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Politique Publié le mercredi 10 juin 2009 | Le Nouveau Réveil

Après le gala “Dames de cœur, mères de paix” de Fraternité Matin - Jean Baptiste Akrou (Dg de Fraternité Matin) fait des révélations : “Mme Gbagbo ne voulait pas se retrouver seule en face de Mmes Bédié et Ouattara”

Après le gala "Dames de cœur, mères de paix" organisé par le quotidien Fraternité Matin, Jean Baptiste Akrou, Directeur général dudit journal, s'est prononcé sur la cérémonie. Il a surtout levé un coin de voile sur les difficultés rencontrées dans le cadre de cette manifestation, les fonds utilisés, le gruman dépêché pour le déplacement de Mme Thérèse Houphouët-Boigny et les clans formés par les quatre (04) dames à l'occasion de ce gala. Jean Baptiste Akrou, en dehors de tout cela a parlé aussi de l'atmosphère qui règne dans son entreprise. Le Dg de Fraternité Matin a annoncé la réhabilitation de Dan Moussa et confirmé le licenciement de Doua Gouly. Ses explications.


M. Jean Baptiste Akrou, vous êtes le Directeur général de Fraternité Matin, vous venez d'organiser un gala qui a permis la rencontre des quatre (04) grandes dames. Comment vous vous sentez après avoir réussi pareil coup ?

Je suis dans l'état d'esprit d'un élève qui a préparé un examen et à qui on vient dire qu'il est admis. Je suis comme un sportif qui a préparé une compétition comme Touré Gnégnéri qui a gagné sa finale de coupe d'Europe. Vraiment, je suis dans un état d'esprit de quelqu'un qui, avec une équipe, a conçu un projet. Le projet a abouti et donc je suis surtout content pour la Côte d'Ivoire. Mais ce n'est pas mon état d'âme qui est important. Ce qui est le plus important, ce sont les coups de fil que j'ai reçus depuis hier (Ndlr samedi) qui me montrent que cette initiative est bonne. Elle a été bien perçue à Bouaké, à Man, à Yamoussoukro, à Aboisso…des régions d'où les gens m'ont appelé. En Europe aussi. On m'a appelé de France. Je suis content pour toute l'équipe qui a piloté cette opération et surtout, je suis content pour la Côte d'Ivoire.


Comment vous est venue l'idée de réunir les quatre (04) dames ?

C'est une idée qui est venue de façon, disons, inattendue. Je suis à Fraternité Matin depuis 1980. Cela fait donc 29 ans de présence. Pour la première fois, je suis tombé malade en février et on m'a hospitalisé. Sur mon lit d'hôpital, j'étais en train de chercher quel évènement créer pour accompagner le processus de paix. J'ai réfléchi et je me suis dit, la fête des mères serait un bon coup si on pouvait obtenir la présence des quatre (04) grandes dames. C'est comme cela que c'est parti, aussi bizarrement que cela puisse paraître. C'est comme ça que l'idée m'est venue.


Vous tenez quand même le plus grand journal et donc votre contribution au processus de paix est déjà visible.

