Monsieur le Représentant du Premier Ministre Guillaume SORO, Secrétaire Général des Forces Nouvelles,
Madame le Ministre d’Etat, Henriette DAGRI DIABATE,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur Jean-Claude KOUASSI, Président du Conseil Général de Bouaké,
Monsieur Ibrahima FANNY, Maire de la Commune de Bouaké,
Mesdames et Messieurs les Elus, les Présidents de Conseils Généraux et les Maires,
Mesdames et Messieurs les représentants des partis frères du RHDP (PDCI, UDPCI et MFA),
Mesdames et Messiers les représentants des partis politiques et des Forces Nouvelles,
Honorables chefs traditionnels, chefs coutumiers et chefs religieux,
Populations de Bouaké,
Chers frères, chères sœurs,
Merci à tous ! Merci de l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé. Merci d’être venus si nombreux à ma rencontre aujourd’hui.
Voilà plus d’une semaine que je parcours votre belle région et partout j’ai reçu des témoignages d’affection, des témoignages d’amitié sincères…
Je suis très touché par cet accueil fraternel.
Chers frères, chères sœurs de Bouaké,
Au moment où je vous parle, deux sentiments m’animent.
La très grande joie de vous retrouver et d’être avec des amis.
Le Maire de la ville de Bouaké, le Directeur Régional de notre campagne, mon Tonton Ibrahima FANNY dont j’apprécie la fidélité, le courage et l’engagement pour notre noble cause,
son associé le Ministre Joël N’GUESSAN, mon ami,
les responsables de notre campagne dans la vallée du Bandaman, Mamadou TOURE dit « Capitaine », Nestor YAO et toutes celles et ceux qui, à des degrés divers, travaillent à notre victoire.
Je suis heureux de retrouver mon frère DJIBO Nicolas dont le père DJIBO Soungalo a été l’un des fidèles compagnons du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, un Homme qui a marqué de son empreinte l’histoire de cette ville, dont il a été le premier magistrat et cela pendant plus de vingt ans.
Je suis heureux de retrouver mon ami et frère, Monseigneur AHOUANA, Evêque de Bouaké, à qui je voudrais rendre un hommage particulier pour son action inlassable en faveur de la paix.
Chers compatriotes,
A cette joie se mêle la tristesse ; une grande tristesse parce que Bouaké a souffert. La guerre est entrée dans votre ville, la guerre est entrée dans votre vie.
Vous, populations de Bouaké, vous savez ce que c’est la guerre et les bombardements. Vous les avez connus dans toute leur horreur.
Vous les avez vécus. Vous avez soufferts. YAKO !
Une grande tristesse parce que c’est ici que s’est brisé, un moment, notre rêve d’une Nation unie et d’un destin partagé. Bouaké symbolise la coupure en deux de notre pays.
Une grande tristesse parce qu’il s’est produit ici des faits extrêmement graves et douloureux.
Ici, en effet, se sont affrontés des frères et des sœurs d’un même pays qui vivaient ensemble, en harmonie, qui servaient le même drapeau, le drapeau ivoirien, qui travaillaient ensemble dans les mêmes bureaux, dans les mêmes usines, qui allaient dans les mêmes écoles, qui fréquentaient les mêmes églises, les mêmes mosquées, les mêmes temples, qui se mariaient entre eux, qui nourrissaient les mêmes rêves pour notre pays. Des frères sont tombés, des familles entières ont dû fuir la région, d’autres ont tout perdu.
Que de familles déchirées !
Chers frères, chères sœurs,
En hommage à tous ceux qui ont perdu la vie, je voudrais vous demander d’observer une minute de silence. Je vous remercie.
Chers frères, chères sœurs,
Ces moments difficiles pour chacune et chacun d’entre nous, j’ai du mal à les évoquer parce que je ne pense pas trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de toutes celles et tous ceux, comme moi, qui ont vécu cette terrible épreuve.
Cela n’aurait jamais du arriver dans le pays du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, lui qui, toute sa vie, s’est battu pour que la Côte d’Ivoire ne vive pas les scènes d’atrocité que d’autres pays ont connu.
Cela n’aurait jamais du arriver dans le pays du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY qui a fait de la paix sa seconde religion.
Ce qui s’est passé est une trahison des valeurs de paix, de tolérance, de concorde et de dialogue qu’il nous a enseignées.
Ce qui est arrivé est une profonde blessure qui est faite à notre chère Côte d’Ivoire.
Car, nous aurions pu éviter les choses abominables qui se sont produites.
Comme chacune et chacun le constate, nous payons un lourd tribut de ces années de folie que nous venons de traverser.
Toutes ces années perdues.
Perdues pour le développement de notre pays.
Perdus pour l’éducation de nos enfants. Perdus pour notre place en Afrique et dans le monde.
Chers frères et sœurs de Bouaké,
Vous savez, chaque fois que je regarde une carte de notre pays, je me dis : « Bouaké est notre cœur ; Bouaké est le cœur de la Côte d’Ivoire ».
Car tous les chemins mènent à Bouaké.
C’est ici que convergent toutes nos routes.
C’est ici que se rencontrent toutes les populations de Côte d’Ivoire, d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs.
C’est ici que l’hospitalité ivoirienne prend tout son sens.
Oui, tous les chemins mènent à Bouaké.
Alors il fallait bien qu’un jour nous revenions ici par LE CHEMIN DE LA PAIX.
C’est donc à Bouaké que nous avons mis fin à la guerre.
C’est donc à Bouaké que nous avons allumé la flamme de la Paix.
Chers compatriotes, voilà pourquoi Bouaké est l’endroit idéal pour vous parler d’unité, de pardon, de tolérance, de réconciliation.
Voilà pourquoi le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à Bouaké, c’est « Paix ». La Paix, la Paix.
La Paix, c’est l’essentiel.
A Bouaké, qu’est-ce que vous voulez ?
Pour la Côte d’Ivoire, qu’est-ce que vous voulez ?
Pour vos enfants, qu’est-ce que vous voulez ?
Cette paix, je veux la construire avec vous, avec tous les Ivoiriens et avec tous les frères que nous accueillons dans notre pays.
Mes chers compatriotes,
Si je suis là aujourd’hui, c’est pour vous dire que j’ai des Solutions pour la Paix.
J’AI DES SOLUTIONS POUR LA PAIX, PARCE QUE LA PAIX EST LA SEULE SOLUTION !
Chers frères, chères sœurs,
Regardez Bouaké, une si belle ville, ce qu’elle est devenue. Elle a tout perdu alors qu’elle était la deuxième place économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest francophone dans les années 1980.
L’activité économique est complètement morte. Les usines telles que GONFREVILLE, TRITURAF et la CIDT ne fonctionnent presque plus.
Le Marché de gros que nous avons contribué à créer est pratiquement inutilisé.
Tout cela avec pour conséquence le chômage de milliers de personnes.
Toutes les belles infrastructures qui faisaient notre fierté sont dans un état épouvantable.
Les établissements scolaires ne remplissent plus convenablement leur mission.
Si quelques uns sont restés ouverts, c’est parce que des Enseignements bénévoles, dont je voudrais saluer le courage et le patriotisme, ont bien voulu assurer les cours.
Mais malheureusement, c’est l’avenir de centaines de milliers d’enfants qui est sacrifié.
J’ai mal parce que nous avons accumulé des retards partout.
En termes de développement économique, en terme d’emplois, en terme d’éducation.
J’ai mal parce que je n’ai jamais pensé que mon pays connaîtrait un tel destin.
Chers frères, chères sœurs,
En évoquant ce qui s’est passé, je n’entends pas porter de jugement. Ce sera à l’histoire de le faire.
Pour autant, il est important de se souvenir pour pouvoir dépasser ce que nous avons subi pendant toutes ces années de crise.
C’est ainsi que nous ferons tout pour ne pas répéter les erreurs qui ont failli causer notre perte.
L’histoire lance à notre pays un défi important. Le défi de la réconciliation. Et nous pouvons le relever.
Parce que partout où je suis passé, j’ai mesuré à quel point les Ivoiriens ont soif d’unité et de paix.
Pour que la réconciliation soit effective, nous devons redécouvrir les vertus du pardon.
Nous devons aujourd’hui nous pardonner les uns les autres.
Je veux parler d’un pardon sincère qui exclut tout esprit de vengeance parce que rien de nouveau ne peut se bâtir sur le ressentiment.
Pour ma part, j’ai pardonné. Oui, j’ai pardonné au nom de la Côte d’Ivoire, au nom des générations futures.
