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Économie Publié le mercredi 3 juin 2009 | Notre Voie

Crise à la SODECI-CIE - François Yao K. (Secrétaire général de la FESEN): “Le congrès des dissidents du SYNASEG est nul et de nul effet”

Le secrétaire général de la Fédération des agents du secteur de l’eau et de l’énergie (FESENE), François Yao K., est amer. Dans cet entretien, il accuse Marcel Zadi Kessi de déstabiliser le SYNASEG, le Syndicat national des agents du secteur de l’électricité et gaz.


Notre Voie : Votre syndicat vit aujourd’hui une crise sans précédent, avec la convocation d’un congrès par des membres du mouvement. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

François Yao K. : En effet, le vendredi 15 mai 2009, M. Zadi Kessy Marcel a poussé le ridicule jusqu’à son comble en faisant organiser, à la Bourse du travail de Treichville, une assemblée qui n’a de congrès que de nom, et qui peut aisément être qualifiée de “congrès de la honte” ou à défaut de mieux, de congrès du “SYNAZADI”. Couronnement de l’œuvre du prédateur de syndicat indépendant, orchestrée de bout en bout par l’exécuteur des basses besognes nocturnes et lugubres, monsieur Zadi Eugène, pour le compte de son grand frère ou “papa”.


N.V. : Ce que vous dites est grave. Qu’est-ce qui vous permet d’accuser le PCA du groupe SODECI-CIE ?

F.Y.K. : C’est pourtant évident. Pour nous, les masques sont enfin tombés. En effet, en apportant publiquement ses encouragements et son soutien à ce soi-disant “congrès”, à travers M. Dia Kouakou, qui l’y a représenté officiellement, M. Zadi Kessy Marcel a fini par convaincre les plus sceptiques de son ingérence flagrante et illégale dans les affaires syndicales, en sponsorisant et finançant à coup de millions une véritable rébellion au sein du SYNASEG.


N.V. : Quel intérêt a-t-il à financer une dissidence au sein de votre syndicat ?

F.Y.K. : Mais, dans le seul et unique but de contrôler et de museler la FESENE pour faire taire à jamais les travailleurs du groupe CIE-SODECI et enterrer définitivement l’audit des différents fonds. Mais la subversion ne passera pas.


N.V. : Soit, mais le fait est que certains de vos camarades ont tenu un congrès qui vous démet de vos fonctions !

F.Y.K. : Non justement ! Ce soi-disant congrès n’a rien de SYNASEG. Donc est totalement illégal, anti-statutaire et par conséquent nul et de nul effet. Et ce, pour au moins trois raisons.


N.V. : Lesquelles ?

F.Y.K. : Primo, Kamon Jean n’est pas habilité à convoquer seul (sur 3 membres de la Commission de contrôle) un congrès du SYNASEG. Par ailleurs, aucune réunion de ladite Commission ne s’est tenue au préalable. Mieux, étant sous le coup d’une sanction du Conseil syndical du 8 mai 2009 (blâme), qui lui enlève tout droit, il ne peut pas présider un congrès. Secundo, Kouadio Koffi N’da n’a pas la qualité de membre du SYNASEG. En effet, sa demande d’adhésion a été rejetée purement et simplement par l’exécutif sur ordre du Conseil syndical du 8 mai 2009, pour moralité douteuse et comportements anti-syndicaux. Tertio, un congrès du SYNASEG se compose d’un minimum de cent (100) délégués statutaires. Or, hormis quelques quatre membres statutaires dont trois (Kamon Jean, Yapo Anouma Paul et Ladji Bakayoko), tous blâmés, donc privés de leurs droits d’électeurs et d’éligibilité, aucun autre membre statutaire n’y était présent. Plus grave, aucun travailleur de CIPREL, AZITO, ANARE, SOGEPE et SOPIE n’était présent.

Enfin, je pourrai ajouter qu’au congrès du “SYNAZADI”, il y avait tout au plus, une quarantaine de participants, sous haute surveillance policière et de loubards, soutenus par des invités de tout bord et les traditionnels “club de soutien”. Tous y sont allés pour des miettes et des prétendues promesses de catégories. Oubliant que leurs commanditaires, après avoir mis plein les poches à leur détriment, les jetteront, comme des citrons pressés, dès qu’ils s’apercevront de leur défaite et de leur débâcle ! Au total, ce fut tout simplement désolant, un fiasco, un échec cuisant et retentissant.


N.V. : Vous considérez-vous toujours comme celui qui tient les rênes du SYNASEG ?

F.Y.K. : Tout à fait. C’est pourquoi la FESENE reconnaissante félicite chaleureusement et remercie vivement tous les travailleurs du groupe CIE-SODECI et du secteur, CIPREL, AZITO, ANARE, SOGEPE et SOPIE pour leur sens de la responsabilité et de la discipline syndicales, en ne se rendant pas complices de la mascarade et de la parodie de congrès qui vise en définitive à déstabiliser voire contrôler le SYNASEG et la FESENE. Il est important de le mentionner car, malgré les battages médiatiques, les menaces, les intimidations, l’achat des consciences et les chantages de tout genre, ils n’ont pas cédé. Ils sont restés dignes. Les véritables membres du SYNASEG ont su faire preuve de discernement en séparant le bon grain de l’ivraie. Et chose sublime, ils ont tué en eux la peur, pour démontrer qu’ils sont matures et prêts à relever le défi de la libération totale du joug des Zadi !!


