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Sport Publié le vendredi 22 mai 2009 | Le Repère

Dagobert Banzio (Ministre de la Jeunesse, du sport et loisirs) : “Les installations sportives ne sont pas en cause dans le drame du 29 mars”

L'environnement sportif ivoirien pourrait faire un bond qualitatif avec l'adoption très prochaine par l'Assemblée Nationale du projet de loi sur les activités physiques et sportives en Côte d'Ivoire. Le Ministre de la Jeunesse, du Sport et Loisirs Dagobert Banzio, initiateur de ce projet de Loi, a bien voulu dans une grande Interview accordée à " Le Repère " situer l'intérêt de cette future loi et surtout les nombreux acquis qu'elle pourrait apporter dans le processus de professionnalisation du sport en Côte d'Ivoire. Le premier responsable du Sport en Côte d'Ivoire parle surtout de la question du fonds national de développement, du statut des athlètes de haut niveau. Interview.


Après l'avant projet de loi, nous sommes passés à la phase de projet de loi. Bientôt, ce projet de loi se retrouvera sur la table des députés pour son adoption. A quoi les sportifs ivoiriens doivent s'attendre une fois que ce projet est adopté par les députés ?

Je voudrais dire que c'est après les Etats Généraux qui ont eu lieu en juillet 2008 à Grand-Bassam que l'avant projet de loi relative aux activités physiques et sportives a été adopté. Et cet avant projet de loi qui a été adopté par le mouvement sportif a été transformé en projet de loi qui a été soumis au gouvernement. Il a fait l'objet de beaucoup de débats au niveau du conseil de gouvernement. Des commissions ont travaillé pour prendre en compte les préoccupations. Ce texte a été finalement adopté par le gouvernement. Il se trouve maintenant sur la table du Parlement. J'insiste sur la procédure parce que nous avons fait un avant-projet aux Etats généraux, qui est devenu un projet. Et c'et ce projet qui est allé à l'Assemblée. Entre ce que le gouvernement a adopté et ce que le parlement va adopter, la latitude est laissée au Parlement. Evidemment, nous allons défendre le projet qui a été adopté par le gouvernement. Mais, comme je dis, je ne peux rien garantir, parce que c'est le parlement qui a le dernier mot. Dans tous les cas, ce projet de loi, pour nous, est d'une importance capitale. Parce que dans ce projet, nous avons d'abord donné des précisions en terme de définition. Qu'est-ce qu'on appelle activité physique, qu'est-ce qu'une activité sportive. Qu'est-ce que le Sport pour tous, l'éducation physique et sportive, le sport de masse et le sport de haut niveau ? Après ces étapes, on est arrivé à préciser le champ d'intervention du ministère quand il s'agit du sport scolaire et universitaire, du sport civil, du sport militaire. Le sport scolaire et universitaire par le passé a fait l'objet de beaucoup de problèmes. Cette loi va permettre de donner des précisions pouvant faciliter la collaboration entre les ministères qui sont concernés par cette question (le ministère de l'Education Nationale, de l'enseignement Technique, de l'enseignement supérieur, de la santé et du sport et loisirs), dans la définition de la politique qui est de la prérogative du ministère du Sport, dans l'élaboration des programmes de l'éducation physique par les ministères chargés de l'enseignement en liaison avec le ministère des Sports. Quand on a fini de régler ce problème, il y a la situation même de l'Oissu qui est une structure qui doit répondre de ses ministères chargés du sport et de l'enseignement. L'autre précision importante, ce sont les modalités d'agrément des associations sportives et des fédérations qui jusque-là relevaient du décret de 1968 que nous avons actualisé et qu'on retrouve dans cette loi. Et c'est à ce niveau qu'on précise le statut des associations de type amateur, de type professionnel pour permettre aux fédérations sportives qui veulent bien instaurer le professionnalisme de trouver un cadre adéquat pour ne pas que nous soyons en déphasage avec les textes qui nous régissent.

