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International Publié le lundi 29 juin 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique diplomatique - Charles Taylor à La Haye : Voici les vrais témoins pour l’Afrique de l’Ouest

Depuis plusieurs mois, l’ancien Président du Libéria Charles Taylor est devant la justice internationale de La Haye. Un procès extraordinaire dans l’histoire où un Chef d’Etat africain répond à des accusations de crime de guerre et de crime contre l’humanité. Un procès extraordinaire parce que Charles Taylor se trouve devant une justice qui n’est pas celle du Libéria, son pays, mais une justice qui émane des Nations Unies. Tout le monde sait que la justice internationale jugeant Charles Taylor sur sa responsabilité de « tueries barbares » au Libéria, le verdict du procès ne sera pas à l’avantage de l’ancien Chef d’Etat libérien. Aussi, tout le monde sait que Charles Taylor a participé à la guerre dans le triangle frontalier, Guinée - Sierra Léone -Libéria. Mais à notre avis, le procès contre Charles Taylor manque de vrais témoins à la barre : il y a la Cedeao qui devrait expliquer à l’opinion africaine et internationale pourquoi durant une dizaine d’années, elle a regardé particulièrement comme un spectacle, le comportement de Charles Taylor dans une folie meurtrière, épouvantable depuis l’indépendance du Libéria. A coup sûr, La Haye devra forcément apporter des réponses à l’opinion africaine sur tous ceux qui ont aidé Charles Taylor à massacrer d’autres Africains dans la sous-région ouest africaine. La justice de La Haye serait crédible si elle avait mené des enquêtes en ce qui concerne les personnalités ouest-africaines qui ont aidé Charles Taylor à déstabiliser le Libéria. Par exemple, l’ancien Président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny qui voulait à tout prix bouter Samuel Doe à la tête du Libéria. Dans le même schéma, Félix Houphouët-Boigny était ‘’assisté’’ du Burkinabé Blaise Compaoré. Sous les yeux de l’opinion ouest-africaine, Abidjan et Ouaga étaient devenues des villes refuges de Charles Taylor. Autrement dit, la justice de La Haye devrait savoir que Man, ville située à l’Ouest de la Côte d’Ivoire et Ouaga, capitale du Burkina, sont évidemment lourdes de ‘’symboles de complicité’’ à tout ce qu’on reproche actuellement à Charles Taylor, inculpé surtout de crime de guerre. A l’analyse, Charles Taylor n’était pas seul à se faire plaisir dans ce règlement de comptes au Libéria, où flottent encore les fantômes d’hommes, de femmes et d’enfants systématiquement massacrés. Charles Taylor n’était pas seul. A notre avis, la justice internationale de La Haye n’a pas le ‘’droit’’ de personnaliser le procès ou de juger la responsabilité individuelle de Charles Taylor. C’est entendu. Que cela plaise ou non, l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny et le burkinabé Blaise Compaoré sont les vrais témoins du comportement épouvantable de Charles Taylor en Afrique de l’Ouest et au Libéria. Ivoiriens et Burkinabè savent tout ou presque de la couverture exceptionnelle dont Charles Taylor était l’objet de la part de la Côte d’Ivoire et du Burkina. Surtout Félix Houphouët-Boigny n’a pas fait de détail : Charles Taylor était régulièrement reçu en audience à Abidjan. La presse ivoirienne faisant des commentaires à chaud. La télévision ivoirienne avec des images dans les détails et les faits saillants. La ville de Man à l’Ouest de la Côte d’Ivoire était devenue la seconde capitale du Libéria. J’ai suivi les faits et gestes de chaque acteur dans ‘’l’affaire du Libéria’’, le dernier endroit de la sous-région ouest-africaine, où l’on a tué – beaucoup tué. 50 000 morts. A l’occasion, les Ivoiriens, eux, qui n’avaient jamais encore connu la guerre, pouvaient savourer les images à la télévision en provenance du Libéria ou de la Sierra-Léone. Des images insupportables, mais qui apparaissaient aux yeux des Ivoiriens comme un jeu. Cela est vrai. Charles Taylor a véritablement massacré ses compatriotes. Et la Cedeao n’a eu aucune occasion fantastique d’arrêter Charles Taylor. Et le moins qu’on puisse écrire, est que l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny était le vrai témoin en Afrique de l’Ouest, du comportement épouvantable du Charles Taylor. Tout comme le Président Blaise Compaoré du Burkina qui a reçu à l’époque un avis de ‘’mécontentement’’ de Ellen Johnson opposée à l’époque à la guerre du Libéria. Mais devant la délégation libérienne reçue à Ouaga, le Président Blaise Compaoré n’avait jamais su justifier la présence régulière de Charles Taylor à Ouaga. Aujourd’hui, sous la pression de la communauté internationale, Charles Taylor n’est plus le Président du Libéria. Charles Taylor poussé à la faute, par ceux-là mêmes qui ont bénéficié de l’or et du diamant de l’ancien Chef de l’Etat libérien est maintenant seul devant la justice internationale de La Haye aux Pays-Bas. Sans témoins véritables, Charles Taylor est méprisé par tout le monde. C’est pourquoi, à chaque audience devant les juges de la justice internationale de la Haye, Charles Taylor ne mâche pas ses mots parce qu’il sait qu’il a été l’objet d’un grand cirque avec les agissements détestables de la Cedeao, des Etats-Unis et du Nigéria qui ont fait croire à Charles Taylor qu’une fois parti de façon volontaire à la tête du Libéria, il sera hors de toutes poursuites judiciaires. Quelle naïveté ! Comment Charles Taylor, grand chef de guerre, s’est-il laissé prendre comme une ‘’biche’’ dans cette mise en scène de l’ancienne administration de la Maison Blanche dirigée à l’époque par Georges Bush, son ennemi n°1 de la communauté internationale. Pour nous, d’une façon ou d’une autre, Charles Taylor a le mérite d’être jugé…Et même d’être fait prisonnier.


Par Ben Ismaël
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