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Art et Culture Publié le vendredi 26 juin 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Gohou Thomas, lauréat du prix de sculpture au Festival Vacances culture 2008: "Il est nécessaire que le ministre Augustin Komoé paie sa dette"

Lauréat au Festival Vacances culture 2008, ainsi qu’aux Jeux de la CEN-SAD au Niger en février 2009, Gohou Thomas, artiste sculpteur designer résident à Grand-Bassam ne rechigne pas à l’ouvrage. N’ayant pas reçu ses différentes récompenses depuis septembre 2008, malgré toutes les démarches et les quolibets essuyés par-ci et par-là, il réclame, sans détours, dans cet entretien, ses biens au ministère de la Culture et de la Francophonie.

Vous avez été lauréat du Prix de sculpture au Festival vacances culture 2008 avec un total de 102 points sur 160 dans la catégorie arts plastiques. Pouvez-vous présenter la spécificité de votre art ?
J’inscris mon art dans la catégorie art contemporain. J’essaie à ma manière de rendre l’art authentique, utile. C’est-à-dire que j’embellis l’environnement. Si vous voulez, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui architecture de l’intérieur ou le design.

Après avoir été sous les projecteurs à la 17ème édition du Festival vacances culture organisée à Aboisso, pouvez-vous nous dire - 9 mois après - si le ministère de la Culture et de la Francophonie et ses partenaires, la Cecp et le Groupe Pigier ont honoré leur engagement vis-à-vis de vous ?
Franchement, c’est dommage ! Depuis la date de clôture à la salle des mariages de la mairie d’Aboisso, le 13 septembre 2008, je n’ai encore rien reçu. Aucun brin d’espoir. On est là et on ne sait rien de ce qui se passe. Vraiment, c’est décevant.

Qu’est-ce qu’on vous avait promis comme récompense exactement?
On m’avait promis une somme de quatre cent mille francs (400.000 FCFA) dont je détiens encore avec moi ici (ndlr, à Grand-Bassam) le chèque symbole. Je ne sais si c’est pour orner mon living-room ! Ensuite, un compte d’épargne à la Cepc (Caisse d’épargne) alimenté avec une somme de base de cinquante mille francs (50.000 FCFA), ainsi qu’une bourse d’étude au Groupe Pigier. Maintenant que vous me posez la question, l’année académique étant achevée, je me demande si la bourse d’étude n’est pas devenue caduque.

Pour ce qui est du retrait du chèque de 400.000 FCFA, qui devait être l’interface entre le ministère de tutelle et vous?
A mon niveau, j’ai mené des démarches qui se sont avérées infructueuses. Une fois dans les locaux du ministère de la Culture et de la Francophonie, on a demandé d’entrer en contact avec la DPAC (Ndlr, Direction de promotion des arts et de la culture) dont le directeur est Calixte Angama. A leur niveau, ils m’ont fait savoir que leur mission est l’organisation pratique de l’événement Festival Vacances culture. Donc, il fallait qu’on se trimbale devant le service de la DAF du ministère de tutelle avec pour directeur monsieur Kossonou (Ndlr, Kossonou Paul-Marie). Là, on nous a dit à c’est un problème de liquidité au niveau du pays et que toutes les DAF n’ont pas d’argent. Les collaborateurs du ministre Augustin Komoé nous ont aussi demandé de patienter. Qu’une fois que le pays aura des fonds disponibles, ils penseront à nous. Mais cela date d’environ un an. Bientôt, dans deux mois – je pense –, ce sera le lancement de la 18ème édition du Festival Vacances culture. A quel moment va-t-il honorer son engagement ? Il faut que le ministre Augustin Komoé arrive à tenir parole. De cette façon, nous – artistes – aurons la motivation de créer et d’aller au fond de nous-mêmes. Vous savez, lorsque tu sors d’un concours aussi prestigieux que le Festival Vacances culture, tu es sur un piédestal et tu voudras révéler tout ce que tu as dans les tripes. Agir de cette manière, ça frustre ! Parce que c’est grâce aux motivations, sur la base des revenus acquis dans les différents concours, que nous arrivons à créer puisque, pour réaliser nos œuvres, nous ne recevons de subvention ni de l’Etat, ni du ministère de la Culture et de la Francophonie. Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour interpeller le ministre Augustin Kouadio Komoé sur la nécessité pour lui de réaliser ses promesses. Parce qu’en Afrique, on a coutume de dire que la promesse est une dette.