Dans ce document, la question de la formation a été abordée. L'agrément des centres de formation, le type de formation qui est donnée au niveau de l'Injs et les reformes qui vont avec. De même que la question de la recherche. Un autre volet important est celui des infrastructures sportives. Vous savez que dans des agglomérations, il y a des normes de construction. Quand vous avez un certain nombre de bâtiments, il y a la nécessité de prévoir des aires de jeu pour permettre aux enfants de faire du sport et de se détendre. Et de créer des infrastructures sportives qui sont absolument nécessaires. Dans ce projet, on les a définies. Il y a des infrastructures qui sont communales, il y en a qui sont de statut départemental ou régional. Il y en a d'intérêt national qui répondent aux compétitions de la Caf et de la Fifa (ou si vous voulez qui répondent aux normes internationales). Tout cela pour définir le champ d'intervention de chacun sur le terrain pour qu'il n'y ait pas de conflit de compétence, mais surtout pour que chacun puisse appliquer le principe de subsidiarité et utiliser la collectivité la plus proche de l'action qu'on veut mener pour que cela soit plus efficace. Cette loi crée également le fonds de développement et de promotion du sport qui va permettre dans une certaine mesure d'améliorer les conditions de financement du sport. Notamment la participation aux compétitions, la maintenance de certaines infrastructures et une forme d'institutionnalisation de la parafiscalité. On a abordé la question de l'assurance. Le décret de 1968 avait déjà prévu dans son dernier alinéa que dans un délai d'un an, il puisse avoir une assurance pour tous ceux qui pratiquent le sport. Que ce soient les athlètes de haut niveau, ou ceux-mêmes qui assurent l'encadrement. Nous avons voulu que ces questions soient traitées. Elles l'auraient dû être depuis longtemps.


La faute est à qui ?

Je pense que ça n'a pas été fait. Les ministres en charge du dossier ont dû certainement initier des projets. Moi-même, je l'ai initié en saisissant un actuaire pour qu'il fasse une étude actuarielle et qu'il nous fasse une proposition. Malheureusement…


Quand vous dites les ministres, vous parlez de quels ministres ?

Je ne suis pas le premier ministre des Sports. Je dis les ministres qui se sont succédé ne l'ont pas fait quoique ce soit prévu dans le décret de 1968. Cette loi va nous permettre d'y remédier.
Il est prévu également les distinctions et les récompenses. Mais, il faut déjà noter qu'un des gros problèmes que nous avons aujourd'hui, c'est que les athlètes de haut niveau n'ont pas un statut. Cette loi prévoit le statut de ceux-ci. Comment on définit la liste ? Comment on la met à jour de sorte que ceux qui ont servi au plus haut niveau, on puisse leur prévoir un statut ? Comme quand vous avez été un haut fonctionnaire de l'Etat, un sportif de haut niveau devrait avoir un statut. Il y a des athlètes aujourd'hui, quand ils n'ont rien ils décèdent dans des conditions malheureuses.


Quelles seront les retombées de ce statut ?

Quand on dit un statut, ça veut dire qu'on sait dans quel cadre chacun évolue. Si c'est un athlète de haut niveau, celui qui est sur la liste annuelle des athlètes de haut niveau a droit à quelque chose pendant qu'il est athlète de haut niveau. Celui qui a exercé comme athlète de haut niveau aura droit à une classification qui lui permettra d'avoir un certain nombre d'avantages. L'autre élément, c'est que, si vous avez un athlète de haut niveau qui a le Bac, il peut passer des concours de niveau licence. S'il a une pratique de sport de niveau très élevé, il sera dispensé de certains diplômes et sera éligible à certains concours qui sont d'un niveau supérieur. Les dispositions sont prises. Il y a un décret qui va être pris qui est préparé par le ministre de la Fonction publique et nous-même et les différentes structures qui seront concernées chaque fois qu'on abordera la question du statut de l'athlète.


