Beaucoup de quartiers d'Abidjan connaissent des inondations depuis le début de la saison des pluies, mais, le cas de la cité « Liberté » d'Adjouffou, dans la commune de Port-Bouët, est très particulier.
Cri de détresse d'une fillette d'environ 8 ans. Sa petite sœur au dos, elles viennent dans une grande retenue d'eau qu'elles tentaient de traverser pour rejoindre la maison de leurs parents. La scène se produit à Adjouffou-Cité Liberté, derrière l'aéroport international Félix Houphouët Boigny. Ce 25 juin, aucune pluie n'y est tombée, mais toutes les maisons et les rues sont envahies par les eaux. Ce sont les conséquences des précipitations des dernières semaines. Faute de canalisation, les eaux de ruissellement sont devenues les nouveaux maîtres de lieux, contraignant certains habitants à abandonner leurs maisons, et obligeant d'autres à cohabiter avec elles parce que n'ayant pas eu de points de chute. C'est le cas des parents des deux enfants qui offre un spectacle désolant. Le pied de la plus agée a glissé sur les morceaux de brique qui servent de passerelle. Ce qui l’a entrainée dans un trou où elle et sa sœur ont été presqu'englouties. L'ainée crie pour attirer l'attention des adultes qui passent à quelques mètres de là. Presque tous s'arrêtent et un homme vient les secourir. Dans le quartier nous découvrons des visages marqués par la tristesse et la peur. L'épouse de Dogbo Sery, un des habitants, souffre de rhumatisme. Elle est enfermée depuis deux semaines dans la maison. L'accès pour atteindre cette demeure est occupé par une “piscine” dont le niveau dépasse parfois la hanche. Sauf qu'ici l'eau est sale et elle contient des serpents. Le chef de famille, ancien contrôleur de qualité dans une société de torréfaction de café, ne dort plus. « Chaque matin, je conduis les enfants chez une cousine où il n'y pas d'eau. Ils y restent jusqu'à la fin de la journée. Quand il est l'heure de se coucher, je vais les reprendre », explique-t-il. C'est encore lui qui va au marché pour que son épouse, otage des eaux, puisse faire la cuisine. Une autre scène attire notre attention. Une dame pousse une bassine qui flotte sur l'eau et dans laquelle se trouvent ses affaires. Derrière elle, ses enfants qui viennent eux aussi de sortir de leur maison, tentent de gagner l'autre rive en s'appuyant sur des planches.
Une église inondée
La mère s'appelle Gneba Yeyé Marthe. Elle vit ce calvaire depuis deux semaines: « C'est sur des briques qu'on marche pour pouvoir traverser l'eau. J'ai cinq enfants. Je ne sais pas où aller. Pour se nourrir, c'est difficile. Mon salut, c'est la bouteille de gaz sans laquelle je n'aurais pas pu faire la cuisine. Parce qu'on ne peut pas allumer de feu. Je fabriquais de l'attiéké pour le vendre. Mais, depuis cette situation, il n'y a plus de place pour le faire». Quant à Koui Henriette, elle a enregistré l'accident d'un enfant de deux ans qui est tombé dans l'eau. «Il est difficile de vivre ici. On ne dort pas, il y a trop de moustiques. Je vis avec ma fille qui est en terminale ». Cette dernière, Julie Peuza, prépare le Bac. Elle a du mal à réviser ses leçons : « Il n'y pas d'électricité à partir d'une certaine heure. Je suis obligée de bosser uniquement dans la journée ». Le voisin de Marthe, Kouadio Konan Charles, a la charge de neuf familles. « En 2002, du fait de la guerre, j'ai logé neuf familles venues de Bouaké. J'ai acheté un terrain à Adjouffou. Ces neuf familles sont logées dans cette maison. On ne m'avait pas prévenu que ce terrain était souvent inondé. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Mais, cette fois c'est devenu grave. L'eau a complètement débordé. Depuis deux semaines, j'ai trouvé des endroits pour que les autres familles puissent se loger. Moi je suis resté dans les eaux pour veiller sur les affaires», relate-t-il. Un peu plus loin de cette maison, une église est engloutie dans l'eau. Le pasteur principal, Kingsley Omoghan, de l'Eglise Evangélique de Christ international, explique sa situation : « Nous sommes depuis 6 ans dans cet emplacement. Avec la situation, c'est difficile. Pour le moment, on dort dedans. Je ne peux pas quitter la maison de l'Eternel. Pour prier, c'est compliqué. Actuellement, nous le faisons dans la cour d'un fidèle. » Dans leur détresse, les riverains appellent à l'aide : « Nous lançons un appel aux autorités pour qu'elles viennent nous aider. Nous ne demandons pas de d'argent, mais de l'aide en nature. S'il est possible de reloger temporairement ailleurs, ce serait une bonne chose. Nous avons aussi besoin de moustiquaires», implore Kouadio Konan Charles.