Il faudrait peut-être que je fasse un retour en arrière. J'ai été nommé le 26 novembre 2006 comme Directeur général de Fraternité Matin. J'étais en vacances et j'étais à Yamoussoukro avec mon papa Akrou Kacou. J'étais allé me ressourcer auprès de lui. J'étais au village lorsque j'ai appris à la télévision, en même temps que tous les autres Ivoiriens, que j'ai été nommé Directeur général. Personne ne m'avait soufflé l'information. Quand je suis venu à Abidjan, j'ai cherché à rencontrer le Président de la République pour lui demander la mission qu'il me confiait. Il m'a dit ceci : "Jean Baptiste Akrou, je te demande de faire en sorte que Fraternité Matin soit un journal qui rassemble tous les Ivoiriens ; que plus jamais un Ivoirien se serve de Fraternité Matin pour insulter un autre Ivoirien" Comme on le dit chez nous, quand on t'envoie, il faut savoir t'envoyer. C'est à moi de faire des déclinaisons c'est-à-dire faire en sorte que Fraternité Matin rassemble tous les Ivoiriens. Nous avons donc décidé de renforcer la ligne éditoriale de Fraternité Matin c'est-à-dire une ligne d'ouverture. Un journal équilibré, un journal de modération et de pondération. Je crois qu'aujourd'hui, tout le monde reconnaît que Fraternité Matin est ouvert à toutes les sensibilités politiques par exemple. Quand nous prenons notre espace d'échange que nous appelons “l'Invité de la rédaction”, toutes les sensibilités y ont défilé. Nous avons reçu Mme Gbagbo, Alassane Ouattara ; nous avons reçu le Premier ministre Guillaume Soro, nous avons reçu le président du Fpi, les jeunesses du Rdr, du Pdci, Blé Goudé. Nous sommes ouvert à tout le monde aujourd'hui. Mieux, quand il y a eu l'accord de Ouagadougou, Fraternité Matin a sorti un supplément gratuit que nous avons offert au ministre des Affaires Etrangères, au ministre de la Communication, au premier ministre, au Président de la République pour justement diffuser au mieux cet accord, les donner à leurs visiteurs et faire en sorte que les Ivoiriens s'approprient cet accord. En juillet 2008, il me semble, nous avons édité un autre supplément, celui-là commercial qu'on appelait "Les chantiers de l'avenir", pour permettre aux Ivoiriens qui étaient dans le doute, que même si la crise a beaucoup joué sur le pays et ses projets de développement, il y avait quand même des projets et chantiers qui permettaient de relancer la machine et de redonner espoir aux Ivoiriens. Ce document est sorti. Donc cet évènement que nous venons d'organiser participe de la trilogie mais c'était toujours la même idée : rassembler les Ivoiriens. On a choisi la fête des mères, c'est un évènement que nous avons conçu mais qui a été finalement un projet de toute la Côte d'Ivoire.


Un projet de toute la Côte d'Ivoire, c'est juste. Mais pour le mettre en œuvre, il a nécessité des moyens et de grands moyens. Avez-vous eu des coups de pouce ?

Je suis heureux que vous posiez cette question. Je peux le dire avec fierté que nous n'avons reçu cinq (05) francs de personne. Je dis nous n'avons reçu cinq (05) francs de personne. Nous avons sollicité toutes les maisons de téléphonie ici, nous avons sollicité de grandes entreprises parce que pour nous c'est un projet, un évènementiel porteur et que nous allions être accompagné. Personne ne s'est manifesté. Nous avons donc décidé de ne pas faire peser l'organisation de la fête sur le budget de Fraternité Matin. Parce que vous savez tous que les entreprises de presse ont beaucoup de dettes. Plus de dettes que de bénéfices et d'ailleurs, c'est pour cela que l'initiative du GEPCI qui a permis l'allègement fiscal nous fait du bien. Parce que cela plongeait dangereusement nos comptes et nos moyens d'investissement. Alors nous avons dit puisque personne ne veut nous accompagner, nous allons vendre des tables. C'est ainsi que nous avons écrit des lettres à des institutions, à des ministères, à des entreprises pour leur dire, nous organisons telle fête et si vous voulez, vous pouvez acheter une table de dix (10) personnes à un million de francs Cfa pour les offrir à votre femme, c'est votre façon à vous de leur dire bonne fête des mères. Il y a un certain nombre d'entreprises qui se sont manifestées. Mais c'était timide jusque à mercredi. C'est lorsque nous sommes passé à la télévision et que nous avons dit qu'elles seront là toutes les quatre (04) là que certaines entreprises ont décidé de prendre des tables. Il y en a qui sont venues pour vouloir sponsoriser la soirée mais nous avons refusé. Parce que les conditions qu'on nous proposait étaient dérisoires et je dirais même humiliantes. Certaines entreprises voulaient payer 3 millions et se mettre en image dans la salle. J'ai trouvé cela insignifiant. D'autres voulaient prendre juste 2 tables et distribuer des gadgets dans la salle, nous avons dit non. Et donc je peux vous dire que cette fête nous l'avons organisée avec l'accord de ceux qui voulaient prendre des tables parce que nous n'avons pas voulu griser le budget de l'entreprise et nous n'avons pas voulu solliciter les autorités politiques.


Il y a aussi la participation effective des dames. Vous avez mis des moyens en œuvre pour les faire venir. Notamment Mme Thérèse qui a dû venir par le gruman. Il y a Mme Ouattara qui était à San Pedro, il y a Mme Bédié qui était à l'extérieur et qui est rentrée. N'avez-vous pas bousculé des agendas ? Est-ce que vous n'avez pas bénéficié de coup de pouce de la présidence ?