Ce statut permettra alors une reconversion et une pension aux sportifs de haut niveau ?

Les deux à la fois. Comme vous le dites il y aura une reconversion. Un athlète n'aura pas besoin d'avoir absolument le même niveau que celui qui n'est pas athlète de haut niveau pour passer certains concours. De même celui qui a été athlète de haut niveau, c'est un statut et ça doit lui donner un avantage dans la vie, des avantages d'ordre social etc. Cette loi traite également la question de la coopération internationale et les questions d'arbitrage en cas de conflit entre les fédérations, entre les associations et leur fédération. Et puis des conflits éventuels qui pourraient exister entre le ministère et les fédérations. Donc voilà, c'est une loi importante. Je pense qu'elle va nous aider à institutionnaliser certaines pratiques qui le sont plus ou moins aujourd'hui et puis à mettre le dispositif légal et réglementaire au niveau de la Côte d'Ivoire en phase avec les pratiques dans le monde sportif aujourd'hui.


Après adoption de l'Assemblée Nationale, combien de temps attendra-t-on pour la mise en pratique ?

Quand le projet sera adopté, il deviendra loi de la République. Quand la loi est adoptée en procédure ordinaire. Quand elle sera prolongée, est va entrer en vigueur. Pour que la loi entre en vigueur, il faut prendre tous les décrets qui vont avec. On a énuméré dans ce texte qu'il faut sept (7) décrets. Nous sommes en train de préparer des projets de décrets et quand la loi sera adoptée, ils vont être soumis au gouvernement pour adoption. A partir de ce moment, on appliquera entièrement les dispositions de la loi.


En faisant prendre beaucoup de temps, n'allons nous pas tomber dans la situation habituelle où les dispositions sont prises et malheureusement elles ne sont pas mise en application ?

Vous avez raison de poser cette question. Mais ce que je dois dire est que nous sommes très loin dans la mise en œuvre des recommandations des Etats généraux. Les Etats généraux avaient recommandé l'adoption d'une loi. Pendant ces Etats généraux, on a fait un avant projet qui a été adopté par le gouvernement et qui est maintenant sur la table de l'Assemblée nationale. En principe, la prise des décrets peuvent prendre du temps, mais nous avions déjà rédigé tous les décrets prévus. Cela peut être adopté en une fois seulement, selon le rythme du travail du gouvernement. Dès que c'est adopté, ça entre en vigueur. Mais vous voyez que dès que la loi même est votée, le fonds est créé parce que la loi crée le fonds. La loi ne dit pas on prendra un décret pour créer le fonds. Donc, le fonds de développement est créé. Il restera à prendre un décret pour définir son fonctionnement, les règles. Donc, il y a beaucoup de dispositions qui entrent automatiquement en vigueur dès que la loi est votée. Au niveau du statut, par exemple, il est convenu que dans le domaine sportif, que les athlètes de haut niveau n'ont pas besoin de suivre le même cursus que ceux qui n'ont pas fait du sport. Donc, tout cela est déjà prévu dans la loi. On est obligé d'abord d'avoir des décrets, des arrêtés… mais nous allons faire en sorte que cela se passe dans un espace de temps court.


Avant l'adoption de cette loi, quel est le statut des athlètes de haut niveau ?

Actuellement, il y a deux athlètes de haut niveau qui sont là. Mme Yoda (Mariam Koné) et Mme Allangba (Namama Fadiga).


Ce sont des exceptions…

Ce ne sont pas des exceptions. Vous verrez ici qu'il y a beaucoup d'athlètes de haut niveau. M Boguinard par exemple qui est le directeur des sports de haut niveau était un grand joueur de Football, etc…


Est-ce que cette loi sera retro active, c'est-à-dire qu'elle prendra en compte ceux qui sont déjà sur "la touche"

Vous savez les dispositions transitoires sont complexes. Parce que c'est une question budgétaire. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'à partir de maintenant jusqu'à plus tard quand la loi sera adoptée, les questions vont être appréhendées entièrement. C'est vrai, les athlètes de haut niveau qui ont fait des études sérieuses aujourd'hui sont pris en compte… Mais des athlètes de haut niveau, qui n'ont pas pu économiser, qui n'ont pas eu la chance de faire certaines études sont dans des conditions difficiles.


