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Politique Publié le mardi 9 juin 2009 | Notre Voie

Le discours du président Gbagbo à Biankouma

Mesdames et messieurs

Nous avons été à Kabakouman rendre visite à la famille de Bob, le général Robert Guéi pour leur demander d’essuyer leurs larmes. Parce qu’il faut que le pays avance. Il faut que la Côte d’Ivoire avance.

Nous sommes nombreux à avoir pleuré et il est temps d’essuyer nos larmes pour aller de l’avant.
Nous avons parlé avec les parents de Kabakouma et, ici, nous allons procéder tout à l’heure à la décoration du ministre Loua Diomandé, qui reste l’un des doyens de tous les ministres de Côte d’Ivoire à Biankouman.

Je voudrais saluer tous ceux qui se sont mobilisés pour la réussite de cette tournée.
Les populations Dan bien sûr, mais les populations Toura aussi, les populations Wê, les populations Mahou, les populations Malinké d’une façon générale, parce qu’il y a une forte colonie de Denguélé ici. Et les populations venues de tout le reste de la Côte d’ Ivoire : Gouro, Bété, Gagou, Kroumen, Néyo, Sénoufo, etc.

Chers amis, ici à Biankouman, je voudrais soulever quelques questions.

D’abord, vous annoncer que le ministre de l’Education nationale vient de prendre un arrêté baptisant le lycée de Biankouman, lycée Robert Guéi. Cela est fait pour saluer un homme qui a servi l’Etat et que nous viendrons inhumer sur la terre de ses pères, le dernier week-end du mois d’août. Cette date a été arrêtée d’un commun accord avec la famille.

Je voudrais ici saluer tous mes amis. La liste est longue.

Pour aller au fond des choses, il y a encore beaucoup de maisons appartenant aux autochtones qui sont illégalement occupées. Monsieur le Premier ministre, Monsieur le préfet, prenez toutes les dispositions pour que, progressivement, les gens qui ont travaillé toute leur vie pour construire leurs maisons pour les louer, rentrent en possession de leurs maisons. Il paraît qu’ici à Biankouman et aussi à Man (et nous en parlerons à Man), ce problème est récurrent. Je voudrais dire aux différents préfets qu’il n’y aura plus d’autres passations de service. C’est eux qui, aujourd’hui, ont le pouvoir là où ils sont préfets ! Et dans les sillons de la paix, il faut qu’ils prennent leurs responsabilités pour convoquer les uns et les autres et discuter de façon à ce que chacun retrouve sa maison. Mais de façon aussi à ce que chacun retrouve sa plantation. Parce qu’il y a encore des plantations qui sont exploitées par d’autres, que par les propriétaires. Il faut que cela aussi rentre en application. Monsieur le préfet de région, préfet de Man, Monsieur le Préfet de Biankouman, vous êtes les substituts du chef de L’Etat. Travaillez au quotidien sur ce problème. Le Premier ministre est à votre disposition pour connaître les problèmes spécifiques que vous voudrez lui soumettre. Mais travaillez ! Il faut que la paix rentre dans sa phase totale. C’est-à-dire qu’il faut que les gens dorment tranquille, soient contents. Pour cela, il faut qu’ils rentrent en possession de leurs biens. Leurs biens mobiliers et immobiliers. Travaillez donc à cela, sans relâche, sans faiblesse mais, sans brutalité.

Chère population de Biankouman, je suis venu ici vous apporter la paix. Je suis venu dire que toutes ces mauvaises langues qui ont critiqué l’Accord politique de Ouagadougou ont eu tort. Car, l’accord politique de Ouagadougou a travaillé. Et le Premier ministre Soro Guillaume et son équipe ont fini leur travail. Ce qui reste, aujourd’hui, ce n’est plus un travail de gouvernement, c’est un travail technique pour arriver aux élections. Tout a été décidé. Toutes les décisions ont été prises. Tous les problèmes politiques ont été réglés. Aujourd’hui, il reste à aller aux élections doucement, doucement, nous sommes pressés. Il ne sert à rien de courir et de tomber à deux mètres du point de départ.

Oui ! Nous sommes pressés ! Il faut aller aux élections vite. Ça veut dire qu’il faut aller aux élections sans accident.

Toutes les décisions ont été prises. Les listes électorales sont en train d’être confectionnées. Les passations de charges entre les Com’zones et les Préfets ont été faites. Il reste maintenant à mettre petit à petit en application. Nous avons commencé à déployer 8000 hommes pour assurer la sécurité de l’ensemble du territoire. Nous avons commencé par Bouaké. Nous irons à Korhogo. Nous allons faire Odienné, Man, donc Biankouman. Vous aurez 800 hommes pour assurer la sécurité dans cette région.

