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Politique Publié le jeudi 25 juin 2009 | Notre Voie

Depuis Bouaké : Alassane Ouattara avoue être le vrai père de la rébellion

Les Ivoiriens qui avaient encore des doutes sur les origines de la guerre en Côte d’Ivoire sont désormais situés après les déclarations faites à Bouaké par le président du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara. Ce dernier a clairement avoué être le véritable père de la rébellion qui a endeuillé des milliers de familles ivoiriennes.

Ce que les Ivoiriens et l’opinion internationale savaient depuis le déclenchement de la guerre en Côte d’Ivoire vient d’être confirmé par Alassane Dramane lui-même. Depuis Bouaké où il est en tournée politique, il a jeté le masque. En se félicitant de l’indispensable combat des ex-rebelles.
A la faveur de l’audience que lui a accordée avant-hier Sinima Bamba, directeur de cabinet du Secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro Kigbafori, le président du RDR a d’abord tenu à féliciter les ex-rebelles pour la justesse de leur combat et pour les sacrifices consentis. “Votre combat était indispensable”, s’est réjoui Alassane Ouattara qui s’adressait aux Forces nouvelles. Avant de poursuivre : “Vous avez pris beaucoup de risques et fait des sacrifices énormes. Mais nous sommes au bout du tunnel”. Après ces propos, Alassane Ouattara a invité les Forces nouvelles “à mettre fin aux arrangements politiques”. Comme pour dire à ses poulains: “Arrêtez de continuer de travailler dans la paix avec Gbagbo. Je vous ai envoyés en mission. Celle-ci est accomplie avec brio puisque je serai candidat. Maintenant, je vous demande de revenir prendre vos places initiales dans la société, aux côtés de vos camarades du RDR. Celui qui ne se soumettrait pas à cette décision sera ex-communié”.
Alassane Dramane Ouattara a tout à fait raison de rendre un vibrant hommage à la rébellion qui a endeuillé et désolé plusieurs milliers de familles ivoiriennes, par la destruction des villages entiers, par des tueries, viols massifs et collectifs, rendant ainsi infirmes des femmes, des jeunes et des vieillards. Il ne se trompe pas lorsqu’il félicite les rebelles pour les risques pris, en livrant leurs poitrines aux canons, afin que lui, Ouattara, soit autorisé de façon exceptionnelle à être candidat à la présidentielle en Côte d’Ivoire, là où la loi ivoirienne lui interdisait formellement d’être candidat. Il est tout à fait normal qu’il rende un hommage appuyé à la rébellion. Entre, nous, aurions-nous fait autre chose si nous étions à la place du président du RDR ? Le problème est qu’avec ces propos et cette mise en garde, Dramane Ouattara fait un aveu du genre : “C’est moi, Alassane Dramane Ouattara, le père de la rébellion ivoirienne”. Mais c’est moins faire preuve de courage qu’une façon bien pensée de se moquer des Ivoiriens. Car au moment où les Ivoiriens cherchaient le parrain de cette rébellion, dont ils ne comprenaient pas les motivations, Ouattara n’a pas osé lever le petit doigt et se frapper la poitrine. Il s’est plutôt murer dans un silence qui en disait d’ailleurs long sur son caractère d’homme qui refuse d’assumer. Il n’y a eu que le petit Guillaume Soro pour dire : “J’assume la paternité de la rébellion et je demande aux autres de ne pas avoir le complexe de la rébellion”. En tout état de cause, qu’il ait avoué avant ou qu’il l’avoue maintenant, cela ne changera rien à ce que les Ivoiriens et la communauté internationale savaient déjà des relations très étroites qu’entretient Ouattara avec les ex-rebelles. Que ce soit avant ou maintenant, chaque rebelle a fait des aveux sur le rôle extrêmement important de Dramane Ouattara dans la destruction de la Côte d’Ivoire. Souvenons-nous !
D’abord, pendant l’audience d’avant-hier, Sinima Bamba a noté que la visite de Alassane Dramane Ouattara à la rébellion est ressentie “comme un honneur aux Forces nouvelles qui, depuis sept ans, reçoivent la première fois une autorité du rang du président Alassane Ouattara”. Sinima Bamba s’est réjoui du soutien inestimable apporté à la rébellion par le président du RDR qu’il a qualifié de “défenseur de la justice et de la légalité grâce à qui les objectifs des Forces nouvelles sont en train d’être atteints”. Avant Sinima, et au début de la guerre faite à la Côte d’Ivoire, Koné Zacharia, le com’zone de Séguéla en disgrâce avec la direction des Forces nouvelles depuis bientôt un an et Chérif Ousmane, ex-garde du corps d’Alassane Ouattara et com’zone de Bouaké, ont présenté le président du RDR comme le soutien moral et financier de la rébellion. A Korhogo, où il animait un meeting au début de la rébellion pour présenter leur mouvement aux parents du Nord, Koné Zacharia déclarait devant les populations rassemblées : “Ce mouvement n’appartient ni à Zacharia ni à Soro Guillaume ni à Chérif Ousmane. Mais à votre fils Alassane Dramane Ouattara grâce à qui nous avons pu survivre tout le temps que nous sommes restés au Burkina Faso. C’est lui qui nous envoyait 25 millions de FCFA chaque fin de mois au Burkina Faso où nous nous entraînions”. Chérif Ousmane, lui, à Mankono a appuyé les déclarations de Zacharia en allant plus loin : “C’est à cause de Alassane Ouattara que nous avons pris les armes. Nous avons pris les armes pour qu’il soit candidat”. Ces propos ont valu dans le temps à Chérif une mise en garde et une interdiction de parler en public jusqu’à nouvel ordre.
Ce sont toutes ces déclarations que le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara vient de confirmer dans l’antre de la rébellion. Pour dire merci à ceux qui lui ont permis d’être un candidat exceptionnel à la présidence. Grâce aux armes et dans la douleur. Pourtant, chaque fois que les observateurs ont voulu lier le nom de Alassane Dramane Ouattara à la rébellion, l’homme qui manque de courage et qui n’ose pas assumer ses actes a toujours réfuté ces accusations. Il n’osait même pas reconnaître que deux mois avant la survenue de la guerre, il a tenu des propos portant atteinte à l’ordre public : “Je rendrai ce pays ingouvernable dans quelques jours. S’ils veulent nous allons “gnagami” (ndlr : terme malinké signifiant mélanger) le pays”. Le pays a été mélangé et rendu ingouvernable depuis la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Malheureusement, il n’a pas voulu assumer. Et Guillaume Soro Kigbafori s’est imposé devant le vide. Il a joué sa partition et a accepté d’aller à la paix avec le président de la République en signant l’Accord politique de Ouagadougou. Le chef de l’Etat vient de boucler une visite d’Etat en compagnie du Premier ministre Soro, dans la partie nord et ouest du pays. Achevant ainsi de ressouder les morceaux du pays. C’est ce moment que choisit Alassane Ouattara pour sortir du néant et se proclamer père de la rébellion. Sans doute croit-il pouvoir effacer les traces du passage du chef de l’Etat dans cette partie du pays. A-t-on besoin d’être un magicien pour savoir que c’est peine perdue ? Cette façon d’agir d’Alassane Dramane Ouattara ne fait pas de lui un responsable. Et il gagnerait à arrêter de se moquer des Ivoiriens qui ont souffert et qui souffrent encore dans leur chair et dans leur âme de ses méchancetés.


Délon’s Zadé: delonszade@yahoo.fr
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