Le général Guiai Bi Poin Georges, commandant du CeCOS, fait le bilan de 4 ans d’existence et d’action de son unité et des efforts d’assainissement entrepris.
Quatre ans après le lancement de ses activités en juillet 2005, quelle image présente aujourd’hui le CeCOS?
Le CeCOS a été effectivement mis en place en août 2005. Depuis cette date, nous sommes opérationnels. Les activités du grand commandement ont été lancées et jusqu’à ce jour, nous faisons ce que le gouvernement nous a confié comme mission, à savoir, la sécurisation de toutes les populations d’Abidjan, c’est-à-dire du district d’Abidjan et banlieue. Vous me posez la question de savoir quelle image le CeCOS présente aujourd’hui. Eh bien ! Le CeCOS, en interne, est très dynamique. Les activités sont croissantes et les résultats sont de mieux en mieux appréciés. Si au début, nous avons éprouvé quelques difficultés, il faut dire qu’aujourd’hui, nous avons pris suffisamment de place dans le district d’Abidjan. Pour ce qui est de l’image que nous donnons, je crois que c’est la population qui doit nous renvoyer notre propre image. Ce n’est pas à nous de décréter que nous sommes bien perçus ou pas. C’est la population pour laquelle nous travaillons qui doit donner le reflet de ce que nous sommes. Ce que j’ai entendu depuis 2005 jusqu’à maintenant me fait penser que nous nous améliorons, en ce qui concerne les résultats, l’efficacité et surtout la procédure, la manière de travailler, les rapports avec les populations.
Dans les premiers moments qui ont suivi le lancement de votre unité en 2005, la population avait renvoyé une image assez négative du CeCOS. Les comportements de certains de vos agents étaient notamment décriés. Ce qui vous avait amené à prendre des mesures d’assainissement. A ce jour, où en êtes-vous? Pensez-vous avoir réussi à extirper les mauvaises graines du corps?
Notre objectif est largement atteint. On prend toujours le CeCOS comme une structure qui est seule au monde ou en Côte d’Ivoire. Non, ce n’est pas le cas. Le CeCOS, c’est la police nationale, c’est la gendarmerie nationale, c’est une partie des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire. Et quand nous nous sommes retrouvés en 2005 avec la somme des avantages, des qualités de nos forces réciproques, nous nous sommes retrouvés aussi avec ce qu’il y avait de moins bien dans nos commandements. Compte tenu des objectifs que le gouvernement visait, nous, c’est-à-dire le commandement du CeCOS composé des officiers supérieurs de gendarmerie, les officiers supérieurs de l’armée, les hauts fonctionnaires de la police, nous nous sommes, en ce qui concerne notre encadrement, appliqués à expliquer à nos hommes que conformément aux missions que le gouvernement, avait confié au CeCos, nous devons mettre nos éléments au service de la population abidjanaise. Progressivement, nous l’avons fait. Nous avons atteint ces objectifs dans les conditions les meilleures. De sorte que la qualité de l’action soit vue au même niveau que l’efficacité et les résultats. L’assainissement, pour nous, a constitué à faire de la pédagogie. Et quand nous nous sommes aperçus, à un moment donné, que cela ne suffisait pas, nous avons sanctionné. Comme cela persistait, nous nous sommes séparés de quelques éléments. Je ne peux pas aujourd’hui mettre sur la place publique, un bilan chiffré de tout ce que nous avons fait dans le domaine précis de l’assainissement. Mais, je pense que c’est de mieux en mieux apprécié aujourd’hui et qu’il y a dans notre manière de travailler, un peu plus de maturité qu’auparavant. Et puis, nos hommes commencent à comprendre qu’on peut faire ce travail, sans tous les dysfonctionnements qu’on observe çà et là. Notre travail d’assainissement a porté. Je peux vous dire que les éléments du CeCOS n’ont pas atteint la perfection, mais, nombre d’entre eux sont conscients aujourd’hui qu’ils doivent offrir un service de qualité aux populations d’Abidjan pour lesquelles ils sont là.
Comment le CeCOS est-il structuré?
Il y a un commandement central logé au siège à Cocody et cinq secteurs opérationnels qui correspondent aux principaux quartiers et communes d’Abidjan. Le secteur 1, c’est Yopougon, le secteur 2 est composé d’Abobo et d’Anyama, le secteur 3 regroupe Adjamé, Plateau et Attécoubé, le secteur 4 est composé des communes de Cocody et Bingerville et le secteur 5 comprend toutes les communes situées au sud des deux ponts de Treichville jusqu’à Port-Bouët. Nous avons fait en sorte qu’il y ait ce qu’on appelle chez nous les compétences territoriales. C’est-à-dire que le responsable du CeCOS qui est en service dans le secteur 2 est obligé de rester dans les limites des communes qui composent son secteur. A côté de ces secteurs territoriaux, il y a quelques détachements du CeCOS. Notamment celui de la Maca qui y est installé depuis août 2005 et qui a la responsabilité d’appuyer l’administration pénitentiaire en ce qui concerne la sécurité au quotidien. Nous avons aussi deux détachements d’intervention que nous avons dédiés à toutes les opérations de maintien de l’ordre qu’on appelle la Brigade de maintien de l’ordre (Bmo). Très importante, elle est composée de l’équivalent de trois à quatre escadrons de gendarmerie. Et il y a un détachement qui est pour nous le groupement d’appui et d’intervention. C’est l’équivalent d’un escadron renforcé de gendarmerie qui comporte des éléments qui peuvent aller partout, à la demande des autorités. Au niveau central, il y a, comme dans toutes les grandes structures, des divisions qui composent l’état-major du CeCOS et qui agissent en fonction des instructions que le commandement leur donne et qui viennent aussi en appui aux différents secteurs opérationnels.
Mon général, en dépit de votre politique d’assainissement, nous constatons toujours des déviations. Il nous revient que vos hommes du détachement de la Maca entretiennent des rapports conflictuels avec les surveillants pénitentiaires. Lesquels les accusent de beaucoup de méfaits. La récente tentative d’évasion de prisonniers serait de leur fait. On parle ces derniers temps d’un enregistrement pornographique dont l’auteur serait une patrouille du CeCOS… Etes-vous saisi de tous ces cas?
Ne pensez-vous pas que le vrai problème, c’est finalement vos hommes eux-mêmes?
Ecoutez! Cela fait beaucoup de choses en même temps. Vous dites chaque fois: «on dit… on dit», que devons-nous retenir?
Mais, qu’est-ce qui vous fait dire qu’il s’agit d’éléments du CeCOS?
Moi, personne ne m’a saisi. Il n’y a eu aucun plaignant. Du point de vue juridique, les personnes en cause, peuvent se plaindre, parce que ce sont des faits attentatoires à leur honneur. Et puis de façon générale, c’est un attentat à la pudeur, donc si quelqu’un se plaint, on engagera une procédure, on fera des investigations. Si c’est quelqu’un du CeCOS ou d’autres éléments des Fds, ce sera le même processus. Malheureusement, tout le monde parle, accuse, mais personne n’apporte la preuve que tel jour, à tel endroit, tel élément a été impliqué dans cette affaire. C’est facile de dire que c’est le CeCOS, apportez-nous ce qui peut être de nature à justifier de telles charges. En même temps que je suis exigeant vis-à-vis des éléments du CeCOS, je n’ai aucune envie de les charger inutilement.
Commençons par parler de ce qui se passe à la Maca.
Le détachement de la Maca y est, comme je le disais tantôt, depuis 2005. Et il y a fait beaucoup de choses. Rappelez-vous, c’est à la suite des évasions massives de plus de 4000 prisonniers que le gouvernement a décidé de renforcer l’action de l’administration pénitentiaire avec nos hommes. Depuis quatre ans que nos hommes sont sur les lieux, il n’y a pas eu d’évasions massives. Bien sûr, il y a eu les évasions de deux à trois personnes, à la suite desquelles souvent, il y a eu malheureusement des drames, mais il n’y a pas eu d’évasions massives. C’est un premier fait. Deuxièmement, comprenez que dans une administration comme l’administration pénitentiaire, il est toujours difficile et cela est humain- d’accepter qu’une autre administration vienne vous renforcer parce que cela voudrait dire que, quelque part, on a constaté des carences. Il y a donc eu quelques petits problèmes entre nos hommes et l’administration pénitentiaire qui n’acceptait pas toujours leur présence. Nous n’avons pas demandé à être à la Maca. Nous avons reçu des instructions du gouvernement dans ce sens. Mais, en même temps, il faut aussi savoir que sur place, chacun a sa mission.
Comment collaborez-vous avec l’administration pénitentiaire?
L’administration pénitentiaire est en contact direct avec les détenus, ce qui n’est pas le cas de nos hommes. Nous sommes aux entrées principales et aux miradors. Nous ne sommes pas dans la cour de récréation des détenus. Nous sommes au premier corridor quand vous entrez et au dernier quand vous sortez. C’est dire que les autorisations réglementaires d’entrée et de sortie ne sont pas de notre fait. C’est l’administration pénitentiaire qui gère tout cela. Si nous constatons que les gens ont l’autorisation de l’administration pénitentiaire, nous les laissons entrer. S’ils veulent sortir et que l’administration les y autorise, nous les laissons partir. Nous ne sommes pas là pour rivaliser avec l’administration pénitentiaire. Nous sommes là en appui, en soutien à leur action. Il n’y a pas de confusion possible. Nous sommes là en soutien d’une force dont la mission principale est la gestion de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Nos hommes, en même temps qu’ils sont sous mes ordres, sont aussi à la disposition du régisseur de la Maca. Leur chef de détachement qui est un officier reçoit les instructions de ce dernier, en ce qui concerne le travail à exécuter au quotidien. S’agissant des prisonniers qui se sont évadés de la Maca, justement dans des postes où se trouvaient nos hommes, ce sont des fautes professionnelles qui arrivent au cours de toutes missions. Quand nous avons eu l’information, nous nous sommes rendus sur les lieux et avons constaté les faits. Mais nous avons pris toutes les mesures possibles. Je voudrais vous rappeler que les agents qui étaient impliqués dans cette affaire viennent d’être jugés par le tribunal militaire. Nous l’avons exigé. L’affaire a été instruite par la Brigade de gendarmerie de Yopougon, les personnes ont été déférées devant le procureur militaire, jugées et condamnées. C’est cela notre mission d’assainissement. Quand on commande, on est en mesure de relever tous les dysfonctionnements et d’y apporter des remèdes. Beaucoup de nos agents, auteurs de fautes professionnelles lourdes, font toujours l’objet d’une procédure, qu’elle soit disciplinaire, statutaire ou pénale. Chacun d’entre eux, encourt toujours des sanctions, selon la nature de la faute commise. On ne cache rien en interne.
Revenons à la structuration du CeCOS. Nous avons le sentiment que vos éléments sont un peu des laissés-pour-compte au niveau de l’encadrement. Vous êtes commandant du CeCOS et en même temps le commandant de l’école de gendarmerie.
Les commandants des secteurs du CeCOS continuent d’assumer de lourdes responsabilités dans leurs corps d’origine?
