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Société Publié le samedi 13 juin 2009 | Le Nouveau Réveil

Kah Zion (président du Gepci) aux travailleurs de Moov, hier : "Pour devenir leader d`entreprise, il faut de l`abnégation, des sacrifices, de la patience, il faut rêver d`être" - L`intégralité de son exposé

Mesdames et Messieurs,

Cher partenaire MOOV,

(…) Il a plu à la Direction Technique de la société de téléphone mobile " MOOV " avec la bénédiction de son Directeur Général, de convier le Groupement des Editeurs de Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI), à travers ma modeste qualité de président de cette organisation professionnelle de la communication regroupant tous les Patrons de presse de Côte d'Ivoire, pour une rencontre d'échanges, baptisée " Convention Technique 2009 ". Et il nous a été demandé en guise de contribution de nous pencher sur la communication suivante : Leadership: "Comment mettre notre leadership au service de notre entreprise" ? Tout en espérant ne pas vous décevoir, je voudrais avant l'entame du sujet vous exprimer la profonde gratitude du bureau Exécutif du GEPCI pour cette marque de confiance gage de ce que le partenariat que nous formaliserons très bientôt sera auréolé d'un succès.

Pour faire office d'introduction, nous dirions que le terme "leadership" est un terme angloxason qui signifie, grossomodo, avoir le sens de commandement. C'est un terme un peu militaire qui veut dire accomplir les fonctions de chef. Le leader, nous le savons, est un guide et qui, en tant que tel, se singularise par son expérience, par des particularismes, par une somme de paramètres qui sont des points d'orgue, comme dans un orchestre, pour faire fonctionner l'entreprise. C'est pourquoi mon intervention s'articulera autour de :

I-Mon parcours, ce que j'ai vécu avant d'arriver à ce stade que certains appelleraient de leader ou de manager.

II-Comment pratiquement j'ai mis mon parcours au service de l'entreprise que je dirige, à savoir le groupe de presse "Le Réveil" éditeur du quotidien "Le Nouveau Réveil" et de l'hebdomadaire "Le Repère" et la fonction de guide que j'assume au sein du Groupement des Editeurs de Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI), en qualité de président de cette association des leaders de presse, toutes tendances éditoriales confondues, pour ne pas dire, fondues en un double idéal qui est de contribuer à la sortie de la Côte d'Ivoire de la parenthèse honteuse de guerre depuis le 19 Septembre 2002 mais aussi et surtout de chercher des solutions de viabilisation des entreprises de presse toutes sinistrées économiquement. Notre communication "Comment mettre notre leadership au service de notre entreprise ?" ainsi introduite, je vais vous dresser, en partie, mon parcours individuel, certainement, sans révélations inédites, mais qui, je l'espère, fera office de référence, surtout aux jeunes qui sont appelés à maintenir la chaîne des générations. J'entends par là, la chaîne de génération de leaders tels que nous en voyons autour de nous avec le Directeur Général de MOOV Ahmed CISSE et bien d'autres figures emblématiques du monde des opérateurs économiques en Côte d'Ivoire, par exemple. En fait, je vais vous conter comment j'ai bâti mon entreprise de presse, avec quelques amis. Etre un leader d'entreprise, mieux, pour entreprendre, il faut être tenu par ce que j'appelle, en abrégé U2R. A savoir, utopie, rêve et réalité. Toute idée est au départ une utopie, une passion débordante ayant une forme immatérielle. L'utopie est ce qu'on croit impossible quand elle est au stade zéro. Les premiers ingénieurs qui ont inventé l'avion, au départ, leurs concitoyens les traitaient de toqués. Aujourd'hui, voir une voiture rouler, un avion voler, un bateau traverser les mers, paraît banal. Mais, il y a 200 ans, c'était un rêve utopique. Je voudrais signifier par U2R que la vie est basée sur la réalisation de nos rêves et de nos utopies. La réalité d'un rêve d'enfant est bien Bill Clinton qui fut président des Etats-Unis d'Amérique.

