Visite du président de la République dans la Région des montagnes: Les populations de Danané font un triomphe à Gbagbo

Au quatrième jour de sa visite d’Etat, dans la Région des Montagnes, le président Laurent Gbagbo était hier dans les départements de Zouan-Hounien et Danané. Dans la dernière localité, c’est une population en liesse qui lui a fait un véritable triomphe.

Lorsque, hier peu avant dix sept heures, le président Laurent Gbagbo met pieds à terre au stade municipal de Danané, la clameur qui l’accueille se faisait entendre à des kilomètres. Tellement la foule qui a accouru à la rencontre du chef de l’Etat était immense. Comme enfin délivrées, les populations venues massivement des quatre coins du département ont laissé éclater leur joie. Agitant qui un fanion, qui une banderole ou une pancarte, qui des mains au son de la musique d’Onel Mala annonçant l’arrivée du chef. Le chef aimé dont la venue comblait tout le monde de joie. Et pour que nul ne se méprenne sur leur sentiment envers le président de la république, les populations de Danané n’ont pas fait dans la dentelle. Malgré des difficultés d’organisation qui n’ont pas permis à nombre d’habitants des villages éloignés comme ceux de la sous-préfecture de Daleu de rallier le chef-lieu, la mobilisation a dépassé tous les pronostics les plus optimistes. De sorte qu’au moment où le président de la république arrivait de Zouan-hounien par l’entrée sud de la ville de Danané, c’est un tapis humain qui l’attendait au stade municipal. Une foule qui n’a cessé de grossir dès les premières lueurs du jour.

En effet, au fur et à mesure que l’heure approchait, c’est par grappes compactes que les populations ont pris d’assaut le lieu du meeting. Chantant et dansant à l’honneur de leur illustre hôte. Une mobilisation exceptionnelle qui n’a d’ailleurs pas échappé au chef de l’Etat qui l’a relevé au cours de son allocution. «Oui, Danané n’a pas failli à sa réputation. Toujours aussi mobilisée. Hier quand j’étais dans l’opposition et aujourd’hui quand je suis là en tant que chef d’Etat. Merci à vous Danané», a relevé le président de a république dans un tonnerre d’applaudissements. C’est que les populations avaient vraiment soif de la visite du numéro un ivoirien. Traumatisées par la guerre qui a pratiquement tout détruit chez elles, les populations elles plaçaient beaucoup d’espoir dans cette visite mille fois annoncée et mille fois reportée. C’est pourquoi le jour “J”, personne ne voulait se faire raconter l’évènement. Un sentiment de soulagement et de fierté que le président du conseil général, le député Nouatoua Youdé, porte- parole des populations a su traduire en des termes saisissants pour montrer comment les hôtes du chef de l’Etat étaient heureux de le recevoir. Dans ce discours que le président Gbagbo a qualifié de brillant, le député Noutoua a expliqué que ses administrés étaient particulièrement heureux de recevoir le chef de l’Etat, par ce que pour eux, cette visite devrait marquer à coup sûr, le début de la renaissance d’une région martyrisée par sept années de conflits qui a parfois pris des tournures dramatiques dans cette partie de la Côte d’Ivoire. C’est pour quoi après avoir félicité avec insistance, le président de la république et son premier ministre, Guillaume Soro pour avoir fait la paix à Ouagadougou, le patron du conseil général a appelé de tous ses vœux, le retour de l’Etat avec pour corollaire, la reconstruction de toutes les infrastructures détruites par la guerre et la mise en route de nouveaux chantiers devant permettre au département de prendre définitivement son envol économique et social.

Mais en plus de la reconstruction des infrastructures, le député Noutoua a souhaité que le retour de l’Etat ramène également la sécurité. D’abord aux frontières avec le Libéria et la Guinnée. Et ensuite à l’intérieur des frontières. Donc du département. La dernière conséquence que devra avoir le retour de l’Etat, selon le député Noutoua, c’est l’approfondissement de la décentralisation. D’où le souhait des populations, selon lui de voir créer deux nouveaux départements dans l’ancien département de Danané. L’un à Bin-Houyé et l’autre à Mahapleu. Ainsi que de nombreuses nouvelles communes et sous-préfectures. Et ce pour «tenir compte de l’immensité du territoire et la densité de la population».

Mais avant, le porte-parole des populations de Danané a félicité et remercié le président de la république pour les nominations des fils du département à de hautes fonctions de l’Etat.
Avant lui, et presque dans la même veine, le maire-résident, Déli Dangbeu, a souhaité la bienvenue au chef de l’Etat et émis le vœu que le retour de la paix s’accompagne de la rétrocession à la commune de toutes ses prérogatives pour lui permettre de jouer le rôle d’encadrement que la population attend d’elle.

En guise de réponse à toutes les préoccupations soulevées par les deux intervenants, mais aussi par les nombreuses banderoles et autres pancartes, le président de la république a promis l’aide de l’Etat.

Pour la sécurité, il a annoncé que des missions de sécurisation de la frontière guinéenne étaient opérationnelles depuis sept mois. Et que dans le cadre du centre de commandement intégré, huit cent hommes seront déployés dans la grande région des Montagnes dont fait partie le département de Danané.

Concernant les infrastructures, le chef de l’Etat a promis la construction d’un autre château d’un coût de 500 millions de francs CFA. Les travaux sont prévus pour démarrer en octobre. Il a aussi promis la construction d’un centre d’enseignement technique pour les questions minières.
Mais le président Gbagbo a insité pour dire que toutes ces aides que l’Etat apportera forcément pour la reconstruction ne pourront jamais remplacer le travail des enfants de Danané. C’est pour quoi il a longuement mis la main sur la nécessité pour les populations de Danané et celles de la Côte d’Ivoire en général de travailler dur.

L’autre sujet qui préoccupe le chef de l’Etat, c’est l’occupation illicite des forêts classées le long du Cavaly. Il a donc instruit les préfets pour qu’ils mettent un terme à cette situation. Le chef de l’Etat n’a donné aucune réponse aux demandes de nouvelles communes, sous-préfectures, et départements. Il n’a pas non plus emmené avec lui, les sous-préfets des nouvelles sous-préfectures, comme les populations l’espéraient. Le fera-t-il aujourd’hui à Man ? Ici, c’est ce que tout le monde espère.


Guillaume T. Gbato envoyé spécial à Danané