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Politique Publié le vendredi 5 juin 2009 | Le Repère

Moitié Licorne

Depuis quelques jours, l'effectif des militaires français composant la Force Licorne, spécialement créée au lendemain de l'éclatement de la guerre ivoirienne pour s'interposer entre les belligérants, s'est réduit de moitié. Les adeptes des chiffres parlent désormais de 900 hommes demeurés en place, prêts à parer à toute éventualité. Les patriotes FPI et autres tentacules du clan présidentiel qui ont des raisons de voir en cette présence française un empêchement de refonder en rond ont de quoi jubiler. Et ils ne s'en privent pas. Mais au-delà, combien sont-ils les Ivoiriens à chercher à savoir ce que représentait pour la Côte d'Ivoire cette Force Licorne alors riche de quelques 4000 soldats ? Très peu de lucides, en tout cas. La galaxie FPI et ses fanatiques ayant repandu le cliché selon lequel la Force Licorne est une force d'occupation de la France. Passant, avec une déroutante malhonnêteté, sous silence les verrous militaires que cette force a mis à l'ouest entre Duekoué et Bangolo ; au centre ouest entre Daloa et Vavoua ; au Nord Est entre Bondoukou et Bouna ; au Centre entre Bouaké et Brobo… empêchant ainsi la rébellion de prendre d'autres villes importantes, dont notamment San Pedro et son port dans leur collimateur. Le génie de cette Force a bâti et réhabilité des dizaines d'infrastructures routières, scolaires, sanitaires, d'hydrauliques. Sans compter l'important volet humanitaire qui lui a fait dépenser des centaines de millions de Francs CFA.

Licorne est réduite de moitié. Et bien, son aide aussi. Le général de division Philipe Hubron, commandant de la Force Licorne ne savait pas si bien dire devant Madame le maire de Port-Bouët : " Si la Force Licorne diminue de moitié, c'est que la crise ivoirienne a été résolue de moitié ". Sans fioriture diplomatique, le général qui n'est pas politique a dit ce qu'il ressentait. Mais à y regarder de près, cette petite phrase peut avoir valeur d'invite à la réflexion. Nous avons crié ici depuis 2002 que les Français sont la source de nos problèmes. Nous avons fait partir 8000 des civils, 30000 de nos compatriotes se sont retrouvés au chômage. Mais le Patriotisme n'a pas de prix. Restait donc les militaires qui nous empêchaient de tourner en rond. Ils viennent de partir, du moins la moitié d'entre eux. Ainsi, nous aurons réussi à faire partir la source de nos problèmes, pour ne pas dire la moitié de ceux qui nous créaient tous les problèmes. Ce qui suppose que nos problèmes diminuent de moitié. Tenez, par exemple, les pillards de l'économie doivent être de moitié moins nombreux, donc l'enrichissement illicite et rapide devrait être réduit de moitié ; aux examens et concours, le prix d'achat de la réussite devrait baisser de moitié ; le tribalisme et le népotisme devraient être maintenant à demi visible ; l'incivisme et le culte de la médiocrité devraient être raccourcis de moitié ; on ne devrait assassiner, mais plonger simplement les victimes dans le coma ; une partie de nos routes devrait retrouver le bitume ; nos hôpitaux devrait soigner au moins à moitié au lieu de tuer ; Ceux qui mangeaient une fois par jour devraient manger maintenant une fois et demi par jour ; le budget de souveraineté devrait diminuer de moitié ; la justice devrait maintenant être dévoyée de moitié… et j'en passe. Vraiment n'importe quoi.

Brusque reveil, la Licorne est bel et bien partie de moitié, mais tous nos problèmes sont entièrement là. Ils s'empirent au fil des jours, et aucune perspective de début de solution. Le Chef de l'Etat Gbagbo Laurent a dit la semaine dernière au siège de l'ONUCI : " ….C'est nous, les Ivoiriens, qui avons créé la situation de crise. Il ne faudrait pas que nous attendions des autres qu'ils viennent régler nos problèmes. C'est nous qui avons fait le mal, c'est à nous de réparer le mal. Aidez-nous, soutenez-nous, accompagnez-nous. De deux choses l'une. Soit nous avions accusé les autres pour rien, auquel cas nous devons leur présenter des excuses publiques, soit, nous faisons preuve de mauvaise foi manifeste et de démagogie sans pareille.


par Eddy PEHE
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