III-Pour ma part, à cette utopie, à ce rêve qui deviendront réalité, j'ai ajouté la passion. C'est tout petit que j'ai été piqué par le virus du journalisme. je me rappelle que déjà jeune collégien pendant les vacances, je diffusais les matches inter villages dans ma région natale de Toulépleu. Au CEG d'Aboisso où je me suis retrouvé quelques années, j'ai souvenance qu'avec l'aide de mon professeur de français, tous les lundis, je collais mon reportage des faits de la semaine sur le tableau d'affichage du collège surtout le résumé des matchs inter-classes. Et j'avais remarqué que l'intérêt chez mes amis élèves et chez les professeurs était certain. De la seconde à la Terminale au lycée expérimental de Grand-Bassam où j'obtins mon bac, série A en 1985, j'ai toujours été Rédacteur en Chef du journal de l'école qui s'appelait "Amaniê", les "Nouvelles" en Akan. Il me revient comme si cela datait d'hier, mon éditorial "Monsieur Flash" qui critiquait un professeur blanc Monsieur MOREAU qui nous faisait voir de toutes les couleurs en mathématiques. C'est cet article qui, trois mois après mon arrivée au Lycée, m'a propulsé à la tête du journal "Amaniè" jusqu'à mon départ de Grand-Bassam. J'ai même été tout en étant étudiant à la faculté des lettres, département des lettres modernes à l'Université d'Abidjan, correspondant à Abidjan d'un mensuel français de jeunes. Je vous dis tout cela pour signifier combien le rêve de réaliser et de se réaliser tient une grande place dans la vie de l'homme. Un homme sans rêve est un homme sans ambition. Transformer le rêve en réalité, voilà le propre de l'homme que Dieu a conçu à son image. Après mes études supérieures écourtées pour des questions financières, je me retrouve comme journaliste stagiaire au groupe "Fraternité Matin" en 1991. Pour trois mois de stage, j'en ferai six à la demande des mes encadreurs que furent Jean-Baptiste AKROU, LEBRY Léon Francis et YAO Noël. Et le rêve utopique du petit enfant de Toulépleu commençait à prendre forme.

En 1992, Monsieur Jean-Pierre AYE, éminent journaliste et Directeur de Publication du journal "Le Démocrate" (paix à son âme), me recrute en tant que journaliste pigiste (le pigiste, c'est le journaliste qui est rémunéré au prorota de ses articles. S'il tombe malade pendant un mois, à la fin du mois, il ne reçoit aucun sou) de la part de son employeur.

De février 1992 à 12 décembre 1994, je vais exercer en tant que pigiste au journal "Le Démocrate". Et quand Monsieur Jean-Pierre AYE avait décidé de m'envoyer en Egypte pour un stage de six (06) mois sur invitation de l'UJA (Union des Journalistes Africains), il avait été clair : choisir entre une formation à l'étranger sans salaire, sans bourse ou conserver mon statut de journaliste pigiste. En ce temps, "Le Démocrate" sortait avec seize (16) pages et Denis KAH ZION en signait presque sept (7) chaque jour. Et pourtant, j'avais choisi d'aller en Egypte sans salaire pendant six (6) mois. De retour au pays, en décembre 1994, je suis embauché en qualité de journaliste au groupe "Le Réveil ", constitué de l'hebdomadaire " Réveil Hebdo " et du quotidien " La Nouvelle République ". Monsieur Yao Noël et des amis avaient bâti leur groupe. Mais six (6) mois après mon arrivée dans la boîte, je suis passé du statut de journaliste à Chef du service reportage, Rédacteur en Chef central avec rang de Directeur de rédactions. Du coup, je devenais le deuxième personnage et le seul critère de ma promotion selon M. YAO Noël, c'était le mérite.
Et puis survint le coup d'Etat de 1999. Et mon patron partit en exil. Me voilà propulsé illégalement un matin au poste de Directeur de publication par intérim. Le " Réveil Hebdo " se retrouve du jour au lendemain, sans siège, sans salaire, sans matériel de travail. C'est le 15 janvier 2000 que grâce à des mécènes proches du Président Bédié, le " Réveil Hebdo " sortit son premier numéro sous le régime civilo-militaire. Mais, nous avons tenu à garder la même ligne éditoriale qui était celle du PDCI-RDA, renversé. Nous luttions pour la survie jusqu'au retour de l'exil de nos patrons. Et puis, en mars 2001, alors que j'étais à un rendez-vous à Treichville, ma servante (j'habitais encore à Yopougon) qui, par chance, était lettrée, m'informe que par le contenu d'un courrier urgent adressé au procureur de la République dont copie m'a été apportée, mon patron avait décidé de l'arrêt de publication du " Réveil Hebdo ". Du coup, je me retrouvais au chômage et avec moi tous mes collaborateurs. Je vous relate tout cela pour vous signifier qu'on ne devient pas sur le pif un leader. Il faut de l'abnégation, des sacrifices, de la patience, il faut rêver d'être !
Au chômage, je pris mes responsabilités. D'abord de créer un journal mien que j'ai baptisé, " Le Nouveau Réveil". Le début fut difficile. Nous ne disposions que de 900.000francs à nous offerts par Mme N'Dioré Adèle avec le soutien de M. Kouassi Yao. Mais, cahin-caha, nous avons réussi à créer une entreprise. " Le Nouveau Réveil " sortait en hebdomadaire et aujourd'hui sur le marché en quotidien. Et il se comporte bien puisque depuis 2006, "Le Nouveau réveil" figure parmi le trio de tête en terme de vente des journaux ivoiriens d'où les prix du Conseil National de la Presse décrochés en 2005, 2006, 2007 et 2008. Ce ne fut pas facile, certes. Mais, le rêve est devenu réalité ! A présent, il faut faire vivre l'entreprise maintenant que nous sommes à la tête. Ceci est l'objet de notre :


Point II : Comment nous avons mis notre leadership au service de l'entreprise. Le rôle d'un manager ou d'un leader est un rôle de guide. Le leadership consiste à développer une politique managériale qui tient compte d'un certain nombre de paramètres endogènes et exogènes.
Le premier de ces paramètres, c'est d'abord les hommes. Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la Côte d'Ivoire, ne le disait-il pas si bien : l'homme est au début et à la fin de toute action.

Le choix des hommes dans une entreprise est d'une importance capitale. Il y a certes les diplômes, voire la compétence mais, il y a ce qu'on appelle l'esprit d'entreprise. Quand nous créons l'entreprise de presse les Editions " Le Réveil ", j'ai choisi de faire chemin avec ceux qui ont souffert les temps de braise avec moi pour en être des actionnaires. Ils ont épousé l'idée (innovation de taille) que nous devons compter sur nos propres forces et ne pas faire appel à des actionnaires extérieurs. Aujourd'hui, les travailleurs du groupe " Le Réveil " détiennent 20% du capital alors que l'actionnaire principal en a 80%. Ainsi, les agents se sentent impliqués dans la gestion de l'entreprise. Le succès de l'entreprise est leur succès et vice versa. C’est un atout stimulant.


Critère N°2 : l'esprit de partage et d'ouverture. Un leader doit partager son expérience en s'ouvrant aux autres.

Dans le milieu de la presse, pour asseoir une bonne politique managériale, sur le plan technique, du design du journal, de la mise en page, de l'agencement du journal, au plan marketing commercial, et même rédactionnel, j'ai dû m'ouvrir à d'autres collègues surtout à des aînés expérimentés pour conseils. Tout le monde sait que le défunt "Réveil Hebdo" était un journal du parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA). La mutation d'un journal de parti à un journal proche d'un parti politique ne fut chose aisée. Le leader doit pouvoir faire comprendre cette rupture, en douceur. D'où la nécessité de communiquer.


Paramètre 3 : La communication.


Le leadership dans l'entreprise doit faire une grande place à la communication tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un leader qui ne communique pas en interne avec ses agents tue, à n'en point douter, son entreprise. Des réunions périodiques où il recueille l'avis de ses collaborateurs est une nappe d'eau qui vient arroser ses réflexions. Pour ma part, j'attache un grand prix à cet exercice de communicalité qui instaure un climat convivial. Mais mieux, j'ai opté aussi pour une communication à l'extérieur en présentant au moment où il faut mes produits et les lauriers que mes travailleurs et moi glanons après des années de sacrifice ou quelque fois après de sérieux ennuis. Ne soyez jamais le cordonnier mal chaussé.


Critère 4 : L'esprit de famille

Le leader ne doit pas être craint. Il doit être respecté. Un manager craint tue l'initiative chez le travailleur. Alors, la sclérose s'installe. Les travailleurs deviennent comme des robots qui attendent toujours des ordres avant d'agir. L'esprit de famille sous-entend aussi la stimulation par la récompense des meilleurs travailleurs. Il faut obligatoirement instaurer des primes d'encouragement.


Paramètre 5 : L'écoute

L'esprit de famille implique l'esprit d'écoute. Le guide doit apprendre à écouter. C'est un exercice difficile, surtout au début quand on croit que si on est parvenu à ce poste, c'est qu'on possède la science infuse. Dès lors, écouter les autres, surtout les supposés subalternes, c'est mettre en péril son pouvoir. Or, le leadership dans l'entreprise exige une grande capacité d'écoute de la part du dirigeant.


Paramètre 6 : La décentralisation ou la déconcentralisation

Un bon leader doit savoir céder un peu son pouvoir en faisant confiance à ses collaborateurs pour mieux contrôler le fonctionnement de l'entreprise. Au groupe de presse " Le Réveil ", j'ai nommé deux directeurs de publications. Un pour le quotidien " Le Nouveau Réveil " et l'autre pour l'hebdomadaire " Le Repère. Ils me servent d'interfaces. Ainsi, j'ai le temps de me concentrer sur les autres points focaux de l'entreprise. Le bon guide s'accompagne toujours de cette humilité qui consiste à faire confiance à ceux qui le méritent mais en ayant les yeux ouverts sur tous les départements de l'entreprise. Ne dit-on pas que la confiance n'exclut pas le contrôle!


Critère 7 : Le mérite

Le mérite se conjugue avec cet autre paramètre qu'est- la responsabilisation qui inclut la délégation du pouvoir. Responsabilisation, délégation de pouvoir et mérite indiquent que le leadership dans l'entreprise a le contrôle du fonctionnement judicieux de l'outil de travail. Responsabiliser ses collaborateurs crée l'engouement. Le mérite qui est subséquent à la performance de l'agent pousse à un degré de responsabilisation dont les retombées se ressentent sur le rendement de l'entreprise. Le mérite, la responsabilisation, la délégation de pouvoir ne peuvent se concevoir sans ce qui constitue l'un des piliers d'une entreprise : la formation.


Critère 8 : la formation des agents

Nous sommes dans un monde en perpétuelle mutation. " Mettre notre leadership au service de notre entreprise ", c'est préparer les agents à faire face à toute concurrence par une formation solide. Un leader qui croit qu'un agent bien formé viendra prendre sa place ne mérite pas d'être à cette place. C'est dire que la formation continue des agents d'une entreprise doit être inscrite en ligne d'or dans la marche de l'entreprise. Négliger cet aspect du leadership, c'est préparer son entreprise à péricliter. Car, la formation inclut le paramètre d'adaptabilité et de renforcement des capacités. Aujourd'hui, dans le domaine de la presse, en dehors du journal papier, on s'adapte au journal en ligne. Nul ne sait ce que demain sera fait. D'où la nécessité de la formation pour satisfaire les consommateurs et du journal papier et du journal en ligne.


Critère 9 : Le clientUne entreprise ne produit pas pour le plaisir de produire.

Elle produit pour satisfaire des besoins d'hommes et de femmes. Ce qu'on appelle la clientèle. Et le client, c'est connu de tous est notre raison d'être. "Mettre notre leadership au service de notre entreprise" prendra en compte le client dans toute sa globalité. Nos clients, ont le sait, ce sont les lecteurs, les annonceurs et même les titrologues. Les clients de MOOV, ce sont ceux qui consomment vos produits. Il y a des clients moins exigeants, des clients très exigeants, des clients pas exigeants du tout. Ce qui suppose qu'au sein de l'entreprise, le leader doit veiller à ce que le travail qui se fait soit en adéquation avec les paramètres exogènes : le client, l'environnement, pour ne citer ceux-ci.


Critère 10 : le dépassement par le biais du GEPCI

Le groupement des Editeurs de presse de Côte d'Ivoire a été mis sur orbite en Août 2005 après le vote et la promulgation par le Chef de l'Etat en décembre 2004 de la nouvelle loi sur la presse. La petite histoire du GEPCI, c'est que avant sa naissance, chaque journal prônait pour sa propre chapelle. Sans tuer les lignes éditoriales spécifiques, les éditeurs ont fait preuve de dépassement de soi pour adhérer à notre message d'union pour la défense des intérêts communs au sein du GEPCI. Parce qu'un bon manager doit aussi comprendre le sens du " Give and take " (le sens du donner et du recevoir). Au GEPCI, sous l'impulsion de quelques amis et moi, on a compris qu'il faut se débarrasser du dirigisme des hommes d'argent, pour épouser la déontologie du métier et tendre vers l'indépendance éditoriale de nos journaux qui passe par une indépendance économique. Et je suis heureux d'affirmer du haut de cette tribune que tout le monde y gagne.
Le dépassement est signe de liberté.


CONCLUSION

En conclusion, savoir " comment mettre notre leadership en service de notre entreprise " révèle que le leader ou le manager est un tout global. Le leader est un guide. Il fait office de commandant en chef des opérations d'une entité, l'entreprise. A ce titre, il doit savoir gérer les paramètres endogènes (ses collaborateurs) et les paramètres exogènes (les consommateurs de ses produits). Pour ce faire, ses atouts demeurent, entre autres, l'esprit de partage et d'ouverture, la gestion saine des hommes dans la confiance, la responsabilisation, la formation des agents pour perpétuer la performance de l'entreprise. Le leader, pour tout dire, est un rêveur, c'est-à-dire, un ambitieux qui transforme ses utopies en réalité.

Et je puis affirmer que la société de téléphonie mobile Moov, par le biais de la Direction générale, possède en son sein d'ambitieux rêveurs à l'image de son intègre et très humble premier responsable, mon frère Ahmed CISSE.

Je vous remercie

Abidjan Ivoire Golf Club, le 12 Juillet 2009

Denis KAH ZION
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