Je crois qu’il faut définitivement mettre fin à ce débat qui est le fait de certaines personnes qui connaissent mal l’organisation militaire. Il est dépassé. Le CeCOS est une structure opérationnelle. Il faut que les militaires, les gendarmes, les policiers le sachent. Dans l’armée, il y a des structures opérationnelles et des commandements organiques. Moi, en tant que commandant de l’école de gendarmerie, je suis à la tête d’un commandement organique, dont les missions sont très lourdes. Il fait de l’instruction, de la gestion au quotidien, et aussi du commandement opérationnel quand c’est nécessaire. Mais, au contraire, les charges d’un commandement opérationnel ne sont pas très lourdes. Avec ce commandement, je n’ai pas de gros soucis en ce qui concerne les charges de gestion quotidienne. La gestion quotidienne est de la responsabilité des structures organiques. Les nominations aux grades supérieurs, les promotions, les notations des personnes qui sont au CeCOS sont le fait des commandements organiques. Bien sûr que j’y suis associé, puisque c’est moi qui les emploie au quotidien, je donne mon avis sur leur manière de travailler. Mais tout compte fait, ce sont les directions des ressources humaines des différents corps organiques qui gèrent cela. Le commandement du CeCOS est là pour veiller à la réussite de la mission que le gouvernement nous a fixée, et qui est la sécurisation 24 h / 24 de la population. C’est à cela que je m’attelle. Mais, cette action n’est pas incompatible avec celle de commandant d’une structure organique. Quel que soit l’endroit d’Abidjan où je me trouve, je peux commander le CeCOS, c’est cela l’avantage. Mais pour l’école de gendarmerie, il faut que je sois toujours là. Voyez la différence entre l’action organique et l’action opérationnelle. Et puis, nous les militaires, nous avons ce qu’on appelle la disponibilité permanente. Je ne suis pas un haut fonctionnaire pour dire qu’à 17 h, mon travail est fini. Nous travaillons 24 h / 24. Je voudrais aussi vous éclairer sur ce que vous avez dit.
Ce qui nous apparaît comme un cumul inopérant de fonction est-il une exigence de la feuille de route que le gouvernement vous a donnée?
Quand le gouvernement mettait en place le CeCOS, le contrat de base, qui n’est pas écrit, mais qui est un contrat de confiance, stipulait de prendre des gens qui ont des responsabilités dans leur commandement organique. Pour leur confier, le commandement, le management, du secteur opérationnel CeCOS. C’est pour cela que le commandant du CeCOS est le commandant de l’école de gendarmerie. Quand son adjoint est responsable des unités d’intervention de la police nationale. Et les différents commandants des secteurs opérationnels sont des commandants d’escadron de gendarmerie, mobile comme à Abobo, Koumassi, soient des commandants des compagnies de sécurité CRS ou BAE, au niveau de la police, comme c’est le cas à Yopougon. A Adjamé par exemple, c’est le chef du district de police d’Adjamé, qui couvre les commissariats d’Adjamé, d’Attécoubé, de Williamsville et du Plateau. C’est la volonté du gouvernement et c’est cela qui fait l’efficacité du CeCOS. On ne le dit pas assez! On n’aurait pas été aussi efficace, si on ne s’appuyait pas sur ces structures organiques qui existent. N’oubliez pas que l’essentiel de notre logistique provient d’elles. L’entretien de nos véhicules est le fait de la gendarmerie. Notre armement provient de la gendarmerie et de la police à 95%. Si nous ne pouvions pas nous appuyer sur les structures de la gendarmerie et sur quelques structures de la police, nous n’aurions pas eu la même efficacité. C’est une bonne chose que le gouvernement ait opté pour cette démarche. Le secteur 4 du CeCOS est commandé par un officier de la gendarmerie qui est en même temps à la tête de l’unité la plus importante de la gendarmerie nationale. Et nous sommes très heureux que les choses soient ainsi. C’est l’un des meilleurs éléments que nous avons. En plus, il a fait ses preuves, il a prouvé qu’il est un homme de confiance. Le fait de lui confier ce secteur a été une très bonne initiative.
L’efficacité repose sur des chiffres et sur des acquis.
Quel est aujourd’hui le bilan chiffré de quatre ans d’existence et des actions d’éclat du CeCOS?
C’est justement cette partie que nous voulons montrer à la population. Vous êtes avec nous depuis 2005 et vous savez que régulièrement, nous adressons à la population toutes les informations nécessaires concernant l’infraction. Récemment encore nous avons publié un document dans lequel nous faisons le bilan depuis 2005 jusqu’à maintenant. Il faut dire aujourd’hui que nous avons apporté beaucoup d’améliorations, en ce qui concerne la situation sécuritaire au niveau de la ville d’Abidjan. Avant la mise en place du CeCOS, on enregistrait dans la catégorie des braquages de véhicules, entre 15 et 20 braquages par jour à Abidjan, avant août 2005. En moyenne aujourd’hui, on a entre 5 et 7 braquages à Abidjan qui est quand même une grande ville avec des millions d’habitants. On a donc divisé le chiffre par trois. En ce qui concerne les attaques de domicile, on enregistrait une dizaine par nuit à Abidjan. Aujourd’hui, on est à 2 ou 3. Ces chiffres indiquent, d’où on vient et quel a été la progression faite pour arriver à ces chiffres. Nous ne pouvons pas dire que nous allons enrayer définitivement l’insécurité à Abidjan. Mais, nous nous appuyons sur ces données là pour dire qu’il y a eu pas mal d’améliorations qui ont été apportées. Les chiffres que je viens de donner sont suffisamment parleurs.
Quels sont les effets du guide de l’automobiliste que le CeCOS avait élaboré en son temps?
Ce guide a été largement diffusé, et la plupart des émissions qui ont été animées sur les antennes de la radio nationale, en l’occurrence « Alerte Sécurité » tous les vendredis à 19h30 ont donné la possibilité au commandement du CeCOS de vulgariser ces informations sur l’attitude à tenir. Ce que nous disons en substance, c’est qu’il vaut mieux que votre véhicule soit emporté par les malfaiteurs plutôt que de se faire tuer. De nombreuses personnes respectent cela aujourd’hui. Un bien perdu, ça fait mal, certes, mais une vie perdue l’est définitivement.
Mon général, c’est bien de traquer tous les jours ceux de vos agents qui ne vous donnent pas satisfaction. Mais, que faites-vous pour reconnaître le mérite de ceux qui excellent dans le travail?