Je vous demande d’en faire autant.
Le mur de méfiance qui été dressé entre nous doit disparaître maintenant.
Je ne peux admettre que des gens qui étaient les meilleurs amis, décident de ne plus se rencontrer parce qu’ils ne sont pas de la même ethnie.
Je ne peux pas admettre non plus que des couples qui s’entendaient à merveille, se séparent parce que le mari et la femme ne sont pas de la même région ou de la même religion.
Je ne peux pas admettre davantage que des enfants qui étaient inséparables, ne jouent plus ensemble parce que les parents n’appartiennent pas à la même ethnie ou au même parti politique.
En réalité, bien que nous ayons des différences, nous sommes les mêmes. Aucune ethnie n’a vécu en circuit fermé. Nous nous sommes mariés entre nous et nous avons eu des enfants.
Nous nous sommes aussi influencés culturellement.
Nous sommes le même peuple, le peuple ivoirien et les divisions entre nous n’ont aucun sens.
Chères frères et sœurs de Bouaké,
Si vous êtes là si nombreux à cette rencontre c’est que vous avez soif de changement.
L’espoir d’un retour à la paix renaît. Les ex-belligérants ont signé l’accord politique de Ouagadougou avec pour Facilitateur le Président Blaise COMPAORE.
C’est un acte courageux qui mérite d’être salué.
Il nous appartient d’accompagner cette volonté de paix, en devenant tous des faiseurs de paix dans nos paroles comme dans nos actes.
J’en appelle donc à toutes les Ivoiriennes et à tous les Ivoiriens, mais plus particulièrement aux Chefs religieux, aux Chefs coutumiers et traditionnels ainsi qu’aux leaders politiques pour qu’ils s’investissent sincèrement dans la consolidation de la paix dans notre pays.
Si chacun accepte de s’impliquer sincèrement nous aurons une paix durable.
C’est ce que nous avons fait mon aîné le Président Henri KONAN BEDIE et moi, en créant le RHDP qui est la concrétisation des retrouvailles de la famille houphouétiste.
L’alliance que nous avons constituée avec nos jeunes frères les Ministres MABRI Toikeuse et ANAKY Kobenan est solide.
Sur le terrain, le RHDP est une réalité. Partout où je suis passé ces dernières semaines, j’ai été reçu avec beaucoup de fraternité par nos frères du PDCI, de l’UDPCI et du MFA. J’en suis très heureux et je profite de cette occasion pour les en remercier.
J’ai également été reçu avec beaucoup de chaleur par tous les chefs traditionnels et religieux et par toutes les populations des villes et des villages où je suis passé, ce qui montre que nos compatriotes ont besoin de paix et de changement.
Chers frères, chères sœurs,
Il nous faut maintenant franchir une autre étape importante : la tenue d’élections démocratiques et transparentes.
L’intérêt de notre pays commande qu’elle se tienne à la date indiquée, c'est-à-dire le 29 novembre 2009. Nous devons entendre le message d’impatience de nos compatriotes.
Ce sera la preuve incontestable de notre détermination à réaliser le sursaut qu’on attend de nous.
Si je suis candidat à cette élection présidentielle, ce n’est pas par ambition personnelle
C’est parce que je veux être utile à notre pays. Car pour moi, la politique doit permettre de rendre meilleur le monde dans lequel nous sommes.
Elle doit faire en sorte qu’il y ait moins d’injustice, moins de violence, moins de misère et de souffrances. La politique n’a aucun intérêt si elle n’est pas animée d’un idéal humain.
C’est le sens de mon engagement.
Avoir été l’unique Premier Ministre du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, cela donne des obligations.
Je ne serais pas digne du Père fondateur de la Nation ivoirienne si je restais indifférent à la situation présente.
J’ai une obligation parce que j’ai les capacités de résoudre les graves difficultés qui se posent à notre pays.
Avec le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, j’ai appris à gérer l’Etat et j’ai acquis une expérience. J’ai rétabli une situation qui semblait désespérée.
De plus, j’ai eu la chance d’occuper des responsabilités au plan international, notamment comme Directeur Général Adjoint du Fonds Monétaire International.
J’ai aidé des pays en crise à se relever ; j’ai des relations à travers le monde.
Je peux mettre tout cela au service de mon pays.
J’ai surtout des solutions aux problèmes de mon pays. J’ai des solutions pour résoudre les difficultés auxquelles les Ivoiriens sont confrontés : la pauvreté, les inégalités, le chômage, la cherté de la vie, l’insécurité, le logement, la santé, l’éducation et la formation de nos enfants.
J’ai des solutions et je m’engage sur des résultats concrets dès que vous me porterez à la tête de l’Etat.
Je veux une économie avec une croissance forte qui permette de créer des emplois nouveaux.
Je veux un Etat moderne et efficace.
Un Etat qui assume pleinement ses missions essentielles, à savoir la protection des personnes et des biens.
Un Etat qui organise la solidarité à l’endroit des plus faibles et des plus démunis.
Un Etat qui garantit l’égalité des chances à chaque Ivoirienne et à chaque Ivoirien.
Je veux une société apaisée qui résout ses conflits par le dialogue et la discussion.
Je veux une Côte d’Ivoire respectueuse des croyances de chacune et de chacun.
En bref, je veux un véritable Etat laïc.
Je veux que la Côte d’Ivoire devienne un grand pays moderne dans les prochaines années. Un pays émergent comme le Brésil, l’Inde, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud ou la Malaisie.
Chers frères, chers sœurs,
Ce qui va conditionner notre réussite c’est l’unité des Ivoiriens. Pour garantir l’unité et la cohésion nationale, j’appliquerai tout simplement les principes de la République, à savoir que chaque Ivoirienne, chaque Ivoirien est citoyen à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.
Cela veut dire que je mènerai une lutte sans merci contre toutes les formes de discrimination.
Qu’elles soient liées à l’origine ethnique, à la croyance, à la couleur de la peau ou au patronyme.
Dans cet ordre d’idée, je mettrai fin à certaines pratiques qui ont cours, malheureusement encore, dans notre pays.
Nous l’avons vu pendant l’opération d’enrôlement, des citoyens ont été faussement accusés de fraude et des documents d’identité continuent d’être frappés de suspicion. Cela doit cesser !
Président élu par le peuple, j’assurerai sans faiblir l’une de mes missions essentielles, à savoir la cohésion de la Nation.
Je rechercherai sans cesse dans tous les domaines ce qui peut la renforcer par le dialogue et la concertation permanente.
Le dialogue et la concertation seront des exigences au cœur de mon action pour ressouder notre Nation.
Je constituerai, dès mon élection, un gouvernement de large rassemblement qui comprendrait des Hommes et des Femmes compétents de toute origine ethnique ou de convictions religieuses.
Comme vous avez pu le constater en 1990, j’ai réussi à faire travailler ensemble des Hommes et des Femmes de toutes les régions. C’est ce que je ferai à nouveau.
Les Ministres que je choisirai auront pour consigne de travailler pour le bien commun, tout comme les Directeurs de l’administration dont la nomination se fera également selon des critères de compétence et de mérite.
Chers frères, chères sœurs,
Face à l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés, vous vous demandez si nous allons nous en sortir. Je réponds OUI !
La tâche est immense, c’est vrai. Alors, il faudra travailler, beaucoup travailler.
Moi, je suis prêt.
Etes-vous prêt à travailler avec moi ?
Dès mon élection, je proposerai la mise en œuvre d’un plan global de réhabilitation et de reconstruction des régions CNO (Centre, Nord et Ouest), toutes ces régions qui ont connu des dommages sérieux du fait de la guerre.
Ce plan sera financé par une intervention massive de l’Etat et par une aide de la communauté internationale.
Car croyez-moi, si nous donnons des gages en matière de paix et de stabilité de notre pays, alors la communauté internationale n’hésitera pas à nous apporter son soutien.
Des moyens conséquents seront dégagés dans les régions fragilisées par la guerre pour réhabiliter toutes les infrastructures, accélérer le bon fonctionnement des services de l’Etat et favoriser ainsi la reprise économique.
Ainsi, nous permettrons à ces régions de rattraper rapidement leurs retards par rapport au reste du pays. Les populations déplacées, qui ont tant souffert, pourront alors retourner chez elles.
Je ferai tout ce qu’il faut pour remettre Bouaké debout.
Je ferai vivre pleinement la solidarité nationale en faveur des régions comme celle de Bouaké et de leurs populations.
Pour moi, il n’y a pas deux Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est une et indivisible.