Nous avons surtout bénéficié de l'onction de Dieu. Oui, nous avons bénéficié de l'onction de Dieu. Parce que dès que nous avons pu expliquer nos projets aux différentes Dames, qu'elles ont acceptées, nous avons, par la suite, expliqué aussi au président de la République que Fraternité Matin au nombre des entreprises d'Etat, veut accompagner le processus de paix. Et si nous avions des difficultés, nous nous referions à lui. Et donc effectivement il a donné le gruman pour aller chercher Mme la présidente Marie Thérèse Félix Houphouët-Boigny. Je vois que c'est important qu'il l'ait fait parce que ça nous a permis d'être dans le temps et surtout d'avoir Mme Thérèse Houphouët-Boigny que toutes les 3 autres réclamaient.


Expliquez-nous pourquoi ?

Au cours de la soirée, cela a été dit. Mme Bédié avait déjà, dans une interview dans "Le Nouveau Réveil", expliqué qu'elle n'avait presque jamais eu l'occasion d'être avec Mme Gbagbo. Elles se sont rencontrées deux fois. Une fois lorsque M. Bédié était président de l'Assemblée nationale, il y avait une activité et elle a entrevu Mme Gbagbo. La seconde fois, c'était à des funérailles à Ivosep. Vous savez, quand on va aux levées, on se serre la main, mais on n'a pas le temps de discuter. Donc, c'est la première fois qu'elle se retrouve avec sa sœur à discuter. Mais il faut pouvoir les mettre en contact en leur donnant un sentiment de confiance. Comme elles n'étaient pas des amies jusque-là, il fallait une sorte de force tampon. Donc Mme Thérèse Houphouët-Boigny représentait pour elles une sorte de trait d'union, je dirais. Le trait d'union, la référence et puis la mère. Et donc, c'est pour cela que Mme Gbagbo ne voulait pas se retrouver elle seule en face de Mme Bédié et de Mme Ouattara qui sont, je dirais, dans une complicité née du Rhdp. Ce n'est pas qu'elle avait peur. Mais, elle voulait se retrouver dans un milieu, un peu plus convivial. Chacune avait des petites craintes au départ.


Mais comment avez-vous géré tout cela pour instaurer la confiance ?

Il faut dire que ce sont elles mêmes qui m'ont facilité la tâche. Honnêtement, elles ont été au-delà de tout ce que nous pouvions penser. De loin, nous ne les connaissions pas. Elles sont formidables.


C'est votre sentiment aujourd'hui ?

