Le Centre régional des œuvres universitaires a entrepris une vaste opération d’assainissement.
En remettant des badges aux commerçants ayant fait l’objet de recensement, le 12 février dernier, le Directeur général du Crou, Séka Obodji, a montré sa volonté d’engager des réformes dans le secteur du petit commerce à l’université. Il entend mettre fin à l’anarchie qui règne dans ce milieu et restructurer l’occupation spatiale. Cette opération va, selon lui, déboucher sur un recasement des commerçants où ne seront pris en compte que ceux qui ont été identifiés. Elle permettra aussi de libérer les voies des conteneurs et autres baraques qui enlaidissent l’environnement du campus.
L’action entamée par M. Obodji est applaudie par les familiers du temple du savoir. Selon Gbogou Agotio Julien, nommé le 30 juin 2008 chef de la cellule du commerce à la Direction générale du Crou, «ce secteur a échappé à l’autorité à la faveur de la crise, et certaines personnes sont venues s’installer (…) Chacun s’installe où il veut, sans aucune autorisation, c’est l’anarchie.»
Se souvenant de ses années universitaires (1995 à 2000), Il fait remarquer qu’il n’y avait pas tout ce désordre. Juste quelques Guinéens qui tenaient des boutiques. Mais aujourd’hui, la situation a atteint le seuil de l’intolérable. Pour le recensement des commerçants qui a commencé depuis le mois de décembre, les 19 résidences universitaires sont concernées. «Nous faisons du porte-à-porte; cela va prendre du temps. Mais nous voulons faire un travail sérieux», explique M. Agodio. «Il est question de faire en sorte que les installations soient déguerpies, mais nous ne pouvons jeter à la rue ces personnes qui se débrouillent, nous allons les placer sur un site d’accueil. Le commerce est utile à l’étudiant, ce sont des insuffisances qui ont favorisé cette situation», poursuit-il.
L’une de ces insuffisances est que les étudiants n’achètent plus les livres, ils se contentent de les reproduire; ce qui fait prospérer le marché de la photocopie. De plus, ils sont confrontés à un problème de nourriture, du fait de la défaillance des restaurants universitaires qui n’offrent qu’un seul repas par jour parce que le Trésor doit aux prestataires plus d’un milliard de Fcfa. Ce qui favorise la floraison des lieux de restauration qui, malheureusement, ne sont pas toujours salubres. Face à cette situation, la prise de mesures courageuses s’impose. La majorité des 326 commerçants recensés sur le campus et un peu plus de 2000 dans l’ensemble des 19 résidences universitaires sont des étudiants. Or, «les petits commerces font qu’il n’y a pas de propreté sur le campus, nous sommes dans une jungle. Si notre projet va à terme, ce sont des choses qu’on ne verra plus», soutient M. Agodio. Le séminaire de réflexion qui a eu lieu les 17 et 18 novembre 2007 à l’Iiao de Grand-Bassam sur l’amélioration des conditions de vie des étudiants dans les résidences universitaires a pesé de tout son poids dans l’acceptation du projet par tous. Il a surtout démontré que les syndicats estudiantins peuvent collaborer «sans que la tête de personne se retrouve dans une marmite». Comme l’a signifié un responsable de la Fesci qui voulait qu’on arrête de les diaboliser. A Bassam, ils étaient seize organisations à avoir planché et fait des propositions pour améliorer l’image de l’université. Pour l’environnement du temple du savoir, ils ont souhaité que soient créés des centres commerciaux modernes pour éviter les installations anarchiques; et invité à une prise de conscience et de responsabilité face à la prolifération des maquis. Il a aussi été question de redéfinir et vulgariser le règlement intérieur dans les cités universitaires.
A cette rencontre qui pourrait être qualifiée d’historique, les étudiants ont souhaité la manifestation d’une volonté politique de mettre fin à l’impunité. Et la restauration de l’autorité de l’Etat dans les cités universitaires. Ainsi que le respect des libertés et de la démocratie, l’éducation des militants de base, et la création d’un cadre permanent de concertation et de prise de conscience des étudiants pour éviter d’être manipulés par la classe politique. Bref! Bassam a offert un cadre pour débattre de tout. Cependant, Sampa Adouko Hyacinthe, responsable de l’Union des mouvements estudiantins (Umesci), affirme que jusque-là, rien n’a véritablement été fait.