Nous avons institué, comme l’impose d’ailleurs le règlement dans l’armée, des récompenses. Chaque fois que quelqu’un fait ce qu’on appelle une action d’éclat, il est récompensé à travers une cérémonie publique. Ce, pour montrer que nous ne sommes pas seulement là pour sanctionner, mais que nous savons reconnaître aussi le mérite des gens. On fait une cérémonie publique pour montrer aux agents ceux qui se conduisent bien. A ceux qui se comportent mal, on montre aussi la voie à suivre. On ne donne pas de médaille, mais ce qu’exige le règlement de discipline général, c’est-à-dire des récompenses en nature et pécuniaires etc.
Quel message avez-vous à lancer en direction de la population dans ses rapports avec vos hommes?
Le CeCOS a été à la base de beaucoup d’actions. Nous avons été de ceux qui ont fait lever beaucoup de lièvres ici à Abidjan. Nos hommes ont démantelé un réseau de grands faussaires et mis la main sur une imprimerie complète. Ils fabriquaient toutes les pièces administratives. Nos hommes ont été à la base de l’arrestation de M. Ney Pierre qui a passé 16 mois à la Maca avant d’être libéré récemment. Vous vous rappelez l’opération «Noël à Abidjan». Le CeCOS a longuement contribué à lutter contre les différentes tentatives de déstabilisation de la ville d’Abidjan et donc de notre pays. Que ce soit à Anyama, que ce soit à Akouédo où son action a été décisive dans la libération dudit camp. Nous ne faisons pas que la sécurité publique. Chaque fois que besoin est, nous soutenons les forces de défense et de sécurité en matière d’action strictement militaires. Mais, je voudrais vous dire que les populations sont les seules qui peuvent mieux évaluer notre action. C’est pour cela que nous mettrons tout en œuvre pour que puissent cesser tous les désagréments que leur causent les malfaiteurs. Dans les règles de l’art. Nous n’entendons pas être payés par la population. Nous sommes à son service. Je crois que beaucoup d’agents du CeCOS l’ont compris aujourd’hui. C’est vrai qu’il existe encore des réfractaires, mais ils sont peu nombreux. J’invite donc la population à continuer à nous soutenir en nous donnant les renseignements nécessaires, dans des délais relativement courts. Plus vite l’appel au secours est lancé, mieux c’est. Notre objectif, c’est de faire en sorte de réduire les délais d’intervention. C’est pour cela que nous avons fait en sorte de vulgariser les numéros d’appel du CeCOS. On a fait des affiches qui sont aujourd’hui placardés dans de nombreux endroits en ville. Il faut que chacun retienne ces numéros pour qu’en cas de nécessité, il puisse les utiliser à bon escient
Le CeCOS va-t-il accroître ses missions et étendre son rayon d’action avec la réunification du pays?
D’abord, ce n’est pas moi qui définis les missions du CeCOS, c’est le gouvernement. Si dans deux ou trois mois, il estime que de nouvelles missions doivent s’ajouter aux anciennes, nous nous exécuterons. Mais, je voulais vous dire que le CeCOS n’a pas de tâches particulières. Il assume les missions de police générale. Nous assurons la sécurité publique qui comprend la protection des personnes et des biens, et qui impliquent que nous soyons là pour faire de l’action préventive. Si cela ne suffit pas, nous recherchons tous les gens qui auront commis une infraction pour les mettre à la disposition de la justice. C’est l’essentiel de notre mission. A côté de cela, nous avons une mission d’ordre public. A chaque fois qu’il y a de grands rassemblements, des manifestations importantes, le CeCOS est là pour assurer l’ordre public, pour assurer le service d’ordre. En outre, il y a des volets militaires. Nous avons des unités de type militaire qui sont prêtes à se déployer sur ordre du gouvernement et surtout du chef d’état-major des Armées pour faire exécuter toutes les missions de nature militaire. Voilà, pour l’instant nos missions.
En dépit de toutes les récriminations contre vos hommes, il nous revient que le CeCOS est apprécié à l’extérieur. Qu’en est-il exactement?
Effectivement. Plusieurs officiers dont je ne citerai pas les pays, sont venus ici, et nous ont demandé des informations que nous leur avons données. Ils sont très intéressés par notre expérience. Nous les avons orientés vers le gouvernement, vers le ministère de la Défense de sorte que s’ils veulent une coopération formalisée, officielle, ils s’adressent aux autorités. Mais, en même temps, nous avons demandé à voir comment ça se passe dans les pays qui sont en avance dans ce genre de missions. C’est ainsi que nous avons envoyé des éléments en Afrique du Sud, au Maroc, en Israël pour prendre contact et travailler avec les polices des grandes agglomérations telles que Johannesburg, Casablanca, Tel Aviv. J’ai eu l’honneur d’aller à Berlin pour voir un peu comment la police y travaille. Nous nous informons, nous nous instruisons, nous nous enrichissons de l’expérience des autres grandes polices, de la même manière que beaucoup de nos camarades de la sous-région viennent nous voir pour partager avec nous notre expérience qui est récente, mais déjà très riche.
Etes-vous satisfait des équipements dont vous disposez?
De façon absolue, on ne peut jamais dire qu’on est satisfait. On aurait voulu avoir davantage de moyens, mais nous pensons que l’Etat a fait un effort pour le CeCOS. Nous avons ce qu’il faut pour faire face aux menaces immédiates, qu’elles soient liées à l’ordre public ou à la sécurité publique. Cependant, nous serions encore plus heureux si nous avions d’autres moyens de mobilité, un bon armement et des minutions parce que c’est ce qui fait défaut aujourd’hui. Compte tenu du fait que le pays est sous embargo.
Pourquoi, selon vous, le racket policier et les tracasseries routières persistent-ils malgré les directives du chef d’état-major des armées? Mon général, que se passe-t-il réellement dans l’armée?
Y a-t-il eu des agents du CeCOS aux barrages?
Notre question ne s’adressait pas au commandant du CeCOS.
Eh bien ! Je ne suis pas en mesure de vous répondre dans ces conditions-là parce que moi, je gère les agents du CeCOS. Le jour que vous verrez que des barrages sont érigés par ces derniers, appelez-moi immédiatement pour que je leur dise que ce n’est pas leur mission.