C'est mon sentiment. De toutes les façons, c'est maintenant que je les ai approchées. Donc, je ne les connaissais pas. Quand nous avons commencé, je suis allé rencontrer Mme Ouattara. Pour prouver qu'elle était prête à venir, elle m'a envoyé une lettre que je peux vous montrer. Elle a donné son accord de principe, mais elle a envoyé un courrier pour confirmer sa participation. Avec Mme Bédié, ça a été la même chose. Avec Mme Gbagbo, nous avons vécu la même chose. Dès qu'elles ont choisi de venir, elles ont simplement tout fait pour que Mme Thérèse Houphouët-Boigny soit là. Et quand Mme Thérèse Houphouët-Boigny est arrivée une première fois, elle est partie d'Abidjan le 02 mai pour revenir le 04. Mme Thérèse nous a alors dit, nous serons là pour la paix ! Par la suite aucune ne nous a fait des difficultés. Pour que Mme Ouattara revienne de San Pedro pour repartir le lendemain, elle ne nous a rien demandé. Elle est venue d'elle-même par avion, elle est repartie. Pour la première dame Marie Thérèse, on l'a dit, le Président a mis un gruman pour lui permettre de revenir rapidement. Je tenais à le souligner, elles ont été d'une simplicité déconcertante. C'est très important, et je voulais remercier "Le Nouveau Réveil" qui, franchement, a été l'un de nos journaux ivoiriens à s'intéresser à l'évènement. Vous avez fait 2 avant-papiers. Avec votre sensibilité, avec des commentaires auxquels je n'adhérais pas toujours. Je n'ai pas voulu faire de polémique. Mais je pense que le deuxième papier que vous avez fait nous a permis de comprendre qu'il y avait une nouvelle requête. Quand je vous dis que cette idée nous l'avons eue mais à l'arrivée c'est un évènementiel que nous avons créé par consens, ensemble. Le premier schéma que nous avons fait, il était question d'un appel qui serait lancé au nom de toutes les femmes par Mme Thérèse Houphouët-Boigny. Et puis comme on dit souvent la nuit porte conseil, très souvent on le dit, on pense aux femmes qui donnent des conseils à leurs maris. Je crois que Mme Bédié et Mme Ouattara ont dû en discuter avec leurs maris qui ont dû leur dire " vous n'allez pas aller simplement comme des fleurs pour décorer la salle. Il faudrait aussi que vous puissiez parler ". Du coup, elles ont souhaité avoir un temps de parole. On avait déjà tout bouclé. Nous avons repris notre chemin, nous avons vu les autres participantes et aucun problème. On dit, il n'y a aucun problème. Nous toutes, on va pour parler de la paix, c'est tant mieux si chacune veut donner un message de paix. Et donc on a refait le programme. Je vais vous dire. Quand le vendredi matin alors que la veille on avait tout calé, on s'est retrouvé pour une répétition générale à l'espace crystal de 11 heures à 13 heures. Au départ, nous avions prévu que Fraternité Matin qui organise la cérémonie donc le Directeur général de Fraternité Matin s'assiérait à droite de Mme Gbagbo. Et on est arrivé, c'est M. Porquet Romain, protocole de Mme Bédié qui a dit si on veut s'en tenir au protocole, les propositions que vous avez faites sont pertinentes. Mais depuis un mois, vous-même vous communiquez sur les quatre (04) dames. L'image que les Ivoiriens veulent retrouver, c'est les quatre dames. Donc il faudrait faire en sorte que Mme Gbagbo étant la marraine de la cérémonie, soit au milieu, à sa droite Mme Thérèse Houphouët-Boigny, à sa gauche Mme Bédié juste à côté de Mme Bédié, Mme Ouattara. Ce qui fait que si Mme Gbagbo veut parler quand elle se tourne à gauche, elle a Mme Bédié et ce serait bien de les voir en train de parler ensemble. Mais si vous intercalez comme vous avez voulu le faire, comme elles ne sont pas naturellement amies, aucune ne va forcer pour aller vers l'autre. J'ai trouvé l'idée ingénieuse, nous l'avons acceptée. C'est pour cela que je vous dis que nous avons eu l'idée mais nous l'avons améliorée progressivement les uns et les autres.


M. Jean Baptiste Akrou, le cours des arrivées des deux (02) dames deux à deux était aussi prévu par Fraternité Matin?

Quand on est allé à la répétition le vendredi, on avait fait un timing. On a dit on veut commencer à 20 heures. Alors Mme Gbagbo arrive à 20 heures, Mme Houphouët arrive 5 minutes avant. Mme Bédié 5 minutes avant Mme Houphouet et Mme Ouattara 5mn avant, M. Porquet me dit, il y a de fortes chances que Mme Bédié et Mme Ouattara arrivent ensemble dans la même voiture. Le commandant Séka qui s'occupe de la sécurité de Mme Gbagbo aussi nous dit qu'il y a de fortes chances que Mme Gbagbo arrive dans la même voiture que Mme Houphouët. Voyez-vous, on revient toujours à ce que je disais. Nous, on a eu l'idée mais dans la conception, la finition nous avons été guidé par la bonne volonté, l'imagination et surtout l'adhésion de ces femmes. Elles nous ont aidé à faciliter la tâche en faisant des combinaisons qui, je pense, au niveau de l'image de la communication, étaient fortes. Et donc de les voir venir ensemble par groupes de deux (2), ça a été la bonne idée mais comme je le disais c'est une onction de Dieu que j'ai obtenue.


Le public a vu cela comme des alliances de fait. Est-ce que cette image ne vous a pas gêné. Est-ce que ça n'a pas gêné l'idée de Fraternité Matin, celle de l'unité, de paix ?