C’est pour cela qu’il estime que le travail abattu par l’actuel Dg du Crou mérite d’être encouragé. Même s’il reconnaît que la chose n’est pas aisée. «Beaucoup d’étudiants sont propriétaires de hangars et de petits maquis. Nous sommes obligés de faire ces petits commerces pour survivre… Nous sommes à 95% issus de familles pauvres», explique-t-il. Pour Sampa Adouko, si les étudiants étaient boursiers, ils ne s’adonneraient pas aux activités commerciales ou au racket. Il n’a pas manqué d’ailleurs de spécifier qu’aucune association estudiantine ne pratique le racket. L’argent des commerces va dans les caisses du Crou. «Aujourd’hui, il y a une véritable paix à l’université, avec le mandat du camarade Mian Augustin qui a réussi à mettre les étudiants en confiance, je lui tire mon chapeau». Comme pour dire que les conditions sont réunies pour permettre au Dg du Crou de bien faire son travail. «Nous avons besoin d’une véritable réorganisation. Trop de constructions anarchiques ne rendent pas la vie agréable», déclare-t-il. Avant d’ajouter que M. Séka Obodji doit effectivement associer toutes les organisations syndicales à son projet.
Quant à Nando Serges, le secrétaire général du Syndicat national des étudiants en science de la santé (Syness), il met le nombre pléthorique d’étudiants (68.000 au lieu de 6000) au compte de l’anarchie qui règne à l’université. Il dénonce aussi le fait qu’au niveau de l’administration, les commerçants n’aient pas d’interlocuteurs. Et que ce désordre soit toléré parce que leurs installations permettent aux étudiants de se restaurer. Malheureusement, déplore-t-il, «il se pose un problème d’hygiène dans ces baraques». C’est pour cela que Nando Serges salue l’action de l’actuel Dg parce qu’à un moment donné, le Crou avait démissionné. «Il a été sous-directeur du logement, cela veut dire qu’il connaît bien le milieu. Notre rôle est de l’aider à faire en sorte que tout se passe bien». Etant du domaine de la santé, le Sg du Syness estime qu’il faut réfléchir à l’assainissement de ces lieux de restauration anarchiques. Très pointilleux, il estime qu’il faut voir si les cuisinières qui y évoluent ont fait leur bilan médical, et si les assiettes qu’elles utilisent sont propres. «Actuellement, nous essayons de sensibiliser à la propreté. Nous sommes en relation avec le centre médical du Crou pour installer les médecins de cité. Quand ce sera fait, nous allons organiser un séminaire avec les commerçants afin de leur apprendre les méthodes d’assainissement et de désinfection». Mais pour y arriver, la confiance doit être de mise. «Nous sommes les seules structures médicales à mobiliser le plus de médecins. Quand nous sommes arrivés, les gens avaient leurs habitudes. Les hommes sont disposés à se mettre à la tâche, mais il faut de l’argent, le milieu des étudiants est compliqué», soutient-il. Le Dg du Crou est, selon ce syndicat, en phase avec le séminaire de Bassam, et il veut contribuer à offrir de meilleures conditions de vie aux étudiants.
Même son de cloche du côté de la Fesci. Iriébi Germain, le secrétaire aux finances de cette organisation, apprécie l’action menée par le directeur général du Crou. «Nous estimons que la chose est bien venue. Aujourd’hui, compte tenu du surpeuplement dans nos résidences universitaires, il est important de mettre de l’ordre». Aussi, «dès l’arrivée de M. Séka Obodji, avons-nous estimé, avec l’avènement du camarade Mian Augustin, que la Fesci devait être responsable dans tout ce qu’elle fait. Il était donc important pour nous de remettre à César ce qui est à César». Le responsable aux finances de la Fesci a fait comprendre que les cités «U» sont le patrimoine du Crou. Il est donc important, selon lui, qu’à un moment donné le Dg prenne ses responsabilités en mettant de l’ordre.
Il apprécie aussi la décision de M. Séka Obodji de ne pas détruire tout de suite les petits commerces, afin de permettre aux étudiants qui les tiennent de trouver d’autres sources de revenus.