Interview réalisée Par Landry Kohon
Quatre ans après le lancement de ses activités en juillet 2005, quelle image présente aujourd’hui le CeCOS?
Le CeCOS a été effectivement mis en place en août 2005. Depuis cette date, nous sommes opérationnels. Les activités du grand commandement ont été lancées et jusqu’à ce jour, nous faisons ce que le gouvernement nous a confié comme mission, à savoir, la sécurisation de toutes les populations d’Abidjan, c’est-à-dire du district d’Abidjan et banlieue. Vous me posez la question de savoir quelle image le CeCOS présente aujourd’hui. Eh bien ! Le CeCOS, en interne, est très dynamique. Les activités sont croissantes et les résultats sont de mieux en mieux appréciés. Si au début, nous avons éprouvé quelques difficultés, il faut dire qu’aujourd’hui, nous avons pris suffisamment de place dans le district d’Abidjan. Pour ce qui est de l’image que nous donnons, je crois que c’est la population qui doit nous renvoyer notre propre image. Ce n’est pas à nous de décréter que nous sommes bien perçus ou pas. C’est la population pour laquelle nous travaillons qui doit donner le reflet de ce que nous sommes. Ce que j’ai entendu depuis 2005 jusqu’à maintenant me fait penser que nous nous améliorons, en ce qui concerne les résultats, l’efficacité et surtout la procédure, la manière de travailler, les rapports avec les populations.
Dans les premiers moments qui ont suivi le lancement de votre unité en 2005, la population avait renvoyé une image assez négative du CeCOS. Les comportements de certains de vos agents étaient notamment décriés. Ce qui vous avait amené à prendre des mesures d’assainissement. A ce jour, où en êtes-vous? Pensez-vous avoir réussi à extirper les mauvaises graines du corps?
Notre objectif est largement atteint. On prend toujours le CeCOS comme une structure qui est seule au monde ou en Côte d’Ivoire. Non, ce n’est pas le cas. Le CeCOS, c’est la police nationale, c’est la gendarmerie nationale, c’est une partie des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire. Et quand nous nous sommes retrouvés en 2005 avec la somme des avantages, des qualités de nos forces réciproques, nous nous sommes retrouvés aussi avec ce qu’il y avait de moins bien dans nos commandements. Compte tenu des objectifs que le gouvernement visait, nous, c’est-à-dire le commandement du CeCOS composé des officiers supérieurs de gendarmerie, les officiers supérieurs de l’armée, les hauts fonctionnaires de la police, nous nous sommes, en ce qui concerne notre encadrement, appliqués à expliquer à nos hommes que conformément aux missions que le gouvernement, avait confié au CeCos, nous devons mettre nos éléments au service de la population abidjanaise. Progressivement, nous l’avons fait. Nous avons atteint ces objectifs dans les conditions les meilleures. De sorte que la qualité de l’action soit vue au même niveau que l’efficacité et les résultats. L’assainissement, pour nous, a constitué à faire de la pédagogie. Et quand nous nous sommes aperçus, à un moment donné, que cela ne suffisait pas, nous avons sanctionné. Comme cela persistait, nous nous sommes séparés de quelques éléments. Je ne peux pas aujourd’hui mettre sur la place publique, un bilan chiffré de tout ce que nous avons fait dans le domaine précis de l’assainissement. Mais, je pense que c’est de mieux en mieux apprécié aujourd’hui et qu’il y a dans notre manière de travailler, un peu plus de maturité qu’auparavant. Et puis, nos hommes commencent à comprendre qu’on peut faire ce travail, sans tous les dysfonctionnements qu’on observe çà et là. Notre travail d’assainissement a porté. Je peux vous dire que les éléments du CeCOS n’ont pas atteint la perfection, mais, nombre d’entre eux sont conscients aujourd’hui qu’ils doivent offrir un service de qualité aux populations d’Abidjan pour lesquelles ils sont là.
Comment le CeCOS est-il structuré?
Il y a un commandement central logé au siège à Cocody et cinq secteurs opérationnels qui correspondent aux principaux quartiers et communes d’Abidjan. Le secteur 1, c’est Yopougon, le secteur 2 est composé d’Abobo et d’Anyama, le secteur 3 regroupe Adjamé, Plateau et Attécoubé, le secteur 4 est composé des communes de Cocody et Bingerville et le secteur 5 comprend toutes les communes situées au sud des deux ponts de Treichville jusqu’à Port-Bouët. Nous avons fait en sorte qu’il y ait ce qu’on appelle chez nous les compétences territoriales. C’est-à-dire que le responsable du CeCOS qui est en service dans le secteur 2 est obligé de rester dans les limites des communes qui composent son secteur. A côté de ces secteurs territoriaux, il y a quelques détachements du CeCOS. Notamment celui de la Maca qui y est installé depuis août 2005 et qui a la responsabilité d’appuyer l’administration pénitentiaire en ce qui concerne la sécurité au quotidien. Nous avons aussi deux détachements d’intervention que nous avons dédiés à toutes les opérations de maintien de l’ordre qu’on appelle la Brigade de maintien de l’ordre (Bmo). Très importante, elle est composée de l’équivalent de trois à quatre escadrons de gendarmerie. Et il y a un détachement qui est pour nous le groupement d’appui et d’intervention. C’est l’équivalent d’un escadron renforcé de gendarmerie qui comporte des éléments qui peuvent aller partout, à la demande des autorités. Au niveau central, il y a, comme dans toutes les grandes structures, des divisions qui composent l’état-major du CeCOS et qui agissent en fonction des instructions que le commandement leur donne et qui viennent aussi en appui aux différents secteurs opérationnels.
Mon général, en dépit de votre politique d’assainissement, nous constatons toujours des déviations. Il nous revient que vos hommes du détachement de la Maca entretiennent des rapports conflictuels avec les surveillants pénitentiaires. Lesquels les accusent de beaucoup de méfaits. La récente tentative d’évasion de prisonniers serait de leur fait. On parle ces derniers temps d’un enregistrement pornographique dont l’auteur serait une patrouille du CeCOS… Etes-vous saisi de tous ces cas?