Vous faites allusion à qui ?

Je ne fais pas allusion à quelqu'un.


Vous les connaissez plus au moinsBien sûr je les connais mais je ne peux pas donner de noms. On ne cite pas ses contemporains. Donc, vous observez, vous savez qu'on a des problèmes. Même là où je vous parle, (Ndlr : le mercredi de l'interviw) Gouaméné Alain m'a appelé tout à l'heure pour donner une contribution pour aider à l'opération d'un athlète de haut niveau qui est gravement malade. Donc, il y a autant de cas. Et si aucune disposition n'est prévue…Voilà des gens qui ont joué dans l'équipe nationale de Côte d'Ivoire que ce soit le Handball, le football, le basket-ball etc… parce qu'ils ont évolué dans un cadre d'amateur, ils n'ont pas fait des études qui leur permettent d'avoir du boulot et qui ont une retraite, se retrouvent aujourd'hui dans des situations difficiles. Cela n'est pas normal et il faut y remédier. Mais évidemment, le Stock de personnes qui sont victimes de cette situation, je ne peux pas garantir qu'on puisse régler tout cela parce que c'est une question budgétaire. Dès que la loi est adoptée, tous ceux qui rentrent sur la liste c'est-à-dire dans la vie de cette loi, leur cas sera réglé. Mais il vaut mieux ne pas accumuler ces problèmes. S'il y a des cas encore qui peuvent être pris en compte, cela sera analysé. Mais, je vous dis que c'est une question budgétaire.


On se rend compte que dans ce projet, le Fonds National pour le développement du sport apparaît important. Comment se fera son alimentation ?

Il ne faut pas réduire cette loi exclusivement au fonds. Sinon, on aurait pu simplement créer le Fonds National. Il y a des règles, les rapports, les conditions d'agrément etc… qui sont des choses aussi importantes.

Vous avez vu toutes les palabres qu'il y a au niveau des fédérations et tous les rapports avec les fédérations internationales, les conditions d'arbitrage pour éviter de recourir à la justice, tout cela a été règlementé. Et puis, il y a la question des infrastructures, le statut des athlètes.
Evidemment, le fonds de développement est un des éléments, mais il est loin d'être le seul. Disons pour alimenter ce fonds, on peut dire que déjà les ressources de la parafiscalité peuvent déjà se retrouver dedans comme tout autres ressources liées à un intérêt dans le sport. Pour l'heure, comme le décret n'est pas pris, je ne peux pas anticiper là-dessus pour dire comment ça va être financé. Il faut déjà adopter la loi avant de voir. Mais, tout le monde sait que le fonds de développement est quelque chose d'important. Ça devrait être un genre d'Epic avec un conseil d'administration qui devrait prendre en compte tous els intervenants au niveau du mouvement sportif pour veiller d'abord à un meilleur recouvrement qui va alimenter ce fonds. Et puis, à une meilleure utilisation de ces ressources dans l'intérêt du développement et de la promotion et du sport.


Est-ce que la mise sur pied de ce fonds résoudrait l'épineux problème de financement des sélections nationales et les clubs ?