Marie-Adèle Djidjé
En remettant des badges aux commerçants ayant fait l’objet de recensement, le 12 février dernier, le Directeur général du Crou, Séka Obodji, a montré sa volonté d’engager des réformes dans le secteur du petit commerce à l’université. Il entend mettre fin à l’anarchie qui règne dans ce milieu et restructurer l’occupation spatiale. Cette opération va, selon lui, déboucher sur un recasement des commerçants où ne seront pris en compte que ceux qui ont été identifiés. Elle permettra aussi de libérer les voies des conteneurs et autres baraques qui enlaidissent l’environnement du campus.
L’action entamée par M. Obodji est applaudie par les familiers du temple du savoir. Selon Gbogou Agotio Julien, nommé le 30 juin 2008 chef de la cellule du commerce à la Direction générale du Crou, «ce secteur a échappé à l’autorité à la faveur de la crise, et certaines personnes sont venues s’installer (…) Chacun s’installe où il veut, sans aucune autorisation, c’est l’anarchie.»
Se souvenant de ses années universitaires (1995 à 2000), Il fait remarquer qu’il n’y avait pas tout ce désordre. Juste quelques Guinéens qui tenaient des boutiques. Mais aujourd’hui, la situation a atteint le seuil de l’intolérable. Pour le recensement des commerçants qui a commencé depuis le mois de décembre, les 19 résidences universitaires sont concernées. «Nous faisons du porte-à-porte; cela va prendre du temps. Mais nous voulons faire un travail sérieux», explique M. Agodio. «Il est question de faire en sorte que les installations soient déguerpies, mais nous ne pouvons jeter à la rue ces personnes qui se débrouillent, nous allons les placer sur un site d’accueil. Le commerce est utile à l’étudiant, ce sont des insuffisances qui ont favorisé cette situation», poursuit-il.
L’une de ces insuffisances est que les étudiants n’achètent plus les livres, ils se contentent de les reproduire; ce qui fait prospérer le marché de la photocopie. De plus, ils sont confrontés à un problème de nourriture, du fait de la défaillance des restaurants universitaires qui n’offrent qu’un seul repas par jour parce que le Trésor doit aux prestataires plus d’un milliard de Fcfa. Ce qui favorise la floraison des lieux de restauration qui, malheureusement, ne sont pas toujours salubres. Face à cette situation, la prise de mesures courageuses s’impose. La majorité des 326 commerçants recensés sur le campus et un peu plus de 2000 dans l’ensemble des 19 résidences universitaires sont des étudiants. Or, «les petits commerces font qu’il n’y a pas de propreté sur le campus, nous sommes dans une jungle. Si notre projet va à terme, ce sont des choses qu’on ne verra plus», soutient M. Agodio. Le séminaire de réflexion qui a eu lieu les 17 et 18 novembre 2007 à l’Iiao de Grand-Bassam sur l’amélioration des conditions de vie des étudiants dans les résidences universitaires a pesé de tout son poids dans l’acceptation du projet par tous. Il a surtout démontré que les syndicats estudiantins peuvent collaborer «sans que la tête de personne se retrouve dans une marmite». Comme l’a signifié un responsable de la Fesci qui voulait qu’on arrête de les diaboliser. A Bassam, ils étaient seize organisations à avoir planché et fait des propositions pour améliorer l’image de l’université. Pour l’environnement du temple du savoir, ils ont souhaité que soient créés des centres commerciaux modernes pour éviter les installations anarchiques; et invité à une prise de conscience et de responsabilité face à la prolifération des maquis. Il a aussi été question de redéfinir et vulgariser le règlement intérieur dans les cités universitaires.
A cette rencontre qui pourrait être qualifiée d’historique, les étudiants ont souhaité la manifestation d’une volonté politique de mettre fin à l’impunité. Et la restauration de l’autorité de l’Etat dans les cités universitaires. Ainsi que le respect des libertés et de la démocratie, l’éducation des militants de base, et la création d’un cadre permanent de concertation et de prise de conscience des étudiants pour éviter d’être manipulés par la classe politique. Bref! Bassam a offert un cadre pour débattre de tout. Cependant, Sampa Adouko Hyacinthe, responsable de l’Union des mouvements estudiantins (Umesci), affirme que jusque-là, rien n’a véritablement été fait.
