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Politique Publié le mercredi 1 juillet 2009 | Le Patriote

Bilan de la tournée du président du RDR dans les regions des lacs et de la vallée du bandaman - ADO, fils d’Houphouët: Camille Alliali témoigne

Pourtant, l’histoire est toute récente. Elle n’a pas encore franchi la barre des 20 ans. Elle a tellement fait de bruit que même les amnésiques s’en souviennent encore. Quand Alassane Ouattara affirme qu’en politique, il est le fils d’Houphouët, il faut vraiment être de très mauvaise foi pour ne pas le reconnaître. L’histoire de cet enfantement, ce n’est pas nous qui la racontons mais, un très fidèle collaborateur du premier président de notre République.
« Quelques semaines après les événements de mars (1990 NDLR), le Président me fit part, au cours d’un de nos entretiens à sa résidence, de son intention de faire venir à Abidjan le gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour lui confier une mission de supervision et de contrôle de certaines activités du Gouvernement, notamment en matière économique et financière. J’opinais en faisant remarquer qu’au Zaïre, un fonctionnaire de la Banque mondiale avait été détaché auprès du Gouvernement pour contrôler les dépenses publiques. Mais il objecta qu’il ne s’agissait pas d’une expérience similaire puisqu’il comptait nommer Alassane Ouattara à la tête d’un comité interministériel.
Je lui ai fait observer qu’il n’était pas habituel qu’une personnalité qui n’était pas membre du Gouvernement puisse être nommée à la tête d’un comité composé de ministres.
Il a perçu la difficulté et m’a fait savoir qu’il m’enverrait le secrétaire général du Gouvernement pour qu’ensemble nous trouvions la forme à donner à cette mission ;
Je n’ai vu arriver ni le secrétaire général du Gouvernement ni aucun autre collaborateur du Président. Le 18 avril 1990, j’étais convié avec les autres membres du Bureau politique du PDCI à une réunion au cours de laquelle Alassane Ouattara se voyait confier la présidence d’un comité interministériel chargé de l’élaboration et de la mise en application d’un programme de stabilisation et de relance économique (….)Confronté à une agitation sociale sans précédent, en rupture de banc avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale pour avoir depuis 1987 cessé le remboursement de ses dettes, le Président avait besoin d’un homme pouvant l’aider à renouer avec ces institutions. Alassane Ouattara avait occupé d’importantes fonctions au FMI, et est apparu comme cet homme providentiel (…) Après sa prise de fonctions, je ne devais plus le revoir jusqu’au congrès du PDCI d’octobre 1990. A mon grand étonnement, le Président m’a fait connaître son souhait de voir le président du comité interministériel prendre la parole à la séance de clôture du congrès.
Ce n’était pas dans l’usage de nos assises. Le discours de clôture a toujours été prononcé par un jeune militant et mon choix s’était porté sur le professeur Pierre Kipré. Malgré mes réserves, le Président qui avait deux jours auparavant annoncé au congrès la création d’un poste de Premier ministre, insista pour que la parole fut donnée à Ouattara(…)Je dois ajouter qu’à la fin du congrès, étant occupé à la mise en forme des résolutions qui devaient sanctionner nos travaux, j’ai dépêché auprès du Président un membre du bureau du congrès pour lui soumettre une liste de quatre cent personnalités arrêtée sur la base des critères qu’il avait lui-même proposés, pour le choix des membres du nouveau Comité central et du Bureau politique
En tête de cette liste figuraient les militants des premières heures du parti et les plus anciens parmi les responsables. Germain Coffi Gadeau, Mathieu Ekra, Konan Kanga, Philippe Grégoire Yacé.
Moi-même qui depuis 1980 remplissait, en tant que coordonnateur du Comité Exécutif, les fonctions de secrétaire général sans en avoir le titre, je figurais en huitième position
Le Premier ministre était au nombre des quatre cents personnalités mais il n’était pas parmi les premiers.
Quel ne fut pas mon étonnement en recevant la liste définitive des membres du Comité central de constater que le Président avait placé Alassane Ouattara en tête de cette liste avant Ekra Mathieu, Coffi Gadeau ou Philippe Yacé...».
Voilà en quels termes, l’ancien ministre d’Etat, Camille Alliali, décrit l’arrivée d’Alassane Ouattara à la tête de la gestion des affaires publiques en tant que Premier ministre et surtout, comment, surprenant parfois ses collaborateurs, bousculant les habitudes ou violant les règles qu’il avait lui-même établies dans la marche de son parti, le PDCI, le Président Houphouët-Boigny a guidé les premiers pas de cet ancien gouverneur de la BCEAO, dans l’arène politique. Quand on a fini de lire ces lignes écrites dans son livre-témoignage, Disciple d’Houphouët-Boigny ( 232 pages ), paru aux éditions Juris-Editions en juillet 2008, de la page 114 à la page 116, les propos de ceux qui contestent le fait qu’Houphouët est bien le père spirituel du président du RDR candidat à la présidentielle de novembre 2009, paressent grotesques. Or, en la matière, tout ce qui est bouffonnerie rend son auteur ridicule.
Raoul Mapiéchon
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