Non parce qu'il faudrait que vous le sachiez. Mme Bédié et Mme Ouattara sont allées à une remise de prix Félix Houphouët-Boigny, ensemble en uniforme. Elles constituent déjà un binôme qui existe. Et donc Mme Gbagbo aurait pu venir seule, Mme Thérèse Houphouët aurait pu venir seule. Cela m'a été proposé. Moi j'ai vu sa lettre d'autant plus qu'il était question, d'après ce que j'ai compris, de faire en sorte qu'en venant dans le même véhicule, il n'y aurait aucun inconvénient en mettant Mme Gbagbo et Mme Houphouët dans le même véhicule, Mme Bédié et Mme Ouattara dans le même véhicule. Je n'ai vu non plus aucune division. Ce que je vous dis, c'est que toutes les trois souhaitaient avoir Mme Thérèse Houphouët avec elles. Puisqu'il y avait deux qui sont arrivées ensemble, deux autres sont arrivées ensemble. Moi je n'ai pas vu deux camps. Il n’y a pas eu d'Asec-Africa. Il ne faut pas voir cela comme deux groupes antagonistes. Il faut plutôt voir cela comme une dynamique de paix. Si vous regardez, Mme Houphouët-Boigny et Mme Gbagbo sont les deux plus âgées. Mme Bédié et mme Ouattara sont les deux plus jeunes. Je vous le dis, Mme Bédié et Mme Ouattara sont dans la vie de tous les jours, toutes proches. Mme Houphouët qui ne vit pas ici régulièrement, qui est venue pour cet évènement est venue avec sa sœur Mme Gbagbo. Nous ne voyons aucun groupe déjà constitué. Mme Thérèse l'a déjà dit dans son discours. Elle dit que Houphouët-Boigny a fait la politique pour deux générations. Elle est venue à la demande de ses trois sœurs, où il fallait magnifier la paix.


Comment avez-vous trouvé l'ambiance entre les quatre dames au cours de cette fête ?

Comme je vous l'ai dit, Mme Bédié n'avait jamais eu l'occasion de s'entretenir avec Mme Gbagbo. Là, elle était à ses côtés. J'ai vu de bons moments de conversation, de bons moments où elles rigolaient. Là, nous avons vu que nous avons contribué à briser le mur de méfiance. Rétablir la familiarité qui n'existait pratiquement pas. Donc, il y a eu vraiment une bonne ambiance entre elles. Il faut comprendre que chacune d'entre elles a son tempérament, vous avez vu que Mme Bédié et Mme Ouattara sont allées danser. Elles sont naturellement chaleureuses. Elles sont spontanées. Mme Gbagbo est plus réservée de nature. Mais on sentait sa joie. Mme Houphouët qui est la doyenne n'allait pas aller danser. Même quand elle était avec son mari, je ne l'ai jamais vu aller sur les pistes. Je pense que les deux sont restées dans leurs rôles de doyennes. Les deux autres sont allées sur la piste. Mais quand, à la suite, Mme Gbagbo devait aller faire ses dons à ces femmes qui sont à la table d'honneur, elle a eu leur consentement et leur soutien pour aller, ensemble, distribuer les cadeaux sur toutes les tables de Mme Gbagbo, si on le fait, c'est sa promotion, non. Elles sont allées le faire au nom de toutes les quatre qu'elles sont, à toutes les femmes de Côte d'Ivoire. Je pense que toute la presse doit arroser la graine de paix, de confiance, de solidarité que nous avons mise en terre. Petit-à-petit, nous pensons que ça va pousser. Il faut aussi l'arroser pour que ça grandisse. En même temps qu'on parle des dames, regardons leurs maris. Quand vous allez les retrouver à une cérémonie, vous aller voir que Gbagbo est très exubérant, M. Bédié est toujours un peu très réservé et M. Ouattara est toujours très distant. Mais chacun a son caractère. On ne peut pas changer les gens du jour au lendemain. Mais moi qui était-là, au-delà des quatre dames, moi je regarde la salle. Nous avons, au départ, conçu le projet avec plusieurs groupes qui étaient invités. Une table de dix personnes pour les femmes des Forces nouvelles, une table de dix personnes pour les femmes des patriotes. Et quand on est allé à cette répétition le matin, j'ai eu l’idée qui m'a traversé la tête et j'ai demandé au protocole et si on prenait cinq femmes des Forces nouvelles pour les envoyer chez les femmes des patriotes pour qu'il y ait sur chaque table cinq femmes de ces groupes ensemble. Tout le monde a dit que c'est une bonne idée. Et j'ai vu dans la salle, la présidente des femmes des Forces nouvelles danser avec Mme Bro Grebé qui conduisait la délégation des femmes patriotes. Je pense qu'il y a de très grandes choses qui se sont passées au cours de cette soirée. Il faut que cela continue.


