C’est un Laurent Gbagbo peu enthousiaste qui est apparu hier sous le coup de 14 h 28, sur la place publique de Biankouma pour son Premier meeting dans le cadre de la visite d’Etat qu’il effectue dans la région. On sait que cette visite a été maintes fois reportée à cause d’un problème que les populations avaient même posé comme préalable à tout déplacement du chef de l’Etat dans la région. Il s’agit de la lumière à faire sur l’assassinat du chef de l’ex-junte militaire, le Général Robert Guéi. Comme il fallait s’y attendre, les populations de Biankouma ont, par la voix des différents porte-parole, réitéré leur volonté de connaître toute la lumière sur les circonstances de la mort de leur fils. Ainsi, le maire Blondé Siaba a été le premier à évoquer cette lancinante préoccupation des populations. A sa suite, la présidente du conseil général du département, a rappelé la promesse faite par le chef de l’Etat à ce sujet lors d’une visite des ressortissants de Biankouma au Palais présidentiel. «Guéi ne peut pas mourir comme ça. Le moment venu, toute la lumière sera faite sur les circonstances de sa mort» avait promis ce jour-là le chef de l’Etat, selon Tia Monné Martine. Avant d’ajouter, en guise de rappel au chef de l’Etat, « vos frères et sœurs de Biankouma attendent ce jour où ils pourront connaître toute la lumière sur les circonstances de la mort de votre grand frère». Comme réponse à cette préoccupation cruciale d’une région meurtrie par l’assassinat de l’un de ses illustres fils, le chef de l’Etat a demandé aux parents de Guéi d’essuyer leur larme et de penser à l’avenir. «Nous avons été à Kabakouma, rendre visite à la famille du Général Robert Guéi pour lui demander d’essuyer ses larmes, parce qu’il faut que le pays avance» a martelé d’entrée le chef de l’Etat. Pour lui, il n’est pas important de fouiller dans l’histoire pour savoir ce qui s’est passé au moment de l’assassinat de Guéi. Cela est d’autant plus logique selon lui que chaque Ivoirien a perdu un proche dans la guerre. Car a-t-il ajouté, «Nous sommes nombreux à avoir pleuré. Il est temps que nous essuyions nos larmes pour aller de l’avant». Ainsi, le chef de l’Etat accorde peu d’importance à l’assassinat de l’ex-homme fort de la transition militaire. Après avoir promis que toute la lumière sera faite sur cette affaire scabreuse, Laurent Gbagbo demande aujourd’hui aux parents de l’illustre disparu, de tourner la page sans autre forme de procès. Or, tout le monde sait que c’est Affi N’Guessan, alors Premier ministre, qui avait annoncé sur les antennes de RFI, suivi en cela par d’autres pontes du FPI, que le Général Guéi était à la tête de l’insurrection militaire qui allait se muer quelques temps après, en une rébellion. Quelques heures après, l’assassinat de ce dernier a été annoncé à la télévision nationale Depuis lors, c’est le flou total sur la mort de l’ex-homme fort du comité national de salut public. Peut-être qu’un jour la vérité sera sue. Et les populations de Kabakouma qui ont déjà appris, avec soulagement, que le Général n’était pas à la tête de la rébellion, auront le cœur apaisé quand une enquête aura indiqué qui a tué leur fils et pour quelles raisons.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté