La Convention collective doit, en principe, entrer en vigueur fin Juillet. Dans cet entretien, Denis Kah Zion, président du Groupement des Editeurs de Presse en Côte d’Ivoire (GEPCI) invoque les raisons qui empêchent l’application effective de cette mesure.
Le Patriote : Les journalistes attendent l’application de la Convention collective qui devrait les sortir du ghetto salarial. Comment vous préparez-vous à cette nouvelle donne ?
Denis Kah Zion : Je voudrais dire qu’on n’a pas signé que la Convention collective. On a signé un autre document en annexe à la convention collective. Il faut donc jumeler les deux. Il ne faudrait pas que la question soit séparée car la convention collective est un fait accepté et signé par les patrons de presse. Mettre sa signature au bas d’un document, cela veut dire que vous acceptez le principe. Mais, il y avait des mesures d’accompagnement. Tous les membres du GEPCI sont favorables à l’application de la convention collective. Mais, la question que nous nous posons, en tant que patrons de presse, est la suivante: «qu’est-ce qui a été fait et qui nous permet d’appliquer cette convention» ?
LP : Justement quel est l’obstacle à l’application de cette convention ?
DKZ : Quand nous avons rencontré nos travailleurs, en présence de nos ministres de tutelle, à Grand-Bassam au mois de décembre 2007, l’Etat venait de prendre une décision assez importante. Qui était la signature d’un décret pour le Fonds de soutien et de développement de la presse. Vous conviendrez avec moi, que de décembre 2007 en juin 2009, si un acte fort a été posé, c’est simplement la mise en place du Conseil de gestion de ce fonds. Le Chef de l’Etat a signé le décret. On a installé le Conseil de gestion. Mais allez demander à Kébé Yacouba (ndlr : Président de ce Conseil) s’il peut vous dire, aujourd‘hui, quel est le contenu de l’enveloppe allouée aux entreprises de presse ?
LP : C’est donc la non-effectivité du Fonds de soutien et de développement qui contrarie les patrons de presse ?
DKZ : Nous savons tous que les fonds ne sont pas encore disponibles et que ce n’est pas une question d’un jour ou d’un mois. Et puis, ce ne sont pas les fonds qui vont être injectés directement dans les entreprises. Il faut monter des dossiers, il faut postuler. Tout cela demande du temps. C’est pourquoi, quand j’écoute les propos de certains responsables syndicaux, j’ai l’impression que les gens ne savent pas trop comment les choses fonctionnent. Qu’on soit syndicaliste ou pas, journalistes, patrons de presse, nous devons nous mettre ensemble pour que l’Etat décaisse ce fonds. Si le fonds est mis à la disposition des éditeurs de presse, et qu’on voit que les gens hésitent encore, et qu’ils ne veulent pas respecter leur signature, on peut faire ce genre de déclaration. D’ailleurs, la question ne se limite pas seulement au fonds. On avait sollicité des allègements fiscaux, on vient de les obtenir fraîchement.
Mon cher ami, si on t’a octroyé fraîchement un allègement fiscal, en comptabilité, l’effet n’est pas aussi immédiat qu’on le croit. C’est pour dire que déjà avec l’allègement fiscal, on ne fait pas automatiquement de l’économie. Nous en profitons pour dire merci au Directeur général des Impôts. Mais, nous disons que cette mesure ne nous permet pas en cet instant « t » de faire des économies et de payer nos employés selon la convention.
LP : Malgré les sacrifices consentis par l’Etat de Côte d’Ivoire : allègement fiscal, décret et la mise en place du Fonds de soutien à la presse. Qu’est ce qu’il faut alors aux patrons de presse pour que le GEPCI respecte son engagement ?
