Comme les années précédentes, la pluie a provoqué des glissements de terrains et des éboulements de maisons à Abidjan. Quinze morts au Banco I, un à Boribana deux quartiers précaires de la commune d’Attecoubé, et trois autres à Gobélé dans la commune de Cocody. Soit dix neuf au total! Tel est le lourd bilan des dégâts causés par la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Abidjan dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 juin. Comme les années précédentes, ces drames sont survenus à la suite de glissements de terre sur des constructions anarchiques et à risques. Aussitôt informé, le ministre de l’Intérieur, M. Désiré Asségnini Tagro, accompagné du Dg de la Police, le contrôleur général Brédou M’Bia, ainsi que du Dg de l’Office de la protection civile, le général Kili Fagnidi Fiacre Adam, s’est rendu sur les lieux de la tragédie. Au Banco I, l’on enregistre trois zones sinistrées. A la lisière du quartier, dans un périmètre justement baptisé «Banco en bas», le flanc d’une grande colline s’est effondré sur l’une des cours communes du coin, très tôt le matin du vendredi. Les maisons constituant la cour commune sont de deux pièces chacune. Elles sont la propriété d’un certain Gassambé Idrissa, Burkinabé du 3è âge qui, lui-même, n’y habite pas. Le bâtiment a été pratiquement écrasé par le flanc de la colline. Malheureusement, les locataires ont été entraînés dans l’éboulement de leurs maisons respectives. Hormis quelques rescapés, ils ont tous péri. On y déplore huit morts. Le propriétaire de la cour fait partie de ceux qui ont payé le plus lourd tribu à cette pluie diluvienne et pour cause. Sa tante Maiga Mouzoto, une quinquagénaire, son fils Fousséni Gassambé, 33 ans, ferronnier, et les deux enfants de ce dernier, Gassambé Amy, 7 ans et Gassambé Ismaël, 6 ans, ont tous été tués. C’est avec beaucoup de mal que les secouristes au premier rang desquels les sapeurs pompiers militaires, ont extrait des corps pratiquement ensevelis sous la terre boueuse. Les autres victimes, surprises pour beaucoup dans leur sommeil, répondent au nom de Aïdara Mory, tôlier né en 1972, Fanta Diomandé, 17 ans, Fanta Diomandé, 12 ans, Awa Diomandé, 12 ans, Alimata Dembelé, 16 ans Mariam Dan, 22 ans et son bébé de 12 mois du nom de Diakité Kadiatou. Diakité Souleymane, conjoint de la victime Mariam, fait ce témoignage poignant: «Avec ma femme et notre bébé, nous sommes rentrés nous coucher aux environs de 21 h. Pour des raisons que je n’arrive pas à m’expliquer moi-même, j’ai décidé d’aller dormir au salon aux environs de 2 h du matin, alors que je ne l’avais jamais fait par le passé. Ma femme, abandonnant le bébé dans la chambre à coucher, est venue me rejoindre au salon sous prétexte qu’elle avait peur de se retrouver toute seule avec l’enfant dans la chambre. C’est avec beaucoup d’insistance que j’ai réussi à l’amener à accepter de retourner dans la chambre à côté du bébé. Vers 5 h, du matin, alors qu’il pleuvait abondamment, j’ai entendu un bruit sourd et j’ai entendu ma femme crier mon nom. Pendant que je cherchais à la rejoindre dans la chambre, j’ai vu le pan de terre qui s’abattait sur notre maison. J’ai eu tout juste le temps de m’échapper par la fenêtre du salon». Diakité Souleymane qui dit habiter cette cour avec sa petite famille depuis près d’un an, à l’instar de tous les autres locataires de la cour, paye au titre du loyer mensuel, l’électricité y compris, la modique somme de 10.000 Fcfa. Dans un autre secteur de ce quartier, plus loin sur la route du quartier Santé 3, connu sous le nom de Mossikro, il y a eu également un éboulement de maison. Qui a occasionné la mort de deux sœurs: Dembelé Mariam, 29 ans et Dembelé Alima, 18 ans. Leur mère, Djiré Djénéba qui, elle, dormait au salon, a eu la vie sauve. Cette pluie diluvienne a aussi causé des dégâts matériels importants. C’est le cas à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), où le ministre Désiré Tagro et sa délégation se sont rendus par la suite. Là-bas, le bâtiment des mineurs et celui des femmes ont été inondés. Sur instruction du ministre, des camions citernes y sont arrivés pour drainer l’eau. Dans l’après-midi au quartier Boribana, toujours dans la commune d’Attecoubé, une autre victime a été découverte. Il est à noter que c’est de façon récurrente que surviennent ces tragédies causées par les pluies diluviennes dans les quartiers précaires à Abidjan. En 2007, les mêmes causes ont occasionné 11 morts. Et à la même période l’année dernière, on enregistrait six tués dans les mêmes circonstances.
Landry Kohon
Landry Kohon