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Économie Publié le mercredi 3 juin 2009 | Fraternité Matin

Germain Ollo, Président directeur général du groupe N’Sah hôtel : “Nos prestations doivent être au niveau des standars mondiaux”

Comment va le tourisme à Grand-Bassam?

Le tourisme, comme toute affaire, a besoin de paix. Tant que la paix ne sera pas totale en Côte d’Ivoire, les activités économiques, notamment le tourisme, souffriront. Cependant il faut reconnaître que la situation est meilleure à Grand-Bassam, grâce au fait que cette cité a choisi d’être le centre du tourisme d’affaires. Dont le taux est de 25% en couverture générale. Cela reste encore loin des potentialités. D’autant que, de par notre position à la porte d’Abidjan et de site balnéaire, nous devrions avoir au moins 70% de couverture. Mais à cause de la crise nous n’en sommes pas là.

Ça ne va pas très fort, vous l’avez dit et pourtant vous procédez à des extensions de votre exploitation. N’y a-t-il pas un paradoxe?

C’est un paradoxe peut-être. Je ne suis pas professionnel du tourisme. Je suis professionnel du génie civil. J’ai une vision lointaine des activités. Je ne regarde pas ce qui se passe maintenant. Je suppose que les choses ne seront pas en 2010 ce qu’elles sont aujourd’hui. Il faut que les Ivoiriens apprennent à préparer la période post-crise. Nous devons mettre en place des structures afin de permettre non seulement à la Côte d’Ivoire de mieux s’organiser, mais aussi de donner la possibilité aux visiteurs étrangers d’y trouver des structures d’accueil. C’est dans cette vision que je me suis engagé pour apporter ma modeste contribution à la relance du pays.

Les investissements que vous venez de réaliser sont impressionnants, n’est-ce pas?

Nous sommes passé de 53 à 104 chambres. Notre souhait est d’offrir un environnement confortable et sécurisant aux clients. En mettant à leur disposition des chambres respectant les normes internationales. Ce sont ces axes qui nous amènent à revoir l’ensemble des structures, à les réhabiliter et à en construire d’autres.

Nous avons constaté que dans la ville d’Abidjan il n’y a pas à proprement dit de centres de rencontres. C’est cela qui nous a amené à réaliser un amphithéâtre comportant toutes les commodités. L’étude de faisabilité a démontré qu’il faut au moins 250 places. Nous avons réalisé un centre de 387 places.

Nous avons aussi remarqué que les gens sont obligés d’organiser leurs mariages à domicile. D’où notre décision d’aménager une plate-forme qui peut accueillir 350 à 400 convives.

Conformément à nos orientations, nous voulons mettre l’accent sur le développement de notre ville. Parce que nous pensons que Grand-Bassam mérite de réclamer sa place de leader dans tous les secteurs d’activités. Nous voulons permettre à ceux qui y viennent de trouver des structures d’accueil.

Vous avez parlé tantôt de tourisme d’affaires. Pouvez-vous en préciser les spécificités?

Sans être spécialiste de la chose, je pourrais vous éclairer tout de même. Le tourisme d’affaires est celui des lieux de rencontres professionnelles et de réflexion. Il y a donc une grande différence entre le tourisme que nous connaissons, qui consiste à aller à la découverte d’agréments qu’on n’a pas chez soi et le tourisme d’affaires. Pour lequel celui qui arrive, trouve le même niveau de prestation que chez lui. Si un directeur général se déplace des Etats-Unis jusqu’à Grand-Bassam, il faut qu’on mette à sa disposition le confort et la sécurité qu’il a aux Etats-Unis. C’est pareil pour ceux qui viennent d’Abidjan. Ils doivent pouvoir disposer, entre autres, des moyens qu’ils ont dans leurs bureaux. Notamment en matière de multimédias. Le tourisme d’affaires est beaucoup plus délicat qu’un hôtel tout court qui reçoit les touristes.

