Par une déclaration rendue publique le vendredi 26 juin 2009 au Plateau, Mme Bernise N`guessan, directeur exécutif du fonds de soutien et de développement à la presse (FSDP), a annoncé la mise à disposition du Fonds, par le gouvernement ivoirien, de la somme de 542 millions sur près de 4 milliards légitiment attendus par la grande famille de la presse. L`information donnée par le directeur exécutif du Fonds appelle des observations dans la forme et dans le fond. Dans la forme, la formule utilisée par le directeur est quelque peu maladroite. Au lieu de faire une déclaration publique et de mettre tous les patrons de presse et des associations professionnelles du secteur devant le fait accompli, les responsables du Fonds auraient dû se concerter d`abord avec ces derniers, comme le fait le ministre de la Communication, chaque fois qu`il s`est agi d`une question concernant directement ce secteur. En procédant de cette manière avec une information qui d`ailleurs n`a suscité aucun enthousiasme, les dirigeants du Fonds ont manqué de tact. De même, dans la répartition de ces 542 millions, seuls 50 millions reviennent à la centaine d`entreprises de presse, à la centaine de radios et à la dizaine d`associations professionnelles. Comment est-ce possible ? Comment peut-on demander à près de 200 entreprises de se repartir 50 millions et d`utiliser les miettes que chacune d`entre elles obtiendra pour revaloriser le traitement salarial de leurs employés que sont les journalistes et autres professionnels de la communication ? Chose curieuse, pour son seul fonctionnement, le comité de gestion du Fonds disposera de 284,5 millions là où 200 entreprises et 10 associations professionnelles n`ont que 50 millions. S`agit-il oui ou non d`un fonds de soutien et de développement à la presse ou d`un fonds de développement des travailleurs du Fonds ? Une telle façon de faire suscite des suspicions. Surtout quand on sait que les responsables du Fonds ne payent aucun loyer pour le siège situé au 11ème étage de l`immeuble Postel 2001, qu`ils ne payent ni l`électricité ni l`eau. Ce qui signifie que ces 284,5 millions ne serviront qu`à payer essentiellement des salaires. Serait-ce pour cette raison qu`en plus des 11 conseillers du comité de gestion du Fonds, 11 nouvelles personnes ont été recrutées alors qu`il aurait suffi demander à l`Etat de mettre à sa disposition certains de ses nombreux agents qui, du fait de la situation de crise, sont en surplus dans les ministères ? S`il n`y a pas d`argent, le comité de gestion n`a qu`à faire preuve d`imagination au lieu d`augmenter ses charges par des recrutements et un hyper équipement. Par ailleurs, le directeur a annoncé aussi que 7,5 millions sont destinés à la formation, sans plus de détails. Qui va-t-on former ? Les patrons ou les journalistes ? D`ailleurs quelle formation peut-on faire avec 7,5 millions et pendant combien de sessions ? Dans le fond, le gouvernement de Côte d`Ivoire a plongé toute la famille de la presse dans la tourmente. Elle qui s`attendait légitimement à recevoir ce qui lui est dû par l`Etat en raison des énormes ressources collectées au titre de la taxe sur la publicité (TSP) et la redevance sur les fréquences de radios et de télévisions, pendant 13 ans. Ces ressources avoisinent au bas mot, 3 milliards de francs. Quand on ajoute à cela la promesse faite en février 2007 à Yamoussoukro par le premier ministre d`alors Charles Konan Banny de donner la somme de 1 milliard à toute la famille de la presse, cela fait 4 milliards que l`Etat aurait dû mettre à sa disposition et non pas 542 millions. Et ce montant est d`autant plus surprenant qu’en mars 2007, lors de l`inauguration du siège du Gepci, le parrain qui n`était autre que le ministre délégué à l`Economie et aux finances M. Diby Koffi Charles avait clairement affirmé que le milliard promis par Charles Konan Banny " était là " et qu`il n`attendait que le numéro de compte sur lequel il fallait virer ce milliard. Où est donc passé ce milliard ? Où est donc passé le total de 4 milliards ? Comment peut-on donner 542 millions à 200 entreprises pendant qu`on donne 6 milliards à 4 ou 5 partis politiques et pendant qu`on distribue aussi, ça et là des milliards pour l`encasernement des ex-combattants et des centaines de millions pour des ex-miliciens et autres mouvements de soutien et ONG ? Comment le ministre de l`Economie a-t-il pu faire ça aux journalistes ? Que s`est-il passé ? A-t-il subi des pressions au point de dribler ses amis journalistes ? L`a-t-on torpillé ? Est-ce plutôt une façon de saboter tout le travail accompli par le ministre de la Communication, M. Sy Savané ? Par cette décision, l`Etat a " flingué " la convention collective qui devrait entrer en vigueur demain mardi 30 juin 2009. Il faut à présent aider les patrons de presse (GEPCI) à négocier un nouveau moratoire avec le SYNAPPCI qui devrait arranger les deux parties. Certes, l`Etat a aidé récemment les entreprises de presse avec des allègements fiscaux. Mais ce n`est pas avec cela que les patrons de presse vont rélever les salaires de leurs employés. Car, comme l`a fait savoir le président du GEPCI KAH Zion mercredi dernier devant la presse, " l`application de la convention collective n`est pas un match de football qui dure 90 minutes ". Il faut simplement mettre à leur disposition, ce qui leur est dû afin qu`ils honorent leurs engagements vis-à-vis de leurs travailleurs.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO