La paix des braves autour d’un nouveau président qui fait le consensus, pour mettre fin à une guéguerre de plus de 15 ans, au sein de la confrérie dozo du département de Ferké, avec extension sur celle de Ouangolo. C’est le monumental résultat obtenu par l’ONG Vision Plus International qui s’est engagée sur un terrain aussi mystique que dangereux pour le profane. Le maître d’œuvre de cet exploit n’est autre que le président de ladite ONG, Coulibaly Naban, lui-même forgeron de naissance et initié aux rituels du monde cabalistique qui a fait office de médiateur entre les protagonistes d’une guerre froide d’un autre monde matériellement imperceptible sur le terrain, celui du mystère africain et de la puissance occulte. « Quand j’ai commencé la médiation, j’ai compris qu’il s’agissait d’un problème de leadership entre deux groupes». D’un coté, les hommes du président Limakari et de l’autre, ceux du président Ouattara Jacques, tous deux dans la sous-préfecture de Ferké. Résultat, des actions de concurrence soutenues par des luttes internes et des nuisances internes qui mettaient à mal une organisation qui partage la même culture. Pour le président Naban, en cette période de réconciliation nationale, les dozos des départements de Ferké et de Ouangolo estimés à plus de 10.000 hommes se devaient de fumer le calumet de la paix pour s’inscrire dans le tempo national. Le milieu n’est pas orthodoxe. Les solutions ne le seront pas non plus. Des tractations souterraines soutenues par des consultations occultes, notamment une référence et un appel lancé aux ancêtres tranche de la façon qui convient à tous. Aux dires des dozos conduits par les dozo-bâs (chef de troupes chez les dozos) les ancêtres ont porté leur choix sur la personne de Coulibaly Mamadou, un intellectuel, directeur de la SICTA à Korhogo, un originaire de Ferké initié au rituel dozo depuis son plus jeune âge. C’est cet homme qui sera préparé et recommandé aux gardiens de la confrérie dozo au cours d’une nuit mystique interdite aux non initiés dans la nuit du vendredi 19 juin dernier. Le nouveau président de consensus qui ramènera la paix a été présenté à l’occasion d’une cérémonie officielle, cette fois ouverte à tous, le samedi 20 juin à la Place de la Paix de Ferké en présence du préfet Koné Lobognon Jacques et d’une représentation quasi nationale de la confrérie aux pouvoirs mystiques. Pour le porte-parole des dozo-bâs, Yéo Aleri, « Les militaires font leur paix, les dozos doivent aussi faire la leur pour mieux remplir leur rôle de gardiens des biens et des personnes ». Une sorte de réponse au premier adjoint au maire, Traoré Bamoudien qui, peu avant, demandait aux dozos : « une réconciliation sincère et honnête entre des frères pour contribuer à la réconciliation et à la reconstruction du pays » Au cours de cette cérémonie, le nouveau président départemental des dozos de Ferké et le préfet se sont parlé par tribune interposée. En effet, le président Coulibaly Mamadou après avoir demandé aux uns et autres d’arrêter de se méprendre sur les activités des dozos qui sont assimilés à des milices aux côtés des Forces Nouvelles ou à des bandits, sollicitera du préfet d’agir en sa qualité de représentant du Chef de l’Etat pour permettre aux dozos de garder leurs fusils qui sont leur raison d’être en tant que gardiens d’une société en proie au banditisme. Et le préfet d’interpréter cette cérémonie comme étant celle de la tradition qui se met au service de la réconciliation et de la paix avant de répondre : « Vous trouverez auprès de moi une oreille attentive dans le respect de nos lois et dans le respect de la République». Le nouveau président veut donner une autre image à son organisation. Un trait de modernisme et d’officialisation qui passe par des statuts et règlement intérieur en cours d’élaboration et un siège qui a été inauguré le même jour.
Mack Dakota, Correspondant
Mack Dakota, Correspondant