Pensez-vous que Grand-Bassam est à la hauteur de telles exigences?

Lorsque nous étions conseiller municipal en 1990, nous avions donné cette mission au conseil de faire de Grand-Bassam un centre d’affaires. A l’époque, c’est à l’Ecole supérieure interafricaine d’électricité de Bingerville (Esie) que tout se passait. En tant que 2e adjoint au maire chargé des infrastructures, j’ai proposé que le conseil s’approche des responsables de l’IIAO pour voir ce que nous pouvons en faire. Les choses se sont alors bien passées. Grâce à la compréhension des dirigeants de la Sir, l’IIAO a été plus ou moins transformé en centre de rencontres. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait que les Bassamois qui voulaient se lancer dans les affaires, créent des infrastructures hôtelières pour accompagner l’IIAO. C’est ce que nous faisons en mettant en place des structures analogues qui pourraient être de vraies concurrentes à celles qu’on trouve dans les autres pays d’Afrique et dans le monde.

Croyez-vous que vous êtes sur la voie?

Je pense que oui. L’exploitation que je dirige a reçu récemment deux distinctions au plan international. Mantcha hôtel a eu son prix en 2007. Et N’Sah hôtel a remporté le sien en 2008. De telles reconnaissances internationales nous poussent à rechercher et corriger les défaillances qui peuvent exister. On n’a pas la prétention de dire que nous sommes les meilleurs. Mais nous nous battons pour ne pas être parmi les mauvais.

Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat parle de programme de relance du tourisme ivoirien. Quelles sont les attentes de Grand-Bassam dans ce programme?

Contrairement à ce que les gens pensent, ce qu’il faut à Grand-Bassam, ce sont des structures fluides. Il faut des routes, de l’eau et l’électricité. A Grand-Bassam, nous avons non seulement des difficultés de routes et d’assainissement mais aussi de graves problèmes de stabilité au niveau de l’énergie et de l’eau. Ce qu’on demande à l’Etat c’est de mettre les équipements infrastructurels à la disposition des opérateurs économiques. Il n’appartient pas à l’Etat de construire des hôtels. On ne lui demande pas d’animer la cité. Ceci est du domaine des maires. Ce qu’ils attendent de l’Etat, c’est de les accompagner par la mise à disposition des équipements nécessaires. Pour le reste, je dirai que les Ivoiriens savent faire les affaires.

Grand-Bassam a-t-elle des projets précis dans le cadre de la relance du tourisme?

Je pense que le conseil municipal qui fait beaucoup déjà, devrait mettre l’accent sur la propreté et la sécurisation de la ville. Fort heureusement, le maire en parle. Il compte éclairer l’axe Quartier France-Azurety de façon à ce que la bordure de mer soit éclairée. Si cela est fait, c’est une autre étape du tourisme que nous allons développer. C’est le tourisme de nuit. Qui n’est pas à confondre avec les maquis. Quand les Ivoiriens ne savent pas où aller, ils vont boire dans les maquis. Je trouve scandaleux de voir une génération de personnes qui s’accoutument à ces endroits. Nous voulons donner la possibilité à l’Ivoirien qui fatigué, va en bordure de mer même la nuit, se reposer avec son épouse et ses enfants et voir d’autres environnements. La Côte d’Ivoire n’offre pas suffisamment d’infrastructures balnéaires. Ici, à Grand-Bassam, nous avons heureusement quelques hôtels balnéaires comme l’Etoile du sud, Théréso, etc. En dehors desquels, il n’y a pas d’environnement public balnéaire. Il en faut parce que l’accès à la mer est un droit de l’homme. Nous attendons l’éclairage de la plage pour créer des activités qui permettront à Grand-Bassam de ne recevoir seulement que des cars surchargés de personnes qui viennent jeter les ordures et ne paient rien à la ville. Mais plutôt des gens qui peuvent apporter leur contribution au développement de la ville.



Propos recueillis par Alakagni Hala
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