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International Publié le mercredi 27 mai 2009 | Islam Info

France Les premiers pas de l`«imam» des gendarmes

Avec le grade de capitaine, l'aumônier musulman Mohamed-Ali Bouharb veut organiser un pèlerinage militaire à La Mecque.

Portrait

Deux grands drapeaux, français et européen, ornent son local retranché au deuxième étage du fort militaire de Charenton, à Maisons-Alfort. Un portrait officiel du président Sarkozy et l'Appel du 18 juin complètent le décor somme toute assez classique s'il n'y avait, sous un tableau blanc, ces deux divans orientaux tendus d'un tissu moiré émeraude et or. Ainsi qu'un exemplaire du Coran posé à côté de l'ordinateur. Le bureau de Mohamed-Ali Bouharb, récemment nommé premier aumônier musulman de la gendarmerie, ne laisse guère indifférent.

À 32 ans, ce capitaine reçoit en uniforme noir et par une vigoureuse poignée de main. Tenant son képi où a été brodé le croissant de lune, symbole de l'islam, entre deux rameaux d'olivier, il toise son hôte d'un regard bleu azur rappelant le ciel tunisien de ses aïeux. Père de deux jeunes enfants, il est marié à un agent de la brigade des douanes. «Elle possède un pistolet, mais son arme, instrument de coercition, est moins puissante que la mienne qui offre le soutien de la religion», sourit-il. Celui qui a fait sa «déclaration d'amour profond à Allah vers 17 ans» a fréquenté les mosquées de Rouen et du Havre pour suivre des séminaires de formation.
Fort en thème ayant commencé des études scientifiques, Mohamed-Ali Bouharb invoque une sempiternelle «quête de sens» pour expliquer son changement de cursus et son «coup de foudre» pour la sociologie puis les sciences du langage. À l'évidence, le jeune homme maîtrise les techniques d'interaction verbales, avec un art consommé de la rhétorique.

Sans détour, l'aumônier affirme : «Apprendre à communiquer est devenu indispensable pour évoquer l'islam, tant la confusion des genres est grande quand on assimile cette religion à l'intégrisme, voire au terrorisme…».

Pionnier à plus d'un titre, celui qui se surnomme le «petit jeune aumônier» fut aussi l'année dernière le major de la première promotion du cursus «religion, laïcité et interculturalité» de l'Institut catholique de Paris, qui a déjà formé une vingtaine d'«imams à la française». À l'occasion d'une réception à Issy-les-Moulineaux en février dernier, le maire, André Santini, un rien taquin, lui a lancé «un musulman formé par les cathos pour apprendre les valeurs républicaines, j'adore !»


Soutien spirituel dans les moments difficiles

Au sein de la gendarmerie, où l'on célèbre encore Sainte-Geneviève avec une relative ferveur, Mohamed-Ali Bouharb entend «intégrer l'islam au sein d'une grande institution régalienne, sans jamais céder au prosélytisme. Ma fonction me l'interdit…». «Des gendarmes musulmans de tous les grades me téléphonent ou m'envoient des mails, sourit l'aumônier qui se dit incapable d'en estimer le nombre. Plusieurs fois par semaine, je leur apporte un soutien spirituel quand ils ont perdu un proche ou lorsqu'ils passent un concours. Je ne suis pas là pour faire de la figuration.»
Prosaïque, l'imam en uniforme n'hésite pas à fournir l'adresse d'un bon médecin pour les circoncisions ou celles des agences de voyages organisant des pèlerinages sans escroquer les fidèles. D'ailleurs, il ne cache pas son envie d'organiser d'ici à 2011 un voyage de militaires musulmans à La Mecque.

Enfin, il veille à ce que la viande hallal soit servie aux pratiquants, qu'ils soient en caserne ou en opérations extérieures. «Nous avons composé quatorze types de repas et près de 50 000 barquettes repas ont été commandées il y a un an», se félicite le jeune officier.

Sollicité par la hiérarchie, il a été récemment consulté sur la conduite à tenir lors d'obsèques musulmanes ou lorsqu'une de ses ouailles fut affectée par erreur comme serveur dans un mess où l'on sert de l'alcool. «À chaque fois, j'ai été écouté», se félicite Mohamed-Ali Bouharb, qui se déclare «plus que satisfait de constater à quel point la gendarmerie cultive le respect de l'autre.»
Une attention qui commence dès l'école, comme peuvent en témoigner deux élèves officiers pour qui le ramadan tombait durant leur «stage d'aguerrissement». Pour qu'ils tiennent le coup, l'aumônier leur a permis de rompre le jeûne à condition qu'ils le rattrapent l'année prochaine. Comme le répète Mohamed-Ali Bouharb : «Musulman oui, mais gendarme avant tout !»

Source : http:lefigaro.fr

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