N.V. : Mais comme vous le dites, les dissidents ont la caution de la direction générale. On ne peut pas ne pas en tenir compte !

F.Y.K. : Dites moi, après tout ce que je vous ai dit, d’où ce soi-disant “congrès” tire-t-il sa légitimité et sa légalité ? Si ce n’est de Zadi Kessy Marcel, dans sa volonté manifeste et permanente de contrôler tous les syndicats. Mais peut-il véritablement contrôler ce qu’il n’a pas créé, c’est-à-dire, le SYNASEG ? Non!


N.V. : C’est vous qui le pensez !

F.Y.K. : Selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), “un syndicat de travailleurs est une organisation volontaire, démocratique et indépendante. Il est créé et dirigé par les travailleurs, il est composé de travailleurs, il est au service des travailleurs...”. Alors pour nous, c’est clair. M. Zadi vise tout simplement à distraire et détourner l’attention de tous, sur les véritables préoccupations des travailleurs du groupe CIE-SODECI portés par la FESENE, à savoir l’audit des différents fonds (Fonds commun de placement, Fonds solidarité, Fonds solidarité santé, Assurance maladie retraite, etc.). Un audit que nous exigeons car, on veut qu’on nous démontre qu’on ne nous vole pas ! il y a aussi l’avaloir de 2% sur la revalorisation des salaires obtenu par le SYNASEG. Car bloqué par le SYNAT-CIE de Sié Lambert qui a récusé Fraternité comme signataire pour sa non représentativité ! Nous réclamons l’intégration définitive du sursalaire au salaire de base de SODECI. Car on a assez spolié et infantilisé les travailleurs ! Nous exigeons la réintégration des travailleurs protégés licenciés (12) et suspendus (4) arbitrairement et abusivement. Car on a assez opprimé les travailleurs et défié l’autorité ! Nous voulons la liberté syndicale longtemps confisquée ! Car la liberté ne peut être éternellement étouffée, la dignité humaine longtemps bafouée, l’épanouissement de l’homme à jamais compromis et le bonheur du travailleur imposé contre son gré ! Nous n’oublions pas la dénonciation de l’évasion fiscale à travers les sociétés satellites (GS2E, INNOVA, Ivoire Hélico, IFD, etc.), d’une part, et d’autre part, de la violation, en cours d’exécution, de la convention Etat - CIE, par la cession à ECP de 30% du capital de FINAGESTION (société mère du groupe CIE-SODECI). Car non seulement on a assez volé l’Etat, mais en plus on veut maintenant contrôler le secteur à son détriment !


N.V. : Concrètement comment comptez-vous régler ce bicéphalisme factice ou réel ?

F.Y.K. : Rassurez-vous, la FESENE soucieuse de préserver son intégrité et son unité, et celles du SYNASEG, a engagé des procédures judiciaires. Dont deux pénales: plainte auprès du procureur de la République contre Kamon Jean pour faux et usage de faux et contre Kouadio Koffi N’da pour usage de fausse qualité de membre du SYNASEG, et une civile pour annulation des actes du “congrès extraordinaire du 15 mai 2009”. Par ailleurs, la FESENE dénonce et condamne avec fermeté les traitements avilissants des travailleurs par Zadi Kessy Marcel et ses ingérences flagrantes et illégales dans les affaires syndicales. Elle décline toute responsabilité et le tient pour seul responsable des conséquences qui en découleraient.


N.V. : Ne pensez-vous pas que vos actions vont contribuer à amplifier la discorde entre vous et votre direction ?

F.Y.K. : Peut-être que vous avez raison. Mais cela n’est pas de notre fait. Aujourd’hui, au regard des derniers actes posés par le PCA, la FESENE est en droit de douter fortement de la capacité de Zadi Kessy Marcel à continuer à gérer deux secteurs aussi stratégiques que vitaux au service du développement de la Nation. On en est à se demander si la Côte d’Ivoire ne court pas un danger ? Dans tous les cas, tout règne a une fin. En effet, tout comme l’Egypte a régné sur le monde antique durant près de deux millénaires et a connu son déclin, de même, celui de Zadi Kessy Marcel sur la SODECI depuis les années 80, et 90 sur la CIE ne tire-t-il pas à sa fin? Ces derniers événements ne sont-ils pas des signes annonciateurs ?


N.V. : Vous avez un appel?

F.Y.K. : Pour l’heure, la FESENE exhorte tous les travailleurs de CIE, SODECI, CIPREL, AZITO, SOPIE, ANARE, et SOGEPE, actifs et retraités, à se lever comme un seul homme pour faire barrage aux manipulateurs, aux fossoyeurs, aux affamés, aux assoiffés d’argent et de gain facile, aux partisans du moindre effort, aux usurpateurs et à les traiter comme tels. Car quoiqu’il advienne, notre libération est proche. La FESENE rappelle par ailleurs, que le syndicalisme est un art trop important et sérieux pour le laisser aux mains de marionnettes et faussaires, arrivistes et corrompus.


Interview réalisée par Robert Krassault: ciurbaine@yahoo.fr
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