Après les affrontements sanglants et meurtriers du jeudi dernier à Ahigbé-Koffikro (25 km d'Aboisso), de nombreux Baoulés ont plié bagages dans la soirée puis quitté le village pour se mettre à l'abri. Beaucoup d'entre eux ont déménagé à Béniakré, un village voisin, tandis que d'autres ont trouvé refuge à Aboisso. Un calme plat régnait dans le village, le vendredi 19 juin. Mais des velléités de reprises des affrontements existent encore malgré le déploiement des éléments de l'escadron de gendarmerie sur le terrain. Comment en est-on arrivé à cet affrontement sanglant et meurtrier dans ce bourg d'environ six mille habitants entre Baoulés et Malinkés, surtout après que le hache de guerre a été enterré, le 7 mars dernier, à Krindjabo ?
Tout a commencé, selon des informations recueillies sur place, le jeudi 18 juin, par une affaire de hangar. Khalifa Coulibaly dit Baba, forgeron de son état, délocalise son atelier à domicile parce que des membres de l'ancien bureau de gestion du marché lui réclamaient dix mille francs par mois comme taxe. “Khalifa a refusé de payer la taxe et a préféré travailler à la maison depuis deux ans”, explique un membre de l'ancien bureau. “Faux ! j'ai été contraint de quitter le marché. Je suis resté à la maison sans travailler pendant dix mois”, rétorque le forgeron. Il refait surface le mardi pour reconstruire son hangar et s'apprêter pour le lendemain mercredi, jour de marché hebdomadaire. Mais entre temps, sa place avait été cédée à dame Natogoma Coulibaly. Cette dernière constate le retour de Khalifa et en informe ceux qui lui (à la dame) ont loué la place. Le mercredi 17 juin, Madou Touré, membre de l'ancien bureau, se rend au marché pour demander au forgeron de délocaliser son hangar sinon il serait détruit dans les tout prochains jours, car la place a déjà été cédée à une dame. Le forgeron lui répond que désormais le marché est géré par le conseil général d'Aboisso et qu'il n'est pas prêt à abandonner sa place. Une vive altercation s'engage entre les deux hommes. Madou Touré se retire. Quelques instants plus tard arrive sur les lieux Ousmane Dembélé, un autre membre de bureau. Il répète les mêmes injonctions. Khalifa refuse d'obtempérer. La discussion devient vive. Kouassi N'guessan Léon et Kouassi Yao dit Schlinger venus rétirer des dabas et des pièges chez le forgeron s'en mêlent. Très vite, les deux parties s'emportent et une bagarre éclate. Kouassi Léon est blessé au front, Dembélé perd deux dents et Schlinger est blessé au dos. Le marché prend fin dans la débandade et la panique peu avant 14 heures. Pour manifester leur mécontentement, les jeunes Baoulés dressent des barricades sur la voie principale allant du marché à l'église et incendient des pneus. Selon eux, Dembélé aurait appelé du renfort au téléphone. Le lendemain jeudi 18 juin, ils coupent l'eau. “Nous avons fermé l'eau parce que l'équipe actuelle ne verse pas les recettes chez le chef du village comme convenu à Krindjabo. Il faut que cette équipe fasse un bilan de sa gestion depuis le 7 mars à ce jour. Nous demandons au conseil général de venir mettre son château en marche afin que ces conflits prennent définitivement fin. Les autorités sont à la base de ces conflits à cause de leur laxisme et leur parti pris”, fulminent Kouassi N'Guessan Léon et Edouard Jaurès. Les Malinké, de leur côté, accusent aussi les autorités de laxisme. “Chaque fois, c'est nous qui comptons nos blessés. Il faut que les autorités règlent ce problème une bonne fois pour toute. Trop c'est trop. Nous serons obligés de réagir si nous avons le dos au mur”, martèlent les porte-parole des Malinkés. On en était là, le jeudi 18 juin, dans la matinée, quand nous avons appris sur place que le jeune Amidou Ouédraogo, 25 ans, chargeur de gros camion, a été tailladé à la machette. Nous l'avons retrouvé dans une clinique du village, la paume tranchée effectivement. Dans l'après-midi, la situation va radicalement changer. La prière de 14 heures des musulmans prend fin dans la précipitation. Des coups de feu retentissent. Au dire des Malinkés, Kouassi Léon aurait ouvert, le premier, le feu sur eux après avoir tenté d'incendier un gros camion appartenant à Djéry Diabaté. On dénombre, par la suite, onze blessés par balles chez les Malinkés, tous conduits au centre hospitalier régional (CHR) d'Aboisso (in Notre Voie du vendredi 19 juin). Les Baoulés comptent deux blessés graves par balles et à l'acide, et un mort. N'Guessan Léon, avec qui nous avons éhangé dans la matinée de jeudi, a été atrocement tué. Il aurait été décapité par des gens venus d'ailleurs. La nuit, de nombreux baoulés ont quitté le village à la recherche de sécurité. Des gendarmes ont été déployés dans le village pour parer à toute éventualité, mais un peu trop tard puisque l'irréparable s'était déjà produit. Le quartier baoulé s'est vidé de ses habitants. Des Malinkés, assis par groupes, étaient visibles devant des cours ou aux abords de la grande voie. Des risques d'affrontements existent toujours.