L’Etat doit donc exercer son autorité sur toute l’étendue du territoire, à Bouaké comme dans les autres régions.
Ici comme ailleurs, je veux que l’Etat assure totalement ses missions.
Je pense d’abord à la sécurité, l’une des principales revendications de nos compatriotes.
Jamais, je n’ai vu une Nation entreprendre de grandes choses dans la peur.
C’est pourquoi il faut absolument rétablir les règles dans notre société.
Je ferai donc recruter de nouveaux policiers et gendarmes pour participer à la lutte contre l’insécurité dans les villes et les campagnes.
Je m’engage à tout mettre en œuvre pour qu’ils aient les moyens nécessaires à leur mission difficile, en ayant à l’esprit qu’ils sont à la disposition de tous les citoyens qui vivent sur notre territoire.
De même, je ferai tout pour rendre effective la création d’une armée républicaine composée d’éléments des Forces Armées Nationales et des Forces Armées des Forces Nouvelles, c'est-à-dire une armée au service de la collectivité nationale, respectueuse des droits de chacun.
Je mènerai les réformes nécessaires pour que les conditions de vies de nos Forces de Défense et de Sécurité soient améliorées.
Faites-moi confiance, les policiers, les gendarmes et les militaires seront soutenus et je veillerai à ce que le volet militaire de l’Accord Politique de Ouagadougou soit appliqué intégralement.
C’est le principe de la continuité de l’Etat.
Tout au long des tournées que j’effectue à l’intérieur de notre pays, j’ai relevé un nouvel état d’esprit.
Je rends hommage au corps préfectoral et aux forces de l’ordre pour leur sens des responsabilités et je les encourage à persévérer dans cette voie.
En effet, leur rôle dans le maintien d’un climat de paix et de cohésion nationale est essentiel dans un pays comme le nôtre, un pays qui sort d’une crise aussi grave.
Pour mettre un coup d’arrêt à la violence et à l’impunité, des efforts particuliers seront consentis en faveur de la justice.
Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions, je prendrai les décisions qui s’imposent pour que la Côte d’Ivoire ait une institution judiciaire solide, moderne et respectueuse des libertés des uns et des autres.
Avec 4 milliards cinq cent millions de FCFA, nous construirons un tribunal de commerce à Bouaké et nous moderniserons tous les services de justice du département.
Chers frères, chères sœurs,
Je veux que l’Etat soit présent partout sur toute l’étendue du territoire : police, gendarmerie, justice, j’en ai parlé tout à l’heure, mais aussi douane, impôts, santé, école.
Pour cela, tous les bâtiments des services publics de Bouaké seront réhabilités pour que ceux qui incarnent l’Etat, c'est-à-dire les Fonctionnaires, puissent y revenir.
Je suis certain que, dans la phase de reconstruction de notre pays, l’Etat sera appelé à jouer un rôle de premier plan.
Ici à Bouaké, comme partout dans notre pays, je vois des Ivoiriens pleins de vitalité, de talent, qui ont la volonté de réussir.
Ils ont besoin d’être écoutés, entendus, soutenus.
Ils ont besoin que l’Etat leur ouvre la voie.
Chers compatriotes de Bouaké,
Si je réclame le retour des services de l’Etat, c’est parce que je veux m’appuyer sur ces services pour réaliser ma première grande ambition : améliorer les conditions de vie de mes compatriotes, y compris ceux de Bouaké et de la région de la vallée du Bandama.
L’urgence est partout. Qu’il s’agisse de l’école, de l’accès à l’eau et à l’électricité, de l’habitat, de la santé, des routes, l’Etat n’a pas assumé ses responsabilités au motif de la guerre.
Je vais mettre fin à cette situation intolérable en agissant rapidement pour réduire les inégalités et réparer les injustices.
L’une des inégalités les plus choquantes pour les habitants de Bouaké et du département, c’est celle qui a trait à la santé.
Vous rencontrez les pires difficultés pour vous soigner, les centres de santé sont quasiment tous à l’abandon, mal équipées.
Si le CHU a fonctionné plus ou moins pendant ces années de crise, on le doit aux organisations humanitaires et les agents bénévoles que je tiens à saluer ici pour leur dévouement.
Devant le désarroi de nos compatriotes, je veux apporter des réponses efficaces à cette question cruciale de la santé.
La solution que je propose, c’est de créer une Assurance Maladie à 1 000 F CFA par mois pour avoir accès à tous les centres de santé et aux médicaments de première nécessité.
La solution, c’est aussi de rapprocher les infrastructures médicales des populations. Ainsi, aucun citoyen ne sera à plus de 5 km en moyenne d’un centre de santé.
Cela va impliquer un effort de réhabilitation de toutes les structures du département de Bouaké et la construction de nouveaux hôpitaux et de centres de santé.
La solution enfin, c’est d’aider les plus faibles d’entre nous, en prenant en charge les frais d’accouchement de nos femmes et de nos sœurs, en soignant gratuitement les séropositifs et ceux qui sont atteints du sida, en offrant gratuitement des moustiquaires dans le cadre de la lutte contre le paludisme.
Pour marquer toute l’importance que j’attache à la question de la santé, j’y consacrerai 12 Milliards 250 millions de FCFA, ici dans le département de Bouaké.
Chers frères, chères sœurs,
Il y a d’autres besoins tout aussi pressants qui s’expriment, notamment dans les domaines de l’eau, de l’électricité et du logement.
En matière d’eau, nous constatons depuis le déclenchement de la crise que l’accès à l’eau potable pose problème.
Au plus fort de la crise, les populations en ont été privées.
De plus, les pompes n’ont pas été entretenues et aucun investissement n’a été fait véritablement.
Pour remédier à cette situation inacceptable de pénurie, que faut-il faire ?
J’irai dans deux directions.
Je ferai tout d’abord réparer les 436 pompes du département de Bouaké et je réaliserai 96 nouveaux forages.
Je réhabiliterai ensuite toutes les installations d’eau dans la ville de Bouaké et dans les Sous- Préfectures de Brobo, Botro, Djebonoua, Languibonou, Diabo et j’en ferai construire de nouvelles.
Cet investissement de l’Etat représentera la somme de 1 milliard 800 millions de FCFA pour le département de Bouaké.
Tout comme l’eau, l’électricité a été utilisée comme un moyen de pression contre vous qui vivez ici à Bouaké et dans les Sous-préfectures.
Nombre d’Ivoiriens ont été scandalisés par le recours à des coupures intempestives d’électricité au plus fort des affrontements.
La région a été plongée dans le noir et les conséquences ont été dramatiques. Aujourd’hui avec le retour de la paix, vous ne connaîtrez plus de telles épreuves.
Pour donner de l’électricité dans tous les quartiers de Bouaké, dans les toutes les Sous-préfectures et dans les villages, je mènerai deux actions :
-Intensifier le programme d’électrification
-acquérir des groupes électrogènes pour les petits villages.
Ainsi pour relier tous les villages d’au moins cinq cents habitants au réseau électrique, installer de petites unités de production d’électricité et permettre de s’approvisionner en bouteilles de gaz subventionnes par l’Etat, je prévois une enveloppe d’environ 6 Milliards de FCFA.
En matière de logement, la situation se caractérise essentiellement par une insuffisance de logements à bas prix et l’absence de lignes de crédits.
J’ai la solution. L’Etat va jouer son rôle puisqu’il va garantir les prêts que vous allez contracter.
Pour les cinq années à venir, nous mettrons en place un dispositif puissant : la mobilisation de 23 Milliards de FCFA pour le financement des logements sociaux dans le département de Bouaké.
Chères sœurs, chers frères
Il y a vingt ans, nous étions fiers d’avoir l’un des meilleurs réseaux routiers du continent.
Mais force est de constater que nous avons régressé considérablement. Nos routes bitumées et en terre sont dégradées.
Le spectacle est désolant à Bouaké où toutes les voies sont devenues des trous.
Plus préoccupante est la situation des routes qui relient les différentes villes et les villages.
J’en ai fait l’expérience mercredi dernier. Pour nous rendre de Mbahiakro à Bonguéra, nous avons mis deux heures pour parcourir 35 km.
Imaginez quelqu’un qui tombe malade à Bonguéra et qui doit être transporté d’urgence à Bouaké.
C’est pourquoi, je m’engage à conduire une politique ambitieuse de développement des infrastructures routières.
Ce sont 78 Milliards de FCFA en cinq ans qui seront affectés aux infrastructures routières et aux transports dans le département de Bouaké.
