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Société Publié le mercredi 17 juin 2009 | Notre Voie

Ce qui va coïncer

La décision du gouvernement de déguerpir les habitants des bidonvilles où d'innocentes personnes sont mortes du fait d'éboulements de terrain commence aujourd’hui, selon le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro. A l'évidence, cette opération nécessite que toutes les assurances, les précautions et les dispositions soient prises pour éviter qu'elle ne se transforme en cauchemar pour les déguerpis.


Le facteur humain, le premier blocage

Une telle opération aurait été facile si l'on avait affaire à une poignée d'habitants sur un petit espace donné. Mais dans le cas d'espèce, c'est tout le contraire. Le bidonville de Boribana, véritable labyrinthe où vivent et cohabitent pas moins de 20 mille personnes est un cas de conscience édifiant. Doit-on raser cet immense bidonville et fermer les yeux sur le sort de ces vingt mille déguerpis. En regardant ce gros bidonville du Banco qui jouxte l'autoroute du nord (entre Adjamé et Yopougon) qui grouille de monde et qui s'étend à perte de vue, il serait hasardeux et suicidaire d'oser livrer à la rue des milliers de personnes qui n'auront comme dernier recours que le grand banditisme. Ne parlons même pas d'une des plus importantes “Favelas” de la capitable, Mossikro, avec ses nombreuses habitations de fortune “perchées” au flanc des collines. Une “ville dans la ville” située dans la commune d'Attécoubé. Pour les populations de Sicobois Yopougon 16ème arrondissement ou de “Mon mari m'a laissé” de Yopougon sapeurs pompiers où vivent une fourmilière” de gens, le déguerpissement n'est même pas à l'ordre du jour. Le seul mot qui est sur le bout des lèvres, c'est l'affrontement en cas de démolition de ces quartiers.
Dans tous les bidonvilles déjà sinistrés et dans les autres qui ne sont pas à l'abri des éboulements, chacun vaque tranquillement à ses occupations, faisant fi de la décision du gouvernement.


Ces riches des bidonvilles, le second blocage

Tous ceux qui vivent dans les bidonvilles d'Abidjan ne sont pas aussi pauvres qu’on veut le faire croire. Certains sont des fonctionnaires et agents de l'Etat, d'autres des opérateurs économiques prospères. Ces riches des quartiers pauvres se distinguent des autres par leurs habitations qui, parfois, n'ont rien à envier à ceux des quartiers modernes. L'exemple est patent à Mossikro et à Boribana, dans la commune d’Attécoubé, contrairement à Gobelet, dans la commune de Cocody. Pendant des années, on a regardé, on a laissé faire, on a tacitement autorisé des individus à se construire de grosses villas à étages alors qu’on savait que ces bidonvilles pouvaient à tout moment être détruit. Le ministère de la Construction et de l’Urbanisme a laissé s’installer l’anarchie et le désordre, en encourageant non seulement des individus à s’implanter dans les quartiers précaires mais surtout en les autorisant à construire des maisons de moyen et haut standings. Ces villas qui ont été construits à coups de millions FCFA et qui impressionnent vont-elles être détruites ? L’Etat pourra-t-il dédommager tous ces délogés certainement à coups de milliards ? Là est toute la question. Car cette opération de démolition d’envergure décidée par le gouvernement concerne tout le monde. L’ONPC pourra-t-elle être neutre, impartial, éviter la corruption, raser aussi ces maisons de riches ? C’est le souhait des Ivoiriens épris de justice. Mais attendons de voir.


Le recasement, un impératif

Si la casse de toutes ces habitations des quartiers précaires n’est pas encore effective, tarde à prendre forme, c’est tout simplement parce que la forte population dans ces bidonvilles pose problème. Raser c’est bien, mais et après ? Quel sera le point de chute des déguerpis. Si certains auront la chance d’être récupérés par leurs familles, des milliers de personnes seront contraintes de dormir à la belle étoile ou de reconstituer rapidement, faute de moyens, d’autres bidonvilles pour survivre. C’est pourquoi l’action de l’ONPC doit absolument avoir un visage social. Des sites de recasement doivent être identifiés, aménagés, viabilisés pour recevoir les déguerpis. Des logements sociaux peuvent être construits par l’Etat (location par exemple à des coûts dérisoires).
L’expérience de Biabou ne doit plus être un cas d’école, car l’échec du recasement des habitants de l’ex-bidonville Washington (à Cocody) était prévisible.

Si le recasement des habitants de l’ex-bidonville Washington à Biabou a été un échec, c’est parce que cette décision du régime Bédié n’a pas tenu compte d’un paramètre important. La proximité de la plupart des habitants de leurs lieux de travail. Ce sont des domestiques, des ouvriers qui travaillent au Port, à Cocody… Recaser des individus démunis sur la route d’Anyama alors qu’ils n’ont pas les moyens financiers de se rendre chaque jour au Plateau, à Cocody ou au Port est une action vouée à l’échec. C’est sûr qu’ils chercheront à habiter dans d’autres bidonvilles pas très loin de leurs lieux de travail.


Charles Bédé
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