Sam K.D.
Tout a commencé, selon des informations recueillies sur place, le jeudi 18 juin, par une affaire de hangar. Khalifa Coulibaly dit Baba, forgeron de son état, délocalise son atelier à domicile parce que des membres de l'ancien bureau de gestion du marché lui réclamaient dix mille francs par mois comme taxe. “Khalifa a refusé de payer la taxe et a préféré travailler à la maison depuis deux ans”, explique un membre de l'ancien bureau. “Faux ! j'ai été contraint de quitter le marché. Je suis resté à la maison sans travailler pendant dix mois”, rétorque le forgeron. Il refait surface le mardi pour reconstruire son hangar et s'apprêter pour le lendemain mercredi, jour de marché hebdomadaire. Mais entre temps, sa place avait été cédée à dame Natogoma Coulibaly. Cette dernière constate le retour de Khalifa et en informe ceux qui lui (à la dame) ont loué la place. Le mercredi 17 juin, Madou Touré, membre de l'ancien bureau, se rend au marché pour demander au forgeron de délocaliser son hangar sinon il serait détruit dans les tout prochains jours, car la place a déjà été cédée à une dame. Le forgeron lui répond que désormais le marché est géré par le conseil général d'Aboisso et qu'il n'est pas prêt à abandonner sa place. Une vive altercation s'engage entre les deux hommes. Madou Touré se retire. Quelques instants plus tard arrive sur les lieux Ousmane Dembélé, un autre membre de bureau. Il répète les mêmes injonctions. Khalifa refuse d'obtempérer. La discussion devient vive. Kouassi N'guessan Léon et Kouassi Yao dit Schlinger venus rétirer des dabas et des pièges chez le forgeron s'en mêlent. Très vite, les deux parties s'emportent et une bagarre éclate. Kouassi Léon est blessé au front, Dembélé perd deux dents et Schlinger est blessé au dos. Le marché prend fin dans la débandade et la panique peu avant 14 heures. Pour manifester leur mécontentement, les jeunes Baoulés dressent des barricades sur la voie principale allant du marché à l'église et incendient des pneus. Selon eux, Dembélé aurait appelé du renfort au téléphone. Le lendemain jeudi 18 juin, ils coupent l'eau. “Nous avons fermé l'eau parce que l'équipe actuelle ne verse pas les recettes chez le chef du village comme convenu à Krindjabo. Il faut que cette équipe fasse un bilan de sa gestion depuis le 7 mars à ce jour. Nous demandons au conseil général de venir mettre son château en marche afin que ces conflits prennent définitivement fin. Les autorités sont à la base de ces conflits à cause de leur laxisme et leur parti pris”, fulminent Kouassi N'Guessan Léon et Edouard Jaurès. Les Malinké, de leur côté, accusent aussi les autorités de laxisme. “Chaque fois, c'est nous qui comptons nos blessés. Il faut que les autorités règlent ce problème une bonne fois pour toute. Trop c'est trop. Nous serons obligés de réagir si nous avons le dos au mur”, martèlent les porte-parole des Malinkés. On en était là, le jeudi 18 juin, dans la matinée, quand nous avons appris sur place que le jeune Amidou Ouédraogo, 25 ans, chargeur de gros camion, a été tailladé à la machette. Nous l'avons retrouvé dans une clinique du village, la paume tranchée effectivement. Dans l'après-midi, la situation va radicalement changer. La prière de 14 heures des musulmans prend fin dans la précipitation. Des coups de feu retentissent. Au dire des Malinkés, Kouassi Léon aurait ouvert, le premier, le feu sur eux après avoir tenté d'incendier un gros camion appartenant à Djéry Diabaté. On dénombre, par la suite, onze blessés par balles chez les Malinkés, tous conduits au centre hospitalier régional (CHR) d'Aboisso (in Notre Voie du vendredi 19 juin). Les Baoulés comptent deux blessés graves par balles et à l'acide, et un mort. N'Guessan Léon, avec qui nous avons éhangé dans la matinée de jeudi, a été atrocement tué. Il aurait été décapité par des gens venus d'ailleurs. La nuit, de nombreux baoulés ont quitté le village à la recherche de sécurité. Des gendarmes ont été déployés dans le village pour parer à toute éventualité, mais un peu trop tard puisque l'irréparable s'était déjà produit. Le quartier baoulé s'est vidé de ses habitants. Des Malinkés, assis par groupes, étaient visibles devant des cours ou aux abords de la grande voie. Des risques d'affrontements existent toujours.
Sam K.D.