DKZ : La fiscalité est réglée, mais il nous faut au moins six mois à un an pour pouvoir faire des économies. L’autre problème, c’est la couverture totale du territoire national par les journaux. Allez à Edipresse, elle a des difficultés pour écouler les produits de presse sur l’ensemble du territoire national. C’est un obstacle majeur. Dans nos caisses, on ne sent pas encore que tout le territoire est couvert par nos journaux. Les travailleurs aussi bien que les syndicats doivent donc nous appuyer pour que cette distribution soit effective sur le territoire national. On parle d’une réunification politique, mais la réunification économique n’est pas encore effective. Cela faisait aussi partie des conditionnalités pour que nous arrivions à l’application de la convention collective.
LP : Est-ce à dire qu’au soir du 30 juillet, la convention collective ne sera pas appliquée ?
DKZ : La plupart des éditeurs de presse, aujourd’hui, sont des journalistes. Ce qui a, certainement, facilité beaucoup de choses. La question aujourd’hui, c’est que l’Etat n’a pas encore fait ce qu’il avait à faire. Donc, si on nous demande d’appliquer la convention et que nous ne pouvons pas, c’est ensemble que nous devons adopter la conduite à tenir. Je peux donc dire que nous sommes dans l’impossibilité d’appliquer la convention collective. Je le répète, nous sommes dans l’impossibilité matérielle et financière de payer les nouveaux salaires. Nous ne pouvons donc pas payer les journalistes à la convention collective tant que les mesures d’accompagnement ne sont pas effectives. Tout le monde doit s’unir pour demander au gouvernement de faire ce qu’il a à faire concernant la disponibilité du Fonds, c’est le véritable couac. Qu’on arrête de nous présenter comme des gens qui promettent et qui ne font pas. C’est simplement parce que nous ne pouvons pas.
LP : La convention n’est-elle pas en train de devenir un serpent de mer ?
DKZ : Vous pensez que nous avons signé un document et que nous allons nous amuser ? Non ! Il y a ce que nous avons signé qui est à nous, notre engagement, il y a aussi l’engagement de l’Etat de Côte d’Ivoire. Serpent de mer ? Je ne le pense même pas. La convention va s’appliquer mais, à l’heure actuelle, les conditions ne sont pas encore remplies. Mais, nous rêvons tous qu’un jour cette convention s’applique.
Réalisée par Moussa KEITA
Le Patriote : Les journalistes attendent l’application de la Convention collective qui devrait les sortir du ghetto salarial. Comment vous préparez-vous à cette nouvelle donne ?
Denis Kah Zion : Je voudrais dire qu’on n’a pas signé que la Convention collective. On a signé un autre document en annexe à la convention collective. Il faut donc jumeler les deux. Il ne faudrait pas que la question soit séparée car la convention collective est un fait accepté et signé par les patrons de presse. Mettre sa signature au bas d’un document, cela veut dire que vous acceptez le principe. Mais, il y avait des mesures d’accompagnement. Tous les membres du GEPCI sont favorables à l’application de la convention collective. Mais, la question que nous nous posons, en tant que patrons de presse, est la suivante: «qu’est-ce qui a été fait et qui nous permet d’appliquer cette convention» ?
LP : Justement quel est l’obstacle à l’application de cette convention ?
DKZ : Quand nous avons rencontré nos travailleurs, en présence de nos ministres de tutelle, à Grand-Bassam au mois de décembre 2007, l’Etat venait de prendre une décision assez importante. Qui était la signature d’un décret pour le Fonds de soutien et de développement de la presse. Vous conviendrez avec moi, que de décembre 2007 en juin 2009, si un acte fort a été posé, c’est simplement la mise en place du Conseil de gestion de ce fonds. Le Chef de l’Etat a signé le décret. On a installé le Conseil de gestion. Mais allez demander à Kébé Yacouba (ndlr : Président de ce Conseil) s’il peut vous dire, aujourd‘hui, quel est le contenu de l’enveloppe allouée aux entreprises de presse ?
LP : C’est donc la non-effectivité du Fonds de soutien et de développement qui contrarie les patrons de presse ?
