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Politique Publié le mercredi 1 juillet 2009 | Le Patriote

Bilan de la tournée du président du RDR dans les regions des lacs et de la vallée du bandaman - Milliards promis par ADO

Il y a une vague d’émoi collectif particulièrement grotesque qu’on observe chez certains de nos compatriotes – et qui est relayé par une certaine presse – depuis que le président du RDR a entrepris ses tournées politiques à travers la Côte d’Ivoire. Cet émoi se traduit par une sorte de perplexité teintée, tantôt d’offuscation tantôt de dérision, devant le discours que ce dernier tient face aux populations. Un discours dont la spécificité est pour Alassane Dramane Ouattara, dans la perspective d’une éventuelle accession au pouvoir d’Etat à l’issue de l’élection présidentielle prochaine, de proposer à ses compatriotes un plan développement détaillé, mais surtout chiffré, pour les régions ainsi visitées.
Le trouble que cela crée dans l’esprit de ces personnes – et qui leur fait pousser des boutons – vient singulièrement du fait que le candidat du RDR évalue, en général en termes de milliards de nos francs, le besoin réel (en infrastructures notamment) de ces régions ou localités. Il s’interdit à ces différentes occasions d’enrober son propos au chocolat de la démagogie, au vernis trompeur du discours immatériel qui ne repose sur aucune donnée chiffrée. Ouattara aime pour ainsi dire à dévoiler à ses électeurs le coût de l’action à mener sur le terrain, là où d’autres préfèrent leur faire miroiter le prix à payer pour s’adjuger leur conscience.
Toute la différence est donc là ! Elle est dans l’approche morale et même philosophique de l’action politique. Dans le réalisme et la sincérité dans lesquels un homme politique digne de ce nom a le devoir de s’inscrire, dès lors qu’il aspire à se voir confier le destin de ses concitoyens. Dans le pragmatisme et l’incontournable modernité, qui veulent qu’un discours politique ne repose pas sur la manipulation de l’émotion de la masse populaire mais sur la capacité d’action et la possibilité de réalisation de cette action au profit de cette masse.
De ce dernier point de vue, lorsque Alassane Ouattara promet à une telle région une certaine manne financière pour son développement, ce n’est guère pour les beaux yeux des autorités politiques de cette contrée, mais c’est parce qu’il y a abattu tout un travail préalable de prospection. Un travail qui lui aura permis de cerner, l’un après l’autre, tous les problèmes qui entravent le développement de la région en question. Pour ceux qui suivent ses discours, l’ancien DGA du FMI établit toujours, dans le moindre détail, le diagnostic des besoins de la localité visitée. Il sait par exemple quel nombre d’écoles primaires, de pompes villageoises, de maternités, d’infrastructures routières ou hospitalières sont délabrées ou carrément inexistantes. Il a une parfaite connaissance de l’état de paupérisation avancé ou non de ces localités. Et puis, il s’agit quand même de Ouattara dont tout le monde sait qu’avant d’entrer en politique, il est avant tout un économiste chevronné doublé d’un redoutable financier et, par-dessus tout, d’un éminent banquier connu à l’échelle mondiale ! C’est quand même ce monsieur qui fut, il n’y a pas si longtemps – et qui en reste d’ailleurs le Gouverneur honoraire – le numéro deux du Fonds monétaire international et qui, à ce titre, a participé à la mise en place des fameuses PPTE dont certains chantent les louanges aujourd’hui ! En plus, pour ceux qui ne le sauraient pas, l’ancien Premier ministre ivoirien que Houphouët-Boigny a choisi pour redresser ce pays, est le fondateur d’un organisme chargé spécialement de développement et de bonne gouvernance, l’Institut International pour l’Afrique, l’IAA. Alors, ce n’est pas à une telle sommité qu’on apprend à faire la grimace. Ouattara sait très bien par quel bout prendre son pays, la Côte d’Ivoire. Un pays dont il mesure l’étendue de la ruine aujourd’hui.
Et c’est donc en connaissance de cause qu’il propose aux populations ses solutions pour y remédier. Et ces solutions-là, ce n’est pas avec des cacahuètes qu’il entend les mettre à exécution. C’est bien avec de l’argent. Et cet argent, ce n’est pas dans les poches à lui, Ouattara, qu’il propose de le prendre.
Et c’est, précisément, à ce niveau du débat que certains de nos compatriotes font preuve d’une incroyable mauvaise foi. Ils disent, en chœur : « mais, où Ouattara va prendre cet argent ? »
Mais, pardi ! Où est-ce qu’un président de la République – puisque Ouattara aspire à ce poste de responsabilité – prend-il donc l’argent pour développer son pays ? Les ressources financières d’un pays, comment, diantre, celui qui est en charge de gérer ce pays s’en procure-t-il ? Est-ce qu’il saute dans une soucoupe volante pour se rendre sur Mars ou Jupiter pour les ramasser à la pelle ? Est-ce qu’il fait du « djinamori » pour faire surgir du néant des malles de milliards ? Eh bien, non !
Un présidant de la République travaille, tout simplement ! Et le travail en politique, ce n’est rien d’autre que d’avoir une vision claire et nette pour le bien-être de ceux pour qui on travaille. Pour paraphraser quelqu’un, il faut qu’on soit « brillant et travailleur » pour comprendre que les ressources naturelles (café, cacao, pétrole, le gaz naturel) d’un pays comme la Côte d’Ivoire, on ne joue pas avec. On les fructifie en mettant en place des mécanismes de gestion extrêmement fluide, afin que des copains et des coquins à soi ne s’en emparent pas à leur seul profit et peut-être au vôtre propre. Les milliards d’un pays, c’est bien de là qu’ils proviennent et de nulle part ailleurs. C’est de ces milliards-là que Ouattara parle. S’il venait au pouvoir, c’est de faire que cet argent, qui appartient au contribuable, c’est-à-dire à vous et moi, ne soit pas volé. S’il n’est pas volé, il peut construire ce pays.
C’est donc pour cela qu’un président de la république ne doit pas être plus parleur que travailleur. Il ne doit pas être une sorte de prédicateur qui croit que c’est avec la salive du bavardage, de la loquacité ou du papotage à tout vent qu’on construit des œuvres de développement.
Or, c’est justement ce mauvais penchant dont certains sont passé maîtres qui est à la base de la perte de ce pays. Ils ont crié sur tous les toits : « si je suis président, je vais débloquer dix milliards pour régler le problème de l’université, rendre l’école gratuite, soigner gratuitement les Ivoiriens, et tutti et quanti ». A la pratique du terrain, rien de tout cela ! C’est tout simplement parce qu’ils n’avaient pas de vision claire et ignoraient totalement qu’un programme de gouvernement, ça demande un travail préalable sur le terrain, minutieusement étudié, détaillé, chiffré …D’ailleurs, on sait bien que c’est du fait de l’absence de données chiffrées lors de son débat télévisé avec Nicholas Sarkozy qu’une certaine Ségolène Royal s’est fait coiffer au poteau de l’élection présidentielle en France. Ceux qui s’émeuvent donc des chiffres de Ouattara sont tout simplement, soit jaloux, soit effrayé par la bourrasque ADO.
KORE EMMANUEL
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