Moi, je ne dis pas que c'est un problème épineux puisqu'on le règle au fur et à mesure. Il y a quatre niveaux d'intervention. La première, on fait une programmation d'activités sur la base du programme qui vous est soumis par chacune des fédérations. Et en fonction des ressources, on fait un arbitrage et on retient avant le début de l'année, le programme par fédération. L'autre étape, ce sont les communications qui sont faites au fur et à mesure des délais de programmation. On le fait de façon trimestrielle. Ça suppose que les fédérations nous ont transmis des éléments de base. Quand on a fait la communication qu'elle est adoptée en liaison avec le ministère des Finances et celui des Affaires étrangères, on l'exécute. C'est là qu'intervient le problème de l'approvisionnement, le problème de la trésorerie qui est lié lui-même à la trésorerie de l'Etat. C'est ça la question. Maintenant, si on a un fonds qui est alimenté comme la parafiscalité l’est aujourd'hui, évidemment on ne sera plus trop tributaire des problèmes de Trésorerie de l'Etat. Puisqu'il y aura un approvisionnement à part. Mais est-ce que cela suffira pour solutionner tous les problèmes du Sport ? Dans tous les cas, cela va améliorer les conditions de traitement des problèmes.


Justement, parlant des sorties des équipes ivoiriennes, il y a souvent des accusations contre vous. Comment cela se passe pour que chaque fois les gens se plaignent quant au financement de leurs sorties ?

Je dirais un peu le contraire. C'est vrai, se sont les dernières déclarations qu'on retient mais nous, quand nous arrivions ici, je crois qu'il était plus courant de n'est pas être financé que d'être financé. Il était plus courant que les équipes désistent parce qu'il n'y avait pas les moyens pour voyager. Aujourd'hui, on a pu réduire cette situation. La Côte d'Ivoire est dans un processus de sortie de crise. Il faut reconnaître que le sport a contribué beaucoup au retour de la paix en Côte d'Ivoire. Malgré cela, les contraintes budgétaires font que quelquefois, quand il y a un certain arbitrage, il arrive que ce soit fait au détriment de certains secteurs comme le sport. Alors que les activités sportives, leur programmation ne dépendent pas de notre volonté. Ce sont les structures internationales qui programment. Que nous ayons de l'argent ou pas nous devons être présents. C'est ça la question fondamentale. Mais, ce qui est l'objet de ce débat, c'est que tous les acteurs du sport savent que nous faisons ce que nous avons à faire. Quelquefois, il arrive que cela ne soit pas dans le délai. Quand on a fait tout à ce niveau, ce qui reste comme question importante, c'est la question du financement. Celle-ci ne dépend pas absolument du ministère des Sports. J'espère toujours que ceux qui animent les fédérations, certaines personnalités, se mettent avec nous pour qu'on puisse aider à la mobilisation des ressources plutôt que d'attaquer le ministère.


Vous dites que le financement ne dépend pas du ministère, ça dépend de qui alors ?

De la trésorerie de l'Etat, même si le ministre des finances a signé la communication, cela veut dire qu'il est d'accord. Mais, si au moment où on a besoin d'argent, la trésorerie ne permet pas qu'il nous mette des fonds à disposition, que voulez-vous qu'on fasse ? Tout ce que nous avons à faire, c'est de faire en sorte que dans la priorité on puisse nous classer parmi les priorités pour être approvisionné. C'est ce débat qui vaut la peine d'être mené. Mais, nous ne devons pas nous tirailler parce que ce que nous devons rechercher c'est que le ministère des Finances puisse financer nos activités. Mais de façon générale, quand nous avons des performances, les gens mobilisent vite les fonds, mais quand on est dans une phase de mauvais résultats, les cadres qui traitent les dossiers même les petits agents du ministère des finances, parfois ne sont pas pressés de le faire parce que quoi qu'on dise tous les ivoiriens sont affectés quand les résultats ne sont pas bons. Mais, quand il y a les résultats, tout le monde est pressé de traiter nos dossiers. Les palabres qu'il y a entre les disciplines ne servent à rien. Si le football n'est pas performant, vous risquez de traîner avec les dossiers du handball ou du basket-ball. De même, quand le hand-ball n'est pas performant, c'est la même chose sur les autres disciplines. J'entends souvent dire qu'on favorise le football. Mais si le football marche, il est plus facile de mobiliser les fonds au niveau des autres disciplines.


