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Société Publié le lundi 22 juin 2009 | Nord-Sud

Mme Kouakou Léocadie : “Nos astuces pour maintenir les filles vierges”

Selon Mme Kouakou Léocadie, présidente de l'Ong « Ma virginité jusqu'au mariage » (Mavirmar), la lutte contre le Vih sida passe d'abord par la promotion des valeurs comme la virginité jusqu'au mariage.


•Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à créer une Ong qui prône la virginité jusqu'au mariage?

Un matin, en 2002, pendant que je me rendais au travail, j'ai vu un homme qui évangélisait. Il a affirmé dans son prêche que ce sont les femmes qui sont à la base de la propagation du sida dans le monde. Quand j'ai entendu ce message, j'ai été choquée. Cela m'a aussi amenée à réfléchir en tant que mère de filles. J'ai alors pensé aux générations à venir. Je me suis demandé si on ne pouvait pas créer une association ou une Ong qui protégerait les enfants des maladies depuis la petite enfance. Dans la mesure où, dans la lutte contre le sida, cet aspect n'avait pas encore été exploré. C'est ce qui a abouti à la création de l'Ong « Ma virginité jusqu'au mariage » (Mavirmar). Au jour d'aujourd'hui, nous avons une centaine de membres dont trois garçons.


•Quel est le constat que vous avez fait sur le terrain ?

Au cours d'une de nos activités à Marcory avec les enfants de 12 à 14 ans, nous avons constaté qu'il y avait un bon nombre qui n'étaient plus vierges. C'est aussi une raison qu'il ne faut pas négliger. Mais il faut aussi reconnaître que beaucoup de jeunes gardent leur virginité pendant longtemps. Au commencement, à part mes propres filles qui sont vierges, je ne pensais pas en trouver d'autres. Mais, quand j'ai commencé à faire la promotion de « Mavirmar », j'ai été agréablement surprise de voir des filles, parfois de grandes filles venir à nous.


•Quel âge faut-il avoir pour être membre de l'Ong ?

On avait prévu commencer avec les fillettes de 10 ans. Mais, l'Unicef nous a dit de descendre jusqu'à 8 ans. Les membres ont entre 8 et 20 ans et plus.


•Selon vous, quelle est l'âge idéal pour commencer les rapports sexuels?

Il n'y a pas d'âge. Dès qu'on est marié, il est possible d'avoir des relations. Mais il est préférable d'avoir la majorité avant de coucher avec un homme. A cette période, la jeune fille est mûre et peut s'occuper d'un foyer. Mais ce que nous déplorons, c'est le vagabondage sexuel. Nous leur disons d'attendre 18 ans à 20 ans. Il ne sert à rien de se précipiter pour avoir des relations sexuelles.


•Pensez-vous que c'est possible d'atteindre vos objectifs sous l'influence de l'environnement ?
Oui, nous procédons par des conseils que nous leur donnons. Nous faisons de la sensibilisation, on ne dit pas aux jeunes gens de rester comme ça. Nous leur donnons des conseils et nous leur parlons. Nous ne sommes que l'intermédiaire. C'est-à-dire entre les enfants et les parents. Ce dont les enfants n'arrivent pas à parler avec leurs parents, nous nous sommes donné la mission d'en parler avec eux. Nous ne faisons que compléter ce que les parents n'arrivent pas à faire à la maison. Dans cette lancée, l'environnement allait jouer, mais pas trop.


•Existe-t-il encore de vrais vierges?

Bien-sûr, sinon l'Ong n'aurait pas sa place. Et nous ne serions pas tant sollicités. Je n'ai pas le nombre exact, mais nous en comptons environ une centaine. Avec une majorité de filles. Les hommes ne s'intéressent pas trop à cela. La plus âgé de mes filles a actuellement 32 ans. Le garçon a en 30. La plupart d'entre eux sont venus d'eux-mêmes. L'Ong est pour eux, un moyen d'expression.


•Comment savez-vous qu'ils sont effectivement vierges ?

Il y a des tests de virginité que nous faisons pour les plus grands.


•Lesquels ?

Des tests de virginité à l'hôpital. Ce sont les médecins qui le réalisent.


•Comment se fait l'encadrement des jeunes gens ?

Il faut savoir que les cas ne se trouvent pas à un endroit fixe. Au début, nous nous rendions dans les familles pour travailler. On avait le contact des parents avec lesquels nous échangions. Mais vous savez que sans moyens, rien n'est possible. Nous avons travaillé longtemps avec nos propres moyens. On organisait des rencontres pour leur donner des conseils sur la manière dont il fallait faire pour garder sa virginité. On avait prévu rendre visite aux enfants à la maison pour voir un peu les conditions dans lesquelles ils vivaient. Mais, les moyens financiers faisant défaut, nous n'avons pas pu.


•Et l'encadrement des tout-petits?

On commence en classe de Ce2. Selon leur âge, il y a certaines choses qu'on peut leur dire et qu'ils pourront comprendre. Par exemple, on leur dit de s'amuser en groupe la nuit, etc.


•Quel suivi assurez-vous pour que ces jeunes gens ne « tombent» pas?

Au début, on rendait visite aux enfants par quartier. On programmait les différentes familles où on devait se rendre pour donner des conseils et appuyer ceux des parents. On programmait chaque semaine un quartier. Durant cette semaine, on rendait visite à tous les membres qui habitent ce quartier. Même si physiquement, on ne l'a pas fait, on le fait au téléphone. Mais, ces derniers temps, on ne le fait plus faute de moyens.


•Y a-t-il des cas d'échec ?

