Chaque année, depuis 4 ans, les quartiers à risques connaissent des drames, du fait de la dangerosité de leurs sites.
En dépit du danger que représente le site qu’ils habitent depuis très longtemps pour certains, les habitants de Banco I que nous avons rencontrés hier chez eux, se disent trop démunis pour faire face aux charges d’un déménagement volontaire. Aussi, attendent-ils de la mairie d’Attecoubé, leur commune ou du gouvernement, une aide substantielle en vue de les sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Faute de quoi, le patriarche Ako Yapo Jean-Baptiste présenté comme le chef de ce village, et ses administrés d’origines diverses, entendent tout simplement confier leur sort à Dieu.
Après donc le drame de vendredi qui a lourdement endeuillé ce petit village, en faisant 15 morts sur les 20 enregistrés dans la ville d’Abidjan ce jour-là, nous avons choisi de retourner sur les lieux pour non seulement constater de visu les aménagements qui y ont été faits, mais aussi pour échanger avec les populations de cette zone sinistrée. De déménagement, de déguerpissement des populations ou de démolition des habitations à risque dans ce quartier pour prévenir des tragédies du genre de celle de vendredi, il n’y a apparemment rien eu de notable au Banco I. Comme le reconnaissent les populations concernées, une quelconque action ou tentative de déguerpissement n’aura été en fait que de façade. Car les habitants de ces maisonnettes qui se dressent dangereusement au bas des collines, ou qui sont simplement haut perchées sur lesdites collines, censées les quitter de gré ou de force, continuent le plus tranquillement du monde de les occuper, sans que l’image douloureuse des évènements qu’ils ont vécus 72 h plus tôt les y hante. Sous un hangar de fortune où nous nous sommes retrouvé, nos interlocuteurs commencent par préciser qu’en fait de quartier précaire, Banco I n’est rien d’autre qu’un village attié du nom de Agban-Attié.
Sur la question du déguerpissement des zones à risque du village, Sow Mamadou, quinquagénaire burkinabé dont la cour jouxte celle où il y a eu huit morts vendredi, s’empresse de dire: «J’ai demandé à tous mes locataires de vider les lieux. Et je peux vous assurer qu’à ce jour, tout le monde est parti». Quant à la régularité de son lot situé au bas de la colline et sur lequel il a bâti des maisons à louer et aux conditions d’acquisition dudit terrain, l’homme reste évasif et s’énerve à la limite devant les questions qu’il juge inopportunes et inappropriées. «Je me suis débrouillé avec le chef pour avoir mon lot et c’est comme ça ici. Je crois que vous êtes venu pour nous aider à transmettre aux autorités toutes nos préoccupations. D’ailleurs, votre rôle n’est pas de savoir comment chacun a obtenu son lot, ni comment on s’est arrangé pour tirer le courant électrique sur ceux qui habitent sur la colline au dessus de nos maisons», fait-il savoir, soutenu par ses compatriotes massivement rassemblés.
Ayant réussi très vite à dissiper le malentendu qui commençait à se faire jour autour de notre mission que nos interlocuteurs trouvaient ambiguë et attentatoire à leurs intérêts, nous revenons à leur grande satisfaction sur ce qu’ils appellent l’essentiel. Qui se traduit par des interrogations. Entre autres, depuis quatre ans que ce genre de drame se produit régulièrement dans leur village, qu’attendent-ils pour le quitter? Et qu’espèrent les habitants de Banco I des autorités? Quelle solution efficace proposent-ils? A ces préoccupations et à bien d’autres, il se dégage une constance dans les réactions des uns et des autres, tous représentatifs dans le village. Du chef Ako Yapo Jean Baptiste, à l’ancien conseiller municipal, Séka Damas en passant par le porte-parole des jeunes Droh Hervé. Tous soutiennent que les populations de ce village ne s’opposent nullement à une action de déguerpissement. Ils suggèrent d’ailleurs que cela touche tout le monde. A la seule condition que les déguerpis trouvent un autre site aménagé de recasement, comme le gouvernement l’avait fait pour les populations du quartier précaire de «Washington» à Cocody en les recasant dans le modeste quartier de Biabou. Séry Emile, responsable de la communauté bété du village, soutenu par Sié Essoh Amos et tous les autres membres de l’assemblée, se montre plus précis dans les doléances qui sonnent comme des revendications. Il clame: «Le véritable problème ici et dans tous les sites à risques, c’est la pauvreté. Voyez-vous, la plupart des jeunes sont au chômage. Nous les parents sommes tellement démunis que nous n’avons pas le minimum vital. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous habitons ces endroits. C’est pourquoi j’implore la pitié des autorités pour qu’elles se penchent sur notre cas. Nous sommes prêts à quitter, à condition qu’on nous donne le minimum pour nous recaser ailleurs. Dans le cas contraire, nous serons obligés par la pauvreté de continuer de survivre ici, en confiant notre sort à Dieu», plaide-t-il, sous les acclamations de ses compatriotes.
