La première partie de notre dossier sur le délabrement des cités abidjanaises a présenté l'état alarmant dans lequel se trouvent la plupart de ces quartiers. Dans cette seconde partie, les résidents et le ministère de la Construction se prononcent sur les syndics et la copropriété.
A Marcory, « Tiaco », les espaces verts ont été vendus aux opérateurs privés. Ils servent de caves, de kiosques à café et de magasins qui colorent l'entrée du bled. Raymond N'Zi, le président des résidents attribue ce laisser-aller à un manque d'organisation. S'ils avaient été constitués en syndic, selon lui, ces problèmes n'auraient pas existé. Car, dit-il, leurs protestations n'empêchent pas les prédateurs de s'en prendre aux espaces verts. Coulibaly Kelemory, président des résidents aux « 202 logements » à la « Cité des Arts », le rejoint sur la question. La copropriété est aussi un problème dans son quartier. Sur les toitures de certains immeubles, on peut voir nettement des antennes téléphoniques. « C'est un problème. Des habitants ont décidé de signer des contrats avec des sociétés de téléphonie pour installer des antennes sur leurs immeubles sans nous consulter. Ce type de problème doit être signalé au comité des résidents que je dirige. On l'a vu dans la presse, les antennes de téléphonie sont mortelles. S'il y a un problème, c'est tous les résidents qui prennent les pots cassés », note le responsable des résidents. La cité a aussi connu la construction sur les espaces verts. « On a eu ce problème concernant le bâtiment de la pharmacie, du côté du boulevard Latrille. Un opérateur privé, avec l'appui du ministère est venu nous prendre une partie du terrain (900 m_). Un immeuble y a été construit. L'affaire est même en justice », explique-t-il. Tout cela arrive, pense-t-il, parce qu'il n'y a pas de syndic. « Le problème de syndic est le problème majeur, il faut que ce soit une affaire de l'Etat, ce n'est pas le problème des résidents», ajoute-t-il. Pour lui, avec les moyens coercitifs à la base, chacun se mettra au respect strict des règles de copropriété. Mais, le syndic seul est-il la solution ? Les 94 logements à côté, ne semblent pas donner raison à Coulibaly Kelemory. Ici, malgré l'existence du syndic que dirige Kakou Allou Jérôme, certains locataires font ce qui leur vient en tête. Par exemple, dit-il, des résidents ont commencé à peindre les bâtiments selon leur goût, « alors qu'il serait intéressant pour l'harmonie de la cité de peindre tout d'une même couleur», pense Allou. De plus, quand il est question de cotisation beaucoup se dérobent. Malheureusement, le syndic ne peut rien contre ça. Malgré une conférence de sensibilisation du Centre de droit international de développement, le 2 avril sur la copropriété, rien n'a changé. Pour Touré Lanciné, le secrétaire général de l'association, l'Etat doit s'impliquer dans la gestion de ces cités. La Cité des Arts, dit-il, a une position stratégique à Abidjan. « Elle est située entre le lycée technique, la gendarmerie et le Chu », affirme Touré. Partant de là, ce quartier a besoin d'être mis en exergue. Les « 340 logements », près de la Rti, ont aussi bésoin d'être mis en exergue. Les espaces communs n'existent presque plus. A partir de la pharmacie Mermoz, des cybers café et des maquis obstruent les espaces communs sous l'impuissance de Tamacloé Emy, le président des résidents. A la 2ème tranche, les cités Sicogi connaissent le même problème. Plus précisement un duplex jaune R+1 qui abrite la boutique du coin a été construit dans un lieu où il ne devait y avoir que des bâtiments bas. Selon Bamba Souleymane, le gérant de la cité, la maison a été bâtie contre la volonté des résidents, dont Mme X., qui fait face au bâtiment. Les règles de copropriété ont été mises à la trappe. Malgré toutes les démarches juridiques le bâtiment est sorti de terre. « Le syndic n'existe que de nom », constate tout triste Bamba.
Il faut sauver les cités !
Ces syndics, s'ils ne sont pas inexistants, c'est le fonctionnement qui prend du plomb dans l'aile. Ces organisations sont pourtant la clé de voûte pour sortir les cités du délabrement. Si rien n'est fait, dans quelques années, ces cités vont disparaitre. « J'ai été en Tunisie, j'ai vu bien de cités. Elles sont attirantes parce qu'il y a des syndics qui fonctionnent bien », note Coulibaly Kélémory. Du côté du ministère de la Construction et de l'Urbanisme, on s'acitive avec la saison des pluies. Le chef du département, Amon Tanoh, en collaboration avec la Sodeci (Société de distribution d'eau de Côte d'Ivoire) remplace en ce moment certaines conduites d'eau usées à Koumassi Sicogi, au Plateau et à Adjamé. Mais, il serait temps de jeter un coup d'œil dans nos cités. Pour ce qui est de la copropriété et des syndics, Koupo Gnoléba, directeur de l'habitat et de la copropriété a entrepris en 2008 une campagne de sensibilisation. Notamment à Cocody 8ème tranche. Au cours de ses sorties, le haut fonctionnaire a exhorté à la création de syndics et au respect des régles de copropriété. Mais, la sensensibilisation n'a pas été étendue. Selon Philippe Ibitowa, responsable de la communication au ministère, « d'autres campagnes de sensibilisation sont prévues. Des conférences et des émissions télévisées aussi». Nonobstant, il précise que la création des syndics doit être uniquement l'affaire des résidents, il ne faut rien attendre du ministère. Seule une bonne organisation des syndics, dit-il, pourra sauver les cités.