Ne pensez-vous pas que le vrai problème, c’est finalement vos hommes eux-mêmes?
Ecoutez! Cela fait beaucoup de choses en même temps. Vous dites chaque fois: «on dit… on dit», que devons-nous retenir?
Mais, qu’est-ce qui vous fait dire qu’il s’agit d’éléments du CeCOS?
Moi, personne ne m’a saisi. Il n’y a eu aucun plaignant. Du point de vue juridique, les personnes en cause, peuvent se plaindre, parce que ce sont des faits attentatoires à leur honneur. Et puis de façon générale, c’est un attentat à la pudeur, donc si quelqu’un se plaint, on engagera une procédure, on fera des investigations. Si c’est quelqu’un du CeCOS ou d’autres éléments des Fds, ce sera le même processus. Malheureusement, tout le monde parle, accuse, mais personne n’apporte la preuve que tel jour, à tel endroit, tel élément a été impliqué dans cette affaire. C’est facile de dire que c’est le CeCOS, apportez-nous ce qui peut être de nature à justifier de telles charges. En même temps que je suis exigeant vis-à-vis des éléments du CeCOS, je n’ai aucune envie de les charger inutilement.
Commençons par parler de ce qui se passe à la Maca.
Le détachement de la Maca y est, comme je le disais tantôt, depuis 2005. Et il y a fait beaucoup de choses. Rappelez-vous, c’est à la suite des évasions massives de plus de 4000 prisonniers que le gouvernement a décidé de renforcer l’action de l’administration pénitentiaire avec nos hommes. Depuis quatre ans que nos hommes sont sur les lieux, il n’y a pas eu d’évasions massives. Bien sûr, il y a eu les évasions de deux à trois personnes, à la suite desquelles souvent, il y a eu malheureusement des drames, mais il n’y a pas eu d’évasions massives. C’est un premier fait. Deuxièmement, comprenez que dans une administration comme l’administration pénitentiaire, il est toujours difficile et cela est humain- d’accepter qu’une autre administration vienne vous renforcer parce que cela voudrait dire que, quelque part, on a constaté des carences. Il y a donc eu quelques petits problèmes entre nos hommes et l’administration pénitentiaire qui n’acceptait pas toujours leur présence. Nous n’avons pas demandé à être à la Maca. Nous avons reçu des instructions du gouvernement dans ce sens. Mais, en même temps, il faut aussi savoir que sur place, chacun a sa mission.
Comment collaborez-vous avec l’administration pénitentiaire?
L’administration pénitentiaire est en contact direct avec les détenus, ce qui n’est pas le cas de nos hommes. Nous sommes aux entrées principales et aux miradors. Nous ne sommes pas dans la cour de récréation des détenus. Nous sommes au premier corridor quand vous entrez et au dernier quand vous sortez. C’est dire que les autorisations réglementaires d’entrée et de sortie ne sont pas de notre fait. C’est l’administration pénitentiaire qui gère tout cela. Si nous constatons que les gens ont l’autorisation de l’administration pénitentiaire, nous les laissons entrer. S’ils veulent sortir et que l’administration les y autorise, nous les laissons partir. Nous ne sommes pas là pour rivaliser avec l’administration pénitentiaire. Nous sommes là en appui, en soutien à leur action. Il n’y a pas de confusion possible. Nous sommes là en soutien d’une force dont la mission principale est la gestion de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Nos hommes, en même temps qu’ils sont sous mes ordres, sont aussi à la disposition du régisseur de la Maca. Leur chef de détachement qui est un officier reçoit les instructions de ce dernier, en ce qui concerne le travail à exécuter au quotidien. S’agissant des prisonniers qui se sont évadés de la Maca, justement dans des postes où se trouvaient nos hommes, ce sont des fautes professionnelles qui arrivent au cours de toutes missions. Quand nous avons eu l’information, nous nous sommes rendus sur les lieux et avons constaté les faits. Mais nous avons pris toutes les mesures possibles. Je voudrais vous rappeler que les agents qui étaient impliqués dans cette affaire viennent d’être jugés par le tribunal militaire. Nous l’avons exigé. L’affaire a été instruite par la Brigade de gendarmerie de Yopougon, les personnes ont été déférées devant le procureur militaire, jugées et condamnées. C’est cela notre mission d’assainissement. Quand on commande, on est en mesure de relever tous les dysfonctionnements et d’y apporter des remèdes. Beaucoup de nos agents, auteurs de fautes professionnelles lourdes, font toujours l’objet d’une procédure, qu’elle soit disciplinaire, statutaire ou pénale. Chacun d’entre eux, encourt toujours des sanctions, selon la nature de la faute commise. On ne cache rien en interne.
Revenons à la structuration du CeCOS. Nous avons le sentiment que vos éléments sont un peu des laissés-pour-compte au niveau de l’encadrement. Vous êtes commandant du CeCOS et en même temps le commandant de l’école de gendarmerie.
Les commandants des secteurs du CeCOS continuent d’assumer de lourdes responsabilités dans leurs corps d’origine?