C’est pour cela qu’il estime que le travail abattu par l’actuel Dg du Crou mérite d’être encouragé. Même s’il reconnaît que la chose n’est pas aisée. «Beaucoup d’étudiants sont propriétaires de hangars et de petits maquis. Nous sommes obligés de faire ces petits commerces pour survivre… Nous sommes à 95% issus de familles pauvres», explique-t-il. Pour Sampa Adouko, si les étudiants étaient boursiers, ils ne s’adonneraient pas aux activités commerciales ou au racket. Il n’a pas manqué d’ailleurs de spécifier qu’aucune association estudiantine ne pratique le racket. L’argent des commerces va dans les caisses du Crou. «Aujourd’hui, il y a une véritable paix à l’université, avec le mandat du camarade Mian Augustin qui a réussi à mettre les étudiants en confiance, je lui tire mon chapeau». Comme pour dire que les conditions sont réunies pour permettre au Dg du Crou de bien faire son travail. «Nous avons besoin d’une véritable réorganisation. Trop de constructions anarchiques ne rendent pas la vie agréable», déclare-t-il. Avant d’ajouter que M. Séka Obodji doit effectivement associer toutes les organisations syndicales à son projet.
Quant à Nando Serges, le secrétaire général du Syndicat national des étudiants en science de la santé (Syness), il met le nombre pléthorique d’étudiants (68.000 au lieu de 6000) au compte de l’anarchie qui règne à l’université. Il dénonce aussi le fait qu’au niveau de l’administration, les commerçants n’aient pas d’interlocuteurs. Et que ce désordre soit toléré parce que leurs installations permettent aux étudiants de se restaurer. Malheureusement, déplore-t-il, «il se pose un problème d’hygiène dans ces baraques». C’est pour cela que Nando Serges salue l’action de l’actuel Dg parce qu’à un moment donné, le Crou avait démissionné. «Il a été sous-directeur du logement, cela veut dire qu’il connaît bien le milieu. Notre rôle est de l’aider à faire en sorte que tout se passe bien». Etant du domaine de la santé, le Sg du Syness estime qu’il faut réfléchir à l’assainissement de ces lieux de restauration anarchiques. Très pointilleux, il estime qu’il faut voir si les cuisinières qui y évoluent ont fait leur bilan médical, et si les assiettes qu’elles utilisent sont propres. «Actuellement, nous essayons de sensibiliser à la propreté. Nous sommes en relation avec le centre médical du Crou pour installer les médecins de cité. Quand ce sera fait, nous allons organiser un séminaire avec les commerçants afin de leur apprendre les méthodes d’assainissement et de désinfection». Mais pour y arriver, la confiance doit être de mise. «Nous sommes les seules structures médicales à mobiliser le plus de médecins. Quand nous sommes arrivés, les gens avaient leurs habitudes. Les hommes sont disposés à se mettre à la tâche, mais il faut de l’argent, le milieu des étudiants est compliqué», soutient-il. Le Dg du Crou est, selon ce syndicat, en phase avec le séminaire de Bassam, et il veut contribuer à offrir de meilleures conditions de vie aux étudiants.
Même son de cloche du côté de la Fesci. Iriébi Germain, le secrétaire aux finances de cette organisation, apprécie l’action menée par le directeur général du Crou. «Nous estimons que la chose est bien venue. Aujourd’hui, compte tenu du surpeuplement dans nos résidences universitaires, il est important de mettre de l’ordre». Aussi, «dès l’arrivée de M. Séka Obodji, avons-nous estimé, avec l’avènement du camarade Mian Augustin, que la Fesci devait être responsable dans tout ce qu’elle fait. Il était donc important pour nous de remettre à César ce qui est à César». Le responsable aux finances de la Fesci a fait comprendre que les cités «U» sont le patrimoine du Crou. Il est donc important, selon lui, qu’à un moment donné le Dg prenne ses responsabilités en mettant de l’ordre.
Il apprécie aussi la décision de M. Séka Obodji de ne pas détruire tout de suite les petits commerces, afin de permettre aux étudiants qui les tiennent de trouver d’autres sources de revenus.
Marie-Adèle Djidjé