Raphaël Tanoh
A Marcory, « Tiaco », les espaces verts ont été vendus aux opérateurs privés. Ils servent de caves, de kiosques à café et de magasins qui colorent l'entrée du bled. Raymond N'Zi, le président des résidents attribue ce laisser-aller à un manque d'organisation. S'ils avaient été constitués en syndic, selon lui, ces problèmes n'auraient pas existé. Car, dit-il, leurs protestations n'empêchent pas les prédateurs de s'en prendre aux espaces verts. Coulibaly Kelemory, président des résidents aux « 202 logements » à la « Cité des Arts », le rejoint sur la question. La copropriété est aussi un problème dans son quartier. Sur les toitures de certains immeubles, on peut voir nettement des antennes téléphoniques. « C'est un problème. Des habitants ont décidé de signer des contrats avec des sociétés de téléphonie pour installer des antennes sur leurs immeubles sans nous consulter. Ce type de problème doit être signalé au comité des résidents que je dirige. On l'a vu dans la presse, les antennes de téléphonie sont mortelles. S'il y a un problème, c'est tous les résidents qui prennent les pots cassés », note le responsable des résidents. La cité a aussi connu la construction sur les espaces verts. « On a eu ce problème concernant le bâtiment de la pharmacie, du côté du boulevard Latrille. Un opérateur privé, avec l'appui du ministère est venu nous prendre une partie du terrain (900 m_). Un immeuble y a été construit. L'affaire est même en justice », explique-t-il. Tout cela arrive, pense-t-il, parce qu'il n'y a pas de syndic. « Le problème de syndic est le problème majeur, il faut que ce soit une affaire de l'Etat, ce n'est pas le problème des résidents», ajoute-t-il. Pour lui, avec les moyens coercitifs à la base, chacun se mettra au respect strict des règles de copropriété. Mais, le syndic seul est-il la solution ? Les 94 logements à côté, ne semblent pas donner raison à Coulibaly Kelemory. Ici, malgré l'existence du syndic que dirige Kakou Allou Jérôme, certains locataires font ce qui leur vient en tête. Par exemple, dit-il, des résidents ont commencé à peindre les bâtiments selon leur goût, « alors qu'il serait intéressant pour l'harmonie de la cité de peindre tout d'une même couleur», pense Allou. De plus, quand il est question de cotisation beaucoup se dérobent. Malheureusement, le syndic ne peut rien contre ça. Malgré une conférence de sensibilisation du Centre de droit international de développement, le 2 avril sur la copropriété, rien n'a changé. Pour Touré Lanciné, le secrétaire général de l'association, l'Etat doit s'impliquer dans la gestion de ces cités. La Cité des Arts, dit-il, a une position stratégique à Abidjan. « Elle est située entre le lycée technique, la gendarmerie et le Chu », affirme Touré. Partant de là, ce quartier a besoin d'être mis en exergue. Les « 340 logements », près de la Rti, ont aussi bésoin d'être mis en exergue. Les espaces communs n'existent presque plus. A partir de la pharmacie Mermoz, des cybers café et des maquis obstruent les espaces communs sous l'impuissance de Tamacloé Emy, le président des résidents. A la 2ème tranche, les cités Sicogi connaissent le même problème. Plus précisement un duplex jaune R+1 qui abrite la boutique du coin a été construit dans un lieu où il ne devait y avoir que des bâtiments bas. Selon Bamba Souleymane, le gérant de la cité, la maison a été bâtie contre la volonté des résidents, dont Mme X., qui fait face au bâtiment. Les règles de copropriété ont été mises à la trappe. Malgré toutes les démarches juridiques le bâtiment est sorti de terre. « Le syndic n'existe que de nom », constate tout triste Bamba.
Il faut sauver les cités !
Ces syndics, s'ils ne sont pas inexistants, c'est le fonctionnement qui prend du plomb dans l'aile. Ces organisations sont pourtant la clé de voûte pour sortir les cités du délabrement. Si rien n'est fait, dans quelques années, ces cités vont disparaitre. « J'ai été en Tunisie, j'ai vu bien de cités. Elles sont attirantes parce qu'il y a des syndics qui fonctionnent bien », note Coulibaly Kélémory. Du côté du ministère de la Construction et de l'Urbanisme, on s'acitive avec la saison des pluies. Le chef du département, Amon Tanoh, en collaboration avec la Sodeci (Société de distribution d'eau de Côte d'Ivoire) remplace en ce moment certaines conduites d'eau usées à Koumassi Sicogi, au Plateau et à Adjamé. Mais, il serait temps de jeter un coup d'œil dans nos cités. Pour ce qui est de la copropriété et des syndics, Koupo Gnoléba, directeur de l'habitat et de la copropriété a entrepris en 2008 une campagne de sensibilisation. Notamment à Cocody 8ème tranche. Au cours de ses sorties, le haut fonctionnaire a exhorté à la création de syndics et au respect des régles de copropriété. Mais, la sensensibilisation n'a pas été étendue. Selon Philippe Ibitowa, responsable de la communication au ministère, « d'autres campagnes de sensibilisation sont prévues. Des conférences et des émissions télévisées aussi». Nonobstant, il précise que la création des syndics doit être uniquement l'affaire des résidents, il ne faut rien attendre du ministère. Seule une bonne organisation des syndics, dit-il, pourra sauver les cités.
Raphaël Tanoh