Est-ce à dire que de telles actions sont un coup de frein à la création ?
Comme on le dit en Côte d’Ivoire, découragement n’est pas ivoirien. Nous – artistes – voulons créer malgré tout ce que nous rencontrons comme difficultés. Tout ce que nous souhaitons, c’est que le ministère de tutelle s’occupe de nous parce que c’est notre maison. Il faut nous aider à aller de l’avant. Moi, par exemple, je n’ai fait que la classe de 6ème. Tout ce que je sais de l’Art, je l’ai appris sur le tas. Cependant, je sais que je peux rivaliser avec les grands dans plusieurs challenges.

Le challenge c’était aussi les ‘’Jeux de la CEN-SAD’’ où vous accompagniez, malgré tout, du 09 au 14 février 2009 au Niger, le ministère de la Culture et de la Francophonie. Vous avez été primé et vous avez obtenu une médaille de bronze…
J’étais au Niger dans le cadre des premiers ‘’Jeux de la CEN-SAD’’. La délégation ivoirienne était présente dans les différentes disciplines. J’ai été contacté par téléphone par le ministère. J’ai participé à la discipline sculpture. Grâce à Dieu, j’ai été honoré et je suis fier d’avoir honoré mon pays. Il y avait plusieurs concurrents notamment du Niger, Mali, Tchad et Guinée.

Quelle est la structure du ministère de tutelle qui vous a contacté ?
J’ai été contacté par la Direction de la promotion des arts et de la culture. J’ai été joint par Malouna Koné et elle a dit appeler au nom de son chef, Monsieur Angama Calixte, qui avait été le commissaire général du Festival Vacances culture 2008. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est que mon œuvre a été remise au ministre de la Culture et des sports nigérien par son homologue Augustin Kouadio Komoé. A ces jeux, il n’y avait pas de thème. Mais, avec mon expérience acquise des différentes expositions auxquelles j’ai participé, j’ai été guidé par un thème « l’intégration africaine » sous lequel j’avais exposé. Mon œuvre représentait quatre personnages qui soutiennent l’Afrique à deux visages. Le premier était un visage authentique. On parle un peu de Barack Obama. Un Noir président des USA. Je voulais montrer que les Africains essaient d’avoir la mentalité du peuple américain. L’autre visage est celui d’une Afrique en difficulté face à son développement et à l’instauration de la démocratie. Je tire mon chapeau à la délégation ivoirienne parce que tous les participants en sont revenus avec une médaille. Bien que nous soyons arrivés deux jours après la date d’ouverture des ‘’Jeux de la CEN-SAD’’.

Selon vous, à quoi était dû ce désagrément ?
C’est toujours le problème de financement.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la pratique de votre activité ?
D’abord, c’est le problème de matériel. On en a besoin pour finir une œuvre. Ensuite, il y a le problème de la vente. Qui achète les œuvres ou les objets d’art ? Qui sont-ils ? Où sont-ils actuellement ? Ce sont des interrogations qui hantent quotidiennement. Il y a eu un moment où on arrivait à vendre nos œuvres. On croyait à ce métier. Aujourd’hui, on accuse la crise qui sévit en Côte d’Ivoire. Il y a aussi un problème de communication. Ceux qui sont chargés de nous encourager, ne le font pas du tout ou bien ils ne font pas passer le message. On ne nous communique pas les événements pour qu’on puisse y participer. Et pour terminer, il faut noter le problème de déplacement ou de transport. Lorsque vous êtes invités pour exposer dans un lieu, le déplacement n’est pas pris en compte. Ce qui pèse sur les finances vu les maigres moyens que nous avons. Il faut que le ministre de la Culture et de la Francophonie songe à organiser des expositions chaque année qui récompense les lauréats. Si cela se fait, vous verrez, il aura plusieurs talents qui se feront jour.


Entretien réalisé par Krou Patrick à Grand-Bassam
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