Soro Sita (Stagiaire)
Cri de détresse d'une fillette d'environ 8 ans. Sa petite sœur au dos, elles viennent dans une grande retenue d'eau qu'elles tentaient de traverser pour rejoindre la maison de leurs parents. La scène se produit à Adjouffou-Cité Liberté, derrière l'aéroport international Félix Houphouët Boigny. Ce 25 juin, aucune pluie n'y est tombée, mais toutes les maisons et les rues sont envahies par les eaux. Ce sont les conséquences des précipitations des dernières semaines. Faute de canalisation, les eaux de ruissellement sont devenues les nouveaux maîtres de lieux, contraignant certains habitants à abandonner leurs maisons, et obligeant d'autres à cohabiter avec elles parce que n'ayant pas eu de points de chute. C'est le cas des parents des deux enfants qui offre un spectacle désolant. Le pied de la plus agée a glissé sur les morceaux de brique qui servent de passerelle. Ce qui l’a entrainée dans un trou où elle et sa sœur ont été presqu'englouties. L'ainée crie pour attirer l'attention des adultes qui passent à quelques mètres de là. Presque tous s'arrêtent et un homme vient les secourir. Dans le quartier nous découvrons des visages marqués par la tristesse et la peur. L'épouse de Dogbo Sery, un des habitants, souffre de rhumatisme. Elle est enfermée depuis deux semaines dans la maison. L'accès pour atteindre cette demeure est occupé par une “piscine” dont le niveau dépasse parfois la hanche. Sauf qu'ici l'eau est sale et elle contient des serpents. Le chef de famille, ancien contrôleur de qualité dans une société de torréfaction de café, ne dort plus. « Chaque matin, je conduis les enfants chez une cousine où il n'y pas d'eau. Ils y restent jusqu'à la fin de la journée. Quand il est l'heure de se coucher, je vais les reprendre », explique-t-il. C'est encore lui qui va au marché pour que son épouse, otage des eaux, puisse faire la cuisine. Une autre scène attire notre attention. Une dame pousse une bassine qui flotte sur l'eau et dans laquelle se trouvent ses affaires. Derrière elle, ses enfants qui viennent eux aussi de sortir de leur maison, tentent de gagner l'autre rive en s'appuyant sur des planches.
Une église inondée
La mère s'appelle Gneba Yeyé Marthe. Elle vit ce calvaire depuis deux semaines: « C'est sur des briques qu'on marche pour pouvoir traverser l'eau. J'ai cinq enfants. Je ne sais pas où aller. Pour se nourrir, c'est difficile. Mon salut, c'est la bouteille de gaz sans laquelle je n'aurais pas pu faire la cuisine. Parce qu'on ne peut pas allumer de feu. Je fabriquais de l'attiéké pour le vendre. Mais, depuis cette situation, il n'y a plus de place pour le faire». Quant à Koui Henriette, elle a enregistré l'accident d'un enfant de deux ans qui est tombé dans l'eau. «Il est difficile de vivre ici. On ne dort pas, il y a trop de moustiques. Je vis avec ma fille qui est en terminale ». Cette dernière, Julie Peuza, prépare le Bac. Elle a du mal à réviser ses leçons : « Il n'y pas d'électricité à partir d'une certaine heure. Je suis obligée de bosser uniquement dans la journée ». Le voisin de Marthe, Kouadio Konan Charles, a la charge de neuf familles. « En 2002, du fait de la guerre, j'ai logé neuf familles venues de Bouaké. J'ai acheté un terrain à Adjouffou. Ces neuf familles sont logées dans cette maison. On ne m'avait pas prévenu que ce terrain était souvent inondé. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Mais, cette fois c'est devenu grave. L'eau a complètement débordé. Depuis deux semaines, j'ai trouvé des endroits pour que les autres familles puissent se loger. Moi je suis resté dans les eaux pour veiller sur les affaires», relate-t-il. Un peu plus loin de cette maison, une église est engloutie dans l'eau. Le pasteur principal, Kingsley Omoghan, de l'Eglise Evangélique de Christ international, explique sa situation : « Nous sommes depuis 6 ans dans cet emplacement. Avec la situation, c'est difficile. Pour le moment, on dort dedans. Je ne peux pas quitter la maison de l'Eternel. Pour prier, c'est compliqué. Actuellement, nous le faisons dans la cour d'un fidèle. » Dans leur détresse, les riverains appellent à l'aide : « Nous lançons un appel aux autorités pour qu'elles viennent nous aider. Nous ne demandons pas de d'argent, mais de l'aide en nature. S'il est possible de reloger temporairement ailleurs, ce serait une bonne chose. Nous avons aussi besoin de moustiquaires», implore Kouadio Konan Charles.
Soro Sita (Stagiaire)