Nous avons fait le constat selon lequel il y a trop de complaisance dans le choix des personnes qui composent les délégations lors des missions sportives hors du pays. Quels sont les critères de choix de ses personnes là ?

Tel que vous avez formulez votre question, elle ne saurait convenir. Les délégations sont composées de la manière suivante. La fédération qui vient, compose ses délégations avec les athlètes, l'encadrement technique, les responsables administratifs de la fédération. Nous ne pouvons pas dire que tout ce monde n'a pas sa place dans la mesure où c'est la fédération même qui choisit les personnes. Alors, pourquoi voulez-vous que je donne une appréciation sur des personnes qui ont été désignées par leur fédération. Chaque fédération choisit ses hommes. Je n'ai pas de jugement à donner. En plus de ceux-là, le ministère est représenté. Ou bien je suis là ou je choisis un représentant. Qui a le pouvoir de juger celui que moi j'envoie ? Si le ministre des Sports se fait représenter, pourquoi une fédération peut y porter un jugement ? S’il est question de l'équipe nationale, c'est tout à fait normal que nous nous en préoccupions. Quand le ministre voyage, il va avec son attaché, son chargé de mission etc. Compte tenu de la dimension de l'événement, il y a toujours un technicien qui fait partie de la mission. Il peut être le sous-directeur des sports ou le directeur des sports ou d'autres spécialistes. C'est vous dire qu'au ministère, nous ne choisissons pas les gens au hasard. Je pense que les fédérations en font de même. Je ne sais pas quel est le sens de ces commentaires. Lorsque j'ai tenu ma conférence de presse, personne n'a pu me contredire. Quand les fédérations constituent leurs délégations, souvent elles ne veulent pas que le ministère soit représenté. Mais écoutez, vous allez à une compétition pour représenter la Côte d'Ivoire et vous ne voulez pas que l'Etat soit représenté alors que c'est l'Etat qui finance. Quand nous donnons notre argent, nous voulons être sûr qu'il est bien utilisé parce que quand tout se passe mal, c'est le ministère qui est attaqué. Il y a même certains présidents de fédération qui demandent parfois la présence du gouvernement, du ministre des sports pour faire taire certaines velléités. Je ne comprends pas tout le débat qui est fait. Je le dis toujours, qu'il s'agisse de l'athlétisme, du Rugby, de la natation, du football ou d'une autre discipline, l'Etat est obligé d'être présent parce qu'il s'agit d'une affaire nationale. Ce n'est pas un privé qui représente la nation ivoirienne. Le président est élu, le député est élu, le gouvernement parle au nom du peuple et qui a délégué ses pouvoirs à un ministre qui est celui des sports et c'est lui qui doit aller défendre tout ce qui est officiel.


Vous avez parlé d'une éventuelle évolution professionnelle du sport en Côte d'Ivoire. Est-ce que l'environnement s'y prête ?

Quand je prends trois disciplines, le basket, le hand-ball et le football, quel est le statut des athlètes ? Au football, pour la 1ère division, c'est clair, les athlètes ont une rémunération mensuelle. C'est du professionnalisme qui ne dit pas son nom. Ce sont des associations a but non lucratif. Comment une structure à but non lucratif peut dégager des moyens pour payer des athlètes ? Enfin de saisons, l'on ne sait pas sur quelle base les contrats sont renouvelés. Il y a un déphasage entre la pratique et les textes. Donc, nous ne faisons que rattraper la pratique en aménageant nos textes. Les textes prévoient les associations de type amateur, les associations de type professionnel. Les associations qui sont de type professionnel peuvent créer des sociétés avec des actionnaires afin de permettre à la structure de disposer de beaucoup de ressources.


Où en sommes-nous avec la coopération sportive entre la Côte d'Ivoire et les autres nations du monde. Où en sommes-nous avec le vote de la loi ?

