"Tous ceux qui travaillent contre la réélection de Gbagbo seront considérés comme des ennemis du Fpi. Si le Fpi ne gagne pas, cela ne sera que de notre faute. " Ces propos, qui apparaissent comme une véritable alerte, ont été tenus le samedi 27 juin dernier, par M. Affi N`guessan, président du Front populaire Ivoirien, à Akoupé. Quelles sont les raisons qui ont poussé le président du Fpi à faire une telle sortie ? En réalité, il n`est un secret pour personne que le parti fondé par le président Gbagbo est secoué par plusieurs crises de leadership, depuis un bon bout de temps et qu`il apparaît clairement aujourd`hui, aux yeux de ses responsables que la situation est des plus dangereuses. En effet, les zones où des responsables de premier plan du parti sont en " guerre " ouverte se comptent par dizaine. Et les réconciliations scellées sous l`objectif des caméras se sont révélées plus comme des foires d`hypocrisie et de mauvaise foi, que de vraies réconciliations. Que ce soit à Dabou, Lakota, Divo, Soubré, Issia, Akoupé, pour ne citer que ces départements, les uns et les autres ruminent leur revanche et attendent le moment propice pour planter le couteau dans le dos de ceux qui, provisoirement, ont eu le dessus. On se souvient encore de la guéguerre entre le secrétaire général du Fpi, M. Miaka Oureto, et le Fédéral Fpi, Théophile Gogui. Une guéguerre qui avait pris une ampleur telle que même après la réconciliation, les choses ne se déroulent plus comme avant dans cette ville. A Issia, deux personnalités de premier rang, de surcroît deux ministres de la République encore en activité, ont donné un spectacle misérable aux populations pendant des mois, avant de se réconcilier, et encore, pour la quatrième fois. Mais sur place dans ce département, rien n`indique que les choses ont changé et que les deux responsables de ce parti ont retrouvé leur crédit. Mais au sein du Fpi, à peine un foyer de tentions a été éteint qu`un autre s`est ouvert ailleurs, menaçant dangereusement la cohésion au sein dudit parti. Et c`est cette situation qui effraie Pascal Affi N`guessan. Mais, la sortie du président du Fpi va bien au-delà des palabres au sein de son parti. Il faut aussi voir dans cette sortie, une mise en garde contre tous ceux qui, pour se faire accepter à la soupe présidentielle, ont quitté leur parti et se sont regroupés dans un mouvement d`intérêts personnels appelé CNRD (Congrès national de la résistance pour la démocratie). Tout le monde le sait. Si au plus fort de la crise, le Fpi s`est accommodé de la présence à ses côtés de tous ces petits partis politiques satellites et insignifiants sur le terrain, à l`approche de l`élection présidentielle, la cohabitation devient de plus en plus difficile. Car, les dirigeants de ces petits partis tiennent à prouver au président Gbagbo qu`ils sont loin d`être des " mange-mil " et qu`ils peuvent lui assurer la victoire, histoire de ne pas se laisser phagocyter par le Fpi. Au sein du parti d`Affi N`guessan, on n`est pas loin de considérer ces " intrus " comme des politiciens pas très " fiables ", qu`il faut mettre à l`écart dans la campagne électorale, car leurs messages sonneraient faux aux yeux des populations, fatiguées par le ballet incessant des convictions saisonnières et des politiciens nomades. C`est donc, plus à ces petits partis que le message de Affi N`guessan s`adresse. " Tous ceux qui travaillent contre la réélection de Gbagbo seront considérés comme des ennemis du Fpi ". Manifestement le ver est dans le fruit.
PAUL KOUDOU
PAUL KOUDOU