Je crois qu’il faut définitivement mettre fin à ce débat qui est le fait de certaines personnes qui connaissent mal l’organisation militaire. Il est dépassé. Le CeCOS est une structure opérationnelle. Il faut que les militaires, les gendarmes, les policiers le sachent. Dans l’armée, il y a des structures opérationnelles et des commandements organiques. Moi, en tant que commandant de l’école de gendarmerie, je suis à la tête d’un commandement organique, dont les missions sont très lourdes. Il fait de l’instruction, de la gestion au quotidien, et aussi du commandement opérationnel quand c’est nécessaire. Mais, au contraire, les charges d’un commandement opérationnel ne sont pas très lourdes. Avec ce commandement, je n’ai pas de gros soucis en ce qui concerne les charges de gestion quotidienne. La gestion quotidienne est de la responsabilité des structures organiques. Les nominations aux grades supérieurs, les promotions, les notations des personnes qui sont au CeCOS sont le fait des commandements organiques. Bien sûr que j’y suis associé, puisque c’est moi qui les emploie au quotidien, je donne mon avis sur leur manière de travailler. Mais tout compte fait, ce sont les directions des ressources humaines des différents corps organiques qui gèrent cela. Le commandement du CeCOS est là pour veiller à la réussite de la mission que le gouvernement nous a fixée, et qui est la sécurisation 24 h / 24 de la population. C’est à cela que je m’attelle. Mais, cette action n’est pas incompatible avec celle de commandant d’une structure organique. Quel que soit l’endroit d’Abidjan où je me trouve, je peux commander le CeCOS, c’est cela l’avantage. Mais pour l’école de gendarmerie, il faut que je sois toujours là. Voyez la différence entre l’action organique et l’action opérationnelle. Et puis, nous les militaires, nous avons ce qu’on appelle la disponibilité permanente. Je ne suis pas un haut fonctionnaire pour dire qu’à 17 h, mon travail est fini. Nous travaillons 24 h / 24. Je voudrais aussi vous éclairer sur ce que vous avez dit.
Ce qui nous apparaît comme un cumul inopérant de fonction est-il une exigence de la feuille de route que le gouvernement vous a donnée?
Quand le gouvernement mettait en place le CeCOS, le contrat de base, qui n’est pas écrit, mais qui est un contrat de confiance, stipulait de prendre des gens qui ont des responsabilités dans leur commandement organique. Pour leur confier, le commandement, le management, du secteur opérationnel CeCOS. C’est pour cela que le commandant du CeCOS est le commandant de l’école de gendarmerie. Quand son adjoint est responsable des unités d’intervention de la police nationale. Et les différents commandants des secteurs opérationnels sont des commandants d’escadron de gendarmerie, mobile comme à Abobo, Koumassi, soient des commandants des compagnies de sécurité CRS ou BAE, au niveau de la police, comme c’est le cas à Yopougon. A Adjamé par exemple, c’est le chef du district de police d’Adjamé, qui couvre les commissariats d’Adjamé, d’Attécoubé, de Williamsville et du Plateau. C’est la volonté du gouvernement et c’est cela qui fait l’efficacité du CeCOS. On ne le dit pas assez! On n’aurait pas été aussi efficace, si on ne s’appuyait pas sur ces structures organiques qui existent. N’oubliez pas que l’essentiel de notre logistique provient d’elles. L’entretien de nos véhicules est le fait de la gendarmerie. Notre armement provient de la gendarmerie et de la police à 95%. Si nous ne pouvions pas nous appuyer sur les structures de la gendarmerie et sur quelques structures de la police, nous n’aurions pas eu la même efficacité. C’est une bonne chose que le gouvernement ait opté pour cette démarche. Le secteur 4 du CeCOS est commandé par un officier de la gendarmerie qui est en même temps à la tête de l’unité la plus importante de la gendarmerie nationale. Et nous sommes très heureux que les choses soient ainsi. C’est l’un des meilleurs éléments que nous avons. En plus, il a fait ses preuves, il a prouvé qu’il est un homme de confiance. Le fait de lui confier ce secteur a été une très bonne initiative.
L’efficacité repose sur des chiffres et sur des acquis.
Quel est aujourd’hui le bilan chiffré de quatre ans d’existence et des actions d’éclat du CeCOS?
C’est justement cette partie que nous voulons montrer à la population. Vous êtes avec nous depuis 2005 et vous savez que régulièrement, nous adressons à la population toutes les informations nécessaires concernant l’infraction. Récemment encore nous avons publié un document dans lequel nous faisons le bilan depuis 2005 jusqu’à maintenant. Il faut dire aujourd’hui que nous avons apporté beaucoup d’améliorations, en ce qui concerne la situation sécuritaire au niveau de la ville d’Abidjan. Avant la mise en place du CeCOS, on enregistrait dans la catégorie des braquages de véhicules, entre 15 et 20 braquages par jour à Abidjan, avant août 2005. En moyenne aujourd’hui, on a entre 5 et 7 braquages à Abidjan qui est quand même une grande ville avec des millions d’habitants. On a donc divisé le chiffre par trois. En ce qui concerne les attaques de domicile, on enregistrait une dizaine par nuit à Abidjan. Aujourd’hui, on est à 2 ou 3. Ces chiffres indiquent, d’où on vient et quel a été la progression faite pour arriver à ces chiffres. Nous ne pouvons pas dire que nous allons enrayer définitivement l’insécurité à Abidjan. Mais, nous nous appuyons sur ces données là pour dire qu’il y a eu pas mal d’améliorations qui ont été apportées. Les chiffres que je viens de donner sont suffisamment parleurs.
Quels sont les effets du guide de l’automobiliste que le CeCOS avait élaboré en son temps?
Ce guide a été largement diffusé, et la plupart des émissions qui ont été animées sur les antennes de la radio nationale, en l’occurrence « Alerte Sécurité » tous les vendredis à 19h30 ont donné la possibilité au commandement du CeCOS de vulgariser ces informations sur l’attitude à tenir. Ce que nous disons en substance, c’est qu’il vaut mieux que votre véhicule soit emporté par les malfaiteurs plutôt que de se faire tuer. De nombreuses personnes respectent cela aujourd’hui. Un bien perdu, ça fait mal, certes, mais une vie perdue l’est définitivement.
Mon général, c’est bien de traquer tous les jours ceux de vos agents qui ne vous donnent pas satisfaction. Mais, que faites-vous pour reconnaître le mérite de ceux qui excellent dans le travail?
