La République de Côte d’Ivoire, indépendante depuis le 7 août 1960, qui sort progressivement de l’une des grandes crises de son histoire, après celle des Guébié (1970), est sur la voie de remporter deux grandes victoires inédites. Il s’agit, premièrement, de la résolution définitive de la crise politico-militaire enclenchée en septembre 2002. Deuxièmement, de l’annulation dans moins d’un an, de la dette extérieure du pays. Ces deux réalités ont ceci d’important qu’elles subviennent dans un contexte de crise où le pays a été atteint dans ses fondements. Notamment sa géographie (le pays était divisé administrativement en deux jusqu’au mardi 26 mai 2009) et sa démographie (l’on parlait de gens du nord contre gens du sud).
Le retour à la normalité en Côte d’Ivoire est consécutive à l’accord politique de Ouagadougou signé, le 04 mars 2007 entre le président de la République, Laurent Gbagbo, et le Secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rébellion armée), Guillaume Soro Kigbafori. Cela sous les auspices de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU. Ainsi que du facilitateur Blaise Compaoré, président de la République du Burkina Faso. La particularité de cet accord, c’est qu’il a été pensé et exécuté par les Ivoiriens eux-mêmes et pour les Ivoiriens. «Ce n’est pas un gâteau venu d’ailleurs», pour reprendre les termes d’un diplomate en poste à Abidjan. Cette image du gâteau utilisé par ce diplomate révèle clairement que de tous les accords signés dans le cadre de cette crise (de l’accord de Linas-Marcoussis à celui d’Accra), l’accord de Ouagadougou est digeste et nourrissant pour «le corps social ivoirien». Certes le dialogue direct qui a abouti à l’accord politique de Ouagadougou constitue une courageuse et sage trouvaille de Laurent Gbagbo, mais pour sa mise en branle, il a fallu que le Chef de l’Etat ivoirien bénéficie du soutien d’autres personnes. D’adversaires (les Forces nouvelles) et d’amis (les présidents Blaise Compaoré et Thabo MBeki). C’est parce que les Forces nouvelles ont saisi la main tendue par le président Gbagbo que l’accord de Ouaga a eu une âme. C’est aussi parce que le président burkinabé, Blaise Compaoré, a accepté la proposition de Gbagbo de lui confier la facilitation de ce dialogue direct, que l’accord de Ouaga a eu une âme. C’est enfin, parce que Gbagbo et Soro regardent toujours dans la même direction que l’accord de Ouagadougou s’achemine vers cette grande victoire.
Tout comme Ouaga, l’inscription future de la Côte d’Ivoire à l’initiative PPTE constitue une grande victoire.
Non pas que l’on soit heureux d’être pauvre (parce qu’en réalité, la Côte d’Ivoire demeure debout. Elle continue en dépit de la crise de posséder plus de 40 % des richesses de l’espace UEMOA), mais l’on se sent soulagé à l’idée que le fardeau de la dette extérieure disparaîtra. D’autant que cette annulation de la dette extérieure, tous les gouvernements ivoiriens, d’Houphouet à Robert Guéi ; tous les Premiers ministres, d’Alassane Dramane Ouattara à Charles Konan Banny, ont tenté de l’obtenir. En vain. L’échec des uns et des autres fut patent. Même celui que l’hebdomadaire françafricain «Jeune Afrique» dans son édition N°2524 du 24 mai 2009 présente, à tort d’ailleurs, comme «un austère gestionnaire». Une propagande électoraliste qui ne saurait faire oublier aux Ivoiriens, le désastre au plan économique et social qui a marqué la période 1990-1993.
L’histoire de la dette extérieure exorbitante de la Côte d’Ivoire s’est sédimentée pendant les décennies 1970, 1980 et 1990. C’est au cours de ces 30 années que le pays a emprunté beaucoup, beaucoup d’argent aux institutions de Bretton Woods, aux créanciers du Club de Paris, à la BAD… sans qu’on ne sache, en réalité, pourquoi. D’autant que cette grosse dette n’a pas servi au développement du pays. La Côte d’Ivoire qui avait le même PIB que la Corée du Sud en 1970, a sombré progressivement dans la gadoue du fait de la mauvaise gestion. Alors que la Corée du Sud est aujourd’hui un pays émergent. «De 100 milliards de fcfa, équivalent à 17,7% du PIB en 1973, le montant de la dette est passé successivement à 2371 milliards, soit 75,6 % du PIB en 1985, puis à 8468 milliards, soit 136,2% du PIB en 1996. Aujourd’hui, ce montant est de 6300 milliards soit 60% du PIB», révèle le Président Gbagbo, dans une adresse à la Nation, le 31 mars 2009.
Au vu de ce tableau, l’inscription de la Côte d’Ivoire à l’initiative PPTE constituera une grande victoire. Un goal auquel Dominique Strauss-Kahn, DG du FMI, veut contribuer. «Nous sommes diposés à organiser la renaissance économique de la Côte d’Ivoire. La mission que le FMI s’est assignée, c’est que la Côte d’Ivoire atteigne le point d’achèvement dans le cadre de l’initiative des pays pauvres très endettés», a-t-il affirmé mercredi à Abidjan.
Par Didier Depry: didierdepri@yahoo.fr
Le retour à la normalité en Côte d’Ivoire est consécutive à l’accord politique de Ouagadougou signé, le 04 mars 2007 entre le président de la République, Laurent Gbagbo, et le Secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rébellion armée), Guillaume Soro Kigbafori. Cela sous les auspices de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU. Ainsi que du facilitateur Blaise Compaoré, président de la République du Burkina Faso. La particularité de cet accord, c’est qu’il a été pensé et exécuté par les Ivoiriens eux-mêmes et pour les Ivoiriens. «Ce n’est pas un gâteau venu d’ailleurs», pour reprendre les termes d’un diplomate en poste à Abidjan. Cette image du gâteau utilisé par ce diplomate révèle clairement que de tous les accords signés dans le cadre de cette crise (de l’accord de Linas-Marcoussis à celui d’Accra), l’accord de Ouagadougou est digeste et nourrissant pour «le corps social ivoirien». Certes le dialogue direct qui a abouti à l’accord politique de Ouagadougou constitue une courageuse et sage trouvaille de Laurent Gbagbo, mais pour sa mise en branle, il a fallu que le Chef de l’Etat ivoirien bénéficie du soutien d’autres personnes. D’adversaires (les Forces nouvelles) et d’amis (les présidents Blaise Compaoré et Thabo MBeki). C’est parce que les Forces nouvelles ont saisi la main tendue par le président Gbagbo que l’accord de Ouaga a eu une âme. C’est aussi parce que le président burkinabé, Blaise Compaoré, a accepté la proposition de Gbagbo de lui confier la facilitation de ce dialogue direct, que l’accord de Ouaga a eu une âme. C’est enfin, parce que Gbagbo et Soro regardent toujours dans la même direction que l’accord de Ouagadougou s’achemine vers cette grande victoire.
Tout comme Ouaga, l’inscription future de la Côte d’Ivoire à l’initiative PPTE constitue une grande victoire.
Non pas que l’on soit heureux d’être pauvre (parce qu’en réalité, la Côte d’Ivoire demeure debout. Elle continue en dépit de la crise de posséder plus de 40 % des richesses de l’espace UEMOA), mais l’on se sent soulagé à l’idée que le fardeau de la dette extérieure disparaîtra. D’autant que cette annulation de la dette extérieure, tous les gouvernements ivoiriens, d’Houphouet à Robert Guéi ; tous les Premiers ministres, d’Alassane Dramane Ouattara à Charles Konan Banny, ont tenté de l’obtenir. En vain. L’échec des uns et des autres fut patent. Même celui que l’hebdomadaire françafricain «Jeune Afrique» dans son édition N°2524 du 24 mai 2009 présente, à tort d’ailleurs, comme «un austère gestionnaire». Une propagande électoraliste qui ne saurait faire oublier aux Ivoiriens, le désastre au plan économique et social qui a marqué la période 1990-1993.
L’histoire de la dette extérieure exorbitante de la Côte d’Ivoire s’est sédimentée pendant les décennies 1970, 1980 et 1990. C’est au cours de ces 30 années que le pays a emprunté beaucoup, beaucoup d’argent aux institutions de Bretton Woods, aux créanciers du Club de Paris, à la BAD… sans qu’on ne sache, en réalité, pourquoi. D’autant que cette grosse dette n’a pas servi au développement du pays. La Côte d’Ivoire qui avait le même PIB que la Corée du Sud en 1970, a sombré progressivement dans la gadoue du fait de la mauvaise gestion. Alors que la Corée du Sud est aujourd’hui un pays émergent. «De 100 milliards de fcfa, équivalent à 17,7% du PIB en 1973, le montant de la dette est passé successivement à 2371 milliards, soit 75,6 % du PIB en 1985, puis à 8468 milliards, soit 136,2% du PIB en 1996. Aujourd’hui, ce montant est de 6300 milliards soit 60% du PIB», révèle le Président Gbagbo, dans une adresse à la Nation, le 31 mars 2009.
Au vu de ce tableau, l’inscription de la Côte d’Ivoire à l’initiative PPTE constituera une grande victoire. Un goal auquel Dominique Strauss-Kahn, DG du FMI, veut contribuer. «Nous sommes diposés à organiser la renaissance économique de la Côte d’Ivoire. La mission que le FMI s’est assignée, c’est que la Côte d’Ivoire atteigne le point d’achèvement dans le cadre de l’initiative des pays pauvres très endettés», a-t-il affirmé mercredi à Abidjan.
Par Didier Depry: didierdepri@yahoo.fr