ambassade du Gabon à Paris, pilote le Conseil national de sécurité (Cns, coordination des services de renseignement) ; et Abel Oyiba contrôle, depuis décembre 2008, la Dgcism (B2, renseignement militaire). Enfin, la Garde républicaine est commandée par son cousin, le général Grégoire Kouna. Dans les institutions du pays, "Ali" s'appuie sur le président de l'Assemblée, Guy Nzouba Ndama, son conseiller politico-constitutionnel, pour la suite du film… En tant que POUVI-NZEBI, Nzouba Ndama est aussi chargé de rassurer sa communauté qui constitue - avec les TEKES - le socle du pouvoir. D'autres Nzébis comme le Sg du Pdg, Faustin Boukoubi, et le ministre des Travaux publics, le général Flavien Nziengui Nzoundou, devront également mobiliser leurs "frères" face à l'opposant Zacharie Myboto. Si Ali Bongo s'est fait adouber à Paris, il est regardé de travers par deux de ses voisins : le Congolais Denis Sassou Nguesso - qui aspire à devenir le doyen de la sous-région - et par l'Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema qui n'a pas oublié le "raid" d'Ali Bongo en 2002 sur l'Île contestée de Mbanié. Pascaline Bongo demeure pour sa part l'intendante de la famille et… du pays. Les titulaires successifs du ministère des Finances ont toujours travaillé avec et pour elle. Le dernier en date est le grand argentier Blaise Louembé.

Retour au pouvoir d'un Fang ? Malgré quelques incompréhensions, Ali Bongo serait toujours lié à son "pote" André Mba Obame, ministre de l'Intérieur. Détesté par la plupart des "parents" et cadres politiques du Haut-Ogooué (province natale du chef de l'Etat), Mba Obame devrait rester l'un des principaux alliés d'Ali chez les Fangs, le seul capable de neutraliser son oncle Paul Mba Abessole, ex-opposant, actuel vice-Premier ministre et leader des Fangs, qui n'a pas renoncé à se présenter au scrutin de 2012. "Ali" dispose néanmoins d'autres jokers fonds comme le ministre d'Etat François Engongah Owono, dit "Eboué", natif d'Oyem (Nord), Théophile Mba Andeme "Bibi", petit-fils du défunt président Léon Mba et ministre délégué à l'enseignement supérieur, pour perpétrer l'alliance historique Léon Mba/Bongo. Mba Andeme devrait aussi "marquer" son grand oncle, le Premier ministre Jean Eyeghé Ndong, qui pourrait former un tandem avec Casimir Oyé Mba, ministre d'Etat aux Mines et au pétrole, également tenté par la présidentielle de 2012. Enfin, autres farouches adversaires d'Ali : les syndicats et les Ong gabonaises dont l'un des leaders, Bruno Ben Moubamba, annonce la création d'un mouvement politique en juillet "pour combattre la succession monarchique".

In “La Lettre du continent” N°564
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