Landry Kohon
En dépit du danger que représente le site qu’ils habitent depuis très longtemps pour certains, les habitants de Banco I que nous avons rencontrés hier chez eux, se disent trop démunis pour faire face aux charges d’un déménagement volontaire. Aussi, attendent-ils de la mairie d’Attecoubé, leur commune ou du gouvernement, une aide substantielle en vue de les sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Faute de quoi, le patriarche Ako Yapo Jean-Baptiste présenté comme le chef de ce village, et ses administrés d’origines diverses, entendent tout simplement confier leur sort à Dieu.
Après donc le drame de vendredi qui a lourdement endeuillé ce petit village, en faisant 15 morts sur les 20 enregistrés dans la ville d’Abidjan ce jour-là, nous avons choisi de retourner sur les lieux pour non seulement constater de visu les aménagements qui y ont été faits, mais aussi pour échanger avec les populations de cette zone sinistrée. De déménagement, de déguerpissement des populations ou de démolition des habitations à risque dans ce quartier pour prévenir des tragédies du genre de celle de vendredi, il n’y a apparemment rien eu de notable au Banco I. Comme le reconnaissent les populations concernées, une quelconque action ou tentative de déguerpissement n’aura été en fait que de façade. Car les habitants de ces maisonnettes qui se dressent dangereusement au bas des collines, ou qui sont simplement haut perchées sur lesdites collines, censées les quitter de gré ou de force, continuent le plus tranquillement du monde de les occuper, sans que l’image douloureuse des évènements qu’ils ont vécus 72 h plus tôt les y hante. Sous un hangar de fortune où nous nous sommes retrouvé, nos interlocuteurs commencent par préciser qu’en fait de quartier précaire, Banco I n’est rien d’autre qu’un village attié du nom de Agban-Attié.
Sur la question du déguerpissement des zones à risque du village, Sow Mamadou, quinquagénaire burkinabé dont la cour jouxte celle où il y a eu huit morts vendredi, s’empresse de dire: «J’ai demandé à tous mes locataires de vider les lieux. Et je peux vous assurer qu’à ce jour, tout le monde est parti». Quant à la régularité de son lot situé au bas de la colline et sur lequel il a bâti des maisons à louer et aux conditions d’acquisition dudit terrain, l’homme reste évasif et s’énerve à la limite devant les questions qu’il juge inopportunes et inappropriées. «Je me suis débrouillé avec le chef pour avoir mon lot et c’est comme ça ici. Je crois que vous êtes venu pour nous aider à transmettre aux autorités toutes nos préoccupations. D’ailleurs, votre rôle n’est pas de savoir comment chacun a obtenu son lot, ni comment on s’est arrangé pour tirer le courant électrique sur ceux qui habitent sur la colline au dessus de nos maisons», fait-il savoir, soutenu par ses compatriotes massivement rassemblés.
Ayant réussi très vite à dissiper le malentendu qui commençait à se faire jour autour de notre mission que nos interlocuteurs trouvaient ambiguë et attentatoire à leurs intérêts, nous revenons à leur grande satisfaction sur ce qu’ils appellent l’essentiel. Qui se traduit par des interrogations. Entre autres, depuis quatre ans que ce genre de drame se produit régulièrement dans leur village, qu’attendent-ils pour le quitter? Et qu’espèrent les habitants de Banco I des autorités? Quelle solution efficace proposent-ils? A ces préoccupations et à bien d’autres, il se dégage une constance dans les réactions des uns et des autres, tous représentatifs dans le village. Du chef Ako Yapo Jean Baptiste, à l’ancien conseiller municipal, Séka Damas en passant par le porte-parole des jeunes Droh Hervé. Tous soutiennent que les populations de ce village ne s’opposent nullement à une action de déguerpissement. Ils suggèrent d’ailleurs que cela touche tout le monde. A la seule condition que les déguerpis trouvent un autre site aménagé de recasement, comme le gouvernement l’avait fait pour les populations du quartier précaire de «Washington» à Cocody en les recasant dans le modeste quartier de Biabou. Séry Emile, responsable de la communauté bété du village, soutenu par Sié Essoh Amos et tous les autres membres de l’assemblée, se montre plus précis dans les doléances qui sonnent comme des revendications. Il clame: «Le véritable problème ici et dans tous les sites à risques, c’est la pauvreté. Voyez-vous, la plupart des jeunes sont au chômage. Nous les parents sommes tellement démunis que nous n’avons pas le minimum vital. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous habitons ces endroits. C’est pourquoi j’implore la pitié des autorités pour qu’elles se penchent sur notre cas. Nous sommes prêts à quitter, à condition qu’on nous donne le minimum pour nous recaser ailleurs. Dans le cas contraire, nous serons obligés par la pauvreté de continuer de survivre ici, en confiant notre sort à Dieu», plaide-t-il, sous les acclamations de ses compatriotes.
Landry Kohon