DKZ : Nous savons tous que les fonds ne sont pas encore disponibles et que ce n’est pas une question d’un jour ou d’un mois. Et puis, ce ne sont pas les fonds qui vont être injectés directement dans les entreprises. Il faut monter des dossiers, il faut postuler. Tout cela demande du temps. C’est pourquoi, quand j’écoute les propos de certains responsables syndicaux, j’ai l’impression que les gens ne savent pas trop comment les choses fonctionnent. Qu’on soit syndicaliste ou pas, journalistes, patrons de presse, nous devons nous mettre ensemble pour que l’Etat décaisse ce fonds. Si le fonds est mis à la disposition des éditeurs de presse, et qu’on voit que les gens hésitent encore, et qu’ils ne veulent pas respecter leur signature, on peut faire ce genre de déclaration. D’ailleurs, la question ne se limite pas seulement au fonds. On avait sollicité des allègements fiscaux, on vient de les obtenir fraîchement.
Mon cher ami, si on t’a octroyé fraîchement un allègement fiscal, en comptabilité, l’effet n’est pas aussi immédiat qu’on le croit. C’est pour dire que déjà avec l’allègement fiscal, on ne fait pas automatiquement de l’économie. Nous en profitons pour dire merci au Directeur général des Impôts. Mais, nous disons que cette mesure ne nous permet pas en cet instant « t » de faire des économies et de payer nos employés selon la convention.
LP : Malgré les sacrifices consentis par l’Etat de Côte d’Ivoire : allègement fiscal, décret et la mise en place du Fonds de soutien à la presse. Qu’est ce qu’il faut alors aux patrons de presse pour que le GEPCI respecte son engagement ?
DKZ : La fiscalité est réglée, mais il nous faut au moins six mois à un an pour pouvoir faire des économies. L’autre problème, c’est la couverture totale du territoire national par les journaux. Allez à Edipresse, elle a des difficultés pour écouler les produits de presse sur l’ensemble du territoire national. C’est un obstacle majeur. Dans nos caisses, on ne sent pas encore que tout le territoire est couvert par nos journaux. Les travailleurs aussi bien que les syndicats doivent donc nous appuyer pour que cette distribution soit effective sur le territoire national. On parle d’une réunification politique, mais la réunification économique n’est pas encore effective. Cela faisait aussi partie des conditionnalités pour que nous arrivions à l’application de la convention collective.
LP : Est-ce à dire qu’au soir du 30 juillet, la convention collective ne sera pas appliquée ?
DKZ : La plupart des éditeurs de presse, aujourd’hui, sont des journalistes. Ce qui a, certainement, facilité beaucoup de choses. La question aujourd’hui, c’est que l’Etat n’a pas encore fait ce qu’il avait à faire. Donc, si on nous demande d’appliquer la convention et que nous ne pouvons pas, c’est ensemble que nous devons adopter la conduite à tenir. Je peux donc dire que nous sommes dans l’impossibilité d’appliquer la convention collective. Je le répète, nous sommes dans l’impossibilité matérielle et financière de payer les nouveaux salaires. Nous ne pouvons donc pas payer les journalistes à la convention collective tant que les mesures d’accompagnement ne sont pas effectives. Tout le monde doit s’unir pour demander au gouvernement de faire ce qu’il a à faire concernant la disponibilité du Fonds, c’est le véritable couac. Qu’on arrête de nous présenter comme des gens qui promettent et qui ne font pas. C’est simplement parce que nous ne pouvons pas.
LP : La convention n’est-elle pas en train de devenir un serpent de mer ?
DKZ : Vous pensez que nous avons signé un document et que nous allons nous amuser ? Non ! Il y a ce que nous avons signé qui est à nous, notre engagement, il y a aussi l’engagement de l’Etat de Côte d’Ivoire. Serpent de mer ? Je ne le pense même pas. La convention va s’appliquer mais, à l’heure actuelle, les conditions ne sont pas encore remplies. Mais, nous rêvons tous qu’un jour cette convention s’applique.
Réalisée par Moussa KEITA