Drame du stade Houphouët-Boigny: Des révélations troublantes

Le 29 mars dernier, un drame est survenu lors du match Côte d’Ivoire-Malawi comptant pour les éliminatoires combinées de la CAN et de la coupe du monde 2010. Bilan : 20 morts et 132 blessés. Le procureur de la République, Raymond Tchimou, à la suite de l’enquête diligentée par le président de la République, Laurent Gbagbo, a convoqué une conférence de presse. Au cours de celle-ci, il a livré les résultats de l’enquête menée simultanément par la direction de la police criminelle et la brigade de la gendarmerie de Treichville, et a cité ceux qui sont inculpés dans le cadre de cette affaire.

Quelques jours après l’intervention du procureur, les langues ont commencé à se délier. Astreints à l’obligation de réserve, elles ont évidemment requis l’anonymat pour faire des révélations sur ce qui s’est passé avant que le drame ne survienne. Il ressort de nos échanges ceci : Avant chaque grand rendez-vous de ce genre, la commission sécurité de la FIF rencontre les responsables des FDS pour une réunion. Elle se tient très souvent quelques jours avant le match. Selon nos sources, les membres de la FIF avaient fixé cette rencontre le 29 mars 2009 à 8h. C`est-à-dire le jour même du match. Il a fallu l’insistance des responsables des FDS pour que la commission sécurité accepte d’avancer la réunion au samedi 28 mars à 16h. A en croire les témoignages, cette décision a été judicieuse, puisque le matin du dimanche 29 mars, les premiers supporters étaient déjà aux abords du stade à 8h.

Ensuite, comme il nous été révélé, cette réunion est le lieu où la FIF exprime ses inquiétudes et les risques de débordement afin que les FDS proposent des plans de sécurisation. Il faut savoir que ces plans peuvent être refusés par l’organe fédéral puisque c’est un service payé. Pourtant, au dire de notre source et comme l’a relevé le procureur lui-même au cours de sa conférence de presse, le Lieutenant Toka Louis Amédée qui devait préciser les inquiétudes de la FIF était absent. Il n’y a donc pas eu d’exposé. L’on s’est donc contenté de rappeler aux corps présents, leurs missions qui sont la sécurisation de l’Intérieur du stade et les déviations des véhicules aux check-points confiés à la police. Quand la sécurité à l’extérieur du stade, avec assistance à la FIF dans le contrôle des tickets, est dévolue à la gendarmerie. Pour cela, 100 commandos ont été réquisitionnés pour s’acquitter de cette tâche. Les courriers adressés par la FIF au directeur des unités d’intervention de la police, au préfet de police et au commandant de la gendarmerie peuvent en témoigner.

Autre fait, les responsables de la FIF avaient fixé l’heure d’ouverture à 11 heures. Au cours de cette même réunion de sécurité, selon nos sources, les FDS ont interpellé la commission sur l’heure tardive d’ouverture des portes. Ce qui n’a rien changé puisque l’heure a été maintenue. Cependant, face au nombre impressionnant de supporters aux abords du stade à 8 heures, le jour du match, les FDS ont encore souhaité l’ouverture des portes. Là encore, ils ont essuyé un refus. C’est seulement à 10 heures que la commission organisation a consenti à ouvrir 4 portes (4 au virage sud et 4 au virage nord) sur 24.

Toujours pendant la réunion de sécurité, les FDS n’ont pas eu droit à un échantillon des tickets avec les caractéristiques de sécurité. Ils n’ont eu qu’un échantillon de cartes d’invitation VIP. Pour nos sources, il était donc difficile de faire un contrôle des tickets. Encore que cette tâche ne leur était pas dévolue.

Toujours selon nos interlocuteurs, seuls deux véhicules de sapeurs-pompiers ont été autorisés à avoir accès au stade.

En conclusion, selon nos interlocuteurs, le drame est survenu à cause de la minimisation des mesures de sécurité par les dirigeants de la FIF et l’heure tardive d’ouverture des portes d’accès au stade.

Koné Modeste: Konemo2002@yahoo.fr