Que cela continue. Quand on revient à la maison, c'est un grand effort pour rassembler les Ivoiriens. Fraternité Matin est souvent critiqué. Il y a eu les Forces nouvelles qui vous ont assigné en justice par rapport à un article que vous aurez fait. Où est-ce qu'on en est avec cette plainte ?

Je pense que nous sommes à un jour de fête. Je ne voudrais pas faire de polémique. Pour le moment, je n'ai jamais eu d'assignation en justice.


Il y a aussi certaines personnes comme Mme Guéi dont aurait dû évoquer le nom et observer au moins une minute de silence en sa mémoire et aussi les épouses des anciens premiers ministres.
Je voudrais d'abord présenter mes excuses à tous ceux qui ont été oubliés. Mais, vous savez que c'était une initiative qu'on a eue, qu'on a gérée dans la douleur et dans la pression. Parce que, comme je vous l'ai dit, il fallait d'abord réunir un budget pour faire la fête ; on ne l'avait pas. On ne voulait pas aussi aller à la présidence de la République demander de l'argent. Peut-être que si on le faisait, on nous aurait donné de l'argent. Mais, cela n'allait pas être sérieux de notre part. c'est-à-dire qu'il y a des fois où il faut se donner les moyens de ses ambitions. Et donc, nous étions en train de rechercher les moyens pour organiser la fête. Il y avait tous ces aménagements ou les réaménagements internes qu'on était en train de gérer. Vous avez vu qu'à un moment donné, on a eu des problèmes. Si on avait voulu mettre les femmes de tous les anciens premiers ministres, Duncan, Seydou Diarra, Banny, on nous a même dit pourquoi vous n'avez pas mis la femme du Premier ministre Soro Guillaume, Affi N'Guessan, on aurait eu du mal à gérer toutes ces choses. Mais, pour dire vrai, on n'y avait pas pensé au départ. Nous avons pensé aux quatre. Nos excuses à toutes les autres femmes. De toutes les façons, nous avons décidé d'institutionnaliser la fête des mères maintenant par Fraternité Matin. L'année prochaine, nous n'avons pas encore le schéma que ça va prendre. Mais en interne, nous souhaitons l'institutionnaliser. Et l'année prochaine, on essayera de faire mieux parce qu'on aurait commencé tôt. Je vous ai dit que c'est une idée qui m'est arrivée pendant que j'étais à l'hôpital et quand je suis sorti, j'en ai parlé à mes collaborateurs qui m'ont soutenu et nous avons sauté là-dessus. Donc, nos excuses aux uns et aux autres.


M. Akrou, on tire vers la fin de notre entretien. On aimerait revenir un peu sur la situation au niveau de la maison, Fraternité Matin. Vous êtes le chef. Que faites-vous pour ramener la paix dans la maison. L'ambiance générale ?