Chers frères, chères sœurs,
L’égalité des chances est loin d’être assurée dans le domaine de l’éducation.
A Bouaké et dans toutes les zones des Forces Nouvelles, la situation a empiré du fait du conflit.
L’avenir de nos enfants a été sacrifié. De nombreuses écoles ont été quasiment fermées. Si les cours ont été dispensés ça et là, c’est grâce à des enseignants bénévoles à qui je veux rendre hommage à nouveau pour leur dévouement.
C’est à eux que je penserai en premier dans la politique de recrutement que je me propose de mettre en œuvre dès mon élection.
Il n’y a rien de plus essentiel que l’éducation de nos enfants. C’est à l’école que se construira la Côte d’Ivoire nouvelle et le monde de demain.
Je m’engage donc à rendre l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans.
La solution pour bâtir une école du savoir, une école où on inculque le goût d’apprendre, l’ouverture d’esprit, le sens de l’effort et du travail, ce sont des investissements massifs dans la construction de classes, de lycées, dans la rénovation des écoles primaires, dans l’extension de l’Université de Bouaké que nous avons créée en 1993 pour faire face à l’afflux des Etudiants.
Je l’ai dit aux Etudiants de Yamoussoukro et de Bouaké : je veux leur offrir des conditions de vie meilleures que celles que nous avons aujourd’hui.
Leur réussite dépendra de la qualité des infrastructures.
Dans les cinq à venir, ce sont 27 Milliards de FCFA qui seront injectés dans le système éducatif dans le département de Bouaké. C’est un effort à la mesure de la place que j’accorde à l’éducation.
Mes chers compatriotes,
Voilà ma première grande ambition pour notre pays : une action politique vigoureuse pour favoriser l’accès aux services de base à tous les Ivoiriens, partout où ils se trouvent.
La seule guerre qui vaille la peine d’être menée, c’est la guerre contre la pauvreté et la misère.
Dans ce combat, je veillerai à ce que l’Etat reprenne toute la place qui lui revient.
Mais la solidarité est l’affaire de tout le monde. Sans elle, pendant ces moments difficiles, je me demande ce que serait devenu notre pays.
Je pense à toutes les organisations humanitaires telles que CARE, la Croix Rouge, Médecins Sans Frontières, l’OCHA et bien d’autres qui ont volé au secours des plus démunis.
A cet égard, permettez que je rende hommage à mon épouse Dominique, pour son action auprès des plus défavorisés d’entre nous. C’est une femme de cœur qui a fait de la solidarité sa passion.
Chers frères, chères sœurs de Bouaké,
Ma deuxième grande ambition pour notre pays, c'est la création d’emplois.
Trop de gens sont sans travail, du fait de la baisse des activités économiques et de la fermeture des usines.
Vous êtes nombreux, parce que vous avez perdu votre emploi, à ne pas savoir comment joindre les deux bouts. Pour vous, chaque jour devient un combat pour la survie, une galère.
Bien entendu, ceux qui souffrent le plus du chômage, ce sont les jeunes ; les jeunes garçons comme les jeunes filles. Savez-vous que 9 jeunes sur 10 n’ont pas d’emploi ? C’est très préoccupant.
Je ne peux pas rester les bras croisés face à la détresse de nos enfants et de tant d’Ivoiriens.
Pour vous les jeunes qui rêvez de réaliser un projet, qu’il s’agisse de création d’entreprise, d’un commerce, d’insertion, je veux vous donner toutes les chances de vous épanouir.
Je prévois pour vous un financement de 18 milliards dans mon projet.
Je n’oublie pas nos jeunes qui vivent dans les villages et qui veulent se lancer dans l’agriculture. Pour eux, je prévois une enveloppe de plus de 2 Milliards de FCFA.
Pour vous les femmes à qui les portes du crédit sont fermées, je prends l’engagement que vous aurez des financements pour votre commerce de poisson, d’attiéké, de vivriers par exemple.
Femmes du département de Bouaké, chères sœurs, je vais consacrer dans les cinq ans à venir plus de 3 Milliards pour le financement de vos activités !
Pour stimuler la création d’emplois, je me propose d’aider les Petites et Moyennes entreprises en baissant les charges qui les empêchent d’évoluer. J’encouragerai fortement les investissements privés.
Cela va représenter un effort financier de 27 Milliards CFA pour le département de Bouaké.
Je veux libérer les énergies pour que nous puissions créer le maximum d’emplois dans tous les secteurs. Qu’il s’agisse du tourisme, l’agriculture ou d’autres domaines.
Ainsi, près d’un milliard de FCFA sera consacré à la promotion du tourisme.
Quant à l’agriculture, je veux que tous ceux qui vivent de la terre aient des revenus leur permettant de vivre décemment. J’ai des solutions et pour cela, un soutien de près de 30 Milliards est prévu à cet effet.
Nous avons chiffré la masse d’argent qu’il faudra pour réveiller Bouaké et son département.
L’investissement que je veux faire ici est évalué à 240 Milliards de FCFA dans les cinq ans à venir. A cela, s’ajoutera un plan de réhabilitation et de reconstruction de 70 milliards de F CFA devant permettre à Bouaké et à sa région de rattraper son retard.
Chers compatriotes du département de Bouaké, c’est au total 310 milliards de FCFA qui seront consacrés à la reconstruction et au développement de votre région !
Chers frères, chères sœurs,
Le projet que je viens de vous présenter est ambitieux. Il est cohérent et il est chiffré.
J’entends ici et là dire que certaines personnes sont perplexes au sujet des sommes conséquentes de mon programme.
Mais apporter de l’argent au pays pour le reconstruire, je sais le faire !
J’ai aidé de nombreux pays à se relever lorsque j’étais Directeur Général Adjoint du FMI.
Je ferai la même chose pour notre chère Côte d’Ivoire. Faites-moi confiance.
Chaque secteur a été minutieusement examiné par mes experts dans chacune des régions de notre pays. Les chiffres annoncés sont le fruit d’un travail intense. Ce ne sont pas des chiffres en l’air pour vous faire des promesses fallacieuses. Donnez-moi cinq ans et vous verrez le résultat.
Pensez-y le 29 Novembre prochain. Souvenez-vous que je m’engage à transformer notre pays en profondeur.
Je ferai en sorte que notre économie soit plus forte et plus dynamique. J’ai eu à le faire de 1990 à 1993 et je peux le faire de 2010 à 2014 si vous m’en donnez l’occasion.
Cinq ans me suffiront pour remettre notre pays à l’endroit.
Cinq ans pour réussir le changement au bénéfice de toutes les Ivoiriennes et de tous les Ivoiriens.
Cinq ans pour que notre pays retrouve son rang en Afrique et dans le monde.
Chers frères, chères sœurs,
Vous l’avez compris : pour moi, la première mission d’un Président de la République, c’est de réunir tous les fils de la Nation, quel que soit leur région, leur ethnie, la couleur de la peau, leur religion ou leur parti politique.
C’est pourquoi aujourd’hui, ici, à Bouaké, je m’engage solennellement à travailler avec mes alliés et mes adversaires d’hier pour reconstruire la Côte d’Ivoire demain.
Je leur dirai « palabre est fini », collaborons pour le bien du peuple, agissons ensemble pour faire avancer notre pays.
Je suis aujourd’hui le président du RASSEMBLEMENT DES RÉPUBLICAINS et je vous dis : « faites-moi confiance, demain, je ferai le RASSEMBLEMENT DE TOUS LES IVOIRIENS. »
Hommes, femmes, jeunes, élèves, étudiants, travailleurs, chômeurs, paysans, retraités, vous tous qui êtes réunis dans ce stade, je veux vous dire que la crise sera bientôt derrière nous.
Jeunes de Bouaké, le chômage n’est pas une fatalité. Je peux vous remettre au travail, je vais vous remettre au travail.
Chères sœurs, vous qui êtes souvent les premières victimes de la guerre, ne perdez pas espoir. Vous êtes l’une de mes priorités.
Chers parents paysans, c’est vous qui avez fait la Côte d’Ivoire. Vos efforts seront récompensés.
Mes chers compatriotes, je vous l’affirme, quand les jeunes de ce pays seront debout,
quand les femmes de Côte d’Ivoire auront la place qu’elles méritent,
quand nos paysans pourront vivre dignement du fruit de leur travail,
alors tous les espoirs seront permis,
alors plus rien ne nous sera impossible,
alors notre nation montrera son vrai visage : « le pays de la vraie fraternité ».
Vive Bouaké ! Vive la République ! Vive la Côte d’Ivoire !
Je vous remercie
Madame le Ministre d’Etat, Henriette DAGRI DIABATE,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur Jean-Claude KOUASSI, Président du Conseil Général de Bouaké,
Monsieur Ibrahima FANNY, Maire de la Commune de Bouaké,
Mesdames et Messieurs les Elus, les Présidents de Conseils Généraux et les Maires,
Mesdames et Messieurs les représentants des partis frères du RHDP (PDCI, UDPCI et MFA),
Mesdames et Messiers les représentants des partis politiques et des Forces Nouvelles,
Honorables chefs traditionnels, chefs coutumiers et chefs religieux,
Populations de Bouaké,
Chers frères, chères sœurs,
Merci à tous ! Merci de l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé. Merci d’être venus si nombreux à ma rencontre aujourd’hui.
Voilà plus d’une semaine que je parcours votre belle région et partout j’ai reçu des témoignages d’affection, des témoignages d’amitié sincères…
Je suis très touché par cet accueil fraternel.
Chers frères, chères sœurs de Bouaké,
Au moment où je vous parle, deux sentiments m’animent.
La très grande joie de vous retrouver et d’être avec des amis.
Le Maire de la ville de Bouaké, le Directeur Régional de notre campagne, mon Tonton Ibrahima FANNY dont j’apprécie la fidélité, le courage et l’engagement pour notre noble cause,
son associé le Ministre Joël N’GUESSAN, mon ami,
les responsables de notre campagne dans la vallée du Bandaman, Mamadou TOURE dit « Capitaine », Nestor YAO et toutes celles et ceux qui, à des degrés divers, travaillent à notre victoire.
Je suis heureux de retrouver mon frère DJIBO Nicolas dont le père DJIBO Soungalo a été l’un des fidèles compagnons du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, un Homme qui a marqué de son empreinte l’histoire de cette ville, dont il a été le premier magistrat et cela pendant plus de vingt ans.
Je suis heureux de retrouver mon ami et frère, Monseigneur AHOUANA, Evêque de Bouaké, à qui je voudrais rendre un hommage particulier pour son action inlassable en faveur de la paix.
Chers compatriotes,
A cette joie se mêle la tristesse ; une grande tristesse parce que Bouaké a souffert. La guerre est entrée dans votre ville, la guerre est entrée dans votre vie.
Vous, populations de Bouaké, vous savez ce que c’est la guerre et les bombardements. Vous les avez connus dans toute leur horreur.
Vous les avez vécus. Vous avez soufferts. YAKO !
Une grande tristesse parce que c’est ici que s’est brisé, un moment, notre rêve d’une Nation unie et d’un destin partagé. Bouaké symbolise la coupure en deux de notre pays.
Une grande tristesse parce qu’il s’est produit ici des faits extrêmement graves et douloureux.
Ici, en effet, se sont affrontés des frères et des sœurs d’un même pays qui vivaient ensemble, en harmonie, qui servaient le même drapeau, le drapeau ivoirien, qui travaillaient ensemble dans les mêmes bureaux, dans les mêmes usines, qui allaient dans les mêmes écoles, qui fréquentaient les mêmes églises, les mêmes mosquées, les mêmes temples, qui se mariaient entre eux, qui nourrissaient les mêmes rêves pour notre pays. Des frères sont tombés, des familles entières ont dû fuir la région, d’autres ont tout perdu.
Que de familles déchirées !
Chers frères, chères sœurs,
En hommage à tous ceux qui ont perdu la vie, je voudrais vous demander d’observer une minute de silence. Je vous remercie.
Chers frères, chères sœurs,
Ces moments difficiles pour chacune et chacun d’entre nous, j’ai du mal à les évoquer parce que je ne pense pas trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de toutes celles et tous ceux, comme moi, qui ont vécu cette terrible épreuve.
Cela n’aurait jamais du arriver dans le pays du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, lui qui, toute sa vie, s’est battu pour que la Côte d’Ivoire ne vive pas les scènes d’atrocité que d’autres pays ont connu.
Cela n’aurait jamais du arriver dans le pays du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY qui a fait de la paix sa seconde religion.
Ce qui s’est passé est une trahison des valeurs de paix, de tolérance, de concorde et de dialogue qu’il nous a enseignées.
Ce qui est arrivé est une profonde blessure qui est faite à notre chère Côte d’Ivoire.
Car, nous aurions pu éviter les choses abominables qui se sont produites.
Comme chacune et chacun le constate, nous payons un lourd tribut de ces années de folie que nous venons de traverser.
Toutes ces années perdues.
Perdues pour le développement de notre pays.
Perdus pour l’éducation de nos enfants. Perdus pour notre place en Afrique et dans le monde.
Chers frères et sœurs de Bouaké,
Vous savez, chaque fois que je regarde une carte de notre pays, je me dis : « Bouaké est notre cœur ; Bouaké est le cœur de la Côte d’Ivoire ».
Car tous les chemins mènent à Bouaké.
C’est ici que convergent toutes nos routes.
C’est ici que se rencontrent toutes les populations de Côte d’Ivoire, d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs.
C’est ici que l’hospitalité ivoirienne prend tout son sens.
Oui, tous les chemins mènent à Bouaké.
Alors il fallait bien qu’un jour nous revenions ici par LE CHEMIN DE LA PAIX.
C’est donc à Bouaké que nous avons mis fin à la guerre.
C’est donc à Bouaké que nous avons allumé la flamme de la Paix.
Chers compatriotes, voilà pourquoi Bouaké est l’endroit idéal pour vous parler d’unité, de pardon, de tolérance, de réconciliation.
Voilà pourquoi le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à Bouaké, c’est « Paix ». La Paix, la Paix.
La Paix, c’est l’essentiel.
A Bouaké, qu’est-ce que vous voulez ?
Pour la Côte d’Ivoire, qu’est-ce que vous voulez ?
Pour vos enfants, qu’est-ce que vous voulez ?
Cette paix, je veux la construire avec vous, avec tous les Ivoiriens et avec tous les frères que nous accueillons dans notre pays.
Mes chers compatriotes,
Si je suis là aujourd’hui, c’est pour vous dire que j’ai des Solutions pour la Paix.
J’AI DES SOLUTIONS POUR LA PAIX, PARCE QUE LA PAIX EST LA SEULE SOLUTION !
Chers frères, chères sœurs,
Regardez Bouaké, une si belle ville, ce qu’elle est devenue. Elle a tout perdu alors qu’elle était la deuxième place économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest francophone dans les années 1980.
L’activité économique est complètement morte. Les usines telles que GONFREVILLE, TRITURAF et la CIDT ne fonctionnent presque plus.
Le Marché de gros que nous avons contribué à créer est pratiquement inutilisé.
Tout cela avec pour conséquence le chômage de milliers de personnes.
Toutes les belles infrastructures qui faisaient notre fierté sont dans un état épouvantable.
Les établissements scolaires ne remplissent plus convenablement leur mission.
Si quelques uns sont restés ouverts, c’est parce que des Enseignements bénévoles, dont je voudrais saluer le courage et le patriotisme, ont bien voulu assurer les cours.
Mais malheureusement, c’est l’avenir de centaines de milliers d’enfants qui est sacrifié.
J’ai mal parce que nous avons accumulé des retards partout.
En termes de développement économique, en terme d’emplois, en terme d’éducation.
J’ai mal parce que je n’ai jamais pensé que mon pays connaîtrait un tel destin.
Chers frères, chères sœurs,
En évoquant ce qui s’est passé, je n’entends pas porter de jugement. Ce sera à l’histoire de le faire.
Pour autant, il est important de se souvenir pour pouvoir dépasser ce que nous avons subi pendant toutes ces années de crise.
C’est ainsi que nous ferons tout pour ne pas répéter les erreurs qui ont failli causer notre perte.
L’histoire lance à notre pays un défi important. Le défi de la réconciliation. Et nous pouvons le relever.
Parce que partout où je suis passé, j’ai mesuré à quel point les Ivoiriens ont soif d’unité et de paix.
Pour que la réconciliation soit effective, nous devons redécouvrir les vertus du pardon.
Nous devons aujourd’hui nous pardonner les uns les autres.
Je veux parler d’un pardon sincère qui exclut tout esprit de vengeance parce que rien de nouveau ne peut se bâtir sur le ressentiment.
Pour ma part, j’ai pardonné. Oui, j’ai pardonné au nom de la Côte d’Ivoire, au nom des générations futures.
Je vous demande d’en faire autant.
Le mur de méfiance qui été dressé entre nous doit disparaître maintenant.
Je ne peux admettre que des gens qui étaient les meilleurs amis, décident de ne plus se rencontrer parce qu’ils ne sont pas de la même ethnie.
Je ne peux pas admettre non plus que des couples qui s’entendaient à merveille, se séparent parce que le mari et la femme ne sont pas de la même région ou de la même religion.
Je ne peux pas admettre davantage que des enfants qui étaient inséparables, ne jouent plus ensemble parce que les parents n’appartiennent pas à la même ethnie ou au même parti politique.
En réalité, bien que nous ayons des différences, nous sommes les mêmes. Aucune ethnie n’a vécu en circuit fermé. Nous nous sommes mariés entre nous et nous avons eu des enfants.
Nous nous sommes aussi influencés culturellement.
Nous sommes le même peuple, le peuple ivoirien et les divisions entre nous n’ont aucun sens.
Chères frères et sœurs de Bouaké,
Si vous êtes là si nombreux à cette rencontre c’est que vous avez soif de changement.
L’espoir d’un retour à la paix renaît. Les ex-belligérants ont signé l’accord politique de Ouagadougou avec pour Facilitateur le Président Blaise COMPAORE.
C’est un acte courageux qui mérite d’être salué.
Il nous appartient d’accompagner cette volonté de paix, en devenant tous des faiseurs de paix dans nos paroles comme dans nos actes.
J’en appelle donc à toutes les Ivoiriennes et à tous les Ivoiriens, mais plus particulièrement aux Chefs religieux, aux Chefs coutumiers et traditionnels ainsi qu’aux leaders politiques pour qu’ils s’investissent sincèrement dans la consolidation de la paix dans notre pays.
Si chacun accepte de s’impliquer sincèrement nous aurons une paix durable.
C’est ce que nous avons fait mon aîné le Président Henri KONAN BEDIE et moi, en créant le RHDP qui est la concrétisation des retrouvailles de la famille houphouétiste.
L’alliance que nous avons constituée avec nos jeunes frères les Ministres MABRI Toikeuse et ANAKY Kobenan est solide.
Sur le terrain, le RHDP est une réalité. Partout où je suis passé ces dernières semaines, j’ai été reçu avec beaucoup de fraternité par nos frères du PDCI, de l’UDPCI et du MFA. J’en suis très heureux et je profite de cette occasion pour les en remercier.
J’ai également été reçu avec beaucoup de chaleur par tous les chefs traditionnels et religieux et par toutes les populations des villes et des villages où je suis passé, ce qui montre que nos compatriotes ont besoin de paix et de changement.
Chers frères, chères sœurs,
Il nous faut maintenant franchir une autre étape importante : la tenue d’élections démocratiques et transparentes.
L’intérêt de notre pays commande qu’elle se tienne à la date indiquée, c'est-à-dire le 29 novembre 2009. Nous devons entendre le message d’impatience de nos compatriotes.
Ce sera la preuve incontestable de notre détermination à réaliser le sursaut qu’on attend de nous.
Si je suis candidat à cette élection présidentielle, ce n’est pas par ambition personnelle
C’est parce que je veux être utile à notre pays. Car pour moi, la politique doit permettre de rendre meilleur le monde dans lequel nous sommes.
Elle doit faire en sorte qu’il y ait moins d’injustice, moins de violence, moins de misère et de souffrances. La politique n’a aucun intérêt si elle n’est pas animée d’un idéal humain.
C’est le sens de mon engagement.
Avoir été l’unique Premier Ministre du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, cela donne des obligations.
Je ne serais pas digne du Père fondateur de la Nation ivoirienne si je restais indifférent à la situation présente.
J’ai une obligation parce que j’ai les capacités de résoudre les graves difficultés qui se posent à notre pays.
Avec le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, j’ai appris à gérer l’Etat et j’ai acquis une expérience. J’ai rétabli une situation qui semblait désespérée.
De plus, j’ai eu la chance d’occuper des responsabilités au plan international, notamment comme Directeur Général Adjoint du Fonds Monétaire International.
J’ai aidé des pays en crise à se relever ; j’ai des relations à travers le monde.
Je peux mettre tout cela au service de mon pays.
J’ai surtout des solutions aux problèmes de mon pays. J’ai des solutions pour résoudre les difficultés auxquelles les Ivoiriens sont confrontés : la pauvreté, les inégalités, le chômage, la cherté de la vie, l’insécurité, le logement, la santé, l’éducation et la formation de nos enfants.
J’ai des solutions et je m’engage sur des résultats concrets dès que vous me porterez à la tête de l’Etat.
Je veux une économie avec une croissance forte qui permette de créer des emplois nouveaux.
Je veux un Etat moderne et efficace.
Un Etat qui assume pleinement ses missions essentielles, à savoir la protection des personnes et des biens.
Un Etat qui organise la solidarité à l’endroit des plus faibles et des plus démunis.
Un Etat qui garantit l’égalité des chances à chaque Ivoirienne et à chaque Ivoirien.
Je veux une société apaisée qui résout ses conflits par le dialogue et la discussion.
Je veux une Côte d’Ivoire respectueuse des croyances de chacune et de chacun.
En bref, je veux un véritable Etat laïc.
Je veux que la Côte d’Ivoire devienne un grand pays moderne dans les prochaines années. Un pays émergent comme le Brésil, l’Inde, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud ou la Malaisie.
Chers frères, chers sœurs,
Ce qui va conditionner notre réussite c’est l’unité des Ivoiriens. Pour garantir l’unité et la cohésion nationale, j’appliquerai tout simplement les principes de la République, à savoir que chaque Ivoirienne, chaque Ivoirien est citoyen à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.
Cela veut dire que je mènerai une lutte sans merci contre toutes les formes de discrimination.
Qu’elles soient liées à l’origine ethnique, à la croyance, à la couleur de la peau ou au patronyme.
Dans cet ordre d’idée, je mettrai fin à certaines pratiques qui ont cours, malheureusement encore, dans notre pays.
Nous l’avons vu pendant l’opération d’enrôlement, des citoyens ont été faussement accusés de fraude et des documents d’identité continuent d’être frappés de suspicion. Cela doit cesser !
Président élu par le peuple, j’assurerai sans faiblir l’une de mes missions essentielles, à savoir la cohésion de la Nation.
Je rechercherai sans cesse dans tous les domaines ce qui peut la renforcer par le dialogue et la concertation permanente.
Le dialogue et la concertation seront des exigences au cœur de mon action pour ressouder notre Nation.
Je constituerai, dès mon élection, un gouvernement de large rassemblement qui comprendrait des Hommes et des Femmes compétents de toute origine ethnique ou de convictions religieuses.
Comme vous avez pu le constater en 1990, j’ai réussi à faire travailler ensemble des Hommes et des Femmes de toutes les régions. C’est ce que je ferai à nouveau.
Les Ministres que je choisirai auront pour consigne de travailler pour le bien commun, tout comme les Directeurs de l’administration dont la nomination se fera également selon des critères de compétence et de mérite.
Chers frères, chères sœurs,
Face à l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés, vous vous demandez si nous allons nous en sortir. Je réponds OUI !
La tâche est immense, c’est vrai. Alors, il faudra travailler, beaucoup travailler.
Moi, je suis prêt.
Etes-vous prêt à travailler avec moi ?
Dès mon élection, je proposerai la mise en œuvre d’un plan global de réhabilitation et de reconstruction des régions CNO (Centre, Nord et Ouest), toutes ces régions qui ont connu des dommages sérieux du fait de la guerre.
Ce plan sera financé par une intervention massive de l’Etat et par une aide de la communauté internationale.
Car croyez-moi, si nous donnons des gages en matière de paix et de stabilité de notre pays, alors la communauté internationale n’hésitera pas à nous apporter son soutien.
Des moyens conséquents seront dégagés dans les régions fragilisées par la guerre pour réhabiliter toutes les infrastructures, accélérer le bon fonctionnement des services de l’Etat et favoriser ainsi la reprise économique.
Ainsi, nous permettrons à ces régions de rattraper rapidement leurs retards par rapport au reste du pays. Les populations déplacées, qui ont tant souffert, pourront alors retourner chez elles.
Je ferai tout ce qu’il faut pour remettre Bouaké debout.
Je ferai vivre pleinement la solidarité nationale en faveur des régions comme celle de Bouaké et de leurs populations.
Pour moi, il n’y a pas deux Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est une et indivisible.
L’Etat doit donc exercer son autorité sur toute l’étendue du territoire, à Bouaké comme dans les autres régions.
Ici comme ailleurs, je veux que l’Etat assure totalement ses missions.
Je pense d’abord à la sécurité, l’une des principales revendications de nos compatriotes.
Jamais, je n’ai vu une Nation entreprendre de grandes choses dans la peur.
C’est pourquoi il faut absolument rétablir les règles dans notre société.
Je ferai donc recruter de nouveaux policiers et gendarmes pour participer à la lutte contre l’insécurité dans les villes et les campagnes.
Je m’engage à tout mettre en œuvre pour qu’ils aient les moyens nécessaires à leur mission difficile, en ayant à l’esprit qu’ils sont à la disposition de tous les citoyens qui vivent sur notre territoire.
De même, je ferai tout pour rendre effective la création d’une armée républicaine composée d’éléments des Forces Armées Nationales et des Forces Armées des Forces Nouvelles, c'est-à-dire une armée au service de la collectivité nationale, respectueuse des droits de chacun.
Je mènerai les réformes nécessaires pour que les conditions de vies de nos Forces de Défense et de Sécurité soient améliorées.
Faites-moi confiance, les policiers, les gendarmes et les militaires seront soutenus et je veillerai à ce que le volet militaire de l’Accord Politique de Ouagadougou soit appliqué intégralement.
C’est le principe de la continuité de l’Etat.
Tout au long des tournées que j’effectue à l’intérieur de notre pays, j’ai relevé un nouvel état d’esprit.
Je rends hommage au corps préfectoral et aux forces de l’ordre pour leur sens des responsabilités et je les encourage à persévérer dans cette voie.
En effet, leur rôle dans le maintien d’un climat de paix et de cohésion nationale est essentiel dans un pays comme le nôtre, un pays qui sort d’une crise aussi grave.
Pour mettre un coup d’arrêt à la violence et à l’impunité, des efforts particuliers seront consentis en faveur de la justice.
Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions, je prendrai les décisions qui s’imposent pour que la Côte d’Ivoire ait une institution judiciaire solide, moderne et respectueuse des libertés des uns et des autres.
Avec 4 milliards cinq cent millions de FCFA, nous construirons un tribunal de commerce à Bouaké et nous moderniserons tous les services de justice du département.
Chers frères, chères sœurs,
Je veux que l’Etat soit présent partout sur toute l’étendue du territoire : police, gendarmerie, justice, j’en ai parlé tout à l’heure, mais aussi douane, impôts, santé, école.
Pour cela, tous les bâtiments des services publics de Bouaké seront réhabilités pour que ceux qui incarnent l’Etat, c'est-à-dire les Fonctionnaires, puissent y revenir.
Je suis certain que, dans la phase de reconstruction de notre pays, l’Etat sera appelé à jouer un rôle de premier plan.
Ici à Bouaké, comme partout dans notre pays, je vois des Ivoiriens pleins de vitalité, de talent, qui ont la volonté de réussir.
Ils ont besoin d’être écoutés, entendus, soutenus.
Ils ont besoin que l’Etat leur ouvre la voie.
Chers compatriotes de Bouaké,
Si je réclame le retour des services de l’Etat, c’est parce que je veux m’appuyer sur ces services pour réaliser ma première grande ambition : améliorer les conditions de vie de mes compatriotes, y compris ceux de Bouaké et de la région de la vallée du Bandama.
L’urgence est partout. Qu’il s’agisse de l’école, de l’accès à l’eau et à l’électricité, de l’habitat, de la santé, des routes, l’Etat n’a pas assumé ses responsabilités au motif de la guerre.
Je vais mettre fin à cette situation intolérable en agissant rapidement pour réduire les inégalités et réparer les injustices.
L’une des inégalités les plus choquantes pour les habitants de Bouaké et du département, c’est celle qui a trait à la santé.
Vous rencontrez les pires difficultés pour vous soigner, les centres de santé sont quasiment tous à l’abandon, mal équipées.
Si le CHU a fonctionné plus ou moins pendant ces années de crise, on le doit aux organisations humanitaires et les agents bénévoles que je tiens à saluer ici pour leur dévouement.
Devant le désarroi de nos compatriotes, je veux apporter des réponses efficaces à cette question cruciale de la santé.
La solution que je propose, c’est de créer une Assurance Maladie à 1 000 F CFA par mois pour avoir accès à tous les centres de santé et aux médicaments de première nécessité.
La solution, c’est aussi de rapprocher les infrastructures médicales des populations. Ainsi, aucun citoyen ne sera à plus de 5 km en moyenne d’un centre de santé.
Cela va impliquer un effort de réhabilitation de toutes les structures du département de Bouaké et la construction de nouveaux hôpitaux et de centres de santé.
La solution enfin, c’est d’aider les plus faibles d’entre nous, en prenant en charge les frais d’accouchement de nos femmes et de nos sœurs, en soignant gratuitement les séropositifs et ceux qui sont atteints du sida, en offrant gratuitement des moustiquaires dans le cadre de la lutte contre le paludisme.
Pour marquer toute l’importance que j’attache à la question de la santé, j’y consacrerai 12 Milliards 250 millions de FCFA, ici dans le département de Bouaké.
Chers frères, chères sœurs,
Il y a d’autres besoins tout aussi pressants qui s’expriment, notamment dans les domaines de l’eau, de l’électricité et du logement.
En matière d’eau, nous constatons depuis le déclenchement de la crise que l’accès à l’eau potable pose problème.
Au plus fort de la crise, les populations en ont été privées.
De plus, les pompes n’ont pas été entretenues et aucun investissement n’a été fait véritablement.
Pour remédier à cette situation inacceptable de pénurie, que faut-il faire ?
J’irai dans deux directions.
Je ferai tout d’abord réparer les 436 pompes du département de Bouaké et je réaliserai 96 nouveaux forages.
Je réhabiliterai ensuite toutes les installations d’eau dans la ville de Bouaké et dans les Sous- Préfectures de Brobo, Botro, Djebonoua, Languibonou, Diabo et j’en ferai construire de nouvelles.
Cet investissement de l’Etat représentera la somme de 1 milliard 800 millions de FCFA pour le département de Bouaké.
Tout comme l’eau, l’électricité a été utilisée comme un moyen de pression contre vous qui vivez ici à Bouaké et dans les Sous-préfectures.
Nombre d’Ivoiriens ont été scandalisés par le recours à des coupures intempestives d’électricité au plus fort des affrontements.
La région a été plongée dans le noir et les conséquences ont été dramatiques. Aujourd’hui avec le retour de la paix, vous ne connaîtrez plus de telles épreuves.
Pour donner de l’électricité dans tous les quartiers de Bouaké, dans les toutes les Sous-préfectures et dans les villages, je mènerai deux actions :
-Intensifier le programme d’électrification
-acquérir des groupes électrogènes pour les petits villages.
Ainsi pour relier tous les villages d’au moins cinq cents habitants au réseau électrique, installer de petites unités de production d’électricité et permettre de s’approvisionner en bouteilles de gaz subventionnes par l’Etat, je prévois une enveloppe d’environ 6 Milliards de FCFA.
En matière de logement, la situation se caractérise essentiellement par une insuffisance de logements à bas prix et l’absence de lignes de crédits.
J’ai la solution. L’Etat va jouer son rôle puisqu’il va garantir les prêts que vous allez contracter.
Pour les cinq années à venir, nous mettrons en place un dispositif puissant : la mobilisation de 23 Milliards de FCFA pour le financement des logements sociaux dans le département de Bouaké.
Chères sœurs, chers frères
Il y a vingt ans, nous étions fiers d’avoir l’un des meilleurs réseaux routiers du continent.
Mais force est de constater que nous avons régressé considérablement. Nos routes bitumées et en terre sont dégradées.
Le spectacle est désolant à Bouaké où toutes les voies sont devenues des trous.
Plus préoccupante est la situation des routes qui relient les différentes villes et les villages.
J’en ai fait l’expérience mercredi dernier. Pour nous rendre de Mbahiakro à Bonguéra, nous avons mis deux heures pour parcourir 35 km.
Imaginez quelqu’un qui tombe malade à Bonguéra et qui doit être transporté d’urgence à Bouaké.
C’est pourquoi, je m’engage à conduire une politique ambitieuse de développement des infrastructures routières.
Ce sont 78 Milliards de FCFA en cinq ans qui seront affectés aux infrastructures routières et aux transports dans le département de Bouaké.
Chers frères, chères sœurs,
L’égalité des chances est loin d’être assurée dans le domaine de l’éducation.