Donc l’accord politique de Ouagadougou est mis en œuvre totalement, dans tous les domaines. Il ne reste plus que les modalités pratiques. Il n’y a plus de débat politique, ni de frein politique.
Patientez ! Nous aussi nous sommes pressés, nous voulons aller aux élections. C’est pourquoi je vous le dis : aidez l’Etat à vous aider. Si, par exemple, vous avez votre maison illégalement occupée, ne croyez pas que l’Etat est un ange ou un dieu qui a des yeux qui voient même l’invisible. L’Etat ne traite les dossiers que quand on les lui soumet. Si vous avez un dossier, une maison, une plantation, une portion de forêt, remettez-le à l’Etat, c’est-à-dire au préfet ou au Sous-préfet. C’est lui qui trouvera la solution. Mais si vous restez les bras croisés, si vous restez geindre et à pleurer chez vous, vous n’aurez pas votre maison. Aidez l’Etat à vous aider. Les sous-préfets sont là, les préfets sont là, les présidents des conseils généraux et les députés sont là. Les députés sont vos envoyés. Vous les avez élus pour les envoyer. Eh bien ! Envoyez-les ! Mais vous élisez les gens et vous allez vous asseoir comme si ces gens allaient faire tout ce qui vous regarde. Mais ils ne voient pas tout. Ce ne sont que des hommes comme vous. Donc mettez-les en mission !

Il y a quelques problèmes dont on a parlé ici. On traitera beaucoup de questions politiques à Man. Mais je voudrais parler du conflit entre les éleveurs et les agriculteurs. Il paraît que les éleveurs ont leurs troupeaux qui ravagent les plantations. Et hier soir, j’étais à la résidence à Man, quelqu’un m’a dit : depuis que les Forces nouvelles sont là, ils prennent position pour les éleveurs, donc ils sont contre les agriculteurs. Attention ! Si on veut trouver de bonnes solutions, ne faisons pas de mauvaises analyses. Si on veut trouver des bonnes réponses, ne faisons pas de mauvais diagnostics.

Ce problème entre les éleveurs et les agriculteurs n’est pas un problème de Forces nouvelles. Ce n’est pas un problème de la crise qui s’est abattue sur la Côte d’Ivoire depuis 2002.
En 1974, quand Houphouët- Boigny est parti à Korhogo, le principal problème qu’on lui a soumis, c’était le problème entre les éleveurs et les agriculteurs. Il n’y avait pas encore les Forces nouvelles !

En 1998, quand le président Bédié a fait une visite d’Etat à Korhogo, le principal problème qu’on lui a soumis, c’était le problème entre les éleveurs et les agriculteurs. Ce problème, il est là depuis longtemps. Il est là depuis toujours. Parce que beaucoup de nos agriculteurs sont des amateurs et beaucoup de nos éleveurs sont des amateurs.

Un amateur ici plus un amateur là, ça fait du mauvais travail, ça fait du mauvais travail. Il faut faire du travail de professionnel. Le ministre de la production animale, Douaty, est venu faire déjà une tournée. Il faut que le gouvernement se saisisse de ce problème-là. Pas par souci politique. Qu’il le règle de façon à ce que les éleveurs fassent l’élevage et en vivent et de façon à ce que les agriculteurs fassent l’agriculture et en vivent. C’est ça qu’il faut faire et c’est ça que nous allons faire.

Le médicament est fonction du diagnostic. Si quelqu’un a le cancer et que vous soignez un palu, c’est dire que vous allez le tuer ! Ça veut dire il va mourir ! S’il a le cancer, diagnostiquer le cancer et soignez-le. S’il a le paludisme, diagnostiquez le paludisme. Donc là, le vrai diagnostic c’est que les éleveurs ne sont pas professionnels. Donc ils se promènent comme ça avec les troupeaux. Quand ils s’en vont avec les troupeaux, les maniocs, les ignames, le riz sont des plantes qui sont faciles à consommer par les bêtes. Donc quand elles passent par là, elles consomment tout sur leur passage. Ça existe depuis que la Côte d’Ivoire est la Côte d’Ivoire.

Maintenant que nous devenons nombreux, nous ressentons ce problème fortement ! Avant, on en parlait un peu comme ça. Maintenant, nous sommes 20 millions. En 1960, nous étions 3 millions, donc ce n’était pas trop grave. Maintenant nous sommes 20 millions, et on ressent ce problème. Il nous faut le régler. Monsieur le Premier ministre, saisissez-vous de ce problème ! Convoquez un Conseil de ministres extraordinaire et écoutez toutes les parties prenantes, le ministre de l’Agriculture, le ministre de la Production animale. Ecoutez toutes les parties. Ecoutez même les paysans et les éleveurs, et soumettez-moi des décisions à prendre. Nous les prendrons.

Chers parents, rentrons dans la paix avec allégresse. Et souvenons-nous toujours que c’est nous qui devons obtenir la paix chez nous ! C’est nous qui devons faire revenir la paix chez nous.

Vous avez vu. Nous autres, nous avons voyagé partout. Le Premier ministre Soro Guillaume d’un côté, moi, de l’autre côté. Nous avons voyagé, face-à-face, partout. On n’a pas pu ramener la paix. Mais le jour où nous avons voyagé ensemble, nous avons ramené l’Accord de Ouagadougou sur la paix. Il faut que les Ivoiriens comprennent que c’est notre pays, la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est notre pays, c’est notre héritage commun. Et personne d’autre que nous ne peut venir soigner la Côte d’Ivoire, ne peut venir guérir la Côte d’Ivoire, si ce n’est pas nous-mêmes.

Je vous en conjure, mettez-vous dans la tête que nous devons être des faiseurs de paix. Que Dieu nous bénisse ! Que Dieu vous bénisse !

Je vous remercie.


Propos recueillis par Anne-Marie Eba Stagiaire
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