Avant-hier lundi 29 juin 2009, au Conseil économique et social, la Commission Nationale des Droits de l`homme de Côte d`Ivoire (Cndhci), par la voix de sa présidente, Mme Victorine Wodié, a présenté son rapport annuel 2008 sur l`état des Droits de l`Homme en Côte d`Ivoire. Formellement bien conçu, ce rapport, contenu dans un document de 103 pages, se décline en quatre parties : présentation de la Commission nationale des droits de l`homme de Côte d`Ivoire, la situation des Droits de l`homme, les activités menées par la Commission, perspectives et recommandations. A la lecture globale du rapport, on note que la Commission, de façon " discrétionnaire et nécessairement arbitraire " selon son propre terme, énumère un ensemble de Droits fondamentaux tels que le droit à la vie, le respect de la dignité humaine ( interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, de l`esclavage, de la servitude et du travail forcé), le droit à la liberté et à la sûreté, les droits des personnes détenues, le droit à la libre circulation, le droit à un procès équitable, la liberté d`expression, de réunion, les droits politiques (le droit de prendre part à la direction des affaires publiques directement ou par le biais de représentants librement choisis, le droit de voter et d`être élu, l`obligation d`organiser des élections honnêtes et périodiques pour garantir que les élus soient responsables devant les citoyens…), le droit des peuples à disposer d`eux-mêmes, le droit au travail, le droit à l`éducation, le droit à un environnement sain, etc. Ainsi, le rapport permet de comprendre que les Droits de l`homme sont dans une situation critique en Côte d`Ivoire, tant les violations y mentionnées sont nombreuses. " La situation des droits de l`homme qui n`était pas reluisante avant la crise s`est davantage détériorée avec de graves atteintes et l`apparition de nouvelles formes de criminalités. ", dixit Mme Victorine Wodié. Pour exemple, au niveau du droit à la vie, " le 11 juillet 2007, dans le village de Sahuyé, un village de la sous-préfecture de Gomon, département de Sikensi, M. Andoh Gboffé Clément, 38 ans, accusé par des villages d`être à la mort du nommé Okpro N`dri Emmanuel, un autre natif du village, a été ligoté puis enterré vivant sous le cercueil contenant le corps de sa présumée victime. ". Dans l`ensemble, le rapport épingle un certain nombre de structures, de milices et de corps de métiers comme des violateurs des droits de l`homme en Côte d`Ivoire. Notamment, la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire citée à deux reprises et qui selon le rapport " dispose de la capacité de paralyser l`école sur l`ensemble du territoire en usant de moyens illégaux (intimidations, violence) dans l`indifférence totale ", le Gpp (Groupement des patriotes pour la paix) considéré comme un instrument de violation des droits de l`homme. " Qu`on les appelle milices ou groupes d`auto défense, ces mouvements qui ont parfois une structure paramilitaire sont aujourd`hui devenues de véritables instruments de violations des Droits de l`homme. Au nombre de ces mouvements, on peut citer le Groupement des patriotes pour la paix (Gpp) ", la Cellule présidentielle chargée des catastrophes naturelles et crises endémiques, les ministères de la Défense et de l`Intérieur (pour les nombreux cas de violations des Droits de l`homme commises par les Forces de défense et sécurité qui sont sévèrement épinglées dans le rapport). " Les exécutions extra-judiciaires sont aussi devenues fréquentes. Elles sont souvent le fait des Forces de défense et de sécurité. Ces agents indélicats commettent leurs forfaits avec leurs armes de dotation fournies par l`Etat. A côté de ce type de violations des Droits de l`homme, existent tous les autres cas de présumés délinquants abattus par la police sans que les principes sur le recours à la force et à l`utilisation des armes à feu par les responsables de l`application des lois aient été respectées. Par ailleurs, en dépit des efforts fournis par les hautes autorités des Forces de défense et de sécurité de mettre fin au racket, cette pratique continue d`avoir cours dans la zone gouvernementale. Le racket constitue une violation des Droits de l`Homme qui tend à s`institutionnaliser ". Quant aux responsables des Forces nouvelles, ils sont accusés de " pratiquer de véritables razzia en privant des paysans de leur récolte qu`ils prennent par la force et vont vendre dans certains pays limitrophes. La situation de non Droit, les atteintes massives aux Droits de l`Homme qui ont cours dans ces zones ne cesseront que quand l`entièreté du pays sera soumise à l`autorité d`un gouvernement unique ".
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO