Meeting de clôture du Chef de l’Etat, hier à l`ouest : Gbagbo élude les circonstances de la mort de Guéi, le maire de Man en colère

Qui a tué Robert Guéi ? Pourquoi et comment ? Qui a fourni certaines informations aux Affi N'guessan et autres Alain Toussaint qui affirmaient avec conviction en septembre 2002 sur les antennes de certaines radios que le père de la deuxième République ivoirienne était au cœur de la rébellion armée naissante ?

Sur toutes ces questions, Laurent Gbagbo était très attendu à Man, au stade Léon Robert où il animait son dernier grand meeting à l'occasion de sa visite d'Etat dans l'Ouest montagneux.
On se rappelle que le chef de l'Etat avait dépêché à Kabacouma une délégation conduite par le doyen Sery Gnoleba à l'effet d'informer les parents de Guéi du deuil qui les frappait. Les envoyés de Gbagbo avaient promis que lui-même viendrait pour en dire davantage sur le drame. L'attente était donc légitime pour les populations qui voulaient en savoir plus sur la tragique disparition de leur leader. Hier donc était le grand jour où Robert Guéi allait être blanchi officiellement par le président Gbagbo au-delà de la promesse faite de lui organiser des funérailles dignes en août prochain dans son village natal. La véritable affaire Guéi, c'était l'affaire de son inhumation. Les membres de sa famille, tous les vieux souhaitaient que le général Guéi soit inhumé à Kabacouma, d'autres n'étaient pas encore d'accord. Tout le temps que nous avons mis sur cette affaire, c'était de faire en sorte que les positions se rejoignent. L'accord a été trouvé d'inhumer le général à Kabacouma à la fin du mois d'août. Ce n'est pas un autre problème. Gbagbo a indiqué qu'il sera présent dans le village en août pour des obsèques nationales, grandes et dignes avec honneurs militaires par une prise d'armes et un défilé. "C'est clos", a lancé le refondateur en chef oubliant de blanchir publiquement l'ex-chef de la junte militaire au pouvoir en Côte d'Ivoire pendant la transition de décembre 1999 à octobre 2000. "Le lundi dernier, le porte-parole de Kabacouma a rappelé les deux engagements de la délégation conduite en mars dernier par le ministre Sery Gnoleba. Blanchir le général, le disculper des accusations portées contre sa personne le 19 septembre. Cela devait être confirmé par Gbagbo. La délégation avait ensuite affirmé que le Chef de l'Etat gardait par devers lui le corps du président Guéi et que la famille pouvait en disposer le moment venu. Sur ces deux questions fondamentales, l'une a été élucidée, l'autre éludée. Je constate que notre ancien président sera enterré dans son village, mais il n'a pas été blanchi. Or pour nous, le blanchir est capital par rapport à la manière dont le 19 septembre Affi N'guessan, Lida Kouassi Moise ont accusé gratuitement le président Guéi d'être dans la rébellion”, a commenté amer le maire UDPCI de Man, Albert Flindé. Pour le reste, le président Gbagbo a promis pour la ville de Man un certain nombre de chantiers censés améliorer le quotidien des populations. Ainsi un nouveau château d'eau viendra suppléer l'ancien qui date de 1956 et qui ne répond plus aux immenses besoins des habitants de Man en eau potable. Il a décidé de faire de Man un carrefour stratégique et un pôle de développement national et sous-régional. C'est une zone riche de son sous-sol et de ses potentialités agricoles. Ainsi Laurent Gbagbo s'est engagé à faire la route Danané-frontière de Guinée pour environ 28 milliards. "Nous avons besoin de cette route pour que les marchandises descendent rapidement sur le port de San Pedro". Il y aura également les ponts de Kouibly et de Sémien qui vont mettre en rapport la région de Man avec le Nord par la ville de Séguéla. En définitive, il s'agira aussi de mettre en valeur le fer, le nickel et le cobalt de la région pour un investissement global estimé à 2973 milliards en terme d'exploration, d'exploitation et de la construction d'un chemin de fer allant de la région au port de San Pedro. L'épineuse question de la voirie a été touchée par le président Gbagbo qui séance tenante a indiqué que Man aura dans un premier temps 5 Km de bitume. "Le maire a estimé ses besoins à 25 km. Mais dans l'immédiat je vais vous donner 5 Km de bitume", a dit le Chef de l'Etat. Une bien maigre moisson pour la capitale régionale des montagnes qui avait souhaité par la voix de Siki Blon Blaise, président du conseil général de Man, un programme spécial de reconstruction tenant compte de tous les aspects. Il avait même plaidé pour une haute autorité dotée de fonds spéciaux pour cette œuvre. Man attendra une autre visite d'Etat, qui sait, peut-être après le 29 novembre 2009. Vous avez dit, "Votez pour moi" ?

JEAN MARC SAHI