A Bouaké et dans toutes les zones des Forces Nouvelles, la situation a empiré du fait du conflit.
L’avenir de nos enfants a été sacrifié. De nombreuses écoles ont été quasiment fermées. Si les cours ont été dispensés ça et là, c’est grâce à des enseignants bénévoles à qui je veux rendre hommage à nouveau pour leur dévouement.
C’est à eux que je penserai en premier dans la politique de recrutement que je me propose de mettre en œuvre dès mon élection.
Il n’y a rien de plus essentiel que l’éducation de nos enfants. C’est à l’école que se construira la Côte d’Ivoire nouvelle et le monde de demain.
Je m’engage donc à rendre l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans.
La solution pour bâtir une école du savoir, une école où on inculque le goût d’apprendre, l’ouverture d’esprit, le sens de l’effort et du travail, ce sont des investissements massifs dans la construction de classes, de lycées, dans la rénovation des écoles primaires, dans l’extension de l’Université de Bouaké que nous avons créée en 1993 pour faire face à l’afflux des Etudiants.
Je l’ai dit aux Etudiants de Yamoussoukro et de Bouaké : je veux leur offrir des conditions de vie meilleures que celles que nous avons aujourd’hui.
Leur réussite dépendra de la qualité des infrastructures.
Dans les cinq à venir, ce sont 27 Milliards de FCFA qui seront injectés dans le système éducatif dans le département de Bouaké. C’est un effort à la mesure de la place que j’accorde à l’éducation.
Mes chers compatriotes,
Voilà ma première grande ambition pour notre pays : une action politique vigoureuse pour favoriser l’accès aux services de base à tous les Ivoiriens, partout où ils se trouvent.
La seule guerre qui vaille la peine d’être menée, c’est la guerre contre la pauvreté et la misère.
Dans ce combat, je veillerai à ce que l’Etat reprenne toute la place qui lui revient.
Mais la solidarité est l’affaire de tout le monde. Sans elle, pendant ces moments difficiles, je me demande ce que serait devenu notre pays.
Je pense à toutes les organisations humanitaires telles que CARE, la Croix Rouge, Médecins Sans Frontières, l’OCHA et bien d’autres qui ont volé au secours des plus démunis.
A cet égard, permettez que je rende hommage à mon épouse Dominique, pour son action auprès des plus défavorisés d’entre nous. C’est une femme de cœur qui a fait de la solidarité sa passion.
Chers frères, chères sœurs de Bouaké,
Ma deuxième grande ambition pour notre pays, c'est la création d’emplois.
Trop de gens sont sans travail, du fait de la baisse des activités économiques et de la fermeture des usines.
Vous êtes nombreux, parce que vous avez perdu votre emploi, à ne pas savoir comment joindre les deux bouts. Pour vous, chaque jour devient un combat pour la survie, une galère.
Bien entendu, ceux qui souffrent le plus du chômage, ce sont les jeunes ; les jeunes garçons comme les jeunes filles. Savez-vous que 9 jeunes sur 10 n’ont pas d’emploi ? C’est très préoccupant.
Je ne peux pas rester les bras croisés face à la détresse de nos enfants et de tant d’Ivoiriens.
Pour vous les jeunes qui rêvez de réaliser un projet, qu’il s’agisse de création d’entreprise, d’un commerce, d’insertion, je veux vous donner toutes les chances de vous épanouir.
Je prévois pour vous un financement de 18 milliards dans mon projet.
Je n’oublie pas nos jeunes qui vivent dans les villages et qui veulent se lancer dans l’agriculture. Pour eux, je prévois une enveloppe de plus de 2 Milliards de FCFA.
Pour vous les femmes à qui les portes du crédit sont fermées, je prends l’engagement que vous aurez des financements pour votre commerce de poisson, d’attiéké, de vivriers par exemple.
Femmes du département de Bouaké, chères sœurs, je vais consacrer dans les cinq ans à venir plus de 3 Milliards pour le financement de vos activités !
Pour stimuler la création d’emplois, je me propose d’aider les Petites et Moyennes entreprises en baissant les charges qui les empêchent d’évoluer. J’encouragerai fortement les investissements privés.
Cela va représenter un effort financier de 27 Milliards CFA pour le département de Bouaké.
Je veux libérer les énergies pour que nous puissions créer le maximum d’emplois dans tous les secteurs. Qu’il s’agisse du tourisme, l’agriculture ou d’autres domaines.
Ainsi, près d’un milliard de FCFA sera consacré à la promotion du tourisme.
Quant à l’agriculture, je veux que tous ceux qui vivent de la terre aient des revenus leur permettant de vivre décemment. J’ai des solutions et pour cela, un soutien de près de 30 Milliards est prévu à cet effet.
Nous avons chiffré la masse d’argent qu’il faudra pour réveiller Bouaké et son département.
L’investissement que je veux faire ici est évalué à 240 Milliards de FCFA dans les cinq ans à venir. A cela, s’ajoutera un plan de réhabilitation et de reconstruction de 70 milliards de F CFA devant permettre à Bouaké et à sa région de rattraper son retard.
Chers compatriotes du département de Bouaké, c’est au total 310 milliards de FCFA qui seront consacrés à la reconstruction et au développement de votre région !
Chers frères, chères sœurs,
Le projet que je viens de vous présenter est ambitieux. Il est cohérent et il est chiffré.
J’entends ici et là dire que certaines personnes sont perplexes au sujet des sommes conséquentes de mon programme.
Mais apporter de l’argent au pays pour le reconstruire, je sais le faire !
J’ai aidé de nombreux pays à se relever lorsque j’étais Directeur Général Adjoint du FMI.
Je ferai la même chose pour notre chère Côte d’Ivoire. Faites-moi confiance.
Chaque secteur a été minutieusement examiné par mes experts dans chacune des régions de notre pays. Les chiffres annoncés sont le fruit d’un travail intense. Ce ne sont pas des chiffres en l’air pour vous faire des promesses fallacieuses. Donnez-moi cinq ans et vous verrez le résultat.
Pensez-y le 29 Novembre prochain. Souvenez-vous que je m’engage à transformer notre pays en profondeur.
Je ferai en sorte que notre économie soit plus forte et plus dynamique. J’ai eu à le faire de 1990 à 1993 et je peux le faire de 2010 à 2014 si vous m’en donnez l’occasion.
Cinq ans me suffiront pour remettre notre pays à l’endroit.
Cinq ans pour réussir le changement au bénéfice de toutes les Ivoiriennes et de tous les Ivoiriens.
Cinq ans pour que notre pays retrouve son rang en Afrique et dans le monde.
Chers frères, chères sœurs,
Vous l’avez compris : pour moi, la première mission d’un Président de la République, c’est de réunir tous les fils de la Nation, quel que soit leur région, leur ethnie, la couleur de la peau, leur religion ou leur parti politique.
C’est pourquoi aujourd’hui, ici, à Bouaké, je m’engage solennellement à travailler avec mes alliés et mes adversaires d’hier pour reconstruire la Côte d’Ivoire demain.
Je leur dirai « palabre est fini », collaborons pour le bien du peuple, agissons ensemble pour faire avancer notre pays.
Je suis aujourd’hui le président du RASSEMBLEMENT DES RÉPUBLICAINS et je vous dis : « faites-moi confiance, demain, je ferai le RASSEMBLEMENT DE TOUS LES IVOIRIENS. »
Hommes, femmes, jeunes, élèves, étudiants, travailleurs, chômeurs, paysans, retraités, vous tous qui êtes réunis dans ce stade, je veux vous dire que la crise sera bientôt derrière nous.
Jeunes de Bouaké, le chômage n’est pas une fatalité. Je peux vous remettre au travail, je vais vous remettre au travail.
Chères sœurs, vous qui êtes souvent les premières victimes de la guerre, ne perdez pas espoir. Vous êtes l’une de mes priorités.
Chers parents paysans, c’est vous qui avez fait la Côte d’Ivoire. Vos efforts seront récompensés.
Mes chers compatriotes, je vous l’affirme, quand les jeunes de ce pays seront debout,
quand les femmes de Côte d’Ivoire auront la place qu’elles méritent,
quand nos paysans pourront vivre dignement du fruit de leur travail,
alors tous les espoirs seront permis,
alors plus rien ne nous sera impossible,
alors notre nation montrera son vrai visage : « le pays de la vraie fraternité ».
Vive Bouaké ! Vive la République ! Vive la Côte d’Ivoire !
Je vous remercie