La coopération internationale peut-être inter-gouvernementale, inter-fédérations ou inter-associations. Pour les fédérations, avant qu'elles ne s'affilient à une fédération internationale, il faut qu'elles informent au préalable le ministre des sports pour éviter certains désagréments au niveau diplomatique. Les relations qui existent maintenant entre les fédérations, les confédérations et les fédérations internationales sont très bonnes. Nous venons de régler une situation fâcheuse avec IAF. Au niveau de l'inter gouvernemental les relations sont aussi bonnes. Il y a des conventions actives. Surtout celles avec l'Allemagnes, L'Espagne. Pour la France, les choses sont en cours de finalisation. Mais, il y a beaucoup d'activités qui sont lancées. Vous avez vu que l'ambassadeur de France nous a honorés avec tout ce qu'il a fait pour le mouvement sportif, notamment la réhabilitation des stades de Daloa, de Gagnoa et tout l'appui qu'il a apporté au mouvement de jeunesses dans le cadre de chantier école. Nous avons des accords de coopération qui fonctionnent nous permettant de recevoir des formateurs ou des athlètes ou des gens à former dans les autres pays de la sous-région. Nous allons intensifier nos actions lorsque nous aurons signé avec la Chine, la France et l'Angleterre et tous les grands pays sportifs du monde.


Nous allons revenir à la para-fiscalité. Est-ce que vous avez le sentiment que celle subvention apportée aux fédérations leur a été utile ?

Cela a amélioré les rapports entre les fédérations et nous parce que de façon régulière nous sommes obligés de nous revoir, pas seulement sur les compétitions. Et puisque c'est une évaluation annuelle des performances et des contre-performances des fédérations, cela oblige nos services à être très regardants puisque la para-fiscalité à son pendant qui est la convention d'objectifs. Certaines fédérations qui n'avaient pas de siège en ont eu, qui n'avaient pas de permanences en ont eu. Le début est pédagogique et cela va devenir structurel avec le temps. A l'égard des besoins des fédérations, nous pouvons dire que cela est insuffisant.


Les Ivoiriens dénoncent la vétusté du palais des sports. Qu'est-ce qui bloque sa réhabilitation ?

Les appels d'offres devraient être ouverts lundi. Ils ont demandé un report d'une semaine, c'est ce qui a été fait. Ce sera le lundi prochain que les offres seront ouvertes pour voir laquelle des entreprises sera tributaire. Une étude a été faite par un cabinet d'étude qui a été mandaté par le BNETD parce que l'ouvrage qui pose problème est un ouvrage complexe. L'étude a été faite, le dossier technique a été préparé. Sur le budget de l'Ons, nous avons les moyens pour pouvoir prendre en charge la réhabilitation du palais des sports, un ouvrage complexe ne doit pas être confié à n'importe qui. Il y avait trois qui avait été retenus au départ et qui n'ont pas répondu compte tenu de la complexité de l'ouvrage. Donc, ce ne sont pas des choses simples. Regardez les événements du stade FHB. C'était une bousculade entre les spectateurs qui ont défoncé le portail. Mais imaginez-vous si c'était la faute de l'ouvrage. Si c'est la réouverture du palais qui préoccupe les gens, sans régler les conditions préalables, moi, je ne peux pas assumer une telle situation. Déjà, le drame du stade FHB est trop pesant, déplorable et très grave. C'est dommage que des gens jouent sur le bitume dehors sous le soleil. Ceci explique clairement que nous n'avons pas d'infrastructures en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas normal que nous ayons une seule salle couverte à Abidjan. Il faut faire un effort pour bâtir des salles de capacité modeste et de coût modeste dans chaque quartier d'Abidjan. Il nous appartient de faire un plan quinquennal d'équipement des quartiers d'Abidjan et des grandes villes de l'intérieur. L'étude a déjà commencé avec l'évalation. J'ai déjà choisi les modèles avec l'ingénieur Bamba. Nous allons l'évaluer et transmettre le dossier au ministère de la construction afin que l'on puisse prendre la décision de construire deux ou trois salles par an. Si c'est trois, on pourra construire deux à Abidjan et une à l'intérieur. Nous avons vraiment un déficit très important. Un autre élément qui concerne la capacité du stade FHB. Il est important que nous puissions avoir un stade comme celui du Caire qui a une capacité de 100.000 places et qu'à Yamoussoukro il puisse avoir un stade de 50.000 places. Il faut également deux stades olympiques. Pourquoi mais nous ne devons pas investir dans le domaine du sport alors que la Côte d'Ivoire investit beaucoup ? Quand vous suivez la coupe d'Europe, c'est agréable. Aucun pays au monde n'est privé de ces matches. Lorsque ce sont des Ivoiriens qui jouent ces matchs, cela fait la publicité de la Côte d'Ivoire. L'ivoirien Drogba, l'ivoirien Kolo, l'ivoirien Yaya, c'est eux qui font la publicité du pays.