Si, il y a en a. Cela n'est pas dû à un manque de suivi, mais au manque de moyens. Dans notre plan, il était prévu qu'on encourage ces jeunes gens.


•Comment ?

En leur donnant au moins, chaque fin de mois quelque chose. Il fallait le faire, car tu ne peux pas dire à une fille de rester vierge, pendant qu'elle voit que ses amies qui ne sont pas vierges ont des fringues, elles se font chics et fréquentent les bons endroits. Elle voudra à tout prix être comme elles. Si vous n'avez pas de moyens pour l’aider, ce n'est vraiment pas facile de lui dire de «se glacer» dans un environnement aussi bouillant. C'est l'essence même de l'abdication.


•Les filles qui, très tôt, ont eu des relations sexuelles et qui décident après de rester chastes jusqu'au mariage ont-elles une place dans l'Ong?

Elles ont un autre encadrement. Ou tu es vierge ou tu ne l'es pas. On a des cas pareils. On ne peut pas les rejeter. Tout ce qu'on peut faire, c'est leur donner des conseils. Mais d'abord, on s'entretient avec elles. La plupart du temps, elles nous disent qu'elles ont été trompées par leurs amies ou qu'elles ont été naïves. Il y a toutes ces raisons qui rentrent en ligne de compte.


•Aujourd'hui, quels sont les problèmes auxquels l'Ong Mavirmar est confrontée ?

Au début, tous ceux que nous avons approchés ont applaudi l'initiative. Ils nous ont félicités pour le courage qu'on a eu pour mener cette lutte. Mais après, ils ne se sont plus manifestés. Je ne sais pas si c'est de l'hypocrisie. Quand on leur demande du soutien pour les activités, ils ne réagissent pas. Selon eux « l'affaire de vierge est compliquée ». Le sujet n'est pas pris en compte au niveau des organismes de financement. Tout cela a fait qu'on a baissé dans le travail. Sinon, au début, on était parti pour faire « fort ».


•Selon vous, pourquoi disent-ils que « l'affaire des vierges » est compliquée ?

Je ne sais pas. Moi-même j'ai du mal à comprendre.


•Donc vous n'avez pas reçu de l'aide de la part des autorités ?

Non, aucun ministère ne nous a aidés. Que ce soit celui de Lutte contre le sida ou celui de la Femme, de l'Enfant et des Affaires sociales. On n'a reçu aucune subvention. On nous dit que ce genre de projets n'est pas pris en compte par les organismes. Seul l'Unicef nous a donné, durant quelques temps un coup de pouce. Mais après, tout s'est arrêté.


•Et pourquoi ?

Parce que le responsable a changé. Mais nous avons toujours un interlocuteur là-bas. Quand on le contacte, il nous dit que ce n'est pas facile et qu'il faut attendre. On n'a donc fini par mettre toutes nos activités en veilleuse. Quand vous avez des projets que vous n'êtes pas soutenus, vous ne pouvez rien réaliser.


•Mais quelles sont vos relations avec le ministère de la Lutte contre le sida ? Les responsables savent-ils que vous existez ?

Bien sûr. Le ministère sait que nous existons. On est souvent sollicités pour des séminaires et autres. Comme je vous l'ai dit tantôt, Mavirmar participe également à la lutte contre le sida. Mavirmar est en amont de la lutte contre le sida, les Infections sexuellement transmissibles (Ist). Si nous préparons les esprits des enfants dès le jeune âge à un comportement sain, on devrait nous soutenir, nous encourager. Aujourd'hui, on lutte tout seul, on n'a aucun financement.


•Qu'attendez-vous concrètement de ce ministère ?

Nous soutenir. Et quand on parle de lutte contre le sida, il ne faut pas attendre que les gens soient malades pour les prendre en charge. Il faut voir la lutte en amont, chercher à préserver au lieu d'attendre que tout se gâte. Et ceux qui n'ont pas encore la maladie, que fait-on pour les aider à ne pas la contracter? Si le ministère met les moyens à notre disposition, on peut aussi aider les parents. On peut offrir aux enfants les kits scolaires, à la rentrée. Ce sera un soulagement pour les parents, surtout que la plupart des membres sont issus de familles modestes. On attend de l'aide pour redémarrer nos activités.


•Et aux parents des membres ?

Nous attendons également de l'aide. Les parents doivent voir les bienfaits de Mavirmar. On peut s'entre-aider. On n'a pas forcement besoin de l'aide des organismes. Etant donné que nous savons son impact positif sur la vie de nos enfants.


•En ce début de vacances, quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes ?

Je voudrais leur dire qu'aujourd'hui, il se passe tellement de choses auxquelles ils doivent faire très attention. La maladie est juste à côté de nous. Nul n'est à l'abri. Que ce soit le sida ou les autres maladies infectieuses. Il ne faut pas aller chercher la maladie là où elle est. Aux jeunes filles, il ne faut pas chercher à allumer les garçons. Aux jeunes garçons, éviter l'alcool. Quand on ne suit pas les conseils, les conséquences sont multiples. Il y a les grossesses, les maladies etc. Il ne vaut pas la peine de se lancer dans la sexualité si on n'est pas prêt. On ne leur dit pas de ne pas s'amuser, mais, il faut le faire sainement. Aujourd'hui, le monde va à la perdition. Il est très important de faire attention. Car, on a besoin d'eux. C'est à eux que l'avenir appartient. On ne peut pas dire que les jeunes ne meurent pas, mais, il ne faut pas qu'ils aillent chercher la mort « avec les yeux».

Interview réalisée par Adélaïde Konin (Stagiaire)
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