Nous avons institué, comme l’impose d’ailleurs le règlement dans l’armée, des récompenses. Chaque fois que quelqu’un fait ce qu’on appelle une action d’éclat, il est récompensé à travers une cérémonie publique. Ce, pour montrer que nous ne sommes pas seulement là pour sanctionner, mais que nous savons reconnaître aussi le mérite des gens. On fait une cérémonie publique pour montrer aux agents ceux qui se conduisent bien. A ceux qui se comportent mal, on montre aussi la voie à suivre. On ne donne pas de médaille, mais ce qu’exige le règlement de discipline général, c’est-à-dire des récompenses en nature et pécuniaires etc.
Quel message avez-vous à lancer en direction de la population dans ses rapports avec vos hommes?
Le CeCOS a été à la base de beaucoup d’actions. Nous avons été de ceux qui ont fait lever beaucoup de lièvres ici à Abidjan. Nos hommes ont démantelé un réseau de grands faussaires et mis la main sur une imprimerie complète. Ils fabriquaient toutes les pièces administratives. Nos hommes ont été à la base de l’arrestation de M. Ney Pierre qui a passé 16 mois à la Maca avant d’être libéré récemment. Vous vous rappelez l’opération «Noël à Abidjan». Le CeCOS a longuement contribué à lutter contre les différentes tentatives de déstabilisation de la ville d’Abidjan et donc de notre pays. Que ce soit à Anyama, que ce soit à Akouédo où son action a été décisive dans la libération dudit camp. Nous ne faisons pas que la sécurité publique. Chaque fois que besoin est, nous soutenons les forces de défense et de sécurité en matière d’action strictement militaires. Mais, je voudrais vous dire que les populations sont les seules qui peuvent mieux évaluer notre action. C’est pour cela que nous mettrons tout en œuvre pour que puissent cesser tous les désagréments que leur causent les malfaiteurs. Dans les règles de l’art. Nous n’entendons pas être payés par la population. Nous sommes à son service. Je crois que beaucoup d’agents du CeCOS l’ont compris aujourd’hui. C’est vrai qu’il existe encore des réfractaires, mais ils sont peu nombreux. J’invite donc la population à continuer à nous soutenir en nous donnant les renseignements nécessaires, dans des délais relativement courts. Plus vite l’appel au secours est lancé, mieux c’est. Notre objectif, c’est de faire en sorte de réduire les délais d’intervention. C’est pour cela que nous avons fait en sorte de vulgariser les numéros d’appel du CeCOS. On a fait des affiches qui sont aujourd’hui placardés dans de nombreux endroits en ville. Il faut que chacun retienne ces numéros pour qu’en cas de nécessité, il puisse les utiliser à bon escient
Le CeCOS va-t-il accroître ses missions et étendre son rayon d’action avec la réunification du pays?
D’abord, ce n’est pas moi qui définis les missions du CeCOS, c’est le gouvernement. Si dans deux ou trois mois, il estime que de nouvelles missions doivent s’ajouter aux anciennes, nous nous exécuterons. Mais, je voulais vous dire que le CeCOS n’a pas de tâches particulières. Il assume les missions de police générale. Nous assurons la sécurité publique qui comprend la protection des personnes et des biens, et qui impliquent que nous soyons là pour faire de l’action préventive. Si cela ne suffit pas, nous recherchons tous les gens qui auront commis une infraction pour les mettre à la disposition de la justice. C’est l’essentiel de notre mission. A côté de cela, nous avons une mission d’ordre public. A chaque fois qu’il y a de grands rassemblements, des manifestations importantes, le CeCOS est là pour assurer l’ordre public, pour assurer le service d’ordre. En outre, il y a des volets militaires. Nous avons des unités de type militaire qui sont prêtes à se déployer sur ordre du gouvernement et surtout du chef d’état-major des Armées pour faire exécuter toutes les missions de nature militaire. Voilà, pour l’instant nos missions.
En dépit de toutes les récriminations contre vos hommes, il nous revient que le CeCOS est apprécié à l’extérieur. Qu’en est-il exactement?
Effectivement. Plusieurs officiers dont je ne citerai pas les pays, sont venus ici, et nous ont demandé des informations que nous leur avons données. Ils sont très intéressés par notre expérience. Nous les avons orientés vers le gouvernement, vers le ministère de la Défense de sorte que s’ils veulent une coopération formalisée, officielle, ils s’adressent aux autorités. Mais, en même temps, nous avons demandé à voir comment ça se passe dans les pays qui sont en avance dans ce genre de missions. C’est ainsi que nous avons envoyé des éléments en Afrique du Sud, au Maroc, en Israël pour prendre contact et travailler avec les polices des grandes agglomérations telles que Johannesburg, Casablanca, Tel Aviv. J’ai eu l’honneur d’aller à Berlin pour voir un peu comment la police y travaille. Nous nous informons, nous nous instruisons, nous nous enrichissons de l’expérience des autres grandes polices, de la même manière que beaucoup de nos camarades de la sous-région viennent nous voir pour partager avec nous notre expérience qui est récente, mais déjà très riche.
Etes-vous satisfait des équipements dont vous disposez?
De façon absolue, on ne peut jamais dire qu’on est satisfait. On aurait voulu avoir davantage de moyens, mais nous pensons que l’Etat a fait un effort pour le CeCOS. Nous avons ce qu’il faut pour faire face aux menaces immédiates, qu’elles soient liées à l’ordre public ou à la sécurité publique. Cependant, nous serions encore plus heureux si nous avions d’autres moyens de mobilité, un bon armement et des minutions parce que c’est ce qui fait défaut aujourd’hui. Compte tenu du fait que le pays est sous embargo.
Pourquoi, selon vous, le racket policier et les tracasseries routières persistent-ils malgré les directives du chef d’état-major des armées? Mon général, que se passe-t-il réellement dans l’armée?
Y a-t-il eu des agents du CeCOS aux barrages?
Notre question ne s’adressait pas au commandant du CeCOS.
Eh bien ! Je ne suis pas en mesure de vous répondre dans ces conditions-là parce que moi, je gère les agents du CeCOS. Le jour que vous verrez que des barrages sont érigés par ces derniers, appelez-moi immédiatement pour que je leur dise que ce n’est pas leur mission.
Interview réalisée Par Landry Kohon