Plus d'un mois après où en sommes-nous avec le drame du stade FHB ? Vous avez demandé que toutes les responsabilités soient situées. Où en sommes-nous aujourd'hui concrètement ?

Dès le lendemain des événements, le président Gbagbo a saisi le procureur de la république. C'est vous-mêmes (les journalistes) qui nous informez qu'il devrait donner son rapport aujourd'hui (Ndlr : Le mercredi dernier). Son rapport est bien avancé. Le gouvernement a aussi décidé d'une enquête administrative, plus un audit sécuritaire, technique et de la billeterie. Le premier ministre a pris un décret pour que cet audit soit fait. Tous les éléments sont réunis. Mais, je ne peux pas vous dire à quel moment les rapports seront disponibles. Il y a eu le diagnostic à faire au niveau du stade et il fallait préconiser des mesures pour ne plus connaître une telle situation. La commission sécuritaire technique doit proposer des mesures de sécurisation, des petites méthodes d'organisation de manifestations afin que les mouvements de foule soient le plus loin possible des entrées. Il faut qu'on ait un système de vidéo surveillance pour pouvoir reconstituer certains évènements.

Il y a une rumeur selon laquelle la FIFA pourrait suspendre le stade FHB.
Moi, je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que le stade n'est pas en cause. Les installations sportives ne sont pas en cause. C'est la manière de gérer les alentours du stade qui n'a pas marché et la mauvaise gestion du flux de spectateurs. L'enquête va clarifier tout et l'audit va nous permettre d'y remédier.

Etes-vous optimiste pour les deux prochains matchs des Eléphants ?
J'ai demandé aux responsables de la Fif de venir afin que nous ayons une séance de travail relative à ces deux matchs. Puisque le Président Anouma est hors du pays, nous aurons certainement cette réunion vendredi (Ndlr : aujourd'hui). C'est après cette rencontre que je pourrai me prononcer en ayant tous les éléments. Tout le monde sait que ces deux matchs sont très importants. J'ai lu dans la presse que certains de nos adversaires seraient menacés dans leur pays : En attendant ce match contre la Côte d'Ivoire, ce matin (Ndlr : Mercredi dernier), j'ai reçu un courrier de condoléances du ministre guinéen des sports, de la jeunesse et de la culture dans le cadre du drame. Nous avons de bons rapports avec les ministres de la sous-région. Nous allons travailler pour que nos bons rapports demeurent et soient Fair-play. Je ne doute pas que les Eléphants puissent bien se comporter. Avant les grands matchs comme convenus nous devons nous retrouver pour prendre les mesures qui s'imposent. Nous avons déjà tout réglé avec le ministère de l'Economie. C'est la disponibilité des fonds qui manque en fonction des compétitions. Mais puisque nous avons suffisamment de temps, le DAAF et le régisseur sont déjà à pied d'œuvre pour réunir les moyens.

Interview réalisée par Eddy Péhé, Jérôme Dehi
et Foumséké Coulibaly
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