L'ambiance générale est très, très bonne dans l'entreprise. Je pense qu'il y a une chose qui nous caractérise en Afrique. Les gens confondent souvent un chef disponible, un chef ouvert à l'autorité. Je peux vous dire, je suis un chef. Je reconnais quand je me trompe et je présente mes excuses. Je peux vous dire que je suis un chef très, très proche de ses collaborateurs. Je ne veux pas me lancer des fleurs. A tous ceux qui sont à un niveau de responsabilité. Quand je vais en voyage, je viens avec des cravates. Je les dépose sur cette table. Et je demande à chacun de choisir son cadeau qu'il veut. Ça, c'est des choses que je fais. Aujourd'hui, j'ai invité la plupart de mes chefs de département. On va ensemble, manger du machoiron piquet. Parce qu'on vient de gagner une grande bataille avec la réalisation de ce projet. Quand on mange ensemble, on se tape sur les épaules. Mais, un chef doit montrer qu'il est chef. Demain, un autre journaliste s'en va m'insulter dans un autre journal, je le licencie, sans réfléchir. Et je souhaiterais que les autres journaux comprennent qu'il y a une seule façon de gouverner. Il faut qu'il y ait la discipline. Sans discipline, il n'y a plus rien. On n'a pas dit de nom, mais on se comprend. Quand cette affaire a commencé, il y a eu plusieurs articles. Je n'ai rien dit. Mais quand un de mes collaborateurs s'en va dans un journal pour aller dire des énormités, qu'Akrou nous dise où il a mis l'argent qu'il a pris chez Gbagbo pour acheter une nouvelle imprimerie. Là, il y a abus de bien sociaux. Qu'Akrou nous dise où il a mis l'argent qu'il a pris au ministère de la Communication pour acheter de nouvelles machines. Je vous apprends que depuis que je suis là, nous avons fait une requête au ministère de la Communication. Nous avons soumis un plan d'urgence comme la Rti. Malheureusement, jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu d'argent pour pouvoir réaliser ce qu'on devait faire. Mais vous vous imaginez qu'une nouvelle imprimerie coûte trois milliards. Même si le président aime mon affaire, où allons-nous sortir ces 3 milliards dans cette crise au moment où on cherche de l'argent pour redéployer les forces du Cci. Et puis quand on doit donner trois milliards à une entreprise, si c'est cinq (5) millions, on peut te donner tu mets dans ton sac et tu caches. Trois (3) milliards c'est énorme. Ceux qui n'ont jamais vu de l'argent, nos coupures de 10.000f, pour prendre 100 millions, il te faut peut-être une bâchée. Trois milliards peut-être qu'il aurait fallu trois conteneurs. Je ne peux pas sortir avec ça de façon inconnue. Vous savez que nous sommes une entreprise sous la tutelle économique du ministère de l'Economie et des finances, la tutelle technique du ministre de la Communication. Trois (3) milliards on ne te les donne pas en espèces. Donc, cet argent allait passer par des circuits. Et la commande, ce n'est même plus Fraternité Matin seulement qui fait. Nous, on peut avoir les factures pro forma, les devis, les descriptifs techniques mais il y a la direction des participations. Donc quand un collaborateur va dire des choses graves comme ça sur un directeur, je ne peux pas supporter ça. C'est pour cela que je l'ai licencié. Quand je l'ai licencié, il n'y a pas eu le moindre bruit dans l'entreprise. Il n'y a pas eu le moindre bruit dans l'entreprise parce que trop c'était trop. Jusque-là, j'avais voulu jouer au bon père. J'ai donné pendant longtemps des conseils. Mais il y a des moments où tu dois frapper. Et quand tu ne frappes pas, tu n'as plus d'autorité. Si c'était à recommencer je le referais, demain, un autre commence, je le licencie.


Il nous est revenu que le tribunal du travail vous a demandé de régler le problème, de reculer un peu.

Non, ça c'est ce que j'ai lu dans les journaux. Pour le moment, j'attends que le pénal commence, il faut qu'on se retrouve là-bas. J'ai porté plainte au pénal. Il faut qu'il aille me dire combien le Président de la République m'a donné et que j'ai caché. J'attends avec impatience qu'on se retrouve là-bas. Pour le reste, je peux vous dire en exclusivité qu'avec Dan, nous avons tout aplani et depuis le jeudi, Dan demeure directeur du développement des rédactions, conseiller spécial du Dg.


Concernant Doua Gouly, il est tout de même syndicaliste. Est-ce qu'il n'a pas cette liberté de parole ?

Il y a deux choses qu'il faut qu'on comprenne. Il y a la liberté de parole pour tout syndicaliste. Mais M. Doua Gouly n'est plus un délégué syndical. Pour deux raisons. Quand M. Lébry Léon Francis a été nommé Dg et que Lébry l'a nommé rédacteur en chef adjoint, il est allé voir ses camarades du syndicat pour leur dire qu'il faisait maintenant partie de la direction de l'entreprise, la haute direction et donc cela était incompatible avec son rôle de délégué syndical. Et donc il a rendu sa démission. La preuve, la liste des membres des délégués qui a été déposée à l'inspection du travail, son nom n'y figure pas. Dès qu'on m'a nommé et qu'il constitue avec certains un groupe de personnes qui ne me portent pas particulièrement dans leur cœur, il a voulu retrouver son rôle de délégué syndical pour donc me taquiner. Mais moi je me mets au-dessus de tout cela. Le plus important, moi je pense dans ce entreprise, il y a un devoir de loyauté et l'employé est dans une situation de subordination. On peut s'amuser mais même dans l'amusement, il y a des limites. Quand vous travaillez à fossoyer l'image de l'entreprise en croyant vous attaquer à un Dg, je pense qu'il faut qu'on mette fin à cet amusement. Donc moi j'attends et je sais qu'il n'est pas délégué syndical. Il le proclame partout mais il ne l'est pas.

Interview réalisée par Akwaba Saint-Clair et Djè KM
Coll : I.Y
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